2Quelques grands enjeux / grandes problématiques présentes à Hong Kong


Hong Kong fait face à de grands enjeux qui ont un impact non négligeable sur la vie quotidienne et que vous pourrez aisément remarquer une fois sur place. Ils influent sur les prises de décision, dans l’imaginaire collectif ou sur la façon de vivre des individus.

Le manque d’espace

Le manque d’espace saute aux yeux dès le moment où l’on pose les pieds à Hong Kong : le territoire est petit, vallonné (65 % du territoire de Hong Kong n’est pas constructible). Cela a évidemment de nombreuses conséquences.

Il est estimé que chaque individu dispose en gros de 180 square feet par personne (environ 16 mètres 2 par personne).

Les « reclamation of land »

Pour faire face au manque d’espace, Hong Kong s’est très rapidement tourné vers la mer pour y construire des terrains entièrement artificiels (reclamation of land) dès le 19e siècle.

Actuellement, au moins 120 km2 du territoire sont ainsi des terres reprises sur l’eau, ce qui représente 6 % du territoire. Ces terres artificielles accueillent 25 % de la population et 70 % des activités commerciales ! L’essentiel des quartiers de Central, Sheung Wan, Admiralty, North Point ou encore Causeway Bay sont bâties sur des terres artificielles. Chaque année, des terrains artificiels voient le jour.
Ces constructions ne se font toutefois pas sans opposition. D’un point de vue environnemental, de telles opérations sont irréversibles et ce sont des bouts de mer qui disparaissent donc à jamais. Les travaux ont des effets néfastes sur la faune marine : les bruits des travaux perturbent notamment les dauphins roses de Hong Kong. Par ailleurs, les côtes servent normalement pour la reproduction des poissons. Or, la création de terres artificielles empêche cette reproduction.

Beaucoup jugent que d’autres terres pourraient être constructibles, notamment dans les Nouveaux Territoires, qui représentent 90 % du territoire hongkongais et dont une grande partie du territoire est aménageable (en particulier d’anciennes terres agricoles et d’anciens sites industriels).

La flambée des prix des logements

La terre à Hong Kong coûte donc cher. Les promoteurs immobiliers peuvent payer extrêmement cher pour créer des projets de développement immobiliers. Évidemment, les prix s’en ressentent ensuite sur les prix des logements. Début 2021, un appartement de 313 mètres carrés s’est vendu pour 50 millions d’euros dans le quartier de Mid-levels.

La majorité de la population n’a pas les moyens d’acheter ou même de louer ces logements du secteur privé.

Pour les jeunes Hongkongais, cela se traduit par l’impossibilité de quitter le nid familial pendant ou même à la fin de ses études. Les salaires, peu élevés en début de carrière, ne leur permettent pas non plus de trouver un logement à eux. Beaucoup restent donc vivre chez leurs parents, optent pour la colocation ou se logent dans des logements minuscules.

Dès les années 1950, le gouvernement hongkongais a entamé une importante politique de construction de logements sociaux, si bien que près de 50 % de la population hongkongaise vit aujourd’hui dans des logements en « public housing » (avec une location à loyer modéré, ou avec un système d’achat d’appartements à bas coût). Néanmoins, ces politiques sont insuffisantes, et de nombreuses personnes attendent toujours une place dans un logement social (5 ans et demi d’attente en moyenne, avec 3 ans d’attente en moyenne pour les familles et les personnes âgées qui sont considérées comme prioritaires).

La valeur du travail

Le travail tient une place prépondérante dans la vie hongkongaise : les Hongkongais travaillent de nombreuses heures chaque semaine.

Et quand une partie de la population s’endort, une autre partie de la population prend le relais. Il n’y a qu’à voir les rues de Hong Kong pour s’en rendre compte : elles sont rarement complètement vides, il y a toujours des gens qui y travaillent, que ce soit les restaurants ouverts 24 heures sur 24, les livreurs ou encore des travailleurs en train de trier des journaux en pleine rue à 4-5 heures du matin au moment où vous rentrez de soirée.

Le meilleur exemple cité par de nombreux Hongkongais est le businessman Li Ka-Shing, l’un des hommes les plus riches du monde. Fils d’instituteur chinois, sa famille se réfugie à Hong Kong en 1940 pendant la guerre sino-japonaise, quand Li a 12 ans. Deux ans plus tard, Li Ka-Shing doit quitter l’école après la mort de son père, pour subvenir aux besoins de sa famille. Il commence sa carrière en étant vendeur de rue. Il va par la suite trouver un emploi d’ouvrier dans une usine de plastique où il travaille 16 heures par jour. À 21 ans, il monte sa première société de plastique (il y vendait notamment des fleurs en plastique) avec ses économies et de l’argent emprunté à des proches. Puis tout s’enchaîne très vite : l’entreprise grandit rapidement, il commence à investir dans l’immobilier, le transport maritime, la grande distribution, les télécommunications.
En 2018, après 69 ans d’activité, Li Ka-Shing, surnommé Superman, a décidé de prendre sa retraite et de confier son entreprise à son fils. Sa fortune est alors estimée à 35 milliards de dollars US (la deuxième fortune d’Asie). L’activité de ses entreprises représentait 11,5 % de la bourse de Hong Kong en 2018.
Li Ka-Shing a une aura tellement importante à Hong Kong qu’il y a même des légendes urbaines autour de sa personne ! Selon une de ces légendes, Li Ka-Shing aurait mis en place un champ de force qui empêcherait les typhons de passer sur Hong Kong. En effet, si le signal 8 est déployé face à l’arrivée d’un typhon, les employés doivent rester chez eux, ce qui coûte cher à l’économie hongkongaise, et donc à Li Ka-Shing. Bien entendu, cette rumeur est fausse, mais le Hong Kong Observatory (en charge de la météorologie à Hong-Kong) a été obligé de faire un démenti officiel en 2015 pour expliquer que non, un tel champ de force n’existait pas.

La gestion de la foule

Quand il s’agit de gérer les mouvements de 7,5 millions de personnes sur un petit territoire, les autorités hongkongaises savent se montrer particulièrement ingénieuses.

Dans le métro, des barrières sont placées stratégiquement à certaines périodes de la journée pour fluidifier au maximum le trafic des usagers qui vont et viennent dans les couloirs et éviter que les flux de voyageurs ne s’arrêtent.

Lors de grands événements ou pendant des fêtes, il n’est pas rare de voir de grandes barrières qui allongent la distance vers l’entrée d’un lieu et font en sorte que l’arrivée des participants soit plus progressive.

Un des meilleurs exemples, c’est la célébration d’Halloween dans le quartier festif de Lan Kwai Fong : les rues sont bloquées à la circulation et des barrières font circuler les gens dans un sens unique le long des rues adjacentes du quartier festif. Des panneaux ici et là indiquent le temps d’attente d’arrivée jusqu’à l’entrée du quartier. La particularité, c’est que vous n’êtes jamais vraiment statiques. Vous continuez à avancer lentement, mais vous marchez très longtemps.

Le but de tels dispositifs de “crowd control” est de limiter au maximum le risque de mouvements de foules, qui pourraient être dramatiques dans de si petits espaces. En 1993, les célébrations du Nouvel an à Lan Kwai Fong avaient viré au drame à cause d’un mouvement de panique qui avait fait 21 morts et 71 blessés.

La peur des maladies, ou comment Hong Kong était préparé face au Covid-19

Avant même que la Covid-19 vienne bousculer le monde, Hong Kong était déjà très actif dans la prévention des maladies. Certains éléments, qui semblent plutôt normaux aujourd’hui, étaient déjà en place à Hong Kong et intégrés par l’ensemble de la population.

Les contrôles sanitaires à l’arrivée dans les aéroports, le port du masque lorsqu’on est malade (même pour un rhume), la présence de nombreux distributeurs de solutions hydro-alcoolique, la désinfection régulière des surfaces font depuis bien longtemps partie de la vie quotidienne des Hongkongais qui ont intégré la notion d’éloignement physique et de gestes barrières depuis pas mal de temps.

Les problèmes de transmission de la maladie existent depuis bien longtemps. Entre 1894 et 1923, une importante épidémie de peste fit plus de 20 000 morts. En 1968, une épidémie de grippe, qui trouvait son origine à Hong Kong fit 500 000 malades dans la région (15 % de la population de l’époque), avec un taux de mortalité très bas heureusement.

Plus récemment, en 2003, Hong Kong fut touchée par une forte épidémie de SRAS (Syndrôme Respiratoire Aigu Sévère) avec 1 654 personnes malades, dont 299 décès.

En 2009, Hong Kong, encore traumatisé par l’épidémie de SRAS, prend énormément de mesures de protection suite à l’arrivée d’un touriste mexicain souffrant de la grippe porcine : l’hôtel où il résidait est mis en quarantaine, tous les résidents y sont bloqués pendant une semaine, toutes les écoles de la ville sont fermées pendant 2 semaines. Malgré toutes ces précautions, plus de 32 000 personnes sont infectées, et 55 mourront des suites de cette maladie.

En 2020, dès le début de la pandémie, Hong Kong a décidé de rapidement fermer ses frontières et de mettre en place des protocoles radicaux pour s’assurer de l’élimination du virus :

  • Quarantaine en hôtels désignés pendant plusieurs semaines.
  • Opérations de tests massives dans des quartiers ou des immeubles entièrement bouclés pour l’occasion.
  • Hospitalisation obligatoire de tous les malades pour éviter qu’ils ne contaminent leurs proches.

Les mesures sont assez radicales, mais au moment où ce dossier est rédigé (avril 2021), le bilan de malade et de morts à Hong Kong est très bon, surtout au regard de la densité de population.

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Marie

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(1) Commentaire

Julie I |

J’ai adoré lire ce dossier, merci Marie ! C’était vraiment intéressant, instructif et… pour la dernière partie, ça donne faim !!