Si vous êtes de passage en Belgique, rares sont les personnes qui vous diront d’aller dans le Hainaut. Étant la province la plus pauvre de Belgique, disons que le tourisme n’y est pas très développé. Pourtant, le Hainaut est riche d’histoire et de culture si on prend le temps de s’y intéresser. La province contient en effet de nombreux sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, tels que des églises, des châteaux, des musées et des sites historiques, et même des événements folkloriques de renommée mondiale !
Mons
Élue capitale européenne de la culture en 2015, Mons est l’endroit idéal pour commencer votre découverte du Hainaut, puisqu’elle en est aussi son chef-lieu (la capitale d’une province). Vous aurez vite fait le tour de son centre, assez petit, pourtant dense de lieux riches. Alors, enfilez vos chaussures et apprêtez vous à vous balader dans les jolies rues de Mons à la découverte de ses petites perles.
Art et Histoire dans les rues de Mons
À partir de la gare, rendez-vous avec Lucie et les papillons, une statue en inox de plus de 7 mètres de haut. Elle représente à la fois la pureté et l’innocence de l’enfance et la résistance et la dureté de l’amour. Une belle façon de commencer la découverte de la ville ! À quelques pas de là, vous vous retrouverez face à l’imposante Collégiale Sainte-Waudru, sainte patronne de Mons. L’église est aussi un ancien lieu de culte des Chanoinesses, une communauté religieuse 100 % féminine. À l’intérieur, vous y trouverez le Car d’Or, un char de bois réalisé au XVIIIe siècle et encore utilisé aujourd’hui lors du Doudou, le carnaval de Mons (on y revient plus tard). Typiquement belge, cette église n’est en fait pas terminée (les travaux se sont arrêtés en 1691), mais elle n’en reste pas moins très belle.
Après la Collégiale, dirigez vous ensuite vers le parc du Château. Là, se trouve le beffroi de Mons. Du haut du beffroi, vous pourrez admirer une vue panoramique de la ville. Unique beffroi baroque de Belgique, il a été reconnu en tant que patrimoine de l’UNESCO, mais pas que… Ses carillonneurs ont été, eux aussi, reconnus comme patrimoine immatériel de l’humanité. Les dimanches, vous pouvez d’ailleurs assister à leur concert, une expérience hors du temps et qu’on ne s’imagine probablement pas vivre dans sa vie ! D’ailleurs, le prochain arrêt de notre visite de Mons, le jardin du Mayeur est l’endroit idéal pour écouter la mélodie des carillons. Pour y accéder, vous devrez emprunter un petit souterrain qui vous mènera à ce calme petit jardin caché.
Les détails cachés et colorés de Mons
Et puisque vous êtes en train de jouer à cache-cache, allez ensuite sur la Grand-Place de Mons à la recherche de ses petits détails cachés comme le petit singe de Mons, le dragon, ou encore la poignée en forme de château. Le petit singe vous portera chance si vous lui caressez la tête avec votre main gauche ! Enfin, pour terminer votre visite de la ville, rien de mieux que de flâner dans les jolies rues colorées du centre comme les rues de la Coupe et des Fripiers. Ces petites rues animées regorgent de restaurants, cafés et bars. Vos babines vous en remercieront ! En plus, elles sont très joliment décorées avec des papillons dans les airs, quelques arts de rues ou encore des pavés peints en 1001 couleurs !
Le Doudou : Carnaval de Mons
Enfin, les festivités sont à leur pic pour le Combat dit Lumeçon, combat où Saint Georges se prépare à affronter le fameux dragon (dont les crins de la queue porte bonheur à qui arrive à en attraper !). Accompagné de Lumeçon (Diables et Chins-Chins, Hommes blancs et Hommes de feuilles, Pompiers, Policiers en casques blanc ou bleu), il se bat jusqu’à la mort du dragon et assure ainsi la pérénité de la cité !
La région du Centre
Née de la révolution industrielle, la région du Centre vous emmènera au cœur du Hainaut. Alors qu’à l’époque elle vit un essor économique extraordinaire (notamment grâce à la sidérurgie), la région se remet encore aujourd’hui de la disparition du charbonnage et de la fermeture de nombreuses industries. Malgré tout, ce passé très industriel lui a permis aujourd’hui de lui faire valoir son histoire et sa richesse patrimoniale. Située entre Mons et Charleroi, la région comprend plusieurs villes dont deux que nous allons aborder ici : La Louvière, au cœur de la région, et Binche, ville patrimoine de l’UNESCO.
Découvrir La Louvière et ses alentours à vélo
Autrefois dominée par une dense forêt charbonnière, La Louvière doit son nom aux rois de la forêt, les loups. Aujourd’hui, les habitants de cette ville n’ont pas oublié cette partie de l’Histoire puisque, eux-mêmes, sont surnommés les Loups (officiellement les Louviérois). Symbole de la ville, vous trouverez plusieurs statues et murales à l’effigie de l’animal.
Les domaines et musées d’art
Entourée de canaux, La Louvière et ses alentours sont agréables à découvrir à vélo. De cette façon, vous alternez nature, châteaux, musées et ascenseurs à bateaux (oui, oui, vous avez bien lu !). Commençons donc notre visite par le majestueux Domaine du Château de Seneffe. Construit vers la fin du XVIIIe siècle, le Château de Seneffe se situe à l’entrée d’un parc à l’anglaise de plus de 22 hectares. Ce très grand domaine comporte aussi une orangerie, un théâtre, une volière et un jardin à la française. Dans le château, vous trouverez le musée de l’orfèvrerie qui contient la plus belle collection d’orfèvrerie de Belgique. Après votre visite, longez le canal et profitez de son calme. L’été, une course de ski nautique y est même organisée !
Vous rejoindrez ensuite la route pour vous rendre au Domaine Royal de Mariemont. Ce parc, s’étendant sur plus de 45 hectares, a été créé par Marie de Hongrie au XVIe siècle et constitue maintenant l’un des plus beaux parcs de Belgique. Avant d’y arriver, vous devrez traverser la drève de Mariemont, une allée d’1 kilomètre entourée d’imposants hêtres. Vous ressentirez tout de suite l’air frais et doux en vous y baladant et comprendrez sans doute pourquoi ce domaine est considéré comme l’un des poumons de la Belgique. Le Parc de Mariemont est un domaine riche tant sur le plan historique, archéologique, artistique, ornithologique et surtout, botanique. En effet, il abrite une collection de plus de 2000 espèces d’arbres dont certains classés les plus grands de leur espèce !
Vous y trouverez aussi une réserve d’oiseaux et une roseraie. Sa biodiversité est telle qu’elle est propice à l’accueil d’espèces rares comme la salamandre. Du côté culturel et archéologique, rendez-vous au musée Royal de Mariemont. Vous pourrez y admirer des collections d’Antiquité venant de Grèce, de Rome, d’Egypte ou de l’Orient, telles que des fresques de Pompéi, la statue de Cléopâtre, ou encore un pavillon de thé.
La ville et l’industrie
Après le parc, c’est en ville qu’on vous donne rendez-vous, du moins, si vous souhaitez faire le détour. Le centre ville de La Louvière est très petit et n’a pas grand chose à offrir. Vous pourrez tout de même y voir la statue de la Louve, représentante de la ville. La légende raconte qu’à l’époque des loups, une louve aurait allaité un enfant. Cette statue la représente donc mais est en fait une copie de la Lupa Capitolina sans Romulus et Rémus ! Ensuite, replongez-vous dans le passé de la région en visitant le site minier de Bois-du-Luc et son musée de la Mine et du Développement durable. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site retrace l’histoire minière de la région ainsi que son engagement écologique actuel. Il vous parlera également des terrils, les seuls reliefs de la région, nés des tas de terre et de roches extraites des galeries minières. Aujourd’hui, ces collines se sont transformées et accueillent une faune et une flore bien particulière.
Continuez votre visite en vous rendant à la Cantine des Italiens. Si vous pouvez aujourd’hui y déguster un très bon repas italien, il s’agissait, à l’époque, d’un baraquement abritant des immigrants italiens ayant quitté leur région pour travailler dans les mines et usines de la région. Le musée de l’immigration italienne relate leur histoire à travers de nombreuses archives et témoignages.
La Louvière, l’Italie de la Belgique ?
Restaurants italiens, accent italien, et même drapeaux italiens… En vous baladant à La Louvière, vous ne manquerez pas de remarquer tous ces détails liés à l’Italie. En effet, après la fermeture des mines, les immigrants italiens se sont installés dans la région. Aujourd’hui, beaucoup de Louviérois sont les descendants de cette génération de mineurs et défendent fièrement leurs origines italiennes. D’ailleurs, si vous avez la chance d’y être lors d’une Coupe du Monde ou Coupe d’Europe de football, vous verrez qu’à La Louvière, c’est la Squadra Azzura qu’on soutient (les Diables Rouges aussi, ne vous inquiétez pas).
Même le français de La Louvière s’est vu transformé par l’influence italienne, mélangeant le Français (parfois même le Wallon) à l’Italien. À La Louvière, on va donc faire un un djîre (un tour, issu de giro en italien) et une petite mangiatte (un petit repas, issu de mangiare) entre amis. Et même si la communauté italienne est très forte et très soudée, elle n’en est pas moins ouverte et accueillante. Ainsi, si vous êtes invité chez la nonna (grand-mère) d’un de vos amis, elle ne manquera pas de vous faire sentir come a casa (comme à la maison).
La visite du Canal du Centre et des ascenseurs à bateau
C’est aussi à partir de la Cantine des Italiens que commence votre périple vers les fameux ascenseurs hydrauliques à bateau, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Construits à la fin du XIXe siècle, ces ascenseurs témoignent du génie technologique de l’époque. Ces ascenseurs ont permis de lier la Meuse et l’Escaut à une période où la région était en plein essor industriel. Réparti sur une distance de 7km, ces ascenseurs utilisent la force hydraulique pour permettre la navigation sur un terrain déclinant et pauvre en alimentation d’eau. Aujourd’hui quatre des ascenseurs fonctionnent encore avec leur machinerie et mécanisme d’origine. Depuis la Cantine des Italiens, louez un petit bateau électrique pour parcourir le Canal du Centre.
Au bout de votre parcours, vous pourrez admirer l’Ascenseur Hydraulique n°1, le plus vieux de Belgique ! Enfin, la fin de votre visite de La Louvière vous emmènera à son point le plus impressionnant : l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu. Haut de 117 mètres, cet ascenseur fût, jusqu’en 2016, l’ascenseur à bateau le plus haut au monde. Il remplace aujourd’hui les 4 ascenseurs hydrauliques et permet ainsi à des bateaux de plus de 2000 tonnes de parcourir un dénivelé de plus de 73 m en environ 7 minutes. Cerise sur le gâteau, vous pouvez le découvrir depuis l’eau puisque des croisières sont y sont désormais organisées.
Culture et folklore
Outre le côté historique et industriel, la Cité des Loups est également au centre de projets culturels et folkloriques. Tous les 3 ans, vous pouvez ainsi assister à l’opéra urbain, Décrocher la Lune, créé par l’Italo-Louviérois Franco Dragone (metteur en scène et directeur artistique ayant signé de nombreuses fois avec le Cirque du Soleil et avec Céline Dion). L’événement est un symbole d’espoir pour une ville souvent rabaissée. Ce spectacle incroyable change à chaque édition mais voit toujours à son final une marionnette géante, prénommée Sancho Gilles, escalader l’église de la place principale pour aller décrocher la lune.
La région du Centre est aussi la région du Carnaval. A La Louvière, c’est le Laetare qu’on retrouve. Il s’agit d’un des plus grands et festifs carnavals du coin. Frites, gaufres, manèges, cortèges, musiques, et apéro confetti font partie des traditions de la ville. Mais même si les Loups sont fiers de leur carnaval, l’origine du carnaval belge, c’est à Binche qu’on la doit, avec des traces écrites remontant jusqu’à 1394 ! Alors bien que Mardi Gras soit souvent associé à Rio, Venise ou encore Nouvelle-Orléans, il est tout aussi important en Belgique et d’autant plus dans cette festive région !
Le Carnaval de Binche
Reconnu au Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, le Carnaval de Binche est la fierté de la ville. Chaque année, quelques jours avant le Mardi Gras, le Dimanche Gras, les membres des sociétés de carnaval sortent leur plus beau costume. Dès 7 heures du matin, les personnages déambulent dans les rues, prêts à célébrer pour les 3 prochains jours. Bien que le Dimanche Gras marque officiellement le début des festivités, c’est le Mardi Gras qui attire le plus la foule (près de 500 000 spectateurs du monde entier). Cette journée marque l’apogée du carnaval puisqu’elle voit débarquer dans les rues les fameux Gilles.
Les Gilles, ce sont les personnages centraux du carnaval. Habillés de leur costume traditionnel, ils défilent dans les rues accompagnés d’une fanfare (composée de cuivres, de tambour et d’une grosse caisse) qui joue les airs traditionnels du carnaval. L’habillage des Gilles commence tôt, avant le lever du jour. C’est un processus minutieux qui prend du temps. Une fois habillé, les Gilles commencent le « ramassage » : ils passent d’une maison à l’autre pour récupérer les autres Gilles, tout ça en musique, toujours avant le lever du soleil !
Le costume de Gilles
Fidèle à la tradition, le costume de Gille est coloré de noir, jaune et rouge. Il est décoré d’environ 150 motifs de couronnes, lions, étoiles, écussons et drapeaux.
La blouse du costume est “bourrée” de paille afin de lui donner un air plus imposant. Les éléments importants du costume sont :
- Le grelot ;
- La collerette de ruban et de franges dorées (si un Gille vous offre une de ses franges, cela vous portera bonheur pour l’année !) ;
- La ceinture en laine composée de clochettes de cuivre ;
- La barrette (bonnet blanc) ;
- Le ramon : formé d’un faisceau de baguettes de saule séchées, assemblées par des ligaments en rotin (pour le cortège du mardi matin) ;
- Le masque de cire (pour le cortège du mardi matin) ;
- Le chapeau de plume d’autruche (pour le cortège du mardi après-midi), il pèse environ 3 kg ! ;
- Les sabots de bois ;
- Un panier en osier (chaque Gille lancera entre 25 et 40 kg d’oranges sanguines !).
Déroulement des festivités
Trois moments marquent le Mardi Gras. Vers 8 h 30, les Gilles, cachés sous leur masque de cire, défilent dans les rues, jusqu’à la Grand Place de Binche. Ensuite, vers 15 h, le cortège peut commencer. Portant leur imposant et magnifique chapeau de plumes d’autruche, les Gilles défilent en musique jusqu’à la Grand Place où ils forment un rondeau. Cette fois-ci, chaque Gille porte également un panier en osier rempli d’oranges sanguines avec lesquelles ils bombardent les spectateurs. Attention, ils sont de très bons lanceurs ! Une orange dans le visage, ça fait mal ! N’essayez pas non plus de renvoyer une orange à un Gilles, vous le regretterez très vite !
Enfin, vers 20 h, les Gilles se rassemblent une dernière fois pour le cortège final du carnaval. Les Gilles dansent alors à la lueur des feux de Bengal, sans leur chapeau et leur panier vide retourné. Un feu d’artifice résonne ensuite depuis la Grand Place et les Gilles danseront toute la nuit jusqu’avant les premières lueurs du jour.
Le carnaval, c’est un moment ancré dans la culture de la région du Centre, qu’il s’agisse de celui de La Louvière ou celui de Binche. Le carnaval, c’est la musique, c’est le bruit des sabots sur le pavé, c’est le son des cloches et le c’est l’odeur d’orange sanguine. Bref, le carnaval, c’est sacré !
Visite de Binche, la ville médiévale
Ville médiévale, elle est dotée de quelques patrimoines qui valent certainement la peine d’être visités. Déjà, les remparts de la vieille ville de Binche, datant du XIIe siècle, sont un incontournable. Ils sont d’ailleurs conservés dans leur quasi-totalité. De base, cette fortification était accompagnée de 25 tours. Aujourd’hui, il y en a 5 en moins. De plus, les remparts n’ont que perdu 300 mètres de longueur, ainsi que les portes. Derrière les remparts, découvrez les vestiges du palais de Marie de Hongrie. Palais du XVIe siècle commandé par Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas. Pour le construire, pas moins de 5 millions de briques ont été utilisées. Malheureusement, le palais n’a pas tenu après le passage des troupes d’Henri II, Roi de France. Finalement, terminez votre visite de Binche avec son musée international du carnaval et du masque.
Tournai, une des plus vieilles villes de Belgique
Proche de la frontière avec la France, la ville de Tournai est réputée pour sa cathédrale Notre-Dame avec ses cinq tours et sa rosace. En termes de superficie, elle est la commune la plus étendue de Belgique. Ne ratez surtout pas sa Grand-Place de forme triangulaire et son magnifique beffroi. Sans oublier le pont des trous, une porte d’eau de style gothique, située à côté du parc du Jardin de la Reine.
Autres points d’intérêts
Les châteaux et sites religieux
Si l’architecture de ces villes ont titillé votre intérêt, sachez que la région regorge de monuments marquants. Vous pouvez par exemple visiter le Château de Beloeil ou encore l’Abbaye d’Aulne.
Côté nature
Le Hainaut, ce n’est pas seulement urbain, il y a aussi un agréable côté nature. En été, vous retrouverez de nombreuses familles aux lacs de l’Eau d’Heure. Vous pouvez y faire de l’accrobranche ou encore du wakeboard, tout comme au cablepark Dock 79, à Saint Ghislain. Les étangs de Strépy vous offrent aussi un point nature à proximité de la ville ou encore le parc d’Enghien et les jardins de la Grange.
Enfin, si vous avez envie de participer à une activité un peu hors du commun mais aussi dans la protection de la nature, rendez-vous à Besonrieux. Au mois de mars, à la tombée de la nuit, les crapauds traversent une route afin d’aller pondre leurs œufs au bord du canal. Le village organise donc des opérations bénévoles afin d’aider les crapauds à traverser la route sans risquer de croiser une voiture sur leur passage.
Adresses sympas
- Au Dé Botté (Tournai) ;
- La Novita Osteria (La Louvière) ;
- Le Nautic Lodge (Manage) ;
- Be Well Bar (Lens) ;
- Boule de Bleu (Mons) ;
- Snack n1 (La Louvière) ;
