Claire : une vie nomade et 3 PVT (Japon, Nouvelle-Zélande, Australie)
Depuis 3 ans, Claire parcourt le monde et enchaîne les PVT (Japon, Nouvelle-Zélande, Australie). Elle nous parle de son mode de vie nomade, hors des sentiers battus…
J’ai fait des études de Cinéma, d’Arts et de Graphic Design. J’ai toujours été attirée par la Photographie et la création.
Avec mes parents ont a toujours beaucoup voyagé et fait énormément de randonnées. Je pense que le voyage, la découverte, l’envie de partir à l’aventure, ça fait partie de moi.Tu as quitté la France il y a 3 ans pour voyager autour du monde.
Le séjour s’est moyennement bien passé suite à des difficultés de relation avec mes parents et je me suis presque « enfuie » en Nouvelle-Zélande. J’avais en tête d’y rester un mois puis si j’appréciais le pays demander le PVT d’un an. Ce que j’ai fait au bout de deux semaines.
Après la NZ, je voulais aller voyager à travers les pays d’Asie à vélo pendant un an. C’est un projet auquel je tiens énormément. Hélas, je n’ai pas gagné assez d’argent lors de mon dernier travail en NZ.
Je suis donc retournée en Australie avec en tête d’y travailler pendant six mois puis de rejoindre l’Asie. Mais bien sûr, mes plans ont changé et j’ai fini par y rester 15 mois. Je suis rentrée en France fin Septembre 2018, suite à un petit essoufflement. Mais je prévois d’y rester seulement jusqu’à fin Avril 2019, le temps de faire la saison d’hiver à Chamonix Mont-Blanc. Ensuite je compte me balader à pied et en vélo à travers les Alpes Françaises, Italiennes et Autrichiennes. Puis direction l’Islande. Donc comme vous pouvez le voir mes voyages ne sont pas vraiment planifiés. Je suis les opportunités et mes envies. J’ai appris à reconnaître les signes et à les suivre. J’ai dans ma tête une idée qui commence à être claire de qui je veux être et des « principes de vie » qui sont les plus importants pour moi (le rapport à la nature, la méditation, la volonté de vivre de façon nomade, la recherche de la paix intérieure, le rapport à la photographie, etc.) et j’ai l’impression que plus je voyage, plus je suis consciemment ou inconsciemment des signes qui m’emmènent dans la direction que j’ai choisie.
C’est en voyageant au cours de ces trois dernières années que j’ai appris énormément, que je me suis rendue compte de certaines vérités et que j’ai réalisé comment je voulais vivre. Voyager m’a appris que la beauté absolue est dans la nature et qu’il est essentiel de vivre en contact avec elle et de la protéger. Je me suis intéressée à tout un tas de techniques, connaissances en rapport avec la recherche du bien-être, de la paix intérieure, à l’éveil de la conscience (observation, méditation, yoga, Ayurveda, huiles essentielles, reiki, tai-chi, etc.) qui sont essentielles pour apprendre à se connaitre, pour apprendre à écouter son corps, pour apprendre à voir la réalité telle qu’elle est et non à travers les filtres que l’éducation et la société nous ont appris. J’ai commencé à apprendre les principes de la permaculture, l’importance de connaître et comprendre ce que l’on mange, de retourner à une alimentation plus adaptée à nos corps de chasseurs-cueilleurs, centrée sur les plantes, les légumes, les noix et baies. Je me suis également mis à faire mes produits de soin (shampoing, savon, crème…) par moi-même. Le voyage m’a appris que ce mode de vie que l’on appelle aujourd’hui « alternatif » est un simple retour aux sources. Et que dans la société actuelle, consumériste, matérialiste, vide et angoissée, le mode de vie alternatif et nomade est une nécessité absolue. Je voyage aussi pour voir le monde avant qu’il ne disparaisse. Avant que l’économie, le développement, l’exploitation des matières premières, le changement climatique ne changent à jamais la surface de la terre. Je ne sais pas comment sera le monde dans 20 ans mais je suis certaine qu’il ne ressemblera en rien au monde d’aujourd’hui. Pour revenir à la photographie, je prends des photos parce que j’essaye de capturer la beauté, la perfection du paysage et la nature autour de moi. Parce que la réalité, l’essence de la vie se trouve dans la nature.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de voyage ?Ohlala, il y en a tellement !
Pêle-mêle :
– Les moments de paix absolu en pleine nature à observer le paysage ou les levers et couchers de soleil
– Prendre soin de bébés kangourous dans un wildlife sanctuary
– Les couleurs de la Tasmanie
– Voyager en vélo à travers la Nouvelle-Zélande
– Apercevoir le Mont-Fuji pour la première fois
– Toutes les randonnées que j’ai faites
– Déguster un burrito de Zambrero après une dure journée de travail
– Être à la porte du musée Ghibli et avoir des larmes aux yeux
– Monter sur les volcans au Japon et en Nouvelle-Zélande
– Passer des heures à observer les oiseaux.
J’ai eu des déceptions, beaucoup, mais cela n’est dû qu’à mes propres attentes.
Au final, je dirais que je n’ai pas de pires souvenirs, mais que j’ai des blessures qui vont guérir avec le temps et qui m’ont beaucoup appris.
Les plus grosses étant :
– la difficulté de communication partout (bien qu’un peu plus marquée au
Japon dû à la barrière de la langue) et le sentiment de solitude qui l’accompagne
– Une expérience de travail et de relation amoureuse en Australie qui s’est très mal passée
J’ai toujours aimé la neige, l’hiver, le ski et l’atmosphère des stations de ski européennes. Bien-sûr, comme je m’en suis rapidement rendue compte, en Australie, ça n’a pas grand-chose à voir. Je vivais et travaillais dans un petit restaurant fast-food situé sur les pistes. Ce qui était génial c’est que du coup j’étais vraiment située dans la nature et la neige en permanence. Je n’avais qu’à sortir et enfiler mes skis pour aller observer les magnifiques levers et couchers de soleil. Sauf que sur les deux mois pendant lesquels je suis restée à Mt Buller, il a fait moche pendant un mois et demi. Vent, nuage, pluie et neige en permanence. J’avoue que mon moral a eu un peu de mal. Associé à ça, un boulot et une équipe très moyenne, un hébergement en dortoir sale, petit et bondé et un espace skiable assez limité, j’ai eu un petit coup de dépression. À Mt Buller, il y beaucoup d’instructeurs de ski européens. Quand c’est l’été en Europe, ils vont travailler en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud ou en Amérique du Sud. J’ai très vite sympathisé avec plusieurs d’entre eux, dont un Italien. Eux aussi étaient très déçus des conditions d’hébergement et de travail. Du coup forcément, les Alpes sont venues très vite dans la conversation. Suivies du Mont-Blanc et de Chamonix. Il n’y a pas beaucoup de choses qui me manquaient de l’Europe après 3 ans de voyage, mais l’une d’elles était les Alpes. Les montagnes des Alpes me manquaient. Alors voilà, devant mes yeux, j’avais un signe gigantesque, qui me soufflait qu’il était peut-être temps de rentrer. Rentrer pour se changer un peu les idées et pour continuer à mieux voyager. Rentrer en France, mais sans vraiment rentrer. Aller à Chamonix, passer une « vraie » saison d’hiver au pied du plus haut sommet européen. Faire du ski, des randonnées et profiter des opportunités photographiques énormes. Juste pour voir, j’ai postulé pour une offre d’Assistante Maître d’hôtel dans un hôtel-restaurant à Chamonix. Je n’y croyais pas vraiment. Le lendemain j’ai reçu une demande d’entretien par Skype et une semaine après j’avais le job. Quand on a des signes si gros devant les yeux, il ne faut pas les rater. Alors voilà, après 15 mois en Australie, j’ai décidé de quitter le pays pour venir passer quelques mois à Chamonix.
Les deux pays sont à voir, les deux pays regorgent d’opportunités. La Nouvelle-Zélande, c’est très beau, montagneux, ça ressemble par endroits à l’Europe, c’est assez sauvage, les oiseaux y sont incroyables, les gens très très sympathiques et puis c’est là qu’a été tourné le Seigneur des Anneaux. L’Australie c’est gigantesque, plus désertique, vous allez passer votre vie sur la route à regarder le même paysage monotone pendant des heures, jusqu’à tomber sur une pépite absolue. La Tasmanie et la Grande Barrière de Corail sont des gemmes à ne pas rater, les oiseaux et mammifères sont superbes, les Australiens sont agréables et les emplois mieux payés qu’en NZ avec un choix un peu plus large. Que ça soit en OZ ou en NZ, le mode de vie est quasiment le même, l’architecture inexistante, la nourriture moyenne et les relations avec les natifs (Aborigènes et Maoris) conflictuelles. Pour moi, les deux pays sont à faire. Beaucoup de gens viennent en Australie avec le PVT et vont passer quelques mois de « vacances » en NZ. Je trouve ça dommage.
Les deux pays méritent six mois, au moins, de voyage. Je commencerais par la NZ puis l’OZ.
De toute façon je pense que l’on vient au mode de vie nomade à la suite d’expériences, avec une volonté de vivre différemment de la norme imposée par la société. Le mode de vie nomade c’est le retour à la simplicité, à l’essentiel, à la nature, à la réalité. C’est très formateur, c’est parfois difficile et c’est un défi permanent. Pour beaucoup de gens et pour la société, le mode de vie nomade est associé à l’insécurité et à la volonté de fuir les règles (pas de maison, pas de boulot stable, pas de cotisation permanente à la retraite, pas de plans pour le futur (mariage, famille), pas de télévision, pas de voiture, pas de collections d’habits et de poissons rouge, etc.).
À trente ans, ta vie est censée, pour beaucoup, être toute tracée avec des plans clairs pour le futur, un investissement dans l’immobilier et / ou dans la bourse, un travail stable dans une compagnie, métro-boulot-dodo, dépenser tout ton argent durement gagné dans l’achat toutes les semaines de dizaines de trucs dont tu as apparemment absolument besoin et une fois par an prendre deux semaines de vacances à Tahiti. Un mode de vie stable et sûr. Sauf que tout ça, c’est faux. Rien n’est jamais sûr. La vie c’est le changement, l’évolution permanente. Le passé n’existe que dans nos souvenirs qui s’altèrent de secondes en secondes et le futur n’existe pas.
Seul le présent existe et l’évolution. Une fois qu’on a compris ça, réellement compris, je pense qu’un mode de vie nomade s’impose de lui-même. Et encore je ne suis pas encore parfaitement nomade. Je ne passe pas encore ma vie sur les routes avec pour seul équipement un sac à dos et mon vélo. Pour l’instant je dirais que je suis semi-nomade. J’ai une collection d’affaires qui constituent mon équipement de nomade, je n’achète que ce dont j’ai absolument besoin, je travaille quelques mois, puis je voyage, je change de pays, je retrouve du travail pendant quelques mois, etc. Je ne sais pas pendant combien de temps je vais réussir à continuer à vivre comme ça ou si je vais un jour devenir parfaitement nomade. Mais toujours est-il que je veux continuer dans cette voie. Pour l’instant me voici à Chamonix Mont-Blanc pour profiter des montagnes, du ski et acquérir un peu plus d’expérience en restauration. Suite à ça, je prévois cinq mois (de mai à Septembre 2019), à travers les Alpes puis en Islande. Après j’aimerais m’envoler pour un an en Écosse pour y travailler et voyager.
Mais on verra comment tout cela va se passer avec le Brexit… Après je ne fais pas de plans. Comme je l’ai dit juste avant, tout change et je suis les signes. Je sais juste que je compte bien, dans un futur proche, aller faire un an de voyage à vélo à travers l’Asie (Java, Laos, Cambodge, Birmanie, Népal, Tibet, Bhoutan, Tadjikistan, Inde, Chine, Mongolie,
Sibérie). Je compte retourner au Japon. Et j’aimerais beaucoup traverser la Scandinavie et l’Amérique du Sud à vélo ou à pied.
On verra ce que l’avenir me réserve !
Un grand merci à Claire pour cette interview et ces belles photos ! Vous pouvez la retrouver sur son blog.
Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.
I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.
Connectez-vous pour pouvoir voter.
Les Guides de pvtistes.net
Nos guides des pvtistes sont disponibles gratuitement au format PDF, pour que vous puissiez les consulter à tout moment, même sans connexion !
(8) Commentaires
Super témoignage sincère et touchant ! Je suis certain que ton récit va inspirer de futurs pvtistes 🙂
Merci beaucoup Mathieu !
Ton témoignage m’a beaucoup touchée, j’ai l’impression de m’y retrouver, ça fait quelques années que je bouge de part et d’autre de la France, pour le travail, pour le plaisir, je « squatte » chez des amis, en échange de bons services, je créée des relations inoubliables du coup. On peut dire que je n’ai pas une situation stable, au grand dam de mes parents haha !
Même si c’est une situation de stress des fois, à savoir si on va trouver de l’argent, où on va vivre etc, petit à petit je change ma façon de voyager, et adopte des pensées différentes, et donc un mode de vie différent, qui finalement, me fait du bien.
Merci pour ton témoignage, et surtout pour ta façon de pensée ! Belle route à toi.
Merci beaucoup pour ton message Pauline. Une très belle route à toi aussi !
C’est beau, je me retrouve dans ta description. Sa renforce mon envie de partir, qui m’est une vocation mais j’ai des blocages au niveau de la langue et l’argent me dis je. Mais je me dis que ce n’est qu’une pensée, qu’une fois sur place je pourrai me débrouiller. Je me donne encore un peu de temps avant de m’élancer et enfin être libre! Merci beaucoup pour se témoignage et Bonne continuation pour la suite.
Bonjour Bourbon ! Oui, comme tu le dis, ne laisse pas l’argent et la langue t’empêcher de voyager. Quand on voyage, on devient débrouillard et il devient relativement simple de trouver des solutions. Lance-toi, n’hésite pas ! Bon courage et bonne chance !
Un des témoignages qui me touche le plus! J’aime beaucoup ta façon de penser, Claire 🙂
La simplicité du présent! Celebrate life!
Merci beaucoup Hafsa ! Cela me fait très plaisir que mon témoignage t’ai touché !
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus