Aujourd’hui, on considère que les artistes taïwanais sont fortement influencés par les traditions chinoises, japonaises et aborigènes qui ont marqué le pays.
Pendant la colonisation japonaise : début d’une production prolifique et premières censures musicales
C’est lors de la colonisation japonaise (1895-1945) que la production musicale s’intensifie sur l’île avec l’implantation des premières maisons de disques. C’est d’ailleurs à cette époque que le célèbre label Columbia Records est créé à Taïwan. Au départ, on produit plutôt des musiques chantées en japonais. Néanmoins, avec la hausse de la production globale, on observe la création de chansons dans d’autres langues que celles de l’occupant : le hakka et le taïwanais (taiyu).
Démarrent alors les premières censures dans les années 1930 par le pouvoir japonais qui les perçoit comme menaçant sa légitimité. Pour renforcer un sentiment nationaliste au début de la guerre sino-japonaise de 1937, celui-ci impose des paroles en japonais et des chants martiaux.
L’après Seconde Guerre Mondiale : la dictature militaire chinoise et sa politique musicale anti-communiste
Le gouvernement nationaliste chinois s’installe au pouvoir à partir de 1949. La militarisation du territoire s’intensifie tout comme les politiques visant à refréner toute contestation du pouvoir en place. Cela touche bien sûr la musique puisque sont désormais interdites plusieurs musiques chantées en japonais ou en taïwanais comme « Mending the Net » (futur hymne du mouvement démocratique).
Le gouvernement impose le mandarin traditionnel comme langue nationale et a un droit de vie ou de mort sur les musiques qui seraient contraires à la politique culturelle nationaliste, qui se veut anti-communiste.
Seront donc censurées les musiques qui évoquent des problèmes sociaux (on considère qu’elles sapent le moral de la population) mais aussi toute chanson contenant le mot « rouge » ! C’est ainsi que Yan Hua et Zhou Xuan voient leur chanson « Tan Qing » censurée pour avoir commis l’affront d’écrire « Oh lumière rouge, brille lumière rouge » (« Oh red moon, shine red light »).
Par effet miroir, les chants en mandarin, nationalistes voire martiaux, sont valorisés.
L’introduction de la culture rock par la présence américaine dans les années 1950
Si la musique est contrôlée, il existe malgré tout des circuits de diffusion annexes. Ils sont alimentés par la présence de l’armée états-unienne à partir des années 1950 (présente sur le territoire pour endiguer l’expansion du communisme en Asie de l’Est). C’est le début du partage des disques piratés. Les militaires créent des stations de radio où l’on peut écouter du rock et du jazz et certains Taïwanais commencent à écouter ce qu’on appelle la « hot music ».
Les années 1970 : l’euphorie musicale comme réponse à une crise identitaire
Lorsque Taïwan est évincé au profit de la République Populaire de Chine à l’ONU en 1971, l’île est en proie à des difficultés : elle perd ses alliés et souffre d’une sorte de crise identitaire. Plusieurs artistes vont alors proposer une nouvelle définition de la culture et de l’identité taïwanaises dans leurs chansons, qui doivent se différencier des précédents chants martiaux ou d’influence états-unienne.
C’est à cette même période que la censure diminue et que l’on voit apparaître de nouvelles chansons en taïwanais et en hakka. On parle même de « nouveau mouvement taiyu ».
Mandopop VS T-pop : les traces d’une opposition entre les cultures chinoise et taïwanaise
Aujourd’hui, la musique pop est très populaire sur l’île et on considère qu’elle se divise en deux catégories.
D’abord, la mandopop, dont les paroles sont en mandarin (langue officielle de la Chine continentale), a connu une forte popularité. Cela est lié à la politique d’assimilation du Kuomintang (le Parti nationaliste chinois), selon laquelle était prohibée (et stigmatisée) la langue taïwanaise. Teresa Teng était notamment une artiste de mandopop extrêmement populaire dans les années 70.
Face à la mandopop, la T-pop (pour « Taïwan pop ») rassemble les musiques chantées en dialecte aborigène (et non mandarin).
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