Récit de pvtiste : ma demande de PVT Japon étape par étape

Comme beaucoup, la pandémie de COVID-19 a mis à mal mes rêves de voyages. Lorsqu’elle a débuté, j’étais en échange universitaire en Thaïlande et j’avais pour projet de voyager dans toute l’Asie de l’Est. La situation a été celle qu’on connaît tous et mes plans ont quelque peu été bouleversés. Adieu billets d’avion pour la Corée du Sud, le Cambodge et l’Indonésie et bonjour au rapatriement express direction la France !

J’avais néanmoins déjà eu, avant ce retour pour l’Hexagone, la chance de voyager deux semaines au Japon dans le cadre de cet échange. Il m’était resté en travers de la gorge un sentiment d’inachevé, moi qui comptais y retourner pour la saison des sakuras en avril 2020. De nature optimiste, je me suis jurée que cela ne serait que partie remise.

Réussir à se projeter malgré l’incertitude

Un soir de confinement 2021, avec ma colocataire, après un énième mental breakdown des suites d’une journée entière de cours en ligne, nous nous le sommes promis : à la fin de ce satané Master nous partirons ensemble en visa PVT au Japon. Le problème ? Comment réussir à se projeter dans l’avenir avec une situation sanitaire fluctuante et où les moments d’espoir d’ouverture de frontières se terminaient par l’annonce d’un nouveau confinement ?

La peur de perdre de nouveau beaucoup d’argent suite à l’annulation de billets d’avion m’angoissait, tout comme le fait de m’investir pendant des semaines à la constitution d’un dossier, en vain. Il ne me paraissait pas envisageable de réussir à rédiger un programme de séjour viable (et d’économiser dans mon budget mensuel), sans croire en un minimum à la faisabilité du projet. Et pourtant, les frontières étaient toujours fermées en ce début 2022.

L’élément déclencheur pour moi, ça a vraiment été les mots de mes proches. S’il y avait un moment où partir, c’était bien maintenant. Jeune, diplômée, sans enfant, sans crédit pour une maison à rembourser : rien ne me retenait théoriquement en France. Si je ne le faisais pas maintenant, je le regretterai (et mieux vivre avec des remords que des regrets !). Ni une, ni deux, je commençais alors la préparation de mon dossier de candidature de PVT et je tentais un coup de poker. Certes, les frontières n’étaient pas encore officiellement ouvertes, mais j’entendais déjà que certaines personnes avaient réussi à rentrer sur le territoire nippon. J’allais me donner les moyens pour réussir à partir comme eux. En quelques mois, la situation pouvait rapidement se décanter, non ? Et puis, l’obtention du visa PVT me laissait un an pour rentrer sur le territoire.

Je bénéficiais également d’un avantage de taille : j’avais lu qu’en général, à la fin de l’été, la quasi majorité des visas PVT pour le Japon avaient déjà été attribués (effectivement, en 2019, pour la toute première fois, le quota de 1 500 places par an, pour les Français, a été atteint, il a donc été ensuite passé à 1 800 places par an).

Quelle stratégie adopter ? Comment s’organiser pour commencer ma candidature ?

Pour moi, la priorité était l’obtention du visa. Le logement, la question de la banque, du forfait téléphonique, de l’assurance… seraient des sujets que je traiterais bien plus tard. C’est pour cela que la toute première chose que j’ai faite a été de prendre rendez-vous à l’ambassade. Originaire du Sud-Ouest, je devais me rendre à Paris (à plus de 4 h de train). Articuler une petite visite de la capitale avec son 35 heures n’était pas une mince affaire et c’est pour cela que je souhaitais que cela soit fait au plus tôt. En plus, je savais que me mettre une échéance (la date du rendez-vous) me forcerait à ne pas procrastiner sur la constitution du dossier.

Là encore, j’étais confrontée à une nouvelle difficulté : rendez-vous disponibles étaient affichés complets ! C’est grâce à une publication sur Facebook que j’ai pu obtenir le précieux sésame : quelqu’un avait vu que des places s’étaient libérées sur le site de l’ambassade et avait généreusement partagé l’information ! Il n’a pas fallu plus de cinq minutes pour que le rendez-vous soit pris et que je puisse enfin commencer la constitution du dossier de demande de PVT.

Constituer son dossier de candidature de PVT : ce à quoi j’ai particulièrement fait attention

Rassembler en premier les documents qui ne nécessitent pas de travail de fond

J’ai donc commencé par réunir les documents les plus « faciles » : photocopie du passeport, photos d’identité, preuve de fonds, certificat médical et CV. J’ai également rempli le formulaire de demande de visa de l’ambassade. À cette période, il fallait encore se procurer l’Uketsuke Zumisho, document où une sorte de sponsor localisé au Japon se portait garant de votre respect des règles sanitaires. Je ne vais pas m’étendre sur ce point puisque ce document n’est désormais plus demandé.

C’est après que la tâche s’est compliquée puisqu’il fallait rédiger deux documents personnalisés : la lettre de motivation et le fameux « programme de séjour », document que je pensais être le plus stressant à créer pour les pvtistes en devenir, puisqu’on racontait qu’il déterminerait l’obtention du visa.

Quels arguments pour ma lettre de motivation ?

Pour la lettre de motivation, j’ai choisi de la rédiger en anglais (sûrement parce que je me disais inconsciemment que cela prouverait mon sérieux et augmenterait mes chances ?). J’ai détaillé ce qui m’avait toujours attirée au Japon : ses biens culturels (sans parler des animés et des mangas car j’avais lu que le profil de fan des animés japonais pouvait ne pas plaire), sa diversité de paysages et son histoire. J’ai ensuite expliqué pourquoi le Visa Vacances-Travail était le visa le plus adapté pour me permettre de réaliser mon objectif, à savoir une immersion et une meilleure compréhension de la culture japonaise dans tous ses aspects (économique, sociétal, politique…). En effet, celui-ci me permettait trois choses :

  • Il me donnait assez de temps pour parcourir une grande partie du territoire et donc de découvrir des lieux variés.
  • Il me permettrait de progresser en japonais. Cela était essentiel pour moi car je pense que les langues traduisent des systèmes de pensées. J’ai toujours apprécié le regard poétique apporté sur le monde par la langue japonaise grâce à l’existence de mots comme « fuubutsushi » (le caractère d’un objet qui rappelle avec nostalgie une saison, ou un moment) ou « yugen » (une sorte de beauté mystérieuse et profonde qui s’applique à des formes d’art japonais).
  • Il me permettrait d’avoir assez de temps pour approfondir les relations que je pourrais me faire sur place, et notamment avec des Japonais. 

Le point le plus difficile : le programme de séjour

Concernant le programme de séjour, j’ai opté pour la stratégie « mieux vaut en faire trop que pas assez », c’est-à-dire que j’ai TOUT détaillé. Je ne vais pas mentir, je ne trouvais pas que cela soit un exercice très drôle dans le sens où je comptais laisser place à l’imprévu et que je ne savais bien sûr pas ce que j’allais faire dans 10 mois. Néanmoins, à mon sens, il faut vraiment voir cela comme un exercice visant à démontrer votre pragmatisme, que vous avez les pieds sur terre et que êtes conscients du coût de la vie au Japon. Il n’équivaut en rien à une obligation de respecter ce programme au pied de la lettre. J’ai donc parcouru en revue quelques forums où, grâce aux retours d’expérience, j’ai listé les éléments qui me paraissaient les plus convaincants  :

  • Des visites détaillées, variées et nombreuses pour chaque lieu auquel on souhaite se rendre (prix, horaires si contraignants).
  • Des visites en accord avec le calendrier et les saisons (par exemple le festival de la neige de Sapporo en février).
  • Les liens des hébergements où l’on souhaite se rendre avec leurs prix.
  • Les moyens de transports envisagés (train, bateau, bus) et leurs prix.
  • Des dates précises.
  • J’ai voulu également montrer que je comptais dépenser de l’argent sur place.

À chaque destination, j’ai détaillé le budget estimé pour les catégories suivantes : logement, transport, nourriture et activités.

Pour cela je me suis aidée des outils suivants : 

Cela prenait donc cette forme (que je reproduisais pour chaque destination) :

 

En complément de ce document, et bien que cela ne soit pas demandé, j’ai créé un budget afin de montrer que j’avais sérieusement préparé ce voyage. Concrètement,  je ne comptais pas dépenser autant d’argent mais j’ai fait un programme de séjour avec tout ce que j’aimerais faire (mais que je ne ferai peut-être pas).

Voici à quoi ressemblait mon budget prévisionnel pour 10 mois de PVT : 

 

Bien sûr, ce n’est que ma stratégie personnelle, mais je préférais en faire trop, afin d’éviter à avoir à revenir à Paris et à repayer un billet de train. Néanmoins, je me permets de rassurer celles et ceux qui ont horreur d’Excel : parmi tous les pvtistes que je connais, aucun n’a fourni un budget et ils ont quand même tous eu leur visa PVT.

Le rendez-vous à l’ambassade : beaucoup de stress pour pas grand-chose

Ça y est, le grand jour est arrivé et me voilà partie pour Paris en direction de l’ambassade pour déposer ma demande. Stressée, j’avais prévu d’arriver 30 minutes avant l’heure du rendez-vous. Quelle ne fut pas ma stupeur lorsque j’ai aperçu, devant l’ambassade du Japon, une queue qui s’étendait sur plusieurs mètres. Comment allais-je pouvoir être ponctuelle alors que semblait m’attendre plus d’une heure de queue ? Eh bien tout simplement en arrêtant de stresser pour rien et en regardant un peu mieux devant moi ! 

À côté de cette longue file se tenait un petit panneau avec indiqué « Pour les personnes ayant pris rendez-vous ». J’ai donc découvert avec étonnement que je semblais être la seule à avoir planifié ma visite et que toutes ces personnes patientaient sans rendez-vous. J’avais donc une file entière pour moi toute seule. Une employée de l’ambassade est rapidement arrivée pour vérifier que j’avais en ma possession tous les documents nécessaires. Puisque c’était le cas, elle m’a laissé entrer, et ce, bien avant l’heure de mon rendez-vous (ce qui m’a valu quelques regards énervés de la part des personnes qui attendaient depuis longtemps).

J’insiste donc sur le fait de prendre son rendez-vous en avance. Dans tous les cas, c’est obligatoire pour la Zone A et vous serez éconduit si vous tentez de venir sans rendez-vous.

Après être entrée, je me suis fait fouiller et ai reçu mon numéro de passage. Une fois mon tour, j’ai donné à l’employée mes documents. Après un rapide coup d’œil, elle m’a posé une seule question : « Mais, sur place, vous comptez apprendre le japonais ? ». J’ai répondu que c’était en effet mon projet, bien que j’ai déjà pris quelques cours en France. On m’a alors répondu que mon dossier serait consulté dès maintenant et que j’aurais ma réponse dans peu de temps. Quelle aubaine, moi qui pensais devoir attendre plusieurs jours pour avoir ma réponse !

Je suis donc allée m’asseoir pour patienter. S’en sont suivies des minutes TRÈS longues. Déjà, il était marqué partout qu’il était interdit de prendre des photos donc je n’osais pas sortir mon téléphone, de peur qu’on croie que je prenais des photos en cachette (oui, mon cerveau avait décidé de me faire stresser pour rien ce jour-là). Le temps passait et je voyais toutes les personnes qui patientaient avec moi obtenir un avis positif pour leurs demandes de visa, et même des gens arrivés bien après moi ! N’ayant pas de réponse depuis plus de trois quarts d’heure, je commençais à paniquer : la mention de mon souhait d’apprendre le japonais sur place était-il un de ces éléments rédhibitoires tacites pour le personnel de l’ambassade ? Manquait-il une pièce à mon dossier ?

Après presque une heure à patienter (et sans téléphone, je peux vous assurer que pour une membre de la génération Z, c’est long et que cela vous laisse le temps de vous faire des films), une employée est venue me voir pour me donner la fameuse réponse : oui, j’avais obtenu mon Visa Vacances-Travail ! Victoire !

Récupérer son visa PVT : un nouvel aller-retour à Paris (mais pour la bonne cause !)

Suite à l’annonce de mon avis favorable, j’ai reçu un petit papier à ne surtout pas perdre et dont j’aurais besoin pour récupérer mon passeport avec mon visa collé dedans (qui serait prêt dans quelques jours). Une question me taraudait alors l’esprit. Travaillant dans le Sud de la France, je n’avais aucun créneau pour remonter sur Paris dans les prochaines semaines : cela allait-il impacter ma demande ? On m’a répondu qu’il n’y avait aucun problème, que je pouvais venir récupérer mon passeport quand je le pouvais/voulais, à partir du moment où je n’en avais pas besoin expressément. C’est ainsi que mon passeport est resté pendant près d’un mois et demi à l’ambassade, avant que je puisse venir le récupérer et m’envoler vers les terres nippones !

Qu’est-ce que je retiens de cette expérience de demande de PVT Japon ?

  • Certains délais peuvent être longs selon le lieu où vous habitez (pour prendre rendez-vous chez le médecin par exemple) : pensez à prendre vos rendez-vous à l’avance et à anticiper le temps d’obtention de certains documents.
  • Les astuces et bons plans se trouvent sur les groupes Facebook et sur pvtistes.net. Les retours d’expérience sont précieux tant certaines informations sont difficiles à trouver. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire de cet article et/ou sur des forums ou des publications Facebook. Quelqu’un a probablement déjà été dans la même situation que vous et pourra vous renseigner.
  • Inutile de stresser, tout va bien se passer. Préparez votre demande sérieusement. Il y a peu de risque qu’on vous annonce que votre demande est refusée parce que vous vous êtes trompé dans un prix ou un lien sur votre programme détaillé.
  • Le programme détaillé ne pourra jamais refléter la réalité (et c’est peut-être mieux comme ça). Ayez un projet construit et réaliste en termes de coûts, distances, saisons, qu’il soit votre réel souhait ou non.
Camille

Après un premier voyage au Japon, j'ai tenté l'aventure PVT en m'installant plusieurs mois à Tokyo ! Entre petits boulots dans la capitale et voyages dans tout le pays, cette année a été plus qu'enrichissante et je partage désormais ce que j'aurais aimé savoir avant mon départ. :)

After my first trip to Japan, I chose the visa PVT to settle in Tokyo for several months! Between odd jobs in the capital and travels all over the country, this year has been more than rewarding, and now I'm sharing what I wish I'd known before I left France. :)

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(4) Commentaires

Axel I |

Bonjour Camille,

J’ai un doute sur mon programe détaillé car j’ai peur qu’il ne le soit pas assez justement.
J’ai fais trois pages bien remplis mais je n’ai pas mis le prix de chaque activités mais plus un budget global de ce que je pensais dépenser par mois.
De même je n’ai pas détaillé toutes les activités que je voulais faire car je souhaite principalement découvrir au jour le jour. Je n’ai donc mis que des exemples de ce que je souhaitais faire.
Es ce que tu penses que ça passera quand même ou pas ? Ca me stress pas mal…

Chloé I |

Hello Camille,
Merci pour ce témoignage !
J’ai une question concernant la partie « C’est ainsi que mon passeport est resté pendant près d’un mois et demi à l’ambassade, »
Est-ce que c’est parce que le délais était très long ? Ou parce que tu n’as pas pu aller le chercher avant ?

Camille I |

Hello, c’est parce que je ne pouvais pas aller le chercher avant 🙂

Mathieu I |

Merci Camille pour ce tuto !