- Âge au début du PVT :28 ans
- PVT : en couple en 2018 à Toronto (Ontario) puis à Calgary (Alberta)
- Domaine professionnel :Technicienne de laboratoire
- Activité professionnelle au Canada :Vendeuse dans un magasin de chaussures, dans une boulangerie, animatrice dans une école française, technicienne de laboratoire R&D
- Économies en arrivant :9 000 euros
Cumuler trois jobs pour vivre à Toronto
La première nuit à Toronto, je me suis dit : « Mais qu’est-ce qu’on vient de faire, mon Dieu ? ». On a passé une soirée au restaurant, j’avais rien compris à ce que les serveurs disaient et je me suis dit : « Qu’est-ce que j’ai fait ? Je parle pas un mot d’anglais ! Je suis venue dans une ville qui parle anglais… ». Les doutes sont partis un mois après, quand on a commencé à bien travailler, à bien développer l’anglais. Je me rappelle qu’on s’était dit que si vraiment l’anglais venait pas, on irait à Montréal… mais heureusement, nous n’avons pas lâché l’affaire ! J’étais dans un magasin de chaussures. Là, je parlais vraiment anglais. En même temps, j’ai travaillé dans une boulangerie française, là c’était un peu des deux, français et anglais. Je faisais un troisième job en même temps : je bossais dans une école francophone, à la fin de la journée. C’est ce qu’il faut pour vivre à Toronto ! *Rires* Des fois, j’arrivais à 56-57 heures de travail par semaine.
Mon mari avait deux jobs, il avait un petit peu moins d’heures. En plus, on bossait les week-ends, je me rappelle qu’on se voyait pas beaucoup parce que quand il bossait du matin, je bossais du soir, et vice-versa. Donc pendant six mois, on s’est pas beaucoup vus et on a pas beaucoup profité du V de notre PVT. Mais notre anglais a progressé donc maintenant, quand je vois où j’en suis, je regrette pas une seconde qu’on soit passés par là. On sait que quand on part en PVT, il faut recommencer à zéro, donc…
J’ai pas arrêté de postuler dans mon domaine, tout le temps, je pense que j’ai répondu à une centaine d’offres à Toronto. C’était vraiment pas facile de trouver. Je pense que c’était parce que j’avais pas d’expérience canadienne. Parce que six mois après, j’ai réussi à trouver plus ou moins dans mon domaine, et clairement, quand j’ai passé l’entretien d’embauche, ils m’ont pas du tout demandé des choses sur mon expérience française, qui était liée au poste, ils m’ont juste demandé des choses sur mon expérience canadienne, quand je vendais des chaussures !
Maintenant, je me rends compte qu’on aurait pu choisir une autre ville ! Je sais pas pourquoi on pensait pas aux autres villes, à cette époque. Je pense que Toronto, c’est ce qui faisait moins peur.
La difficulté de se loger en étant un couple
On était dans un basement*, à vingt minutes du centre par le métro et on payait 1 600 $. Plus l’hydro**, plus Internet… Parce qu’en plus, c’est super bizarre à Toronto (je sais pas si c’est partout pareil au Canada), mais quand t’es un couple, ils ont encore plus de mal, les propriétaires, à te prendre, alors que t’as deux revenus donc ça devrait les rassurer ! Mais à Toronto, pas du tout, ils acceptent pas souvent les couples, et donc si t’as pas d’historique de crédit***, c’est compliqué… On était arrivés à la fin de notre période d’Airbnb, on s’est dit : « Mon Dieu, mais on va être à la rue, on va jamais y arriver ! ». Heureusement, il y a une dame qui nous a fait confiance… Le courant est bien passé entre nous et… Alléluia !
Des beaux souvenirs torontois
On a pas du tout le même ressenti avec mon mari, c’est ça qui est rigolo. Moi, j’ai vraiment adoré, j’ai passé une année superbe à Toronto, j’ai rencontré des gens super, ça m’a tout appris, j’ai appris à être plus calme, j’ai beaucoup appris sur moi-même. J’ai vraiment adoré mon expérience à Toronto mais vraiment, la vie est trop chère, clairement. Je viens de la Creuse où tout est pas cher, mais on a vécu à Lyon pendant cinq ans donc on connaissait quand même la vie en ville. Mon mari a pas tant accroché que ça avec Toronto. Il y a le fait que quand tu veux sortir de Toronto, c’est long.
En comparaison avec Calgary, si on veut sortir, en dix minutes en voiture on est dans la nature, on fait ce qu’on veut. À Toronto, il faut du temps pour aller ailleurs, il faut louer une voiture parce que c’est pas possible d’acheter une voiture là-bas vu le prix…
C’est tous ces trucs qui font qu’il a pas tant aimé Toronto. Ce que j’ai préféré, c’est la diversité. C’est tellement différent de la France, tout le monde accepte tout le monde, personne n’est de la même origine et y a pas de racisme… Ce que j’ai moins aimé, clairement, c’est le coût de la vie ! Ça, vraiment, ça te coupe tout… Tu peux pas faire tout ce que t’aurais envie de faire. Pas profiter autant que tu aurais envie d’en profiter.
Tout quitter pour recommencer à Calgary
Au bout d’un an, on était vraiment résolus à partir. Quand j’ai dit que j’allais démissionner, j’ai appris que le labo où j’étais allait fermer. Du coup, j’avais un peu moins de peine de partir… Ça tombait pile. Et mon mari était content de partir !
On était plus confiants en ce qu’on faisait, plus confiants en notre anglais mine de rien, ça change beaucoup de choses. Et puis, on savait déjà comment ça marchait au Canada, du coup, c’était une deuxième renaissance.
Il me semble qu’au tout début, j’ai vu un article sur pvtistes.net d’une fille qui décrivait la vie qu’elle avait à Calgary. C’était la première fois que j’entendais parler de cette ville, et quand elle a tout décrit, je sais pas pourquoi, j’ai dit à mon mari : « C’est là que je veux aller ! » Je me rappelle que j’ai lu que c’était la ville canadienne la plus ensoleillée ! Et là j’ai dit : « Mais cette ville, elle est pour moi ! Je veux aller vivre où il y a beaucoup de soleil ! ». J’ai vu que c’était si près des Rocheuses et que la vie était beaucoup moins chère. C’est con à dire, mais je crois au destin, et j’ai eu un pressentiment, je me suis dit : « Je sens quelque chose qui pourrait être super. Allons là-bas ! ». Là, j’avais envie de trouver dans mon domaine mais aussi de profiter, de voyager, de visiter, même si c’est juste visiter les Rocheuses qui sont à côté. J’avais envie de profiter de ça et clairement, je suis contente, car c’est ce que je suis en train de faire ces temps-ci…
Déjà à Toronto, les gens sont top, mais ici, si tu t’arrêtes deux secondes avec ta carte en main, tout le monde va venir vers toi pour t’aider et te dire : « Mais vous êtes perdus, vous voulez qu’on vous aide ?! ». C’est très canadien mais encore plus ici.
Je trouve qu’il y a beaucoup de parcs, c’est vrai que c’est assez génial. À partir du moment où t’es pas dans Downtown, t’as l’impression de plus être en ville. Nous, par exemple, on habite à Mission, c’est à 1,5 km au sud de downtown, et à chaque fois, je me dis que j’ai pas l’impression d’être en ville.
Une recherche d’emploi et de logement différente à Calgary
On a cherché un boulot tout de suite. Mon mari a trouvé très très vite du boulot parce qu’il est bilingue, il est dans le service client et ici, ça recrute vraiment. Moi, j’ai galéré, vraiment… Je sais pas trop si on appelle ça galérer mais pour moi, c’était trop long. J’ai mis un mois et demi à trouver du boulot et c’était vraiment le mois et demi le plus long de ma vie, j’arrivais pas à comprendre pourquoi… Je savais qu’il y avait une pénurie de boulots ici, on me l’avait dit. Mais tu veux pas y croire, quand on te le dit, tu te dis toujours : « Bah quand même, c’est une pénurie, mais bon, je devrais bien y avoir un peu de chance… ». Tu gardes un espoir mais c’est vrai que tous les Français qui sont arrivés en même temps que moi, ils ont tous galéré pareil. C’est le défaut de Calgary, quoi. Faut s’accrocher quand même, parce que ça vaut le coup, vraiment.
Niveau logement, c’est le contraire de Toronto, parce qu’il y a plus d’apparts que de personnes ! Du coup, c’est très facile de trouver, et les loyers sont beaucoup moins chers qu’à Toronto. C’est vraiment easy. Là, tu visites, tu sens bien que c’est toi qui as le dernier mot et que c’est pas celui qui te fait visiter qui te met la pression.
Premier bilan d’un PVT encore en cours
Je pense que mon PVT est mieux que mes attentes parce que si j’ai appris un truc ici, c’est à vivre au jour le jour et profiter de la chance que j’ai, ce que je faisais pas en France. Je pense que c’est mieux car je prends vraiment la vie comme elle vient, la vie du bon côté… Je me satisfais de rien. Je vois une pie, je suis contente ! *Rires* C’est une image mais… Je pense que quoiqu’il arrive à l’avenir, c’est toujours mieux que ce que j’attendais, car c’est juste extraordinaire ce que l’on vit, on a pas tous cette chance.
Avant, j’avais un sale caractère, on va pas se mentir, j’avais le sang chaud, y avait beaucoup de choses qui m’énervaient, je prenais les choses trop à coeur, tout le temps, que ça soit au boulot, dans la vie de tous les jours… Et aujourd’hui, c’est plus du tout ça. Je prends la vie comme elle vient, je m’énerve beaucoup moins, je suis vraiment zen, et je le vis tellement mieux, d’être comme ça, c’est un truc de fou, de plus s’énerver ! J’avoue que quand je suis au volant de ma voiture, j’ai mon petit côté français qui ressort quand y a pas de clignotant ! *Rires* Mais… je ravale un peu !
*Appartement en sous-sol.
**L’hydro est l’électricité.
*** Au Canada, utiliser sa carte de crédit pour faire des paiements donne accès à un historique de crédit : si vous remboursez votre crédit en temps et en heure, vous aurez un historique positif (une bonne cote de crédit). Ces historiques sont souvent demandés par les propriétaires de logement.
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