Récit précédent : Randonnée dans le Tongariro en Nouvelle-Zélande
Qu’est-ce que le WWOOFing ?
Le WWOOFing (Willing Workers On Organic Farms) consiste à mettre en relation des hôtes (des « fermiers bio ») et des WWOOFers (des travailleurs volontaires). Ce réseau existe dans beaucoup de pays, notamment en Australie par le biais de l’association WWOOFing Australia.
Le principe est que l’hôte offre aux WWOOFers les repas et le logement, en échange de 4 à 6 heures de travail par jour.
Les hôtes peuvent avoir tout type d’activités : éleveurs d’animaux, horticulteurs, gérants de lodges, ou cela peut être simplement une personne qui a un petit bout de jardin. Il s’agit donc de fermiers au sens large du terme, du moment que cette activité est exercée en respectant les principes de l’agriculture biologique (pas d’utilisation d’engrais chimiques ou de pesticides par exemple !)
Les tâches demandées aux WWOOFers varient d’une ferme à une autre : jardinage, désherbage, élagage, rempotage, ramassage de fruits et légumes, participation aux travaux de la ferme en général, et bien d’autres choses encore.
En échange de ce travail, les hôtes offrent les repas (ils partagent généralement leur repas avec les WWOOFers, mais peuvent parfois simplement fournir la nourriture à se cuisiner soi-même), et le logement. Là encore c’est variable, il peut s’agir d’un véritable cottage privé, ou d’une chambre dans la maison des hôtes, ou d’un lit dans une caravane, etc.
N’importe quelle personne intéressée peut devenir WWOOFer. Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances ou de l’expérience en agriculture, il n’y a pas de limite d’âge, pas de condition particulière !
L’adhésion à l’association est une démarche volontaire, d’un côté comme de l’autre. Le but du WWOOFing est donc de favoriser les échanges culturels, la transmission de connaissances, etc. A notre sens, ça ne doit pas être vu comme de la main d’œuvre bon marché (pour les hôtes) ou comme un logement pas cher (pour les WWOOFers) !
Comment ça marche ?
Pour faire du WWOOFing en Australie, il suffit d’adhérer à l’association. Cela se fait simplement et en ligne sur le site internet de WWOOF Australia. L’adhésion coute AUD $70. En échange, vous recevez une carte de membre avec un identifiant, l’annuaire de tous les hôtes (environ 4 000) et un accès au forum d’échange entre hôtes et WWOOFers. L’adhésion procure également une assurance en cas d’accident pendant du WWOOFing.
Les hôtes ne demandent pas toujours de présenter son identifiant en tant que WWOOFer, mais ils sont censés le faire, et vous devez être en mesure de pouvoir le leur donner ! De plus, l’assurance accident, et l’accès à toutes les adresses présentes dans l’annuaire nous semble être une bonne raison de payer son adhésion à l’association !
Une fois l’annuaire en poche, c’est à vous de jouer ! Les hôtes sont classés par zones géographiques. Dans l’annuaire, figure une description de leurs activités ainsi que diverses informations (tâches demandées, type d’hébergement, etc.) ainsi que leurs coordonnées. Il ne reste plus qu’à vous mettre en relation avec les hôtes de votre choix.
Nos premières expériences
Nous avons vécu jusque-là 5 expériences de WWOOFing en Australie, toutes très différentes les unes des autres ! Cela pourra vous donner un bon aperçu.
Chez Rhondda, productrice de cidre, NSW
Durée : notre hôte travaillait à Canberra la semaine, elle ne travaillait à la ferme que le week-end. Nous y avons donc passé deux week-ends de trois jours.
Activité : Rhondda cultive des pommiers et fabrique du cidre bio et biodynamique. Elle est en train d’obtenir toutes les certifications nécessaires pour le commercialiser. Elle possède également sur sa propriété quelques vaches et quelques chèvres.
Tâches : nous avons aidé Rhondda à ramasser les pommes, à les couper, les presser pour en faire du cidre, et à mettre en bouteille le cidre.
Temps de travail : pendant les 2 week-ends de 3 jours où nous sommes restés, nous avons beaucoup travaillé les 2 premiers jours (environ 8 h/jour), le 3e jour était off !
Hébergement : cottage rien que pour nous, avec cuisine, salle de bain, salon avec TV, etc.
Repas : petit-déjeuner de notre côté, autres repas partagés avec Rhondda.
Le + : Rhondda est une excellente cuisinière, et nous a fait goûter généreusement son cidre !
Chez Harry & Iwona, gérants d’éco-lodges, VIC
Durée : 10 jours
Activité : Harry et Iwona gèrent des eco-lodges (gîtes respectueux de l’environnement).
Tâches : traditionnellement, les WWOOFers aident à l’entretien de la propriété et des lodges. Dans notre cas, c’était un peu particulier. Harry & Iwona étaient en train de rénover un café/boulangerie qu’ils venaient d’acquérir. Nous avons aidé à rénover certains meubles (ponçage, peinture, etc.) et nous avons eu le plaisir d’assister à la réouverture de la boulangerie ! Petite anecdote : la boulangerie est désormais gérée par un couple de Français, des anciens WWOOFers qui se sont liés d’amitié avec Harry & Iwona !
Temps de travail : nous n’avons pas compté les heures, étant donné que tout devait être prêt pour la réouverture de la boulangerie et qu’il y avait du boulot ! Mais nous nous sommes sentis très impliqués dans cette aventure et c’était assez excitant !
Hébergement : chambre dans un bâtiment annexe. Nous partagions la salle de bain avec les hôtes.
Repas : tous les repas partagés avec les hôtes.
Le + : le pain frais, préparé tous les matins à la main par Harry ! Ce qu’on ne savait pas également, c’était que Harry était volontaire pour soigner les kangourous accidentés. Tous les matins et tous les soirs, nous avons pu aider à nourrir les kangourous dont s’occupait Harry.
Chez Judith & David, éleveurs de moutons, NSW
Durée : une semaine
Activité : Judith et David élèvent 2 500 moutons pour en vendre la laine.
Tâches : divers petits travaux sur la propriété (désherber, creuser, retourner le compost, ramasser quelques légumes, entretenir le poulailler, etc.).
Temps de travail : environ 4 heures par jour.
Hébergement : chambre dans la maison d’un des fils de Judith & David.
Repas : petit-déjeuner de notre côté, autres repas partagés avec nos hôtes.
Le + : les repas préparés principalement avec les légumes frais du jardin.
Chez Philippa et Darral, NSW
Durée : une semaine
Activité : les hôtes ont construit leur maison eux-mêmes et ont un jardin.
Tâches : nous avons aidé à entretenir le jardin (désherber, élaguer) et à ranger et nettoyer l’atelier de Darral
Temps de travail : environ 4 heures par jour
Hébergement : chambre dans la maison.
Repas : petit-déjeuner de notre côté, autres repas partagés avec nos hôtes.
Le + : l’après-midi à la plage et le day-off.
Chez Jiliana & Bill, pépiniéristes et herboristes, NSW
Durée : une semaine
Activité : le matin, les hôtes entretiennent la pépinière et vendent leurs arbres au marché le dimanche, l’après-midi ils travaillent en tant qu’herboristes (préparation de tisanes, crèmes, gélules, etc.).
Tâches : désherber, rempoter, aider à la création d’une nouvelle clôture, aider à remplir et vider le camion pour le marché, et aider à la préparation de leurs produits d’herboristes.
Temps de travail : 5 heures par jour (de 7 h à midi).
Hébergement : lits dans un wagon de train aménagé, salle de bain partagée avec les hôtes.
Repas : nous avons adopté le rythme alimentaire de nos hôtes (pas de petit-déjeuner, repas de fruits le midi, et diner végétalien).
Le + : la découverte du rythme alimentaire de nos hôtes, loger dans le wagon isolé (on s’est un peu sentis « into the wild » !).
Ces quelques exemples montrent à quel point chaque expérience est unique !
Ce qu’on aime dans l’expérience WWOOFing
Découvrir une autre facette de l’Australie
En tant que WWOOFers, on partage vraiment le quotidien avec ses hôtes et c’est une bonne façon de découvrir une facette authentique de l’Australie. Nous choisissons généralement des hôtes qui proposent de partager les repas avec eux. Cela donne lieu bien souvent à d’intéressantes discussions sur les différences culturelles entre Australiens et Français/Européens. Les fermes sont souvent situées en marge des sentiers touristiques et souvent en pleine nature, c’est ressourçant ! La plupart des hôtes n’hésitent pas à faire découvrir aux WWOOFers les alentours quand l’occasion se présente. Là encore, on découvre une autre facette de l’Australie !
Améliorer son anglais
Rien de mieux pour faire de rapides progrès et enrichir son vocabulaire que de s’immerger complètement dans la vie d’une famille australienne. Cela peut être une bonne alternative à des cours d’anglais souvent proposés aux nouveaux arrivants dans les grandes villes (et c’est plus économique !).
Profiter de bons repas
Lors de nos expériences, les repas étaient toujours d’excellente qualité, et très souvent composés de produits du jardin de l’hôte (beaucoup de fruits et légumes frais) ou des produits bio. En bonus, les hôtes chez qui nous avons séjourné étaient non seulement de bons jardiniers mais aussi de bons cuisiniers ! Cela peut être aussi l’occasion pour vous de faire découvrir une recette française à vos hôtes.
Faire des rencontres
Le WWOOFing peut aussi être l’occasion de sympathiser avec ses hôtes. Par exemple, nous nous sommes vraiment bien entendus avec Rhondda. Elle s’est même proposée d’être notre « aussie base », et nous savons que nous pourrons retourner dans sa ferme si l’occasion ou le besoin se présente à nouveau. De même, sur leur proposition, nous espérons pouvoir retourner chez Harry & Iwona si le temps nous le permet.
Ce qu’on aime moins
En France, nous vivons indépendamment depuis de nombreuses années déjà. Il faut admettre que cette indépendance au quotidien peut venir à manquer lorsque l’on est en WWOOFing. Peut-être que c’est d’autant plus le cas que nous n’avons pas de véhicule pour pouvoir visiter les alentours seuls. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous préférons les séjours en WWOOFing de courte durée.
Quelques conseils et autres informations
Comment contacter les hôtes ?
En règle générale, les hôtes fournissent une adresse e-mail et, voire deux numéros de téléphone. D’après notre expérience, ce qui semble fonctionner le mieux est d’envoyer un e-mail dans un premier temps pour se présenter. Au bout de quelques jours, s’ils n’ont pas donné de réponse, vous pouvez les appeler pour savoir ce qu’il en est (ils n’ont pas l’air d’être tous très branchés internet et e-mails !).
Quand les contacter ?
Rien ne sert de contacter les hôtes trop longtemps à l’avance car souvent ils ne sauront pas vous dire s’ils auront encore des WWOOFers ou non (il est fréquent que les WWOOFers et hôtes décident communément de prolonger un WWOOFing), ou bien simplement s’ils pourront vous accueillir à la période que vous souhaitez. Cela étant dit, il semblerait que les contacter entre 2 semaines et un mois à l’avance fonctionne plutôt bien (en tous cas, ce délai nous a plutôt réussi pour le moment !). Bien entendu, tous les cas sont différents, et il est toujours possible de trouver un WWOOFing quelques jours à l’avance. Dans ce cas, soyez prêt à essuyer quelques refus mais avec de la patience et un peu de chance, vous devriez pouvoir trouver des hôtes près à vous accueillir.
Combien de temps dure un WWOOFing ?
La durée d’un séjour en WWOOFing peut varier de quelques jours à plusieurs mois. Les hôtes précisent en général dans leur annonce la durée qu’ils préfèrent. En ce qui nous concerne, nous avons décidé de rester entre 1 semaine et 10 jours chez les mêmes hôtes afin de pouvoir vivre différentes expériences. Et c’est le cas ! Malgré tout, cela a un inconvénient : il est moins facile de gagner la confiance des hôtes en si peu de temps, donc plus difficile de gagner en autonomie niveau travail. Cette courte durée permet également moins de partager des activités « extra-wwoofing » avec les hôtes.
Comment s’y rendre ?
Si vous avez un véhicule, pas de problème (demandez-leur à l’avance si vous pourrez garer votre véhicule chez eux, en général pas de problème vu que les fermes font souvent plusieurs hectares !). En transport en commun (ce qui est notre cas), pas de problème non plus ! Jusque-là, nos hôtes nous ont toujours proposé de venir nous récupérer à la gare ou à l’arrêt de bus le plus proche. De plus, les hôtes indiquent souvent dans leur annonce les endroits où ils peuvent/préfèrent venir chercher les WWOOFers.
Comment éviter d’être déçu par un WWOOFing ?
Nous prenons toujours le temps de regarder attentivement les descriptions de chaque hôte. Nous essayons d’être le plus sélectifs possible. Nous nous cantonnons à contacter uniquement les hôtes qui nous semblent correspondre vraiment à ce que l’on recherche. Si parfois un doute subsiste, rien de mieux que de prendre le téléphone et de poser des questions à ses potentiels futurs hôtes. Rassurez-vous, même si votre anglais n’est pas parfait, ils ont l’habitude. Ils vous parleront doucement et prendront le temps de vous répéter les choses si vous n’avez pas compris. Si par malchance ce n’est pas le cas, cela peut être une bonne raison de ne pas s’y rendre !
Le WWOOFing et l’argent ?
Oui, le WWOOFing est bien du bénévolat. Et non, vous ne gagnerez pas d’argent en faisant du WWOOFing. Cependant, cela permet de vivre de superbes expériences et de se faire plein de souvenirs, tout en faisant de jolies économies ! C’est une bonne façon de répartir son budget sur la durée de son PVT, et de ne pas se retrouver les poches vides au bout de quelques mois.
En bref, une expérience inoubliable
Pour conclure, nous avions décidé initialement de faire du WWOOFing car nous voulions en savoir plus sur le travail et la vie à la ferme (par opposition aux boulots de bureau que nous avions en France !). De ces quelques expériences, ce n’est finalement pas ce que nous retiendrons le plus. Par contre, nous avons trouvé ces expériences extrêmement enrichissantes par tout ce que nous avons appris sur le mode de vie de nos hôtes. Chacun à leur manière, ils nous ont fait réfléchir sur différents aspects de leur mode de vie (alimentation, auto-suffisance, etc.) et cela nous a fait prendre du recul sur notre propre mode de vie.
En rentrant en France, nous ne nous reconvertirons pas en éleveurs de moutons dans le Larzac, mais certaines choses de notre quotidien changeront, c’est sûr ! Bref, pour nous le WWOOFing, c’est vraiment une expérience enrichissante et qui fera sans doute partie des meilleurs souvenirs de notre aventure australienne !
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter via notre blog, ou bien par e-mail : [email protected]
Bon WWOOFing à tous !
- Dossier : Le WWOOFing, le HelpX et le bénévolat en Australie
- Dossier : Faire du WWOOFing pendant un séjour à l’étranger
Pour en discuter sur le forum :
(6) Commentaires
Hello
J’ai vraiment kiffé votre article
Je me tâte à partir en whv en Australie et en woofing en nouvelle Zélande pensez-vous que ce sera possible à faire en transport en comme ou en scooter la Nz?
Mais du coup en faisant du woofing et en vous déplaçant en transport en commun vous avez pu visiter beaucoup de sites ou des parc nationaux ?
Hello Elodie,
N’hésites pas et fonces ! Tu vas vivre une expérience inoubliable c’est certain. Pour les transports en commun aucun souci, de mémoire nous avions fait près de 20’000km en Australie en bus et en train donc vraiment pas de problème.
Très bonne question pour les parcs nationaux. Pour ça il y a moyen de trouver des tours organisés en bus. De notre côté nous avions loué voiture ou campervan pour atteindre les coins les plus reculés de manière à rester plus autonome. Ce fût le cas pour le Red Center, Cape Tribulation, les parc nationnaux au sud de Darwin et la côte ouest.
Pour la NZ, nous avons pris quelques bus par-ci par-là mais nous avons principalement fait du stop. Ca a marché nickel ! Pour le scooter méfies-toi, la NZ est plus grand qu’elle n’y parait… pour exemple il doit y avoir je crois 1000km du nord au sud… de l’ile du sud uniquement! Bref tout est possible mais à voir 😉
Tu trouveras plus d’infos sur notre blog: http://www.herewegoz.com. N’hésites pas si tu as d’autres questions.
Edouard
Merci beaucoup des infos!!! et super les aventures!!
Waouh! ça c’est un chouette article, bien construit et complet, avec des photos qui donnent envie!!
Merci pour ce retour.
Effectivement, j’étais étonnée de voir le « peu » de temps que durait chacune de vos expériences, ça permet de bouger pas mal mais comme vous le précisez tout à fait objectivement, ça n’est pas idéal pour bien faire connaissance avec les hôtes-autres wwoofers et pour devenir autonomes du coup…
Mais on voit que vous vivez un super WHV et c’est tant mieux!!
Bonne continuation! 🙂
Super article ! Il résume bien la diversité des rencontres et des découvertes que peuvent apporter le bénévolat. J’ai parcouru la Nouvelle-Zélande en m’arrêtant chez une dizaine d’hôtes HelpX et j’arrive un peu près aux mêmes conclusions. Chaque expérience est unique !
Puis, ce sont de belles rencontres, une famille pour qui j’ai fait du HelpX en NZ m’a rendu visite en France, et bientôt une autre.
Le wagon est très original, j’ai directement pensé à « Into the Wild » en le voyant. 😀
Merci à tous les deux pour votre retour très complet. On entend beaucoup que selon les états australiens, ce n’est pas toujours évident de trouver un emploi. Mais en effet, sans dépenser d’argent, on a moins la pression pour en gagner et du coup l’expérience est plus douce et propice aux jolies rencontres 🙂
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