Article publié le 21-06-2018.
À lire : un recueil d’entretiens de pvtistes partageant avec vous leurs expériences et leurs états d’âme. Plus d'infos...
Votre expérience nous intéresse ! Partagez-la avec les autres PVTistes en remplissant ce formulaire.
Bonjour, peux-tu te présenter brièvement ?

J’ai récemment réalisé que je ne souhaitais pas entrer tout de suite dans la vie active (en rapport avec mes diplômes) et je pense à me lancer en tant que circassienne (arts du cirque).
En 2012-2013, tu es donc partie en échange dans un lycée à Songtan via le Rotary Club. Pourquoi avoir choisi la Corée du Sud ?

Finale européenne du Cover Dance Festival en Espagne :
Grande finale du Cover Dance Festival en Corée :
C’est lors de ce séjour que j’ai véritablement découvert la Corée du Sud. Dès mon retour, j’ai immédiatement postulé pour le programme d’échange du Rotary Club auprès de mon établissement. Je voulais absolument en savoir plus sur ce pays qui m’avait tapé dans l’œil au premier regard.
Comment s’est passée la sélection de ton dossier auprès du Rotary Club ?

Une fois que vous aurez été sélectionné, vous devrez ensuite choisir trois pays classés par ordre de préférence. J’avais personnellement choisi la Corée du Sud, le Japon, et Taiwan. Mais en 2012 personne (ou presque) ne s’intéressait encore à la Corée. Ça a donc été très facile pour moi de trouver une place dans mon futur pays d’accueil. Attention cependant, il s’agit bien d’un "échange". Votre famille doit donc être apte à accueillir un étudiant du pays de destination en retour pendant une durée de 3-4 mois.
Peux-tu nous décrire ta toute première journée de cours dans un lycée coréen ?

Je m’étais maquillée, j’avais mis de jolis bijoux, et dès 7 h 30, ma prof principale était venue me voir pour me faire comprendre qu’une telle mise en beauté n’était pas nécessaire dans cet établissement...
Les filles de ma classe étaient extrêmement contentes de mon arrivée et voulaient toutes s’asseoir à côté de moi. Elles avaient même été jusqu’à mettre en place un planning afin qu’il y ait un tournus des places !
Pendant la première pause, j’avais suivi une étudiante coréenne, Sujin, qui me baladait dans tout le lycée en me tenant par la main pour me présenter à tout le monde. Je me souviens que des garçons jouaient au foot dans le couloir et que l’un deux avait cassé une canalisation avec le ballon. Tout le couloir avait alors été inondé. Comme je ne parlais pas coréen, j’étais restée collée à Sujin qui m’avait mise très en retard à mon cours. Résultat : je m’étais retrouvée punie, devant toute la classe, comme dans les dramas, à devoir lever les bras en l’air pendant que la prof me faisait la morale (et que je ne comprenais rien, évidemment).
Tout ça, le premier jour ! On peut dire que mon arrivée dans ce lycée a été très remarquée.
À quoi ressemblait ton emploi du temps ? Une journée type ?

Comme j’avais mon bac, je n’étais pas tenue de participer aux examens, mais seulement d’être présente en cours. Étant prévoyante, j’avais acheté des livres pour apprendre le coréen, et tous les jours j’étudiais seule pendant 3-4 heures sur mon pupitre. Quand je n’étudiais pas, je lisais, et je participais tout de même aux cours d’anglais, de japonais et d’arts plastiques. Si je restais sans rien faire, je me faisais remonter les bretelles !
Toutes les 50 minutes, il y avait une pause, et vers midi c’était l’heure du repas. Il y avait une file pour les filles et une autre pour les garçons. Quand j’ai vu le temps que ça prenait chez les filles, je suis vite allée dans la queue des garçons. Je ne pouvais jamais passer à côté de leurs regards à la fois surpris, émerveillés et curieux. J’étais "l’étrangère européenne du lycée".
Pendant les trois premiers mois, je devais me rendre tous les après-midis à l’université d’Anyang pour y suivre des cours de coréen. Là-bas, j’y retrouvais tous les autres étudiants d’échange du district. À la fin de ces trois-mois, nous devions aller à la bibliothèque pour étudier seuls. Mais, livrés à nous-mêmes, nous passions plus de temps à discuter et à regarder des films tous ensemble. Avec moi, il y avait : un français, une américaine, un mexicain, un brésilien et une japonaise.
Nous devions entrer chez nous tous les jours vers 16 h, pendant que les étudiants coréens, eux, se dirigeaient vers les hagwon (établissements privés scolaires) pour quelques heures d’études en plus.
Durant ton séjour, quels ont été tes rapports avec les autres étudiants coréens et avec tes professeurs ?

Ça valait aussi pour les autres étudiants en échange au lycée. Nous étions constamment observés, épiés, admirés. Un peu comme le groupe populaire que l’on peut voir dans les séries américaines. Je vivais exactement ça ! Même les professeurs me saluaient dès lors que je passais à proximité.
Un jour, le professeur de hanja (écriture coréenne) m’avait salué d’un « hello » en me faisant un signe de la main. Je lui avais instinctivement rendu son salut de la même façon. Sauf que… il s’était arrêté et m’avait demandé de m’incliner respectueusement pour le saluer, à la coréenne. Je crois que ça a été ma plus grosse honte, avec la fois où je m’étais endormie sur mon pupitre et qu’il m’avait tapé dessus pour me réveiller.
Globalement, je me suis très bien intégrée, mais c’est parce que je l’ai voulu et que j’ai fait énormément d’efforts pour que ce soit possible. Ça n’a pas été le cas pour tous les autres étudiants en échange...
Je garde un très bon souvenir de cette année passée dans ce lycée. Et quand je reviens en Corée, j’y fais toujours un crochet. Même si, aujourd’hui, je n’y connais plus personne car tous mes amis coréens sont à présent étudiants à l’université.
Tu as vécu dans une famille d’accueil coréenne, ce qui n’est pas une pratique très courante en Corée. Quels genres de liens entretenais-tu avec la famille ?

Ma première famille était vraiment géniale. Ils ont tout fait pour que je me sente bien et comme chez moi. Il me tardait de bien parler coréen pour communiquer correctement avec eux. Je ne cache pas que les premiers mois ont été très difficiles pour comprendre et me faire comprendre, mais j’ai très vite appris. Ils m’emmenaient souvent au restaurant, visiter des temples, ou assister à des festivals pour que je découvre leur culture. Nous avons passé Chuseok (la fête des récoltes) ensemble avec toute la famille et j’ai appris à cuisiner avec la grand-mère. C’était devenu ma famille. Je les appelais « Omma » (maman) et « Appa » (papa). Et lorsqu’ils parlaient de moi à quelqu’un, ils disaient toujours « ouri ttal » (notre fille).
Quand j’ai changé de famille, ça n’a pas été facile. Heureusement, je ne suis pas quelqu’un de compliquée et je me suis vite adaptée. Ma seconde famille d’accueil était très riche et avait un immense appartement près de Suwon. Ma maman d’accueil, même si elle était "sympathique", tenait ses distances et restait froide tout en se mêlant d’absolument tout. J’ai tout de suite senti qu’elle m’accueillait parce qu’elle n’avait pas le choix, puisque ses enfants étaient eux-aussi partis en échange avec le Rotary Club. Son mari, m’insupportait par son machisme et posait constamment son verre d’eau à côté de moi pour que j’aille le lui remplir !
As-tu gardé contact avec eux depuis ?

Concernant ma deuxième famille, vous vous en doutez, je n’ai gardé aucun contact avec eux car je n’ai jamais réussi à établir de véritables liens.
As-tu vécu des moments particulièrement difficiles ?

Un jour, alors que la grand-mère, la mère et moi-même étions attablées, le père dînait tout seul devant la télé sur le canapé. Ça m’avait déjà un peu choquée. Une fois son repas fini, il s’était levé et avait posé son bol vide et ses baguettes sur la table à côté de moi. Il aurait pu faire 4 pas de plus pour tout déposer dans l’évier, mais non !
De plus, le fait de me faire dévisager tous les jours, prendre en photo dans la rue et observée par les ajussis (hommes d’un certain âge) avait fini par me fatiguer. On dit qu’on s’habitue à ce genre de choses, mais je ne m’y suis jamais faite !
Mais ce ne sont que des détails très surmontables. En réalité, les seuls vrais moments de tension que j’ai eus étaient directement liés au Rotary Club de Songtan (celui qui m’accueillait). Les règles imposées changeaient selon le pays. À Songtan ils avaient décidé que nous devions tous prendre des cours de Taekwondo une fois par semaine. J’adorais l’idée et je me donnais à fond, jusqu’au jour où je m’étais fait une entorse. Étant danseuse, je sais reconnaître une blessure et je sais m’arrêter quand il le faut. Le problème c’est que la présidente du club en avait décidé autrement. Elle allait jusqu’à me menacer de me donner des « cartons jaunes » si je ne m’y rendais pas. Elle parlait même de me renvoyer en France ! J’ai réussi à lui tenir tête. Les autres étudiants et moi lui avions d’ailleurs trouvé un petit surnom : le Führer.
Si vous voulez participer au programme du Rotary Club sachez qu’il existe quatre règles internationales appelées les 4D’s : No drink, No drive, No date, No drug. Interdiction également de se faire tatouer ou d’aller en boîte, et couvre-feu à 22 h. Pour le reste, cela dépendait des règles propres à chaque famille d'accueil. Bien évidemment, le crédo de tous les étudiants en échange est d’en briser un maximum...
Le comble, c’est que ma (première) famille d’accueil me poussait à aller m’amuser en boîte, à sortir avec un Coréen et même à me faire un piercing ! Quand je vous dis que c’était la meilleure famille au monde, je ne blague pas.
Revenons à ta passion pour la danse. Tu danses depuis plusieurs années (modern jazz, classique, pole dance) et tu continues de réaliser des Dance Cover K-pop sur ta chaîne YouTube. As-tu eu l’occasion de pratiquer cette discipline en Corée ?

Entraînement au studio de danse :
Parallèlement à ça, j’ai cherché à auditionner pour un maximum d’agences d’idols. J’ai notamment participé à la Global Cube Audition, j’ai tenté de postuler chez TS et j’ai auditionné pour YG. J’ai très vite déchanté en voyant le regard des jurés chaque fois qu’ils voyaient une petite blanche entrer dans la pièce…
J’ai eu la joie d’être sélectionnée pour danser lors du festival du lycée où j’ai présenté un petit mix K-pop avec les morceaux du moment. Je me souviens avoir eu droit à un accueil incroyable de la part de toute l’école. Ça reste, aujourd’hui encore, l’un de mes meilleurs souvenirs scénique.
Tu as eu la chance de réaliser un rêve en dansant aux côtés de ton idole, Hyuna (chanteuse de K-pop très sexy), à la TV coréenne. Peux-tu nous raconter cette expérience incroyable ?

J’appréhendais vraiment beaucoup le fait de devoir parler coréen à la télé et d’être sur un plateau pour faire autre chose que danser. Très vite, j’avais été contactée par une employée de MBC qui m’avait posé un tas de questions. Quand elle m’avait demandé si je connaissais la chorégraphie de « Whatcha doin today ? » j’avais répondu "oui". Alors qu’en réalité, je ne la connaissais pas du tout ! Je n’ai pas eu d’autre choix que de l’apprendre en une soirée…
Magdalena et Hyuna sur le plateau de l’émission Star Gazing MBC :
Quand je me suis retrouvée sur scène avec Hyuna (4Minutes) c’était absolument incroyable ! Mais je ne cache pas que j’ai tout de même été un peu déçue. Alors que moi j’étais à fond, elle ne faisait que marquer les mouvements sans réellement danser.
Magdalena est interviewée en coréen pour l’émission Star Gazing MBC :
On a échangé quelques mots, un câlin et une petite chorégraphie. En coulisse, nous avons pris une photo toutes ensemble puis j’ai pris quelques selfies avec elle. Elle est vraiment adorable et toujours heureuse de rencontrer ses fans.
Quels sont, d’après toi, les critères de réussite pour être danseuse en Corée ? Y-a-t-il des opportunités pour les étrangèr(e)s dans ce domaine ?

Je pense que si je devais me lancer maintenant, c’est ce que je ferais. Je me spécialiserais dans un art spécifique pour me faire booker dans le plus de soirées et évènements possible. Pour moi, la réussite vient par la spécialisation.
Quels sont tes projets avec la Corée aujourd’hui ?

Je souhaite à nouveau voyager en Corée. À plus long terme, j’aimerai essayer de m’y produire en tant que "circassienne". Quand j’aurais plus d’entraînement en cerceau aérien et quelques chorégraphies à mon actif, j’aimerais tenter quelque chose là-bas. Je vais d’abord voir ce que ça donne en France et en Europe et surtout terminer mes études avant de me lancer corps et âme dans cette nouvelle aventure. C’est un projet (et un rêve) auquel je pense beaucoup ces derniers temps.
As-tu un conseil à adresser aux filles qui rêvent de la Corée et voudraient se lancer dans une carrière artistique ?

Retrouvez Magdalena sur les réseaux sociaux :
Commentaires Facebook
Partagez cet article avec vos amis ou bien posez vos questions.