- Âge au début du PVT : 24 ans
- PVT : en couple en 2014 à Montréal (Québec) puis un road trip vers l’ouest
- Domaine professionnel :Tourisme et Droit
- Activité professionnelle au Canada :Commerce et logistique
- Économies en arrivant : 10 000 euros chacun
Un fond d’écran qui lance le projet Canada
Inès : Dimitri est parti trois mois en Australie. Je lui ai dit : « C’est cool, tu as fait cette expérience mais la prochaine, on la fait ensemble ! ». Je voyais ses photos, je voyais ce qu’il me racontait, ça me donnait envie mais je voulais le vivre moi-même pour voir ce que ça donnait…
Pourquoi le Canada ? Déjà parce que c’est un grand pays et parce que je suis tombée sur une photo du Lac Moraine, au parc national de Banff, à l’ouest du Canada. Je crois qu’elle était en fond d’écran, de ceux que tu peux choisir sur l’ordi. Je me suis dit : « C’est quand même magnifique ce paysage, c’est où ? » et c’est à partir de là qu’on a commencé à se renseigner là-dessus. Ça m’a touchée de voir cette photo, je m’y suis projetée, il fallait que je le voie en vrai.
Un PVT orienté boulot mais avec des expériences nouvelles
Dimitri : Le projet c’était de bosser, se faire une expérience professionnelle et évidemment découvrir Montréal et le Québec, ce qu’on n’a pas trop fait au final. Voilà c’était ça, le plan.
Pour moi, c’était pas trop possible de bosser dans mon domaine puisque je faisais du droit français. Le droit canadien, ça a pas trop de rapport, mais avant de partir j’ai bossé un an dans la logistique. Alors en arrivant à Montréal, j’ai cherché des boulots dans ce secteur-là, j’ai d’ailleurs passé un entretien dans un magasin qui m’a pris pour être gestionnaire de réserve.
Inès : Moi, j’ai pas vraiment cherché dans le tourisme. On était assez ouverts à tout, le but était aussi de faire des jobs auxquels on n’était pas prédestinés par nos études, sortir de ce qu’on connaissait. On n’était pas difficiles à ce niveau-là, on a pris ce qu’on nous proposait et qui nous convenait. C’était cool de tenter. On aime bien découvrir de nouvelles choses.
Un road trip au gré des rencontres et des moments inoubliables
Dimitri : Lors d’une période de récolte de cerises, on parlait avec des Canadiens anglophones de la Colombie-Britannique. On a rencontré un monsieur d’un certain âge, avec qui on a beaucoup sympathisé, et qui vivait du travail saisonnier depuis un petit moment. Il ramassait des champignons dans le Yukon, il cueillait des cerises, il vivait dans sa caravane.
Inès : Le Canadien pur et dur ! Il nous a dit : « Si vous voulez, vous me suivez après la saison, sur une île, je vous ferai visiter, c’est un endroit où on se rejoint avec mes potes. C’est sur l’Île de Vancouver et vous verrez ce que c’est que la vraie vie canadienne ». On y est allés et on a eu du mal à redécoller. On était coupés du monde, y avait pas de réseau. On a passé trois semaines au bord d’un lac, on buvait l’eau du lac qu’on faisait bouillir, on cuisinait avec le feu de bois. Un retour à la nature, on était enfoncés dans une forêt…
Dimitri : Pour donner des nouvelles à nos parents, il fallait qu’on aille sur un pont et qu’on tende le bras bien haut pour avoir une barre de réseau. *Rires* Après, on a continué notre road trip parce que sur l’Île de Vancouver, y a pas mal de spots de camping dans les bois, c’est gratuit, c’est en autonomie. On est allés dans un autre endroit avec un couple qu’on a rencontré sur place. En tout, on est restés quatre à cinq semaines sur l’île, sur trois mois de road trip, c’est pas mal !
À un moment de ce voyage en Colombie-Britannique, on a dû et on a su lâcher prise. Avec la rencontre de ce gars-là, on a su lâcher prise parce qu’il nous proposait de partir avec lui, c’est quand même un mec tout seul en caravane, on allait dans des endroits enfoncés dans la forêt. Y a eu un moment où on a appris à se débloquer grâce à ce voyage-là.
Inès : C’est par rapport à la prise de risque : on a osé partir en road trip alors que ça faisait pas partie de nos plans. D’habitude, on calcule et on planifie toujours tout, je dirais.
Si c’était à refaire, on referait pareil même s’il y a quand même des coins (plutôt aux États-Unis) où ça peut craindre dans les villes. On n’est pas chez nous, on reste à l’étranger, on n’a pas forcément les mêmes codes, les mêmes façons de penser, les mêmes logiques, pas la même langue non plus. On restait assez vigilants à ça. Au début de cette rencontre, moi, j’étais pas chaude parce que je parlais pas anglais à ce moment-là, je comprenais, mais j’arrivais pas du tout à me débloquer pour parler. C’est Dimitri qui parlait beaucoup avec ce monsieur. Il avait perdu un fils de l’âge de Dimitri et quand le papa de Dimitri est décédé, il avait l’âge de ce monsieur. Il y a une espèce de relation qui s’est créée et quand il nous a proposé de partir avec lui, j’ai dit : « Bah non ! ». C’est vrai qu’on le connaissait pas.
C’est bizarre pour nous, de suivre quelqu’un comme ça, avec nos appréhensions et nos a priori de gens qui n’ont pas tellement l’habitude de lâcher prise et de sortir de leur zone de confort, ce qui est tout à fait normal. Dimitri m’a dit : « Franchement, moi, j’ai envie, je sens qu’il y a quelque chose ».
Je l’ai regardé et je lui ai demandé : « Est-ce que tu le sens vraiment ? » et il m’a dit : « Oui ! ». Je me souviens très bien de ce moment dans la voiture, quand on s’est dit : « Allez, on y va ». Et ça a été notre expérience coup de coeur. Et puis, on avait toujours une voiture et la possibilité de partir si on le sentait pas.
Ça s’est confirmé dans la suite de nos voyages, on a beaucoup fait confiance à notre bon sens et à notre petite voix. Il faut s’écouter, aussi, quand on voyage en couple, c’est un autre sujet mais il faut s’accorder ensemble et parfois, quand y en a un qui le sent pas du tout, il y a peut-être une raison. Il faut beaucoup trouver des compromis entre l’écoute de soi et de l’autre.
Conseils budget
Dimitri : Ça dépend du choix de voyage. Si la personne a le projet de travailler tout de suite, une enveloppe modérée de 3 000 euros, c’est toujours bien pour les frais de départ. Si par contre l’idée est de faire des visites, là, forcément il faut une enveloppe un peu plus conséquente. C’est toujours une bonne idée d’avoir une sécurité : on sait jamais ce qu’il peut arriver.
Inès : Une sécurité oui. Déjà pour pouvoir revenir, prendre un vol. Ou si tu choisis de faire un road trip : tu as le budget achat de la voiture mais aussi réparation. Nous, ça nous a fait tout drôle quand un mois après l’achat, les pneus et l’alternateur ont lâché, ça peut vite grimper. Je dirai qu’entre 5 000 et 10 000 € est correct pour partir.
Influence de l’entourage et projets de voyage
Inès : Mon entourage était assez : « C’est cool si vous avez ce projet, voyager, c’est maintenant qu’il faut le faire », après, en gros il faudra rentrer dans le droit chemin, chose qu’on n’a pas vraiment faite. Pour eux, pour une parenthèse de vie d’un an, c’était bien d’avoir cette expérience-là. Sauf que ça nous a juste donné envie de repartir derrière et c’est ce qu’on a fait. C’est après qu’ils ont commencé à s’inquiéter pour nous parce qu’on faisait pas du tout ce qu’ils avaient prévu. C’était une belle expérience à l’étranger selon leur point de vue, surtout au niveau du travail, pour apprendre l’anglais. C’est ce qu’ils se disaient. Pour nous, c’était plus que ça. Pourtant, au retour du Canada, sûrement à force d’entendre ça, on s’est dit : « Bon, on a fait notre voyage », genre le voyage de notre vie : il fallait qu’on le fasse et on l’a fait.
Moi, à ce moment-là, j’avais déjà envie d’avoir un enfant, Dimitri n’était pas du tout chaud. Je me voyais bien rentrer, trouver un job stable pour pouvoir acheter une maison et fonder une famille, comme on nous avait dit de faire, enfin, comme on voyait que ça se faisait autour de nous. Mais au bout de six mois, on a commencé à être nostalgiques, moi la première ! Après le boulot, on passait toutes nos soirées à regarder des vidéos de nos voyages. On parlait que de ça, de notre expérience au Canada et du road trip qui nous avait vraiment marqués, on n’arrivait pas à décrocher et à passer à autre chose. À un moment, on s’est dit : « On peut pas, en fait, on veut pas rentrer dans ce cadre qui nous attend, on veut repartir ».
Un projet de PVT en famille
Inès : Nous sommes repartis pour un voyage d’un an et demi en tour du monde après le Canada. À notre retour, nous avons eu un fils, qui a 3 ans aujourd’hui, et j’attends une petite fille. Cette expérience de voyageuse qui a commencé par le Canada, j’ai vraiment envie de la faire découvrir à mes enfants. On lui raconte d’ailleurs tous les jours des histoires de voyage qu’on a vécu. Pour le moment, on est axés sur la construction de notre petite famille et le Canada, comme on peut y aller avec des enfants, ça nous botte. Affaire à suivre.
C’est différent d’un voyage en sac à dos parce que là, pour le coup, avec des petits en bas âge, les changer de lieu comme ça tous les trois ou quatre jours, c’est compliqué… Je pense qu’il y a aussi leurs besoins à prendre en compte. Petits comme ça, ils ont besoin de repères. Par contre, en road trip, ça leur permet de les avoir avec leur petite maison roulante partout. Je serais plus d’avis de repartir quelques mois en road trip avant de s’établir dans une région. Je sais pas. Surtout, on se ferme pas de portes. On aime beaucoup faire confiance à la vie, on voit ce qu’il est possible de faire et ce qui nous convient le mieux. Quand on n’a pas trop d’exigences et qu’on sait s’adapter, l’avenir fait le reste et nous oriente, on fonctionne beaucoup comme ça. On y est pas encore. On y pense. On se pose beaucoup de questions. On sait qu’on a encore du temps !
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