Localisation
France
Profession
Enseignante multiculturelle
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Peux-tu te présenter ?
20170620_164845 Je m’appelle Yeliz, j’ai 24 ans et je suis d’origine turque. Je suis arrivée en France à l’âge de 9 ans. Je suis diplômée d’une licence à l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) où j’ai suivi trois cursus en parallèle : LLCER coréen – LLCER turc – Commerce International. Je suis partie une première fois en Corée du Sud en 2014, puis en PVT à Séoul en 2016 pour 11 mois. Durant mon séjour, j’ai eu l’occasion de prendre des cours de coréen au Seoul global Center, de passer mon permis de conduire (je vous en parle dans ce récit) et d’occuper plusieurs jobs. À mon retour en France, j’ai commencé à travailler à l’aéroport Charles de Gaulle en qualité d’Agent Welcome et j’ai aussi ouvert une boutique en ligne via laquelle je vends mes créations et mes pâtisseries. En septembre 2018, je vais reprendre mes études en Master MEEF 1 pour être professeur des écoles.
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Pourquoi avoir choisi la Corée comme destination PVT ?
Après avoir obtenu ma licence, je voulais faire un break avec les études, et l’idée de partir un an en Corée me paraissait évident, voire indispensable pour améliorer mon coréen. D’autant plus que j’avais gagné un billet d’avion aller-retour pour Séoul à l’occasion d’un tirage au sort à l’INALCO. Je ne pouvais pas rater cette opportunité !
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Tu es musulmane et, comme pour beaucoup de musulmans en Corée, tu as rencontré quelques difficultés au niveau de la nourriture. Peux-tu nous en parler ?
Effectivement, c’est l’aspect le plus complexe, même s’il n’est pas insurmontable. Trouver des plats sans viande de porc en Corée est déjà une chose relativement difficile, mais ça l’est d’autant plus de trouver de la viande halal sans avoir à se déplacer dans le quartier arabe d’Itaewon. En ce qui me concerne, je n’ai jamais trouvé de restaurant ou d’épicerie halal en dehors de ce quartier. Bien évidement, qui dit « denrées rares » dit « produits hors de prix ». Donc à moins d’être très aisé, il peut être difficile de manger halal tous les jours… Pour moi, il n’y avait pas trente-six options possibles : soit j’enlevais complètement la viande de mon alimentation, soit j’acceptais de manger de la viande non-halal (hormis la viande de porc évidemment). Mais le vrai soucis, c’est qu’il y a de la gélatine de porc dans tout et n’importe quoi, même dans les choses auxquelles on ne penserait jamais. C’est typiquement l’exemple des plats dits « végétariens », des glaces ou encore des samgak gimbap (onigiri au thon). Du coup, je passais énormément de temps à lire les étiquettes de chaque produits avant de les acheter. 20170318_170327 20170318_165806
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À ce propos, as-tu quelques anecdotes à partager ?
La première anecdote est plutôt rigolote, bien que cela traduise une réelle ignorance. Un jour, alors que je faisais du baby sitting pour deux enfants coréens de 8 ans et 3 ans, la petite fille m’a proposé de manger un hot-dog au moment du repas. Je leur ai alors expliqué que je suis musulmane et que je ne peux pas puisqu’il y a une saucisse de porc dedans. Bien sûr, ils avaient du mal à comprendre. Je voyais la sœur tenter expliquer en coréen à son frère que je devais sûrement y être « allergique ».
Cela signifie bien que ce n’est pas un sujet abordé ni à l’école, ni en famille… 1502476734241 La deuxième anecdote n’est pas vraiment un bon souvenir, puisque je me suis sentie particulièrement mal à l’aise… Avec un ami coréen, nous étions allés manger du bulgogi (viande marinée, généralement du bœuf) dans un restaurant. Au moment de la commande, j’ai demandé à mon ami si c’était bien du bœuf et il m’a affirmé que oui. Le plat de viande crue arrive sur la table et le serveur allume le feu pour débuter la cuisson sous nos yeux. Je commence à avoir des doutes… Bien que je ne mange pas souvent de viande, j’arrive tout de même à reconnaître l’aspect de la viande de porc. J’insiste auprès de mon ami qui me confirme que c’est bien du boeuf. Je fais appeler le serveur pour avoir des précisions. Le serveur nous annonce qu’il s’agit bien de boeuf, mais… mélangé à de la viande de porc ! Je lui ai expliqué que je suis musulmane et que je ne peux pas en manger. Sur le moment, il n’a pas su trop quoi faire et il s’en est suivi quelques longues secondes de malaise. Bien que le plat avait déjà commencé à cuire, on a proposé de régler la note et de partir. À cette heure-ci, le restaurant était particulièrement rempli et j’ai ressenti une énorme gêne, j’ai eu l’impression d’être dévisagée par tout ce petit monde. Ce n’était peut-être pas le cas, mais l’atmosphère était soudain devenue très pesante. La propriétaire n’a pas accepté que l’on paye le plat et nous sommes donc sortis, tout penauds, sous le regard des autres clients interloqués… Snapchat-7547000184615876200
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Dirais-tu qu’il existe une forme de discrimination envers les femmes musulmanes en Corée ?
Je ne pense pas. Et s’il y en a, ce n’est pas nécessairement lié au pays en lui-même. Personnellement, en tant que femme musulmane (qui ne porte pas le voile) en Corée, je n’ai pas ressenti de discrimination à mon égard. Les quelques musulmanes avec qui j’en ai parlé n’ont pas non plus eu l’air de s’en plaindre. 20161112_223744 Néanmoins, le port du voile peut être un élément de discrimination, simplement parce qu’il marque une différence visible (ce qui peut aussi être le cas en France). Ça peut même devenir un frein pour certains Coréens qui n’oseront pas faire le premier pas ou qui ne sauront pas quel comportement adopter. Mais je mets ça sur le compte de l’ignorance et la peur de l’inconnu.
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Durant ton PVT, tu as eu des expériences professionnelles très variées. Peux-tu nous parler de ton job d’enseignante multiculturelle ?
En effet ! Ce séjour en PVT m’a permis d’occuper différents postes et de pratiquer (et améliorer) plusieurs langues. En plus de mon job d’enseignante multiculturelle, j’ai aussi été tutrice de français et de turc, baby sitter (anglais) et serveuse (coréen). Le programme d’enseignement multiculturel (Gyeonggi) se déroulait sur des cycles de 6 semaines de cours destinés aux élèves d’écoles maternelles coréennes. Le but étant de familiariser les enfants coréens aux différentes cultures du monde de manière ludique dès leur plus jeune âge. 32501206_10156048648519504_2086384873471213568_n Chaque enseignant se voyait attribuer un certain nombre d’écoles à visiter pendant six semaines durant lesquelles il devait présenter son pays d’origine via différentes activités. Seule la langue du pays pouvait être utilisée durant les interventions (donc pas d’utilisation du coréen ou de l’anglais). Pour se faire, il fallait au préalable préparer du matériel de cours pour capter l’attention des enfants et être capable de se faire comprendre malgré la barrière de la langue (images, musiques, danses, comptines, jeux…). Après les six semaines, d’autres écoles étaient attribuées aux enseignants et un nouveau cycle de six semaines commençait avec de nouveaux élèves. 20170429_215357 Pour ma part j’enseignais la culture turque et c’était incroyable de voir des enfants coréens chanter en choeur des chansons entièrement en turc au bout de deux ou trois semaines ! C’est une belle expérience qui m’a beaucoup marquée.
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Comment s’est passée ton insertion professionnelle ?
Pour ma part, j’ai eu de très bonnes expériences. Lorsque je travaillais comme enseignante multiculturelle, mes collègues provenaient des quatre coins du monde, donc il n’y a jamais eu aucun problème de ce côté-là. Nos patrons et les autres employés étaient des Coréens entre 40 et 50 ans et ils étaient tous très à l’écoute. Notamment concernant les régimes alimentaires de chacun. Ils faisaient toujours très attention lorsqu’ils commandaient le déjeuner. Pendant le mois du ramadan, je me souviens qu’ils étaient toujours inquiets de me voir jeûner et qu’ils me demandaient sans arrêt si ça se passait bien. J’ai aussi travaillé dans un restaurant vietnamien tenu par des Canadiens d’origines vietnamienne et chinoise. Mes collègues étaient d’origines variées et il y avait aussi des Coréens. Pendant les hoesik (sorties après le travail), ils ont toujours été compréhensifs pour le choix des restaurants bien que j’étais la seule à ne pas manger de viande de porc.
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Pour finir, quels conseils donnerais-tu aux pvtistes musulmans qui souhaitent se rendre en Corée du Sud ?
En voici quatre :
  • Apprenez à parler et lire le coréen, ne serait-ce que certains mots spécifiques concernant la nourriture.
  • Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit et vérifiez toujours vous-même la composition des produits.
  • Ne soyez pas trop susceptible. Ne le prenez pas mal quand un Coréen vient vous poser des questions sur les préférences religieuses. En général, ils ne savent pas comment s’y prendre et ça peut parfois porter à confusion.
  • Renseignez-vous correctement avant de réserver une chambre car bien souvent les guesthouses, les goshiwon et les shared houses sont des lieux mixtes.

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L’équipe de pvtistes.net te remercie pour ton témoignage et te souhaite bon courage dans la poursuite de tes études !

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Nunaya

Youtubeuse de 2014 à 2021 et rédactrice web "Asie" depuis 2016. Passionnée par l'Asie depuis de nombreuses années, je suis partie en PVT à Tokyo et à Séoul où je suis finalement restée 3 ans et demi.
Je partage mes expériences et mes passions sur ma chaîne Youtube NUNAYA WORLD.

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(4) Commentaires

Morgane I |

J’attendais avec impatience un nouveau témoignage sur la Corée du Sud !

Julie I |

Il y a en a d’autres à venir très prochainement 🙂

Julie I |

Super témoignage, merci beaucoup Yeliz !!!

Ignace duclair I |

super témoignage merci beaucoup