C’est assez impressionnant de s’imaginer que tu réalises des courts-métrages en langue locale et que tu diriges une équipe de professionnels tout en coréen. Il faut avoir un sacré cran ! Comment as-tu appris la langue ?
Il y a quelques années, ma mère disait que j’étais folle ! Je me souviens qu’elle ne comprenait pas ce que je pouvais bien avoir à faire dans un pays si lointain, surtout pour le cinéma « alors que la France… ». Mais un jour, elle m’a entendue parler coréen à des amis, elle s’est tournée vers moi d’un air hébété et m’a dit « Ah ouais, quand même tu le parles, quoi ».
Le coréen, j’ai rechigné à l’apprendre au début. À l’époque, je commençais à peine à me débrouiller en anglais, alors… J’étais venue en Corée pour la première fois en 2007, et malgré deux autres voyages, ce n’est qu’en 2009 que je me suis décidée. Il faut dire que j’y avais aussi été poussée par mon ex copain coréen de l’époque, avec qui il fallait entretenir une relation longue-distance. J’ai donc commencé par apprendre toute seule le hangeul (alphabet coréen), puis des phrases toutes faites que je répétais sans arrêt… Ensuite, je me suis inscrite au Centre Culturel coréen de Paris, où je suivais 2 h de cours par semaine. Puis, c’est en PVT en 2012, quand je me suis plongée dans des cours intensifs et immergée dans des activités avec des Coréens, que ma langue s’est déliée. De retour en France aussi, je continuais de pratiquer avec des amis coréens sur place.
Il y a 3 ans, j’ai obtenu le niveau 3 au TOPIK et depuis j’ai passé le niveau 4 à l’université. Le niveau oral et le niveau grammatical peuvent être différents. Je connais des personnes du niveau TOPIK 6 qui parlent encore avec un accent étranger à couper au couteau…
Mais moi, il me manque beaucoup de vocabulaire en dehors de mes domaines de prédilection (cinéma, art, culture). Je serais incapable de parler de politique en coréen… Donc cette année, j’envisage de booster mes acquis, d’élargir ma grammaire et mon vocabulaire.
Ce qui m’a le plus aidée dans l’apprentissage de cette langue, ce sont mes petits carnets que j’emportais partout et où je notais tous les mots nouveaux, les expressions fun que j’entendais autour de moi, et je les répétais seule pour les réutiliser ensuite. Ce qui fait que je me souviens dans quel contexte j’ai appris certains mots, ça fait partie de mon petit historique mental.
(4) Commentaires
Coucou Salomé,
Je suis impressionnée par la détermination évidente que tu as eu à poursuivre ton rêve. Je suis très heureuse que tu y arrives et que tu te battes tous les jours pour cela.
Le choix du pays ne me choque pas plus que ça, c’est vrai qu’on n’a pas tellement tendance à regarder des films réalisés en Asie car le cinéma américain et canadien ont pris le pas sur les autres, mais quand on se donne la peine, il y a aussi de très belles oeuvres ! Je comprends aussi la réaction de ton école face aux étrangers, les gens auront plus tendance à vouloir intégrer tel école américaine ou française ou anglaise aussi pour faire ce genre de métier lié au cinéma. Et dans l’esprit populaire, les gens pensent que si on veut immigrer dans un pays asiatique, c’est soit qu’on a lu trop de mangas, soit qu’on est un hippie qui veut aller faire « peace and love » en Inde… ^^ »
Quant à ton combat pour faire accepter les femmes là où tout le monde pense qu’elles ne devront pas être, je suis de tout coeur avec toi, il faut laisser les femmes faire ce qu’elles ont envie de faire et arrêter de croire que parce que nous sommes des femmes, nous ne nous exprimons qu’avec des coeur et nous n’aspirons qu’à une vie de famille. Je lutte beaucoup au quotidien pour faire comprendre à tous ceux qui me posent la question : non je n’ai pas envie d’avoir d’enfants, une maison, un mari, un chien, oui, j’ai des objectifs professionnels dingue et je fais tout pour les réaliser, mais apparemment, une femme qui ne veut pas d’enfants et souhaite faire une carrière (qui est aussi son rêve) est trop étrange ! Alors courage à toi !
Pour l’apprentissage du coréen, ahlala, ce qu’on ne ferais pas pour un petit ami 😉 Je comprends la réaction de ta maman et je vais te dire que la mienne a eu la même réaction quand je lui ai dis que j’aimerais apprendre le japonais, ce que était un peu faux car je l’apprenais déjà seule et qu’elle m’a juste dit « mais quel intérêt ? Apprends plutôt l’anglais, ça te serviras au moins »…. Oui mais si moi j’ai envie d’apprendre le japonais et de voyager au Japon ? ^^ » Au final, j’ai fais comme toi et j’ai parlé en anglais puis en japonais devant elle et elle est restée bouche bée haha !
Pour finir cette longue review, j’adore le message que tu fais passer à la fin, car oui, ce n’est pas de la chance mais bien de la sueurs, des doutes, de la peur, du découragement aussi, de la persévérance, du travail, du culot, bref, tout un tas d’émotions et de rebondissements, affronter beaucoup d’obstacles à commencer la famille, les amis, l’administration, les douaniers, les locaux … et même les étrangers qui viennent donner leur avis !
Sur ce, bonne continuation à toi et peut-être à un prochain témoignage dans quelques années, je serais ravie de te relire 🙂
Emeline
Salut Salomé! Franchement canon le parcours!! Je pense que tu as simplement eu des « cojones » et pour moi ça n’a rien à voir avec de la chance. Tu as suivi tes rêves et tu t’es donnée les moyens d’arriver là où tu es aujourd’hui donc bravo!! Je te souhaite beaucoup de succès
Wahou, merci d’avoir pris le temps de nous raconter tout ça ! Et bravo ! 🙂
Quel beau parcours !!! Bravo à toi 🙂
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus