Après un mois de PVT en Argentine, je regarde un petit peu en arrière et me rappelle ma préparation, mon départ et mon arrivée à Buenos Aires.  

« Un mois s’est passé depuis que j’ai fait le plus long trajet de ma vie et que je suis partie seule pour la première fois. Je suis arrivée dans un pays inconnu, alors qu’il faisait nuit et que tout semblait si différent. Je me dis qu’un mois, c’est trop tôt pour faire un bilan de mon séjour. Cependant, après un mois je peux avoir un regard sur mon départ, la façon dont je l’ai préparé et comment je l’ai vécu et je me demande finalement : est-ce ça valait le coup de paniquer ? 

Prendre la décision de partir a été une étape importante. Cela faisait des années que c’était là, sous mes yeux. Mais je regardais en l’air et trouvais toujours une bonne raison pour ne pas partir. “Je ferai ça l’année prochaine, ce n’est pas encore le bon moment.” Apparemment, le bon moment est arrivé. 

Je n’en parle encore à personne. Je m’organise à mon rythme. Je passe beaucoup de temps sur pvtistes.net. Je regarde les avis et les procédures pour les différents pays de destination. Je cherche un endroit où il fera chaud, avec des grands espaces, une langue que je connais un peu et une culture qui me dépayse… l’Argentine.

J’ai enfin un cap, une destination. Je prends mes billets d’avion. Je commence à en parler autour de moi, mais dès qu’on me demande des détails, je panique et préfère changer de sujet. Je n’ai encore aucune idée de ce que je vais y faire, et toutes les questions de mes proches sont des questions que je me pose aussi. 

Ma plus grande inquiétude est l’argent. Mon côté rêveuse et aventurière est très souvent ramené sur la terre ferme par le côté économique de ma situation. L’ambassade d’Argentine demande un minimum de 2 500 € pour obtenir le visa. Je les ai, mais est ce que ça sera assez ? Comme je n’ai aucune idée de ce que je vais faire là-bas, il faut que je prévois large. Donc je dois trouver un emploi en France pour travailler quelques mois avant de partir. Je cherche un peu, je panique, je continue de chercher. Je trouve. Yes !

Puis le courant s’inverse. Je passe les mois avant mon départ entre mon travail et la préparation de mon dossier pour le visa. Quand les gens me posent des questions je n’ai plus peur. Je suis dans l’action, et n’ai presque plus de craintes. Je verrai bien une fois sur place. 

J’étais persuadée de passer les pires mois de ma vie entre angoisses et peur de ce qu’il pourrait arriver. Mais j’ai beau l’avoir attendu, l’angoisse n’est pas venue. Je n’avais aucune peur, j’étais seulement curieuse de ce qui allait arriver. À mesure que je barrais les jours sur mon calendrier, les évènements se précisaient et j’avançais dans mon projet. Je voulais à tout prix éviter la sur-anticipation. Je voulais laisser aller les choses pour une fois et ne pas trop prévoir. Alors j’ai réservé les premières nuits dans une auberge et… c’est tout.

Ma famille commence à s’inquiéter.  Mes ami.es sont enthousiastes et sont persuadé.e.s, tout comme moi, que c’est la meilleure chose que je puisse faire. “Ça fait tellement longtemps que tu veux partir…”.

Le temps défile, je m’organise. Mon passeport et mon visa sont bien rangés dans mes affaires. Je les regarde de temps en temps, mais fais toujours attention à les ranger au même endroit pour ne pas les perdre. Je commence à dire au revoir. Je ne suis jamais triste et toujours contente de mon sort, je réponds maintenant aux questions sans peur. 

48 h avant le départ, tout est toujours calme. Je fais les derniers achats et je dis au revoir à ma dernière amie. Je savais que ça serait la dernière. Tant qu’elle était là, ce n’était pas encore l’heure du départ. Là ça y est, je ne me sens plus du tout calme. Un nœud se forme dans mon ventre. La trouille est arrivée.

Je suis envahie par la trouille, tendue et d’un coup, les émotions arrivent. Je comprends que pendant des mois j’ai été anesthésiée et qu’il a fallu que les choses deviennent vraiment concrètes pour que 24 h avant le départ, surprise, je retrouve la faculté de ressentir des choses. C’est un cocktail d’émotions, ma tête ne sait pas par quoi commencer. Je fais mon sac. Encore des au revoir. Ils sont très courts ceux-là parce que c’est les plus douloureux.

L’étape de l’aéroport est particulière. Pour tout bon.ne pvtiste et même plus largement pour tout voyageur.se, l’aéroport est le premier lieu de notre voyage. C’est comme un moment suspendu dans le temps. Un sas de décompression. Alors, je me décompose, je n’arrive pas à retenir mes larmes. J’ai l’impression que les gens me regardent, je me sens gênée. Mais il vaut mieux que ça sorte maintenant parce que je sais qu’après je n’aurai plus le temps de pleurer. 

Puis le vol. C’est un peu long, mais ça laisse le temps de se faire au changement. Parce qu’après les choses s’accélèrent. L’atterrissage, la douane, le taxi, l’auberge. Ça y est, j’y suis ! 

Et maintenant, qu’est ce que je fais ? 

La réponse a été très simple : déjà dormir. Tout commence vraiment le premier matin. Tout le monde sait ça. Le premier matin a une saveur unique. Un savant mélange entre : qu’est ce que je fais là ? Pourquoi ai-je pris cette auberge ? Où est-ce que je vais manger ? Qui est l’imbécile qui a passé la nuit à crier et à rire dans le hall ? Qu’est ce que je vais faire aujourd’hui ? Je me rappelle avoir été accrochée à mon téléphone et à la WIFI pendant les premiers jours, comme une bouée de sauvetage qui me tient en vie. Je suis allée me balader, pour découvrir les alentours. Il ne faisait pas beau, c’était le début du printemps. Puis rapidement, j’ai cherché un endroit où je pourrais installer mon cocon le temps de me familiariser avec ce nouvel environnement. Parce que oui, l’Argentine est devenue mon nouvel environnement. Je découvrais les rues en me disant qu’un jour j’aurais vécu dans ces rues, que j’y aurais des souvenirs. Je me trouvais au milieu d’un film de Cédric Klapisch, étudiante Erasmus à Barcelone. Non pas du tout. Pvtiste en Argentine, obligée de créer le film de ma vie pour donner du sens à tout ce que je fais parce que je ne comprends pas ce qui m’arrive.

J’ai passé des premières journées intensives à parcourir la ville pour visiter des appartements, me procurer une carte sim (chip), une carte de transports (SUBE) et des pesos en espèces (efectivos). Tout cela en essayant de prendre contact avec des personnes déjà sur place pour me sentir moins seule.

Puis j’ai trouvé ma chambre, j’ai installé mon cocon et j’ai commencé à réfléchir à ce que je voulais faire. Prendre du temps pour parcourir la ville ou commencer à chercher un travail. Bon, il s’avère qu’il est possible de faire les deux en même temps. Buenos Aires est une ville facile à pratiquer. Elle est très agréable et en tant que citadine, je n’ai pas eu de mal à m’y sentir vite à l’aise. Si je devais mettre des mots sur mes premières semaines, ça serait : musées, balades, Western Union, soleil, pluie, ferias, goûters, empanadas, bières, vin, dulce de leche, rencontres, espagnol, argentin, bus, métro, Uber, réserve naturelle, San Telmo, Palermo, Belgrano, Microcentro, Plaza de Mayo, anglais,…

Ce que je retiens de ma préparation et de mon départ ? 

J’ai tellement anticipé la trouille du départ qu’elle ne s’est jamais vraiment matérialisée. J’ai donc eu la chance de pouvoir me préparer en étant tranquille et en ayant hâte. Je suis contente d’avoir pu faire les choses comme je les ai voulu, à mon propre timing.

Ce que je retiens de mon premier mois ? 

Rien. Je viens d’arriver, je suis encore un bébé pvtiste. Dès que j’en ai l’occasion, je me félicite de ce choix et m’encourage pour les moments un peu plus calmes où je pense à tout ce que je manque et à tous ceux qui me manquent. Ce n’est que le début de l’aventure. Je suis en plein dedans donc je n’en vois pas encore les contours. 

J’attends la crise adolescente pvtiste et les coups de blues sans aucune impatience. Je sais qu’il y en aura. Mais elle laissera ensuite la place à une jeune active désireuse d’en découdre et de barouder à travers le pays. Enfin, d’ici une dizaine de mois, j’aurais atteint la maturité de la pvtiste avertie et je regarderai mon voyage avec émotion et mélancolie en me demandant, qu’est ce que je fais après ? »

A lire également : La peur avant le départ de Benjamin et les doutes et craintes avant le départ de Flavien.

Eloise

En PVT en Argentine pour 1 an, mon amour pour les empanadas grandit de jour en jour et je travaille dur pour apprendre le porteño.
Doing a Working Holiday in Argentina for 1 year, my love for empanadas doesn't stop growing and I am working to learn porteńo.

Catégories :
Ajouter à mes favoris
5
3 avis

Connectez-vous pour pouvoir voter.

(1) Commentaire

Marie I |

Trop cool et rassurant ton témoignage Eloïse !