1. #1
    Avatar de Lilou
    Julie

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    Jour 5 - Voila c'est fini...

    Pendant le cours de yoga, j’ai la tête qui tourne, je m’allonge et je me demande si, si je n’arrive pas à méditer, ce n’est pas plutôt parce que c’est ce que tout le monde, y compris moi, attend de moi, comme on attendait de moi que je lise des tonnes de livres au lycée, tâche que je considérais comme une corvée alors qu’aujourd’hui, j’adore lire ! Je me dis que peut-être, un jour, j’aurais besoin de réellement me plonger dans la méditation et que peut-être alors, j’y arriverais !

    On reparle du passé et du futur, et une fois de plus on les aborde de façon négative : les souffrances du passé comme les craintes du futur doivent être oubliées. Et si on a des souvenirs géniaux et des projets super hein ? Elle n’en parle pas de ça – c’est sans doute en ça que je me sens en décalage avec ce qui est dit ici. Est-ce que tous les gens qui sont venus faire cette retraite ont un problème, une angoisse ? Mon futur, j’ai hâte de le vivre, je fais des projets dont je ne peux pas encore trop parler - mais ça viendra bientôt - quant à mon passé, c’est un peu différent, je pense à ma rupture avec Mat et je suis assez satisfaite du chemin parcouru. J'ai appris que les deux verbes clé dans ce genre de situation sont « réaliser » et « accepter ». Ça prend plus ou moins de temps mais c’est ma recette de la guérison – pas uniquement en cas de rupture d’ailleurs. Et je suis contente de l’avoir découverte par moi-même et d’avoir réussi à l’appliquer.

    J’ai compris que la vie n’était pas un long fleuve tranquille. Ça a été, je pense, ma meilleure leçon de vie et en quelques sortes le début de mon vrai bonheur, ce qui ne signifie pas que je n’étais pas heureuse avant, loin de là !

    Mais aujourd’hui, j’ai trouvé (ah que ça sonne banal !) ma paix intérieure, j’ai compris beaucoup de choses, j’ai appris à plus regarder autour de moi, j’ai vu de la vraie tristesse, de la détresse, des vies qui ne conviennent pas à ceux qui les vivent et c’est ainsi que je me suis reprise en main, en me disant qu’à l’âge que j’ai, avec le peu de responsabilités que j’ai, c’était bien le moment de ma vie où ma vie avait une chance de ne pas être subie d’une quelque façon que ce soit.

    C’est en ça notamment que j’ai apprécié plusieurs cours de Loving kindness ici, au temple, car ce qui y était dit me confortait dans mes choix passés

    C’est le moine chanteur qui nous propose le cours de Dhamma talk ce matin. Une fois de plus, il est assez marrant et de très bonne humeur. Il nous parle de la cigarette, du sexe et de la nourriture. Il fumait avant d’être moine, et sa cigarette aujourd’hui, c’est une longue inspiration, qui ne nuit pas à sa santé, elle ! Le sexe, il ne le pratique plus non plus et il dit que l’on peut survivre, « la preuve », en se montrant du doigt.

    Un peu plus tard, une tempête de vent s’abat sur Suan Mokkh, c’est bête mais ça apporte un peu d’action et ça m’amuse. Le bruit est tel que nous n’entendons plus le moine parler. Je remarque au passage que c’est un sacré désordre dans la salle de méditation. Initialement, des petits coussins étaient disposés soigneusement en rangée comme les carrés d’un jeu de dame. Aujourd’hui, les lignes de coussins sont sinueuses, il y a des cases vides qui rendent hommage aux participants qui ont abandonné l’aventure. Quelques uns d’entre nous ont décidé de s’adosser aux colonnes, sans doute par fainéantise, j’avoue que ça m’aide à me tenir droite

    Autre point : normalement nous avons sous nos fesses un coussin assez épais et un assez fin, qui, mis un peu en avant, permet d’avoir le dos bien droit. Aujourd’hui, Olivier, comme plusieurs autres d’ailleurs, a quatre coussins et se tient plus comme s’il était au Club Med que dans un temple bouddhiste.

    Pendant un quart de seconde, je ressens comme une crainte de quitter Suan Mokkh. C’est sûr que la vie ici n’est pas trépidante mais je me sens bien, à l’abri de tout, relaxée. Immédiatement après, je me dis que non, que le retour à la « vraie vie » sera forcément agréable mais je me rends compte qu’en s’isolant du monde, en n’ayant plus aucun contact avec qui que ce soit à l’extérieur, on se crée une bulle où on finit par se (com)plaire et de laquelle il n’est pas si évident de sortir.

    Je vois que certaines personnes sélectionnent leurs cours (comme je le fais en fin de journée). Je pense que je ne viendrai plus au cours de méditation, où nous abordons aujourd’hui les étapes quatre et cinq, alors que j’ai le sentiment de ne même pas avoir atteint la première…

    En fin de walking meditation, je m’assois sous un arbre et je m’étire un peu les jambes. J'aimerais bien gagner un peu en souplesse ici car je lutte parfois pendant le cours de yoga Camille me rejoint et me parle d’un échange rapide qu’elle a eu avec Olivier pendant le cours de méditation : « J’en ai marre », « moi aussi », « tu veux partir ? » « Euh, non… et toi ? », « non ». Elle se dit que c’est peut-être par fierté qu’ils ont tous les deux répondu « non ».

    Elle part à sa recherche pour que l’on puisse avoir une conversation à ce sujet. Elle ne le trouve pas mais rencontre Naomi, avec qui on rigole un peu. Elle nous parle de son entretien avec une nonne qui l’a complètement reboostée, elle qui voulait partir hier. Je dis à Camille que si je reste, je serais contente mais que si je pars je serais tout aussi contente. Etrange d’émettre l’idée de partir, mais finalement ça ne me semble pas si fou que ça.

    Oui, nous sommes là pour 10 jours, nous nous sommes engagés à rester, nous nous sommes en quelques sortes promis, avec Camille, de rester jusqu’au bout mais si tout ça n’est qu’une mascarade et que l’on reste juste pour rester, c’est plus stupide qu’autre chose, vous ne pensez pas ?

    Ainsi, je dis à Camille que si elle veut partir, elle n’a qu’à me dire let’s go ! Mais elle ne veut pas être l’instigatrice de notre départ, elle préfère que ce soit une décision commune... DING DING DING, déjà l’heure de retourner méditer !

    En s’asseyant, on se regarde, pas convaincues, pas vraiment ravies de tenter encore et encore l’infructueuse épreuve de méditation. Olivier revient de son entretien avec un moine et Camille le rejoint aux toilettes pour un meeting. Deux minutes plus tard, après avoir bien réfléchi – je ne veux pas prendre cette décision à la légère - je me lève. Ceux qui ont les yeux ouverts remarquent sans doute notre petit manège, mais peu importe, du moment qu’on ne les dérange pas !

    En arrivant devant eux, je dis « c’est sûr, ça y est, je pars ! ». Il ne s’agit plus de faire comme Camille, de lui demander ce qu’elle veut faire, c’est ma décision. Je vois bien que mon séjour ici doit toucher à sa fin. Pour le moment tout s’est bien passé mais cinq jours de plus me semblent plus ennuyeux que bénéfiques…

    Une fois le cours terminé, Naomi nous rejoint et on part se promener, Cam’ et moi d’un côté, Olivier et Naomi de l’autre, pour reparler un peu de tout ça. Une nonne nous demande de nous taire, oui, là, c’est certain, nous devons partir !

    Je ne prends pas mon départ comme un échec car je ne suis pas désespérée comme c’est généralement le cas des gens qui quittent cette retraite. Je me sens simplement en décalage avec tout, avec tout ce que je tolérais les premiers jours, envieuse de jouer complètement le jeu. Aujourd’hui, le contenu des chansons, comme la prière pre-repas, comme les privations diverses auxquelles nous sommes soumis, sonnent faux. Je n’ai pas l’habitude de me forcer à faire des choses lorsque je n’y vois aucun intérêt. Mon départ n’engage personne, ne dérange personne. C’est donc l’esprit libre, que je pars avec Camille, à la recherche de la directrice pour lui dire que nous voulons partir dés que possible.

    Nous ne la trouvons pas, elle sera là demain matin mais nous donnons nos noms à une autre nonne, car il semble qu’il faille donner une sorte de préavis d’une journée. Nous allons donc devoir passer une nouvelle nuit à Suan Mokkh, ça ne nous transcende pas mais nous sommes tous contents à l’idée de partir.

    Ce soir, nous n’allons pas en cours, inutile de faire semblant ! On fait une réunion de filles dans ma chambre. On ressort le Lonely Planet avec Camille, on se fait un calendrier maison et on prévoit quoi, où, quand, comment… Ahhh ! Ca va être génial !!
    Dernière modification par Lilou ; 18/02/08 à 08:16.

  2. #2
    Avatar de Bouille
    Mélanie 40 ans

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    La fin... On l'impression de vivre cette experience avec toi...
    J'ai l'impression de quitter le temple moi aussi !