Paroles de Pvtistes – Édition Canada

Une rencontre originale avec le Canada, à 8 ans

Le Canada, c’est un rêve de gosse. Quand mes parents étaient jeunes, ils sont partis un mois au Canada. Ils nous ont souvent raconté ça quand on était enfants et ça me donnait déjà des étoiles dans les yeux. J’avais vraiment envie d’aller découvrir ce pays. Eux étaient partis du côté de Vancouver et des Rocheuses. Ils avaient loué un camping-car.

Quand j’avais 8 ans, pour le réveillon de l’an 2000, sur un coup de tête, en faisant un pari avec leurs amis, ils se sont dit : « On va emmener toute notre petite famille là-bas ». On est partis au Canada avec mes parents, au Québec et on a fait un réveillon du 1er de l’an dans une pourvoirie dans les Laurentides, c’était incroyable. Ça c’est un souvenir de voyage, c’était mon plus grand voyage. C’est resté toute ma vie dans ma tête et je me suis dit que si un jour je pouvais y retourner, j’y retournerais. J’ai cherché à y aller pendant mes études mais j’avais aucune possibilité d’échange avec ma fac. J’étais très bornée sur ce pays donc je ne regardais pas ailleurs. À la fin de mes études, quand je cherchais du boulot, je me suis dit : « Mais en fait, qu’est-ce que j’avais toujours eu envie de faire… ? Partir ». Je me suis un peu renseignée sur les possibilités et j’ai découvert le PVT. Et là, je me suis dit : « Go, je le tente ».

J’avais pas forcément de projet au début. Je m’étais dit : « Je vais rester six mois à Montréal et puis après je vais bouger » parce que le but c’était de découvrir le Canada. Je voulais trouver un boulot au début pour pouvoir mettre un peu plus de sous de côté parce que j’avais un petit budget, mais peut-être pas suffisant pour voyager. Plus tard, quand mon copain m’a rejointe, on a acheté une voiture et là, on s’est dit : « On veut traverser le Canada ».

Coup de coeur pour les Prairies

J’ai beaucoup aimé le Manitoba et la Saskatchewan. Nous avons traversé de longues prairies où il ne se passe rien pendant des kilomètres : c’était incroyable. Les ciels étaient magnifiques la nuit. Il y avait très peu de pollution lumineuse, on se rendait vraiment compte qu’il y avait très peu d’habitants. J’ai également eu un coup de coeur pour la ville de Winnipeg. On a été super bien accueillis. Il y avait énormément d’histoire dans cette ville : le fleuve, qui la traversait, était un haut-lieu de l’histoire autochtone.

J’ai adoré l’Ontario, ses paysages typiquement canadiens : des lacs, des forêts, des lacs, des forêts et des lacs et des forêts. Ce qui était drôle, à chaque fois que l’on changeait de province, on se disait : « Ils ont fait exprès, ils ont mis le panneau là où ça change vraiment de paysage ! ». On passait des plaines très plates, aux impressionnantes rocheuses avec ses lacs aux couleurs incroyables.

On a aussi voyagé dans les provinces de l’Est : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. Le Nouveau-Brunswick a été une belle découverte. J’ai appris pas mal de choses sur les Acadiens et la communauté francophone. D’ailleurs, il s’agit de la seule province qui parle officiellement les deux langues : anglais et français.

Les aléas du road trip !

Le road trip a été une expérience incroyable et parfois stressante. On se posait souvent la question : « Où est-ce qu’on va dormir ce soir ?! ». Il y avait tout une organisation qui nous prenait du temps : faire les courses, trouver de l’eau, trouver une douche, chercher un lieu où dormir… Ça nous a appris à nous organiser et à nous rendre compte que le temps était très précieux. Dormir tous les soirs dans un lieu différent et se réveiller chaque matin ailleurs : c’était juste magique ! L’hiver nous a rattrapés et a mis fin à notre road trip. Il faisait très froid et on a dormi à -6 °C dans la voiture !

Vivre son PVT avant de penser à la résidence permanente

En voyage, j’ai rencontré beaucoup d’étrangers et de Français et tout le monde parlait de s’installer. Toutes les conversations tournaient autour des démarches pour obtenir la résidence permanente. On me demandait tout le temps : « Alors, toi tu vas rester ? », alors que ça faisait un mois que j’étais là et que je n’en avais aucune idée. Ma démarche c’était déjà de vivre pleinement mon PVT ! J’ai l’impression qu’ils n’en avaient pas conscience. Beaucoup de personnes venaient pour s’installer. Le PVT était pour eux un tremplin pour un véritable choix de vie plutôt qu’un voyage.

Ces histoires de « résidence permanente » ont fini par me faire réfléchir et durant la deuxième année, je me suis sérieusement posé la question. Mais comme on avait voyagé, nous n’avions pas cumulé assez d’heures de travail pour être éligibles aux programmes de résidence permanente. La seule possibilité de rester : un permis de travail « fermé » avec un seul employeur : « À quel prix ? Est-ce que j’ai envie de rester vendeuse de chaussures pour m’installer dans un pays qui me plaît ? ». Un emploi plus proche de mon domaine d’activité m’aurait sûrement fait changer d’avis. Aujourd’hui quand j’y repense, je me souviens que j’étais vraiment bien là-bas. C’était difficile de renter en France. J’étais triste de partir.

Un PVT pour changer

Partir seule m’a fait gagner en assurance. Cela m’a obligée à aller vers les autres. Je n’ai d’ailleurs jamais vraiment été seule. Quand je suis arrivée, on m’a accueillie dans une coloc’ dans laquelle j’ai fait plusieurs rencontres. Je n’ai jamais ressenti la solitude. D’ailleurs, parfois on me disait : « T’as dû avoir des coups de blues ». Eh bien, non ! Parce que c’était un rêve qui se réalisait et que je n’ai pas du tout été déçue. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre à Montréal, je ne connaissais pas… et ça a été super. J’ai gagné en autonomie, en débrouillardise et en confiance. Les facilités pour les démarches administratives ou encore pour trouver un emploi m’ont réellement rassuré. Je me suis sentie confiante !