La Corée et le Japon
Le début de la domination japonaise sur la péninsule
1875 : une mission diplomatique japonaise se rend dans le royaume de Joseon et demande au roi en place la signature d’un traité commercial entre les deux pays. La péninsule refuse. Le Japon décide alors d’obtenir par la force la signature de ce traité.
27 février 1876 : le traité de Ganghwa est signé entre le royaume de Joseon et le Japon. Le commerce entre la péninsule et le Japon est ouvert. Ce traité est très inégalitaire et avantage le Japon qui prend le contrôle du commerce international de Joseon.
La signature de ce traité marque le début de la mainmise progressive du Japon sur la péninsule. S’ensuivra la signature de plusieurs autres traités qui donneront toujours plus de pouvoir au Japon.
Août 1882 : le traité de Jemulpo est signé. Suite à une révolte des militaires de Joseon, le Japon en profite pour durcir les conditions du traité de 1876. Joseon doit maintenant verser des indemnités au Japon, qui en plus installe des troupes militaires afin de protéger les Japonais vivant sur la péninsule. La Chine a également profité de ces mouvements de résistance pour envoyer elle aussi des troupes sur la péninsule.
Janvier 1885 : signature du traité d’Hanseong. De nouvelles indemnités sont octroyées au Japon ainsi que de nouveaux avantages commerciaux.
Le Japon et la Chine essayent tous les deux de prendre l’avantage sur la péninsule.
Avril 1885 : la convention de Tianjin est signée entre le Japon et la Chine. Les deux puissances s’engagent à retirer leurs troupes de la péninsule et à ne pas les réintroduire sans en avertir l’autre.
Janvier 1894 : des révoltes vont une nouvelle fois éclater dans la péninsule qui est alors rongée par la misère et la corruption. Joseon appelle la Chine à l’aide qui envoie des troupes. Elle en avertit le Japon comme la convention de Tianjin le demande. Le Japon en profite pour lui aussi envoyer des troupes sur la péninsule. Les troupes japonaises parviennent à prendre la capitale et à imposer un régime pro-Japon.
La guerre avec la Chine est maintenant inévitable.
La guerre sino-japonaise (1894 – 1895) : c’est une guerre éclair et très violente. La Chine est vaincue. Avec le traité de Shimonoseki, la Chine reconnaît l’indépendance de Joseon, cède plusieurs de ses territoires au Japon, et s’engage à payer de lourdes indemnités de guerre.
8 octobre 1895 : des Japonais assassinent la reine Min (épouse du roi de Joseon), qui était contre l’expansion japonaise. Le roi Gojeong se réfugie alors en Russie. Cet événement marque l’entrée de la Russie dans l’influence de la péninsule, que le Japon voit comme une menace.
La guerre russo-japonaise (février 1904- septembre 1905) : février 1904, le Japon attaque et entame une guerre contre la Russie. Cette guerre, comme la guerre sino-japonaise, sera très rapide et très violente. Dès février, le Japon entre en Corée. En septembre 1905, le traité de Portsmouth est signé. La Russie est vaincue.
17 novembre 1905 : le Japon fait signer au roi Gojeong de Corée un traité de protectorat. La péninsule perd sa souveraineté.
Les Coréens ne se laissent pas faire et une résistance s’organise. Des opérations de sabotage sont mises en place. La Corée tente de prévenir la communauté internationale à La Haye, mais elle n’est pas entendue. Fin 1907, l’administration coréenne est soumise au contrôle d’un résident-général japonais et en 1908, l’armée coréenne est dissoute.
1909 : le résident japonais est assassiné. En réponse, le Japon envoie des soldats dans la capitale pour écraser la résistance.
22 août 1910 : le nouveau résident Japonais exige la signature d’un traité d’annexion. La Corée devient une colonie japonaise. Cette annexion se fait sans aucune réaction de la communauté internationale.
La colonisation japonaise (1910-1945)
Avec l’événement de la colonisation, le résident est remplacé par un gouverneur-général militaire avec tous les pouvoirs. Un régime autoritaire s’installe : contrôle de la presse et interdiction des regroupements politiques. La police est assurée par l’armée japonaise.
1919 : des protestations en faveur de l’indépendance éclatent. C’est le mouvement du 1er mars. De nombreuses manifestations sont organisées dans tout le pays. Elles seront très lourdement réprimées.
Yu Gwan-sun, une lycéenne de 17 ans, arrêtée peu de temps après, sera emprisonnée, torturée et tuée en prison en 1920. Elle deviendra un symbole de résistance pour la Corée.
Aujourd’hui, le 1er mars est un jour férié en Corée du Sud, c’est le jour du mouvement d’indépendance.
Suite à cet événement, une résistance va s’organiser à l’étranger. Un gouvernement provisoire sera créé à Shanghai. D’autres résistants vont se rendre en Mandchourie, puis en Russie et en Chine. Cette résistance extérieure continuera jusqu’à la fin de la colonisation et c’est de ses rangs que sortiront les deux futurs dirigeants de la Corée divisée.
Après ce mouvement, le Japon va revoir son administration de la Corée. Les années 20 seront une période plus libérale. Le Japon met en place une politique coloniale dite de “coopération culturelle”. La presse est de nouveau autorisée, des Coréens sont recrutés dans l’administration et les universités privées rouvrent également leurs portes. En réalité, il y a une volonté d’acculturation des Coréens à la culture japonaise et surtout il n’y a que très peu de coopération entre les Japonais et les Coréens. Les Japonais ne se mélangent pas aux Coréens sur la péninsule et les Coréens vivant sur l’archipel sont victimes de discriminations.
La fin des années 20 marque le retour d’un régime autoritaire. Le Japon se rapproche de l’Allemagne nazie d’Hitler et met en place une politique d’acculturation et d’assimilation forcée. En 1938, la langue coréenne est interdite dans les écoles et dans les lieux publics. En 1940, la presse est de nouveau interdite ainsi que les associations. On demande même aux Coréens de prendre un patronyme japonais pour remplacer leur nom coréen.
La résistance dans la péninsule existe également. Des groupes s’organisent pour mener des actions de sabotage et de boycott. Les lycéens et les étudiants sont à l’origine de plusieurs mouvements qui sont toujours très lourdement réprimés. Il existe également une résistance du quotidien ainsi qu’une résistance culturelle, par la promotion du hangeul, alors interdit, par le contournement de la censure au travers des films et de la littérature. Bien évidemment, si beaucoup de Coréens résistent, certains à l’inverse vont collaborer avec l’Empire japonais.
Pendant la colonisation, le Japon va énormément exploiter les ressources et la production coréenne. Le Japon va moderniser les outils et les infrastructures afin d’augmenter le rendement et la production. La Corée devient l’approvisionneur en riz de l’archipel. Plus tard, le Japon va exploiter les ressources minières et industrielles de la péninsule. De nombreuses entreprises japonaises délocalisent alors leurs activités en Corée. Pendant la guerre, c’est l’industrie militaire et l’industrie d’armement qui sont priorisées. Les bienfaits de cette modernisation seront essentiellement visibles pour les Japonais et l’archipel. En réalité, les Coréens ont faim et sont largement sous-payés, même exploités.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un STO (service de travail obligatoire) est mis en place en Corée pour compenser la mobilisation des hommes japonais. Des millions de Coréens sont recrutés et partent pour l’archipel. En 1944, le Japon, qui refusait d’enrôler des Coréens dans son armée, n’a plus le choix. Tous les Coréens sont à leur tour mobilisés. Certains iront rejoindre les rangs de l’armée japonaise, d’autres seront envoyés dans les usines d’armement. Beaucoup prendront le maquis. Des milliers de Coréens seront victimes de la guerre, dont 70 000 à cause des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, car ils travaillaient dans les usines de la région.
Sans oublier l’exploitation des femmes coréennes par les militaires japonais, qu’on appelait les “femmes de réconfort” et qui étaient tout simplement des esclaves sexuelles. Le Japon a mis en place dans tout son empire des maisons closes, directement gérées par l’armée japonaise, pour mettre à disposition de ses soldats des femmes, souvent mineures, afin d’éviter les viols de masse, la propagation des maladies vénériennes et remonter le moral des soldats.
Passé sous silence, l’histoire de ces femmes n’a été entendue et prise en compte que des dizaines d’années plus tard. Elles ont été les victimes oubliées de la colonisation et de la guerre.
Été 1945 : le Japon acculé perd la guerre. Début août, la Russie entre sur le territoire coréen par le nord sans problème, les États-Unis arrivent par le sud. Le 15 août 1945, le Japon se rend, il a perdu la guerre, la Corée est libérée.
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