Juliette : salsa, expérience chamanique et rencontres en PVT Colombie
Juliette a vécu un PVT en Colombie qui l’a profondément transformée : entre participation au Carnaval Mondial de la Salsa, expérience chamanique, volontariat, rencontres et voyages, elle nous raconte son incroyable expérience.
Passionnée depuis toujours par les « grandes questions » sur l’homme et le monde, j’ai suivi une formation en Philosophie à la Sorbonne. Durant ces 5 ans, le nez plongé dans les livres, je rêvais de partir vivre un an à l’étranger, notamment en Espagne… Mais j’avais peur de laisser tomber mes études durant mon séjour. En même temps, il y avait fort à parier qu’en Espagne, j’aurais vite abandonné la raison pure pour la pratique de la sangria ! Mon master de recherche en poche, je me suis professionnalisée et spécialisée en Ethique environnementale et sociale et j’ai commencé à travailler dans le monde de l’éducation et de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire). Malgré la richesse des expériences, au bout d’un moment, plus grande chose ne m’inspirait à part l’idée de réaliser ce voyage…
Mais par où commencer ? Où aller ?
Mon « premier pas » a été de commencer un travail en restauration qui me permettait de mettre de l’argent de côté et de garder du temps pour organiser mon voyage.
Pour partir à l’étranger, même à 28 ans, de nombreux programmes sont possibles et je me sentais un peu perdue… Je me suis donc rendue au CIDJ (Centre d’Information et de Documentation Jeunesse) pour en parler avec une conseillère, qui m’a orientée vers un PVT.
Ensuite, la richesse culturelle du pays : la langue, la danse, la musique, les fêtes modernes et traditionnelles, l’art, la civilisation précolombienne… Tant de choses à apprendre ! J’avais vraiment envie de découvrir une culture différente, non occidentale (du moins dans ses racines). Je souhaitais aussi comprendre mieux l’Histoire complexe et dramatique de la Colombie et sa transformation actuelle incroyable. Enfin, la nature… La mer des Caraïbes, le désert, les montagnes et surtout la forêt ! Je voyais des paysages magnifiques et variés sur Google que je brûlais de découvrir. En plus, cela semblait facilement accessible en bus et pas cher.
Et puis une part d’intuition aussi… Une curiosité et une envie qui ne s’expliquent pas, qui demandent juste à être suivies !
J’ai donc proposé à une amie péruvienne qu’on discute en espagnol de mon projet de voyage quelques mois avant mon départ. Mais je sentais que ce ne serait pas suffisant pour entrer vraiment en contact avec les gens et la culture, ce qui était très important pour moi. De plus, je n’avais pas encore de projet défini à l’arrivée et je voulais avoir un cadre pour faciliter le début de mon voyage. Coraline, une amie pvtiste, m’a donc conseillé de m’inscrire à l’école d’espagnol Nueva Lengua et ce fut une des meilleures expériences de mon voyage ! Je suis rentrée à l’école quelques jours après mon arrivée à Bogota. J’avais cours le matin (grammaire, conjugaison, etc. Mais aussi découverte de la culture colombienne), et des activités l’après-midi : danse, foot, visites de Bogota et alentours. Je me suis fait de vraies amies là-bas, c’est devenu une petite famille pour moi ! En rentrant en France, je me suis rapidement décidée à passer un diplôme d’Etat, le DELE (Diplôme d’Espagnol comme Langue Étrangère) pour certifier mes compétences. Une professeure et amie de Nueva Lengua, Andrea, m’a aidée via Skype.
Ce n’est pas évident de connaître son niveau car il y a une vraie différence entre des compétences académiques et des compétences informelles… Or le diplôme coûte 150 euros donc il vaut mieux être 100 % sûr de l’avoir !
J’ai passé le niveau B2, que j’ai obtenu, c’est le niveau requis pour étudier dans les grandes écoles ou travailler pour les institutions internationales, il certifie la maîtrise courante de la langue tant au niveau oral qu’écrit.
J’ai eu beaucoup de chance pour mon arrivée : Christian, un ami d’ami franco-colombien m’avait très gentiment proposé de me laisser gracieusement sa chambre durant 3 semaines.
L’appartement était situé à Las Rosales, un quartier parfait pour arriver – un peu cher mais très tranquille, qui se trouvait à 15 minutes à pied de mon école !
Après, je suis restée dans une auberge de jeunesse pas chère, puis j’ai trouvé une chambre via mon école chez un couple de retraités super sympa, on faisait des bons dîners ensemble !
Je passais la plupart de mes matinées en cours et mes après-midi en activité avec des amis de l’école ou à visiter la ville seule… Les week-ends, place à la découverte des villes et paysages naturels aux alentours de Bogota et à la fête !
J’avais économisé assez pour ne pas travailler tout de suite, par contre j’avais prévu d’effectuer un volontariat en parallèle de l’école, dans une fondation pour l’environnement. Le projet : au sein d’une équipe pluridisciplinaire, sensibiliser les Bogotanais aux écosystèmes des Cerros (montagnes autour de Bogota) et à ses habitants. Je suis allée sur le terrain dans les montagnes et j’ai participé à la première réunion, c’était vraiment intéressant mais je me sentais dépassée… En terme de niveau de langue, d’engagement, de connaissance du territoire, c’était trop pour moi à l’arrivée. Je voulais respirer, profiter tranquillement du début du voyage et laisser les portes ouvertes. J’ai donc remis ce projet à plus tard. Au départ pour les rencontres, j’en ai fait beaucoup via l’école, principalement des étrangers mais certains étaient venus pour rejoindre des ami(e)s ou fiancé(e)s colombiens, les profs, colombiens, sont devenus des amis aussi, et enfin j’ai rencontré « mi novio colombiano » (mon petit copain colombien), Juan, la deuxième semaine de mon arrivée, par hasard total dans un bar. Pour me draguer, il m’a dit qu’il était grec et je l’ai cru. Plus que ça, j’étais fascinée à l’idée qu’il puisse me concocter une petite Moussaka ! On est restés ensemble durant tout le voyage, je vivais l’aventure seule mais on se retrouvait par moments et on se parlait au téléphone…
Me voilà partie dans les auberges de jeunesse et clubs de la ville en mode « radar à salseros » à demander : « Euhhh salut, on ne se connaît pas mais tu voudrais danser avec moi pour le Carnaval ? » Je devais éviter les malentendus aussi… Vous voyez ce que je veux dire ? Finalement, bingo ! J’ai trouvé un partenaire super, Andres, qui est devenu aussi mon ami et nous avons vécu toute cette aventure ensemble ! L’audition réussie, ce fut 3 mois de préparation intense accompagnés par la directrice de l’école et les professeurs avec des shows dans les clubs de salsa les plus connus de la ville, notamment la Topa Tolondra et Tin Tin deo.
https://pvtistes.net/wp-content/uploads/2018/11/Video.Répétition.mp4 Et le jour J, le 25 décembre, c’était parti pour danser et défiler en costume au sein du plus grand Carnaval de salsa au monde ! Je ne pouvais pas espérer meilleur Noël, d’autant que mon groupe était simplement génial. Ce fut une aventure inoubliable et folle !
J’ai commencé par San Augustin, petite ville où l’on peut voir de nombreux restes de la civilisation précolombienne (statues, tombes, etc.).
Puis Mocoa, dans la région du Putumayo, réputée pour ses cascades naturelles et sa population indigène. J’ai dormi à l’auberge Casa del Rio, tenue par une famille adorable et surtout par le fils, Richard, qui est une personne extraordinaire que j’affectionne beaucoup et qui a déjà vécu 1 000 vies intérieures. Lors d’une discussion autour des pratiques de médecines traditionnelles et chamaniques dans la région, j’ai demandé si on pouvait m’amener à un chamane pour qu’il m’aide à soigner ma peau (j’avais déjà effectué deux traitements dermatologiques sans succès). J’ai suivi un des entremetteurs en moto qui m’a amenée à la petite maison de Carlos, à l’entrée de la forêt. Occupé à remuer la terre, il m’a dit de revenir le soir même pour être examinée durant la nuit, pendant qu’il ferait son rituel du Yagé (plus connu sous le nom d’Ayahuasca). J’ai eu vraiment peur ce jour-là d’y aller car c’était la première fois que j’allais voir un médecin traditionnel de ce type, et puis j’avais entendu parler de la plante et de ses pouvoirs hallucinogènes puissants… Mais bon, je me suis calmée en me disant que j’allais juste me faire examiner, et que c’était belle expérience à ne pas rater ! Carlos m’a appelée au beau milieu de la nuit quand tous étaient sous l’action de la plante, il m’a examinée rapidement, a prononcé des mots bizarres, m’a soufflé dessus, m’a éventée avec un amas de feuilles séchées puis m’a fait le signe de repartir me coucher.
Le matin, il m’a recommandé des bains de plantes spécifiques à faire sécher sur le corps. Comme je venais tous les jours chez lui pour le faire, il m’a proposé de rester là à vivre avec lui gracieusement et deux autres visiteurs (venus eux pour le « Yagé »).
C’était vraiment unique de me réveiller dans ce cadre naturel, de vivre de manière ultra simple, et de prendre le temps pour tout. J’ai l’image gravée du visage de Carlos le chaman, ou « Taita » comme on dit là-bas, en train de siffler en pelant les fruits avec une dextérité et un calme incroyable. « Tranquilo no mas » c’était son credo. On est devenu amis et on a même participé au carnaval indigène de la ville ensemble (j’étais coiffée d’une couronne à plumes avec des colliers de graines, « Ugh ! »).
Finalement, le contexte me donnant confiance, sans que personne ne m’oblige à rien, j’ai décidé d’essayer de prendre cette plante, le Yagé, et ce fut une très belle découverte pour moi, que je chéris encore chaque jour.
Cette découverte a marqué un vrai tournant dans ma vie : d’abord spirituel, mais aussi très concret, dans ma manière de m’alimenter, de consommer, d’envisager mon rapport à moi-même et aux autres au quotidien. J’étais déjà sensible à ça mais ça m’a ouvert davantage le cœur. En revenant à Bogota après cette aventure, j’avais l’impression de revenir d’un autre monde.
Pourtant, petit à petit, sur place, je me suis dit que ce dont j’avais vraiment besoin, c’était de faire ce qui me plaisait, tout simplement, même si c’était sans aucun rapport avec mon métier. M’autoriser à tester, me tromper ou avoir de belles surprises, vivre les aventures qui s’offraient à moi au gré des rencontres… Bref, éviter de rentrer dans une « logique professionnelle » trop limitante. J’ai donc opté pour la formule des volontariats.
L’avantage c’était de pouvoir tester différentes choses, être encouragée à en développer, et surtout pouvoir changer de ville quand je voulais ! J’ai effectué beaucoup de volontariats dans des auberges de jeunesse pour me permettre de ne pas payer le coucher ni le petit déjeuner (voire tous les repas à la campagne). J’ai appris, entre autres, à accueillir et orienter les touristes, gérer les réservations, manager des volontaires, parler 3 langues à la fois (espagnol – anglais – français), donner des cours de salsa (même à des Colombiens !), monter à cheval, contempler les montagnes dans un hamac, etc. Ça c’est pour les avantages. Les désavantages du volontariat, c’est que parfois les gérants d’auberges ou autres profitent de la motivation des jeunes pour les exploiter, et j’ai vu de vrais abus ! La moyenne c’est environ 5 jours de travail par semaine, avec 2 jours de pause. Ensuite, c’est l’angoisse qui monte petit à petit de ne plus avoir d’argent et de devoir rentrer plus vite que prévu. Du coup, parfois on se restreint un peu trop en activités « extraordinaires » qui peuvent vite coûter cher. Mais je pense que c’est dommage car, en voyageant, on apprend vite que l’argent ça se trouve ou que ça ne conditionne pas tout. J’ai effectué un trek de 3 jours avec Paramo Trek dans le Parc Naturel de « Los Nevados » pour aller voir le volcan « Nevado del Ruiz ». Ça m’a coûté 600.000 pesos (168 euros) soit l’équivalent de 1 mois pour moi en Colombie en étant en volontariat, mais je ne regrette pas une seule seconde, c’était génial !
J’en ai plein d’autres… Deux semaines de pure folie à Carthagène à terminer à danser la « Champetta » dans la rue avec des prostituées sous la pluie. Là-bas, j’ai bu pour la première fois l’alcool colombien par excellence : l’Aguardiente, et ça m’a coûté très cher ! 😉 La « Fête des empanadas » à Rio Negro (province de Medellin) avec une amie rencontrée tout juste une semaine avant, dans la pure tradition Antioqueña. Avoir vécu « el Dia de la velitas » le 8 décembre, fête nationale en Colombie aux saveurs de Noël, avec mon copain et sa famille.
Planter des milliers d’arbres dans les montagnes de Bogota lors d’une opération verte, faire du cheval à l’arrache seule avec un éleveur de vaches dans les campagnes de San Augustin, voir le groupe de salsa « Niche » jouer « gotas de lluvia » (gouttes de pluie) sous la pluie, etc. La plupart du temps c’était des choses totalement improvisées, arrivées par surprise, attrapées au vol. J’ai appris ça en voyage : un « moment » n’arrive qu’une fois, par définition. Il est donc unique, alors quand on hésite mais qu’on sent qu’il faut y aller, que ça va être bien, même si on est fatigué, qu’on ne connaît pas les gens, etc. il faut avoir le courage de quitter sa peur et monter dans le train… C’est là que commence vraiment le voyage ! Parce qu’on peut voyager sans jamais quitter sa zone de confort… J’en ai vu plein des voyageurs comme ça ! Comme des escargots, ils se baladent partout mais finalement transportent toujours la même maison avec eux (perceptions, manière de vivre, peurs, etc.). Ce qui m’a plu, c’est quand j’ai réussi à tout chambouler, à perdre mes repères… C’était super excitant et, paradoxalement, l’inconnu m’a rapprochée à chaque fois plus de moi.
J’ai eu un moment assez dur aussi à Cali car j’étais fatiguée avec les répétitions constantes et le fait de vivre au quotidien durant 3 mois ½ dans une chambre de volontaires avec un couple à côté, des affaires volées…
Avant de partir ou durant le voyage, quand les gens me demandaient « … et après ? », ça avait le don de m’agacer (pour rester polie). Comme s’il fallait toujours avoir tout planifié alors, qu’au contraire, je m’ouvrais à l’inconnu ! Ô toi PVTiste, je sais que tu me comprendras… La tendance, c’était quand même de vouloir changer mon billet de retour (acheté au départ pour obtenir le PVT), pour rester plus longtemps.
Mais voilà, plus un rond et une invasion de boutons !
C’était aussi la fin d’un cycle… Si je restais, je devais trouver du boulot et j’avais peur que cela me conduise à revenir d’ici trop de temps par rapport à ma famille notamment.
J’ai donc décidé de garder le billet de retour et de rentrer. La perspective ne m’enchantait pas du tout, surtout que j’avais laissé mon appart en partant, donc le retour était prévu chez les parents ! Ce fut très difficile au départ, plus sur l’aspect intérieur, avec moi-même, que sur le manque de la Colombie (ça, c’est venu plus tard). Je reprenais en pleine face les raisons pour lesquelles j’avais quitté la France. Et puis, il fallait vite trouver du travail, être productif, se vendre… C’était tout un rapport au monde qui changeait à nouveau… En Colombie, en voyageant, j’avais découvert aussi un autre temps, moins stressant, un autre rapport à ce que tu es : non pas simplement par ton travail mais par ce que tu aimes faire, les villes ou pays où tu es allée, ta manière d’être. Mais finalement, ce retour a été très enrichissant : j’ai plus appris sur moi, je crois, que durant le voyage, c’est vous dire ! J’applique aussi mes réflexes de voyageuse ici : par exemple, pour mes 30 ans, je suis montée en haut de la Tour Eiffel, ce que je n’avais jamais fait avant parce que la hauteur m’impressionnait.
Merci Juliette d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et partager ton expérience de PVT en Colombie ! 🙂
Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.
I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.
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