Salomé : une PVTiste apprentie réalisatrice en Corée du Sud
Salomé, 28 ans, poursuit son rêve dans la réalisation de films, dans son pays de cœur : la Corée du Sud. Elle est la première étrangère à avoir intégré la prestigieuse « Korean Academy of Film Arts » et a bien l’intention de réaliser ses rêves.
Puis vers la fin de mon PVT, j’ai travaillé comme serveuse dans un restaurant de luxe.
Quand je suis venue en PVT en 2012 avec une amie, nous étions tellement impatientes de nous installer que nous avons signé un contrat pour une maison à Hongdae (le quartier où mes premiers séjours avaient commencé). Mais quelle maison ! Elle était vieille, très sombre – voire lugubre la nuit – et terriblement glaciale en hiver. En plus, les locataires précédents (Coréens) nous avaient laissé des tas de cafards écrasés partout avant leur départ… Il faut savoir qu’en Corée il n’y a pas trop le concept « d’état des lieux », donc il faut être vigilant à l’arrivée comme au départ. Donc leçon apprise : même si c’est dans le pays qu’on aime, il faut choisir son logement avec soin ! Ne pas se précipiter mais comparer les offres et les prix… et si comme moi vous arrivez au printemps, posez des questions aux proprios sur les conditions du chauffage de la maison en hiver ! Et prenez des photos de tout ce qui vous semble un peu détérioré / sali à votre arrivée et faites-le savoir au propriétaire. Aussi, il est important d’être accompagné d’une personne coréenne pour les termes techniques du contrat ou simplement pour servir de témoin. En Corée, j’ai parfois vu des propriétaires adorables au début qui se transforment en rapaces avides de grappiller votre caution… Alors prudence. Deuxièmement, le choix du travail :
Pour les mêmes raisons expliquées plus haut, j’ai dit oui à la première offre de petit job que j’avais vue sur le site coréen “알바 천국” (littéralement le « paradis du petit job »), ce qui m’a amenée à devenir serveuse dans un restaurant de luxe, habillée d’un semi-hanbok… C’était sympa au début, mais très vite j’ai senti le malaise – et le dédain – des autres employés qui ne comprenaient pas pourquoi une étrangère (caucasienne, surtout) ait besoin de faire un petit job… Et puis il faut avouer que le domaine de la restauration est un boulot déjà très fatiguant même dans son propre pays, alors à l’étranger c’est encore plus crevant. Je regrette un peu d’avoir achevé mon PVT sur ça, parce que les derniers mois sont passés trop vite et j’étais dans une routine qui ne me permettait pas de commencer à tourner des courts métrages comme je comptais le faire au départ. Donc là aussi, je voudrais conseiller à ceux et celles qui arrivent en PVT de commencer peut être à travailler plus tôt juste pour faire cette expérience-là, puis de prévoir des activités plus épanouissantes après. Moi j’avais fait l’inverse…
- Dossier et portfolio
- Examen écrit (écriture de scénario et analyse de film)
- Entretien avec le jury (composé de professeurs/professionnels et du directeur). Le début des inscriptions se fait fin août, l’annonce des résultats en décembre et la rentrée en février.
- Réalisation
- Production
- Caméra et Animation
Chaque semaine, il faut subir des critiques si sévères que l’on peut regretter d’avoir intégré l’école… Mais on y passe tous, et ces critiques, si parfois elles démolissent, permettent aussi d’ouvrir son esprit tout en se renforçant. La KAFA est une école très connue dans le milieu du cinéma (le mondialement célèbre réalisateur Bong Joonho y a été étudiant). Pour notre festival de films de fin d’étude en février dernier (2018), j’étais étonnée de voir la grande salle du Megabox comble ! Le problème, c’est que si c’est un vrai plus d’avoir intégré cette école, elle ne délivre pas le même diplôme que les universités. C’est un plus à un niveau d’études déjà existant, ou à une activité professionnelle.
Pour information, en 2018, juste après la remise de diplômes de ma promo, l’école a déménagé à Busan. Ce qui force donc les futurs étudiants à s’installer là-bas pour suivre les cours…
Evidemment on se soutenait entre étudiants, mais il y avait une compétition tendue sous les sourires et les regards… Puis les différences culturelles, si elles amusent au premier abord, peuvent créer des malentendus qui se transforment en conflit quand on ne s’explique pas assez avec les Coréens. Il y a des moments pour exprimer ses pensées et des moments où c’est mal perçu, et ça pour un étranger (surtout nous les Français qui avons tendance à dire plutôt franchement ce qu’on pense) c’est compliqué quand on n’a pas trop l’habitude. Mais c’est justement par les problèmes, les conflits, les dualités, que j’ai vraiment appris sur cette société, sur cette culture, sur le cinéma ici également. Avant d’étudier à la KAFA, ma passion était un feu brûlant qui partait dans tous les sens, maintenant elle est devenue plus mesurée, je sais la dominer car j’ai compris que la passion pure effraie les Coréens, il vaut mieux la garder secrète et avoir l’air plus calme, plus maîtrisé. C’est un milieu hiérarchisé sans pitié où l’apparence détermine tout, aussi faut-il ne pas dévoiler tout de soi à son entourage professionnel.
Mais moi, il me manque beaucoup de vocabulaire en dehors de mes domaines de prédilection (cinéma, art, culture). Je serais incapable de parler de politique en coréen… Donc cette année, j’envisage de booster mes acquis, d’élargir ma grammaire et mon vocabulaire. Ce qui m’a le plus aidée dans l’apprentissage de cette langue, ce sont mes petits carnets que j’emportais partout et où je notais tous les mots nouveaux, les expressions fun que j’entendais autour de moi, et je les répétais seule pour les réutiliser ensuite. Ce qui fait que je me souviens dans quel contexte j’ai appris certains mots, ça fait partie de mon petit historique mental.
J’aime beaucoup le thriller, surtout le thriller social, qui n’est pas manichéen et qui montre à quel point la société peut être sombre et corrompue. J’aime les antihéros un peu rejetés par cette société mais qui finalement portent en eux quelque chose de plus « pur ». J’aime les films de gangsters pour les joutes verbales, les sourires tendus et les regards aiguisés, j’aime les artistes maudits et les filles perdues. Extrait de CLIC (2016)
Et plus simplement, vivre de ce que je fais… mais on en est encore loin.
(tourné avec mes propres moyens avant la KAFA)
Raconte l’histoire d’une jeune fille qui arnaque d’autres filles pour le compte d’un photographe obsédé…
(sous-titres anglais) THE COLDEST DAY (2017)
(tourné avec mes propres moyens avant la KAFA)
Met en scène deux garçons qui s’aiment et qui se retrouvent sur un petit îlot du fleuve Han.
(sous-titres anglais) MATRIOCHKA (2018)
(tourné à la KAFA)
Une jeune femme russe travaillant en Corée comme hôtesse dans un karaoké contrôlé par la mafia décide de s’enfuir ; poursuivie, elle est aidée et abritée par un homme de la campagne qui la traite avec gentillesse et respect… mais cet homme cache quelque chose d’étrange… Le film étant envoyé à des festivals, il n’est pas disponible sur YoutTube, mais vous pouvez voir la bande-annonce ici :
Merci pour ce superbe partage d’expérience ! pvtistes.net et moi-même te souhaitons plein de succès dans tes projets !
Youtubeuse de 2014 à 2021 et rédactrice web "Asie" depuis 2016. Passionnée par l'Asie depuis de nombreuses années, je suis partie en PVT à Tokyo et à Séoul où je suis finalement restée 3 ans et demi.
Je partage mes expériences et mes passions sur ma chaîne Youtube NUNAYA WORLD.
Connectez-vous pour pouvoir voter.
Les Guides de pvtistes.net
Nos guides des pvtistes sont disponibles gratuitement au format PDF, pour que vous puissiez les consulter à tout moment, même sans connexion !
(4) Commentaires
Coucou Salomé,
Je suis impressionnée par la détermination évidente que tu as eu à poursuivre ton rêve. Je suis très heureuse que tu y arrives et que tu te battes tous les jours pour cela.
Le choix du pays ne me choque pas plus que ça, c’est vrai qu’on n’a pas tellement tendance à regarder des films réalisés en Asie car le cinéma américain et canadien ont pris le pas sur les autres, mais quand on se donne la peine, il y a aussi de très belles oeuvres ! Je comprends aussi la réaction de ton école face aux étrangers, les gens auront plus tendance à vouloir intégrer tel école américaine ou française ou anglaise aussi pour faire ce genre de métier lié au cinéma. Et dans l’esprit populaire, les gens pensent que si on veut immigrer dans un pays asiatique, c’est soit qu’on a lu trop de mangas, soit qu’on est un hippie qui veut aller faire « peace and love » en Inde… ^^ »
Quant à ton combat pour faire accepter les femmes là où tout le monde pense qu’elles ne devront pas être, je suis de tout coeur avec toi, il faut laisser les femmes faire ce qu’elles ont envie de faire et arrêter de croire que parce que nous sommes des femmes, nous ne nous exprimons qu’avec des coeur et nous n’aspirons qu’à une vie de famille. Je lutte beaucoup au quotidien pour faire comprendre à tous ceux qui me posent la question : non je n’ai pas envie d’avoir d’enfants, une maison, un mari, un chien, oui, j’ai des objectifs professionnels dingue et je fais tout pour les réaliser, mais apparemment, une femme qui ne veut pas d’enfants et souhaite faire une carrière (qui est aussi son rêve) est trop étrange ! Alors courage à toi !
Pour l’apprentissage du coréen, ahlala, ce qu’on ne ferais pas pour un petit ami 😉 Je comprends la réaction de ta maman et je vais te dire que la mienne a eu la même réaction quand je lui ai dis que j’aimerais apprendre le japonais, ce que était un peu faux car je l’apprenais déjà seule et qu’elle m’a juste dit « mais quel intérêt ? Apprends plutôt l’anglais, ça te serviras au moins »…. Oui mais si moi j’ai envie d’apprendre le japonais et de voyager au Japon ? ^^ » Au final, j’ai fais comme toi et j’ai parlé en anglais puis en japonais devant elle et elle est restée bouche bée haha !
Pour finir cette longue review, j’adore le message que tu fais passer à la fin, car oui, ce n’est pas de la chance mais bien de la sueurs, des doutes, de la peur, du découragement aussi, de la persévérance, du travail, du culot, bref, tout un tas d’émotions et de rebondissements, affronter beaucoup d’obstacles à commencer la famille, les amis, l’administration, les douaniers, les locaux … et même les étrangers qui viennent donner leur avis !
Sur ce, bonne continuation à toi et peut-être à un prochain témoignage dans quelques années, je serais ravie de te relire 🙂
Emeline
Salut Salomé! Franchement canon le parcours!! Je pense que tu as simplement eu des « cojones » et pour moi ça n’a rien à voir avec de la chance. Tu as suivi tes rêves et tu t’es donnée les moyens d’arriver là où tu es aujourd’hui donc bravo!! Je te souhaite beaucoup de succès
Wahou, merci d’avoir pris le temps de nous raconter tout ça ! Et bravo ! 🙂
Quel beau parcours !!! Bravo à toi 🙂
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus