La Corée du Sud
À la fin de la guerre, la Corée du Sud est dans un piteux état. Une grande partie du pays est détruite, et en perdant le Nord, le Sud a aussi perdu beaucoup de matières premières, d’industries et de ressources. La Corée du Sud est à ce moment un des pays les plus pauvres du monde.
1er octobre 1953 : la Corée du Sud et les États-Unis signent un traité de défense mutuelle. Les États-Unis vont apporter à la Corée du Sud une protection militaire ainsi qu’un soutien financier massif et un soutien matériel.
Le gouvernement de Rhee Singman toujours en place est très autoritaire et très anti-communiste. Toutes les formes d’oppositions et de contestations sont fortement réprimées.
1960 : Rhee Singman est réélu pour un 4e mandat. De nombreux mouvements de révolte vont éclater. La Révolution du 19 avril 1960. Le 27 avril, Rhee Singman démissionne et quitte le territoire.
C’est l’avènement de la IIe République pour la Corée du Sud, qui aura pour président Yun Bo-Seom à partir du 12 août 1960.
16 mai 1961 : un coup d’État militaire porté par le Général Park Chung-hee éclate. Un Conseil suprême de la reconstruction nationale prend la place du gouvernement. Le Parlement est dissous et toute activité politique interdite.
Yun Bo-seom cohabite un temps avec Park Chung-hee puis démissionne en mars 1962. Park devient alors Président par intérim et il rétablit le régime présidentiel. Après des élections, Park Chung-hee est élu président de la République en octobre 1963. Terminée la IIe République, bonjour la IIIe République (qui sera en réalité une dictature) !
Dictature du Général Park (1963 – 1979)
L’objectif de Park est la croissance économique et le redressement du pays. Il lance alors une politique d’industrialisation massive et rapide du pays. C’est à cette époque que se développent les chaebols, conglomérats d’entreprises familiales très proches du pouvoir, (dont certains avaient vu le jour pendant la colonisation japonaise) qui font encore aujourd’hui le jeu politique de la Corée du Sud. Cette politique industrielle va permettre au pays de se développer très rapidement, de rattraper son retard et de sortir la tête de l’eau. Cependant, cette croissance ne se fait pas sans sacrifice et sans inégalités. La campagne ne bénéficie pas autant de la croissance que les grandes villes et dans la population si certains s’enrichissent très vite d’autres restent dans une grande misère. Les ouvriers qui permettent de faire marcher cette politique industrielle sont sous-payés, voire exploités, et les conditions de travail sont déplorables. De plus, les syndicats et mouvements ouvriers sont interdits.
En 1972, la dictature s’intensifie avec la mise en place de la constitution de Yushin. Celle-ci permet à Park d’être président à vie et de nommer un tiers des membres du parlement.
En 1978, un nouveau grand mouvement de protestation éclate suite à la mort d’une jeune travailleuse.
26 octobre 1979 : Park Chung-hee est assassiné par le directeur de la KCIA (les services de renseignements). Choi Kyu-hah, alors Premier ministre, devient le président par intérim.
La Ve République
12 décembre 1979 : un nouveau coup d’État militaire mené par le général Chun Doo-hwan éclate. Les Coréens qui espéraient le retour de la République après la mort du général Park sont déçus et les révoltes ne tardent pas à éclater.
17 mai 1980 : la loi martiale est instaurée. Les activités politiques sont interdites, la presse passe sous la coupe de la censure militaire, les universités sont en partie fermées et de nombreuses personnes sont arrêtées.
18 mai 1980 : les étudiants de la ville de Gwangju descendent dans la rue pour protester. Cette révolte est très lourdement réprimée. Des affrontements violents ont lieu entre les manifestants et l’armée. Le mouvement s’élargit rapidement à tous les habitants, si bien que les citoyens arrivent à prendre le contrôle de la ville pendant plusieurs jours. Le 26 mai 1980, l’armée récupère le contrôle de Gwangju.
Ce mouvement, appelé aujourd’hui “le mouvement de la démocratisation de Gwangju” marquera fortement les esprits et sera vu comme les prémices de la démocratisation du pays.
Le 27 août 1980 : un collège électoral élit Chun Do-hwan (seul candidat) à la présidence. En octobre, une nouvelle constitution est approuvée. Cette Ve république est quasiment identique à l’ancienne, aucun changement démocratique en approche.
Malgré une bonne croissance économique, les habitants tiennent à la démocratisation du pays et les étudiants continuent leurs contestations. Les chaebols ont un gros poids sur le gouvernement qui est fortement corrompu.
En 1987, les pressions sont très fortes sur le gouvernement et celui-ci finit par céder. Les libertés fondamentales sont rétablies, les syndicats indépendants sont autorisés à nouveau, et c’est le retour de l’élection du président au suffrage universel. Ce qui ne s’était pas fait depuis les années 60. La constitution est réformée et la VIe République voit le jour.
Mais au cours des élections de décembre, c’est le général Roh Tae-woo qui l’emporte. Un général militaire très proche de l’ancien dirigeant Chun Doo-hwan. Les étudiants et la classe ouvrière sont déçus par ce résultat.
La démocratisation du pays
Pendant la présidence de Roh Tae-woo, les mouvements de contestation sont encore très présents et lourdement réprimés. Mais la Corée du Sud continue à progresser et accroît son ouverture sur le monde. En 1988, elle reçoit les Jeux Olympiques.
En février 1993, c’est Kim Young-sam qui prend la présidence du pays. Il est le premier président civil depuis les années 60. Pendant son mandat, il fait juger et condamner Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo ainsi que leur collaborateur pour leurs actions pendant le mouvement de Gwangju ainsi que pour leur corruption. Ils seront emprisonnés, mais graciés quelque temps plus tard.
La Corée du Sud s’est enfin démocratisée. Pendant les différents mandats des prochains présidents, la Corée du Sud va continuer son développement et son ouverture sur le monde. Elle deviendra un acteur important dans le jeu international. Elle entre dans l’OCDE en 1996.
Après l’organisation des Jeux Olympiques, la Corée du Sud reçoit en 1993 l’exposition universelle, en 1996 est créé le festival du film de Busan qui aujourd’hui jouit d’une grande renommée et elle co-organise avec le Japon la coupe du monde de football de 2002.
À la fin des années 90, elle sera touchée par une grosse crise monétaire puis économique qui portera un coup important aux chaebols. Elle aura besoin de l’aide du FMI pour s’en remettre, mais parviendra à s’en relever.
En 2006, la Corée du Sud est classée parmi les 10 pays les plus développés du monde. En 50 ans, elle a connu une évolution impressionnante, elle est passée d’un des pays les plus pauvres du monde à l’un des plus riches. En 2022, la Corée du Sud est le 12e PIB mondial et la 6e plus grosse puissance militaire. Elle est également un des leaders en matière d’innovation technologique. Elle rayonne aussi avec son soft power. Notamment avec son industrie musicale et audiovisuel qui séduit une grande partie du monde et qui a un un impact positif sur son économie et son tourisme.
Pour autant, les chaebols conservent un poids extrêmement important dans le milieu politique et les scandales de corruption font, tout au long des années 2000 et encore aujourd’hui, très souvent la une des médias. En témoigne, l’énorme scandale autour de Park Geun-hye, fille du général Park qui est élue à la présidence du pays en 2013, mais qui sera destituée de ses fonctions. Elle sera jugée et condamnée à la prison pour corruption et abus de pouvoir. Elle sera graciée en 2021.
Aucun commentaire
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus