Article mis à jour en mai 2023.
Nombreux sont les pvtistes souhaitant rester à la fin de leur année un peu plus longtemps dans ce beau pays qu’est le Japon. Pour ce faire, il existe plusieurs solutions : passer sur un visa étudiant en s’inscrivant dans une école de langue ou en Université (durée de deux ans maximum, si école de langue), passer sur un visa de tourisme le temps de visiter encore un peu le pays, se marier si on a rencontré l’âme sœur (finalement, ce cas est assez fréquent !) ou passer sur un visa de travail.
Quand je suis arrivée au Japon avec mon PVT en poche l’an dernier, il était clair dans ma tête que la dernière option (passer sur un visa de travail au terme de mon PVT) serait mon but premier. Cela faisait longtemps que je voulais m’installer dans ce pays, et j’avais mis toutes les chances de mon côté pour y parvenir, et ce depuis plusieurs années.
Je vous présente les démarches afin d’obtenir un visa de travail après un PVT, en insistant sur ma profession (professeure de langues étrangères). Sachant que la grande majorité des étrangers postulent pour le même visa (Spécialiste en Sciences Humaines), cela vous donnera donc un aperçu des procédures à effectuer afin d’obtenir le précieux sésame !
1 – Un projet mûri sur plusieurs années
C’est lors de mon séjour au Canada que j’ai réalisé les exigences du monde du travail à l’étranger et de la difficulté d’obtenir des visas sans diplômes reconnus internationalement. À cette époque, j’avais réussi à trouver du travail et à passer d’un PVT à un permis Jeunes Professionnel. Le Japon étant déjà dans ma tête, je commençais à tâter du côté de l’immigration et la désillusion fut grande. Avec le CV que j’avais, il m’était impossible d’obtenir un visa de travail au Japon.
Il s’est donc engagé une vraie grande réflexion qui a abouti à une reconversion professionnelle, un retour à l’université et à la construction d’un CV en béton pour ne pas perdre une seule chance un fois le temps du PVT Japon venu. C’est ainsi que je suis passée, en 3 ans, de réceptionniste d’hôtel dont le seul diplôme était un DEUG inconnu en dehors de la France à prof de FLE cumulant à la fois une bonne expérience de travail à une licence puis un master Français Langue Étrangère obtenu 1 mois avant mon envol pour le Japon.
En cumulant ainsi le niveau master et les deux ans d’expérience demandées par la majorité des écoles, je n’avais plus de raison de me voir refuser la sponsorisation d’un visa de travail.
2 – La question du Certificate of Eligibility
En cherchant des informations sur internet, je suis vite tombée sur ce CERTIFICATE OF ELIGIBILITY (CEO) mentionné un peu partout comme étant un document absolument obligatoire. Ce CEO m’a longtemps posé question car les infos sont contradictoires, même sur place.
Voici ce que j’en ai compris et qui s’est révélé correct dans mon cas et dans le cas d’autres personnes autour de moi : pour passer d’un PVT à un permis de travail sans quitter le pays, vous n’avez pas besoin d’un CEO. Ce document n’est demandé que si vous cherchez un travail depuis la France et que vous n’avez pas trouvé d’entreprise prête à vous sponsoriser.
Il faut savoir aussi que certains employeurs refusent de faire les démarches pour le CEO (car cela doit venir d’eux et pas de vous). Il semble en effet que vous sponsoriser en s’appuyant sur un CEO leur donne encore plus de responsabilités à votre égard, les rendant véritables “garants” de votre personne au Japon. Ainsi, il n’est pas rare que les entreprises qui acceptent de vous sponsoriser refusent d’aller aussi loin en terme de responsabilités et refusent de vous faire un CEO.
Pas de panique, si vous êtes dans la situation d’un PVTiste qui change de visa pour un visa de travail en étant sur le territoire et avec un employeur vous sponsorisant, ce document n’est absolument pas nécessaire pour la procédure, bien que le contraire soit inscrit en gros partout sur le site de l’ambassade de France…
3 – Trouver une entreprise solide
Trouver un employeur capable de vous sponsoriser n’est pas une mince affaire ici. Bien sûr, nous ne parlons pas des Français extrêmement qualifiés qui trouvent un travail avant de partir, ceux-là rentrent dans une autre catégorie et ne sont généralement pas pvtistes mais viennent directement avec un visa de travail. Nous parlons ici du PVTiste standard, plutôt jeune, avec des diplômes (ou sans) qui ne sont pas forcément exceptionnels ou recherchés sur le marché.
Beaucoup d’entreprises ne peuvent pas ou ne veulent pas sponsoriser de visa de travail. Trop de paperasse, des employés qui ne restent pas assez longtemps. Cela est particulièrement vrai pour les écoles de langue. Certaines entreprises ne peuvent pas vous sponsoriser car elles ne sont pas assez solides financièrement. En effet, pour les démarches, on va demander à l’entreprise de fournir ses déclarations d’impôts et autres documents prouvant la fiabilité et bonne santé de l’organisme.
Les petites structures auront du mal à se montrer capables de prendre le risque de payer un salaire supplémentaire, surtout qu’il y a un salaire minimum en dessous duquel on a pas le droit de payer un travailleur étranger (à ma connaissance, 150 000 yens par mois, on trouve souvent la mention de 250 000 yens par mois sur internet ce qui est faux, je n’ai aucun prof dans mon entourage se faisant un tel salaire et tout le monde a pourtant un visa de travail).
Pour résumer, il vaut mieux éviter les PME, surtout si elles ne sont pas sur le marché depuis longtemps. Dans le cas des écoles de langues, ce sont les plus grosses écoles qui font le plus souvent les visas de travail (GABA, NOVA, AEON…). Certaines écoles de francais font également des visas mais elles sont loin d’être la majorité, la plupart des écoles étant de petites structures employant peu de profs et presque tous à temps partiel.
Sachez cependant qu’il est courant que les employeurs fournissant un visa soient peu exemplaires dans leur façon de traiter le personnel. Il y a souvent des heures supplémentaires non payées ou une charge de travail non prévue qui s’ajoutent une fois le sésame fourni.
Les employeurs japonais ont l’habitude de faire la même chose avec leur personnel à temps plein, du moment que le patron vous prend sous son aile (vous fournissant un temps plein avec des avantages sociaux ou un visa de travail pour un étranger), il s’attend en retour à un dévouement total de votre part, vision qui pose souvent problème avec nous, Français…
4 – Les documents à fournir
Bien que les pièces justificatives soient un peu différentes selon les cas, en général, côté employé, on retrouve toujours les mêmes documents demandés. Ils ne sont pas difficiles à obtenir et restent très courants pour ce genre de processus. Cependant, du côté employeur, ils sont un peu plus embêtants, d’où la réticence des entreprises à faire toute cette paperasse…
L’emploi de professeur en école de langue entre dans la catégorie “Specialist in Humanities/International Services” (Spécialiste en sciences humaines / Services internationaux). Voici la liste des documents que vous devez fournir pour ce visa :
- ”Copies of the company registration and a statement of profit and loss of the recipient organization” : un document équivalent au SIRET de votre entreprise et un bilan financier montrant ses pertes et profits. Concernant ce dernier, c’est à votre entreprise de vous fournir ce justificatif. Il sert à juger de la solidité financière de l’entreprise qui vous sponsorise.
- ”Materials showing the business substance of the recipient organization” : documents démontrant le domaine d’activité de votre entreprise. Ici aussi, c’est à votre entreprise de vous fournir ces justificatifs. Cela va de la brochure publicitaire (dépliants, flyers…) à des impressions du site web de l’entreprise, bref, tout matériel promotionnel qui permet de comprendre de quel genre d’entreprise il s’agit.
- ”A diploma or certificate of graduation with a major in the subject regarding the activity of the person concerned, and documents certifying his or her professional career” : diplômes ou tout autre certificat en rapport avec le travail exercé. Ici, c’est à vous de jouer ! On vous demande tout d’abord vos diplômes, certificats, tout ce qui peut être relié au boulot auquel vous postulez pour un visa.
Si vous n’avez ni diplômes, ni expérience dans l’enseignement, sachez que vous pouvez faire une formation TESOL ou TEFL (pour enseigner l’anglais) très rapidement en ligne. Il y a plusieurs écoles qui délivrent ces diplômes après des formations rapides entièrement par internet. Honnêtement, si vous n’avez aucune qualification, cela ne vous fera pas de mal de faire ce genre de formation (loin d’être complète, mais au moins, on vous donne les bases) et surtout d’ajouter ce petit diplôme qui en soit ne coûte pas si cher et pourrait aider votre dossier à passer. Malheureusement ces formations n’existent que pour l’anglais à l’heure actuelle, par pour le FLE.
Également, on vous demande des preuves de vos expériences professionnelles dans le domaine. C’est là tout l’enjeu de demander des lettres de recommandations à vos anciens employeurs quand vous les quittez, et de garder vos contrats.
- ”Documents certifying the activity, the duration, position and the remuneration of the person concerned” : socuments expliquant le domaine de travail, le poste et le salaire de l’employé étranger. Là encore, c’est à votre entreprise de fournir ce justificatif, qui n’est autre que votre contrat de travail stipulant vos tâches, votre salaire, votre position et la durée.
En plus de ces documents, il faudra vous munir de votre carte de résident et de votre passeport. Attention à avoir des photocopies propres, lisibles et à avoir tous les documents sous la main lors de la demande, vérifiez les détails (par exemple que vous avez bien mis à jour votre adresse sur votre carte de résident) et préparez-vous à présenter ces documents plusieurs fois à différents guichets à l’immigration. Nous n’en sommes qu’au début !
5 – La procédure en elle-même
Nous sommes toujours dans le cas d’un PVTiste voulant obtenir un visa de spécialiste en sciences humaines, résidant à Tokyo. Une fois que vous avez obtenu tous vos documents, il va être temps de se rendre à l’immigration. Prévoyez une demie-journée voire plus, plutôt en début de semaine et tôt le matin.
Vous allez devoir vous rendre au bureau central d’immigration qui se trouve dans le quartier de Shinagawa. A pied, c’est 20-30 bonnes minutes de marche dans des quartiers industriels (donc pas une balade très agréable…), en bus c’est à 5 min de la station JR. Je vous conseille vivement le bus, d’autant plus que vous pouvez en prendre plusieurs (deux ou trois si ma mémoire est bonne), il y a donc peu de temps d’attente. Les affichages et les messages dans le bus sont traduits en anglais vu que beaucoup d’étrangers l’utilisent. Quand vous êtes à la station JR Shinagawa, suivez la sortie Est (Konan). Marchez jusqu’à l’extérieur de la station, les bus seront au rez de chaussée sur votre gauche, regardez bien, il y a plusieurs panneaux en anglais vous indiquant “Immigration office” pour vous mener tout droit aux bus que vous devez prendre. Une fois que vous suivez la sortie Est (Konan), c’est franchement très facile, ne vous inquiétez pas.
Une fois arrivé au bureau de l’immigration, vous verrez un 7-eleven au rez de chaussée. Il sera utile plus tard (pour faire une pause café, des photos ou acheter un timbre fiscal). Montez directement à l’étage, et vous verrez un guichet avec des panneaux jaune fluo juste en face de l’escalator. C’est votre premier arrêt, c’est le centre de tri en quelque sorte, ils vérifient une première fois vos documents, vous donneront un numéro de dossier et vous indiqueront à quel guichet vous devrez vous rendre. S’il vous manque des documents, ils vous le diront et vous vous arrêterez là, il faudra revenir et repasser par eux pour avoir un numéro de dossier.
Personnellement, j’ai été choquée de la froideur du personnel de Shinagawa. Ne vous attendez pas à un service à la japonaise comme vous en avez l’habitude, ici les employés tirent tous une tête de 6 pieds de long, ne parlent pas anglais et feront peu d’effort pour vous comprendre, sont polis au minimum et perdent vite patience. Il va falloir vous armer de diplomatie avec eux, un peu comme si vous étiez de retour en France !
Également, préparez-vous à devoir vous expliquer en japonais, et si vous ne parlez pas un mot, venez plutôt avec quelqu’un pour vous aider sinon ca va être très pénible et vous serez balancé d’un guichet à un autre. Vous verrez que beaucoup de candidats viennent avec des Japonais (conjoint ou collègue, parfois employés d’agences spécialisées pour les visas). Ceux qui viennent seuls sont capables de se débrouiller en japonais, il ne faut pas un niveau courant mais il faut être capable de tenir une conversation un peu complexe.
La rumeur court qu’il y aurait un bureau plus petit et moins encombré dans le quartier de Mikata, mais qu’il serait réservé aux habitants de Mikata (preuve sur la carte de résident)…
Finalement, même si vous avez bien préparé votre dossier, il manque souvent des pièces ou il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Attendez-vous à surement devoir y retourner au moins une fois. Ce fut mon cas (enfin… 3 fois en tout, pour moi !) et celui de la majorité de mes collègues. Ils sont tatillons, donc pensez vraiment à tout.
Quand enfin votre dossier est accepté, vous n’avez plus qu’à attendre la réponse chez vous. Vous recevrez une carte postale du bureau (dans les deux mois, mais ça peut prendre moins de deux semaines, selon votre chance) vous disant de venir chercher votre nouveau visa.
Ne vous inquietez pas, ca va être rapide à récupérer, dans un espace beaucoup plus calme que pour les demandes, il faut compter environ une heure. Il faudra apporter votre carte de résident en plus de votre passeport car ils vont vous donner une nouvelle carte qui spécifie que vous êtes maintenant résidents avec un visa de travail.
Auparavant, les visas de travail étaient accordés pour un an et tous les ans il fallait retourner à Shinagawa pour renouveler son visa. Récemment, la majorité des visas accordés aux Français sont des visas de 3 ans, et ils passent à 5 ans au moment du renouvellement. Cependant il y a toujours des visas d’un an seulement délivrés, comme ce fut le cas récemment pour une collègue française.
6 – Après l’obtention du visa
Une fois le sésame obtenu, qu’est-ce qui change pour vous ? Finalement pas grand chose, à quelques détails près :
- vous avez une nouvelle carte de résident (il faudra fournir une photo récente, différente du passeport puisque de moins de 6 mois, ils m’ont piégée la dessus, j’ai du aller faire des photos au 7-eleven à l’improviste);
- vous payez moins d’impôts car vous n’êtes plus taxé à 20 % comme vous l’étiez avec le PVT;
- vous allez pouvoir faire plus facilement certaines démarches comme louer un appartement;
- vous pouvez changer d’employeur, mais pas de domaine de travail.
Par exemple, vous avez un visa en tant que “Spécialiste des sciences humaines”, vous êtes prof dans une école de langue. Ça se passe mal avec votre employeur (celui qui vous a sponsorisé), vous voulez partir, vous pouvez et vous ne perdrez pas votre visa. Vous pouvez exercer n’importe quel autre métier qui rentre dans la catégorie “Spécialiste des sciences humaines” qui est une catégorie très large. Vous pouvez par exemple être traducteur, travailler dans les ressources humaines ou continuer d’être prof. Par contre vous ne pouvez pas changer d’industrie, c’est à dire que vous ne pouvez pas devenir cuisinier ou informaticien.
Attention, quand vous sortez du territoire, vous devez toujours remplir une fiche de réadmission au risque de vous voir refuser l’accès au retour, comme quand vous étiez pvtiste. Au moment de passer l’immigration, l’agent vous le signalera en vous demandant si vous voulez revenir au Japon ou non, et vous dirigera vers le guichet pour remplir votre fiche.
Voilà, j’espère que ce témoignage va vous éclairer un peu sur la demande et peut-être calmer les angoisses de certains. Je me suis moi-même posée énormément de questions au moment de la demande mais heureusement mon entreprise fait souvent cette démarche et de nombreux collègues m’ont aidé. La procédure a changé récemment, elle est plus simple maintenant, mais elle diffère selon les nationalités, prenez donc avec un grain de sel ce que des collègues non-français ou qui ont eu leur visa il y a longtemps pourraient vous dire. Par exemple, nombre de mes collègues sont aujourd’hui mariés à des Japonaises et m’ont donné des informations erronées sur la procédure, tout simplement parce qu’elle était différente à l’époque.
Ne cédez donc pas à la panique et renseignez vous auprès de gens semblables à vous et qui ont eu leur visa récemment.
Si vous avez d’autres questions, posez-les dans les commentaires. Nous vous mettons ci-dessous des liens officiels utiles :
- Le formulaire de demande de visa (février 2017)
- La liste officielle des documents à joindre à la demande de visa (février 2017)
Bon courage et bonne chance au Japon !
(3) Commentaires
Bonjour,
Je suis dans la situation de transition PVT -> Visa de travail humanités.
Je travaille depuis avril pour une entreprise souhaitant me sponsoriser un visa de travail.
Lors de l’embauche, ils m’avaient informé de la nécessité pour moi de quitter le pays pendant un certain temps, pour la réalisation de mon visa de travail.
Mais si je comprends bien, cela n’est pas réellement nécessaire…
J’aimerais leur partager cette information. Y a t-il des documents officiels à ce sujet, des sources que je pourrais leur présenter ?
Merci bien.
Rayane
Bonjour Rayane,
Si, il est bien nécessaire de quitter le territoire japonais pour faire la demande de permis de travail. Depuis 2020, il n’est plus possible pour un pvtistes de changer de statut directement depuis le Japon. Dans l’encart en rouge au début de l’article, tu trouveras les liens vers les articles avec les informations 🙂
Peut-on obtenir un visa de travail en patisserie ou restauration sans diplôme, juste avec de l’expérience dans le domaine ? Merci 😉
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