- Âge au début du PVT : 30 ans
- PVT : en couple en 2019 à Montréal (Québec)
- Domaine professionnel : Milieu hospitalier
- Activité professionnelle au Canada : Serveuse dans un club, vendeuse, volontaire
- Économies en arrivant : 2 500 dollars
Croc blanc… inspirateur du PVT Canada !
En ayant fait un PVT Australie et en ayant presque enchaîné sur le Canada, c’est vraiment pas du tout la même chose ! À la base, on voulait arriver ici et partir tout de suite voyager. Mon copain avait déjà fait la Nouvelle-Zélande. Et moi, le Canada, c’était un rêve depuis petite, quand je lisais Croc Blanc ! C’était vraiment un rêve, je voulais y aller. On était en Australie et ça s’est imposé pour moi… mais pas vraiment pour mon copain. J’ai fait l’inscription pour nous deux puis je lui ai dit : « C’est bon, je me suis inscrite ! », il m’a répondu : « Mais à quoi ?! », « Eh bien au PVT Canada ! ». Et il a reçu son invitation une semaine après !
Ça fait plus d’un an qu’on est à Montréal et c’est pas pour vivre ça que je suis venue ici. On a aussi fait la demande de CSQ… c’est des choses auxquelles on avait pas pensé en partant.
Se retrouver piégée dans le quotidien
Comme on est arrivés en septembre, on s’est dit : « Bon, même si on vient pour voyager, on va peut-être travailler l’hiver ». Voyager en hiver, y en a qui le font mais on se voyait pas le faire. Après le premier hiver, on voulait partir sur les routes.
Mon copain a trouvé dès le lendemain de notre arrivée un job dans une épicerie fine, exactement ce qu’il cherchait. Il n’avait pas d’expérience dans la vente. En Australie, il a fait des études pour être chef cuisinier et il était aussi graphiste, donc ça n’a rien à voir ! Mais épicier, c’est ce qu’il aimerait faire potentiellement plus tard. On est arrivés à Montréal un samedi, on est allés au marché Jean Talon le lendemain, on est entrés dans une boutique où on nous a dit : « Justement, on cherche quelqu’un… tu commences jeudi ! ».
On s’est même pas battus. Moi, d’habitude je préfère vraiment aller déposer des CV directement en boutique, mais là, un matin où j’étais sur Linkedin, le gérant d’un bar de jazz m’a recontactée dix minutes après mon message pour me demander : « Est-ce que t’es libre pour qu’on se rencontre ? », j’ai commencé trois jours après ! C’était un poste de serveuse de jour, ça s’est super bien passé sauf sur la fin où ça a été un peu plus chaotique.
Avant de partir, on avait pas du tout entendu parler du CSQ, on partait juste pour voyager. Et puis c’est vrai qu’au fur et à mesure, on a vu les opportunités du CSQ, que c’était quand même une démarche longue et coûteuse, mais « faisable ». De fil en aiguille, on est restés à Montréal pour saisir cette opportunité et mon copain a vraiment grimpé les échelons au boulot. En un an, il est passé de vendeur à directeur de boutique.
Moi, j’aime beaucoup Montréal mais je suis pas venue au Canada pour vivre dans une ville, même si Montréal, c’est une ville incroyable, y a vraiment beaucoup d’opportunités et je ne parle pas que de travail ! On s’y sent bien, y a une ouverture, tu peux un peu tout faire ! Après, je ne ressens aucunement le dépaysement. On a un PVT qui ne dure que deux ans, et je n’avais pas envie de rester deux ans à Montréal ! En plus, le Canada, c’était vraiment un rêve, ses grands espaces, ses orignaux… *Rires* Donc c’est vrai qu’il y a eu des moments un peu difficiles… Bon, « difficile », c’est un grand mot, c’est vraiment cool et je suis super heureuse de vivre ça, c’est une chance d’être à Montréal, mais c’est un compromis.
En Australie, je sentais beaucoup plus la vibe d’acheter un van, de partir (même s’il y a plein de gens qui essayaient de s’y installer). Là, les pvtistes que je rencontre, y a plus une volonté de s’installer vraiment. C’est vrai que moi, j’étais encore dans l’état d’esprit australien.
Diversifier ses expériences professionnelles mais en gardant le voyage en tête
J’ai quitté mon job de serveuse mi-juin et jusqu’à mi-août, j’étais en mode vacances, mais je me suis rapidement dit que j’avais quand même envie de travailler… Je me suis sentie peut-être un peu coupable. Je me suis dit que c’était bien de faire un peu d’argent même si j’en avais déjà pas mal de côté puisqu’en service ici, tu gagnes beaucoup ! J’ai jamais eu autant d’argent de ma vie ! *Rires*
J’ai trouvé un poste d’ambassadrice pour faire déguster des produits tous les week-ends dans une épicerie qui est un énorme entrepôt de bouffe. J’ai travaillé pour le Salon du Livre de Montréal. Je crée également des produits zéro déchet (pochettes…), ça a pas mal marché parce que c’était avant Noël.
Là, on commence à regarder les véhicules à acheter. Dès que l’hiver est fini, on part ! Je cherche vraiment dans n’importe quel domaine. On m’a contactée pour travailler dans un centre d’appels, je l’ai fait et je ne veux plus jamais faire ça ! J’ai un entretien dans la restauration cette après-midi, un domaine que je connais déjà et un domaine dans lequel on peut facilement me remplacer puisque j’ai le projet de partir dans trois ou quatre mois. Y a aussi de l’affect, si tu t’entends vraiment trop bien avec ton employeur, tu te dis : « Merde, je vais devoir lui dire que je vais quitter le poste… », même si on est habitués en tant que pvtistes à bouger beaucoup, il y a toujours cette culpabilité !
L’expatriation, un projet de vie pas toujours évident
On a reçu notre CSQ ! On a été chanceux. En même temps, on se disait aussi que rester au Québec, c’était pas un projet de vie sur 15 ans… Si ça se fait pas, c’est pas grave. Ce qui nous a fait changer d’état d’esprit, c’est cette opportunité d’avoir un job aussi facilement… Plus je travaillais, plus je faisais d’argent, plus notre voyage en van allait être long et agréable…
L’opportunité du CSQ était intéressante même si personnellement, j’ai quand même envie que mon pied-à-terre soit en France parce que ça va faire plus de cinq ans que je vis pas en France… L’expatriation, c’est dur, tu loupes beaucoup de choses. Des choses pas très agréables et des choses agréables aussi. Les parents deviennent plus tous jeunes… Je suis revenue en France à Noël et c’est la première fois que le retour au Canada est difficile.En Australie, j’étais jamais rentrée. Quand j’étais en Espagne, j’étais rentrée une fois ou deux mais là, je ressens vraiment l’éloignement. Mais après, c’est un choix…
Ça se trouve, pendant notre road trip, on va trouver un endroit qui nous plaît, on va avoir un gros coup de coeur et on va se dire qu’en fait, on a pas envie de vivre en France. Peut-être que tout va changer pendant le voyage. Vu qu’on sait pas, on se dit qu’autant avoir le plus d’options possibles. Maintenant qu’on est là, on se dit qu’on est pas restés un an à Montréal pour rien !
On parle de plus en plus du déracinement, il y a de plus en plus d’articles et de ressentis qu’on peut lire, qu’on peut voir, sur la réalité de l’expatriation. C’est pas que : « Wahou, c’est génial, venez tous ! ». Tu t’arraches à ton quotidien, ce qui peut être très bien mais même si t’as la résidence permanente dans ton nouveau pays, c’est pas ton pays. Et moi, je le ressens. Il y a des trucs tout bêtes, des références d’humoristes, des références politiques qui auront pas la même résonance en toi et que tu comprendras pas forcément. Je pense que même si ça fait quinze ans ou vingt ans que tu vis là, même si t’as les papiers qui disent que t’es canadien, ça reste toujours un déracinement. Ceci dit, je pense qu’il y a des gens pour qui c’est pas un problème ! Il y a plein de gens qui disent : « Oui, je veux vivre au Canada, c’est merveilleux ». C’est sûr, mais c’est pas forcément pour tout le monde non plus et c’est pas un eldorado, comme on a pu le lire de l’Australie aussi. Il y a des trucs difficiles partout !
Le « rôle » du PVT et du voyage
Tout dépend dans quel état d’esprit tu pars. Moi, quand je suis partie en Australie, j’étais au fond du trou et déprimée…
De me dire : « Je peux trouver un job facilement, je peux m’en sortir à l’autre bout du monde ». C’est des souvenirs incroyables. Ça m’a apporté une énorme ouverture d’esprit et une confiance en moi. Il faut parfois se faire violence pour aller vers les autres mais je pense qu’il faut avoir envie d’aller vers les autres à la base. Le voyage n’est pas la solution miracle ni la réponse à tout.
Je pense que j’avais posé les bases de ma nouvelle personne en Australie et là, c’est en train de grandir au Canada… Là, je me dis que je suis dans une ville super (même si c’est pas ça que je voulais, certes !), je suis quand même à Montréal… Il y a plein de choses qu’on peut faire, comme se faire interviewer ! *Rires* Trouver un job, voir des grands noms du jazz jouer quand tu travailles, c’est des expériences !
Et il y a l’âge, aussi ! Je savais que je voudrais me poser un jour, mais là je commence à me dire que je vais investir dans quelque chose, faire des enfants… Tu le ressens encore plus quand tu reviens en France et que tu vois tout le monde autour de toi qui effectivement a cette stabilité que toi tu n’as pas… Je crois que j’ai plus envie de partir en PVT. J’y ai pensé au début du PVT Canada : « Ah, l’Argentine ça peut être cool aussi », mais je crois que je suis un peu fatiguée. Les démarches administratives, c’est tout con, mais je suis fatiguée par les démarches administratives, fatiguée de prendre des avions où ça dure 50 heures… *Rires*. Je sais que mes racines, c’est la France malgré tout. Et puis je pense à mon impact écologique aussi. Prendre l’avion tout le temps…
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