Paul, ingénieur au Québec, nous explique ses démarches

Salut, je m’appelle Paul, j’ai 30 ans et je vis au Québec, à Montréal, depuis 2014.

J’avais envie de vivre l’expérience de l’étranger avant de me lancer dans la vie professionnelle. Je suis venu compléter des études ici, pour l’étranger, mais pour la francophonie malgré tout, et pour l’aspect financier (c’était vraiment moins cher).

J’ai donc fini mes études d’ingénieur, j’en ai commencé des nouvelles, et je travaille maintenant depuis 2 ans et demi en tant qu’ingénieur en conception de structures de bâtiments.

Au Canada, le titre d’ingénieur est réservé, c’est-à-dire qu’il est protégé par un ordre (l’Ordre des Ingénieurs du Québec, OIQ), on peut se dire ingénieur seulement si on est membre de l’Ordre.

Par conséquent, il faut faire reconnaître, en arrivant et si l’on veut travailler ou se présenter comme un ingénieur, son diplôme d’ingénierie par l’Ordre, et faire valider de l’expérience significative en génie (24 mois d’expérience en génie, sous la supervision d’un ingénieur), ainsi que de passer un examen d’éthique qui porte sur les bonnes pratiques du génie et ce que l’ingénieur doit avoir en tête quand il effectue son travail.

L’ensemble de ces démarches est assez rapide si le diplôme d’ingénierie est obtenu au Canada, mais ça peut être plus long si le diplôme reçu à l’étranger n’est pas reconnu.

Long, cher et difficile. Il n’est pas vrai de dire que l’immigration est facile et le processus est éprouvant.

Je ne peux pas vraiment parler du Canada, puisque je vis au Québec. Je dirais que pour le Québec, la plus grande différence est le civisme. Les gens sont – de façon générale – respectueux et moins agressifs.
Crédit photo : @paulmottier

Là encore je ne peux parler que du Québec, mais si tu aimes la bonne bouffe, le plein air, les grands espaces, tu t’y plairas. L’hiver est aussi formidable car on peut réellement en profiter.

Je suis récemment parti en vacances à Terre-Neuve, et je recommande à tous ceux qui veulent se remplir les yeux de paysages grandioses, sans pour autant avoir à se battre pour se frayer une place entre les touristes.

C’est certain que c’est un challenge, pas tellement dans le sens de la distance mais plutôt du décalage horaire. Il faut prendre conscience qu’on ne verra pas la famille chaque fin de semaine et qu’on ne sera pas présent au baptême de machin ou au mariage de machine. On ne rentrera pas à chaque Noël car quand on est chanceux on a 4 semaines de congés et on veut faire autre chose que de dépenser des fortunes dans des billets d’avion qui nous font retourner vers la grisaille et le stress des réunions de famille. C’est un équilibre à trouver, et c’est définitivement plus aisé si la famille nous soutient dans la démarche de vie à l’étranger.
Crédit photo : @paulmottier

Je conseillerais de bien réfléchir. Non pas parce que c’est déplaisant – au contraire – mais certainement parce que l’image qu’on peut se faire de l’émigration est assez différente de la réalité. Il y a des moments géniaux et des moments plus difficiles, des difficultés non prévues. Incluant celles qui vont venir avec le temps : on vit des réalités différentes de notre famille, on regarde les choses d’un point de vue différent et les chemins qu’on prend se séparent nécessairement (plus ou moins, mais nécessairement) de ceux de la famille restée en France mais le gain est immense. Enfin, pour ceux qui décident de franchir le pas, le plus simple pour bien s’intégrer est de s’investir dans la société d’ici – en rejoignant des clubs de sport, d’art, les scouts…

Aujourd’hui, j’attends pour ma résidence. Puis, idéalement la citoyenneté. Le reste, l’avenir nous le dira.
Crédit photo : @paulmottier