Deux années…

Cela faisait deux ans que j’essayais de travailler à l’international afin d’acquérir de nouvelles compétences dans mon domaine et d’améliorer mon anglais tout en voyageant. J’avais postulé au Canada principalement et dans d’autres pays tels que l’Angleterre, la Suède, la Finlande et la République Tchèque. J’ai décidé de faire un PVT à mon retour de voyage à Prague en mai 2017. Cinq mois plus tôt j’avais eu un contact avec un employeur canadien intéressé par mon profil mais je n’étais pas assez informé sur les conditions pour venir travailler au Canada et le permis que je devais demander. Lors de mon voyage à Prague, les rencontres que j’ai pu faire en auberge de jeunesse m’ont reboosté dans ce projet de départ.

À mon retour, j’ai commencé à me renseigner auprès d’un collègue qui m’avait vaguement parlé de son année en Australie, en « PVT ». Première fois que j’entendais ce mot… et une semaine plus tard je lançais ma demande pour le Canada malgré le quota qui était déjà atteint.

Les mois suivants furent longs, je n’y croyais plus vraiment mais j’allais vérifier mon compte sur le site de l’immigration de temps en temps pour être sûr de ne pas rater ma chance.

10 août 2017, 10 h 30.

Les yeux à moitié fermés, je regarde l’heure sur mon portable. J’ai un nouvel e-mail, de la part de CIC. Je me demande ce que ça peut être encore comme pub et je n’ai même pas de compte en banque au CIC. Quand j’ai vu le logo de l’immigration canadienne, mon cerveau s’est réveillé en 1 seconde « attends, attends, c’est pas un mail de la banque ça ! ».

Faisons une pause dans mon histoire pour que je vous explique les états que j’ai identifié durant cette période et durant les mois qui ont suivi.

L’excitation et la motivation 

La phase de l’excitation et de la motivation, c’est ce moment où l’on décide de faire sa demande de PVT, où l’on a envie de partir pour des raisons différentes selon chacun. On est excité de partir, impatient même et on rêve déjà de l’endroit où on va aller, de ce que l’on veut faire ou pourra faire dès qu’on obtiendra son permis.

Le moment où l’on est tiré au sort ou lorsqu’on reçoit le PVT, ce sont des instants de grande excitation, parfois éphémères, un peu le même état que lorsqu’on achète une nouvelle décoration ou un nouvel objet pour son sims, son humeur s’améliore… c’est le même effet que nous procure ce moment de joie, cette nouvelle nous rend enthousiaste.

Les craintes et les doutes

La phase des craintes et des doutes s’ensuit. À ce moment-là, toutes nos craintes et nos doutes ressurgissent tels que « et si je ne trouve pas de travail ? Si je ne me sens pas bien ? Si je le regrette ? », entre autres questionnements. Pendant toutes ces réflexions, toutes nos croyances et envies sont remises en question et on se demande si on fait le bon choix.

« Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? ». La motivation et l’excitation disparaissent pour laisser place au doute, à la peur. Les éléments extérieurs comme la famille et les amis peuvent nous aider et nous soutenir ou parfois nous faire encore plus culpabiliser.   

Le temps entre les phases 2 et 3 dépend des personnes et des évènements. 

Le pétage de plomb

Cette phase intervient avec un élément déclencheur, c’est durant cette période que l’on décide de partir. Un événement va faire que l’on va tourner le bouton sur « ON » dans notre cerveau , cette phase peut arriver par différents éléments déclencheurs : un projet au travail, une engueulade avec quelqu’un, une discussion avec une personne qui nous soutient ou tout simplement un ras le bol général avec cette sensation de ne pas avancer et que d’autres options peuvent se présenter à nous. Malgré les doutes et les craintes que l’on peut avoir, l’envie de partir est bien présente, quelque part dans un coin de notre tête. 

Les mois entre cette décision et le départ peuvent s’avérer longs, très longs, ils auront été de cinq mois pour moi. Il y a des moments de doutes, d’excitation, des jours où l’on est motivé et d’autres où l’on a peur. J’ai même découvert ce que voulait dire « crises de panique ».

Pour ma part, dans les moments de doute, je focalisais mon esprit sur le positif et uniquement là-dessus pour entrevoir ce que cette aventure allait m’apporter. J’utilisais une phrase entendue dans une série comme un mantra « c’est normal d’avoir peur, quand tu comprends que c’est normal, tu peux apprendre à la dominer et riposter ».

27 février 2018. 

Je suis dans la salle d’embarquement, pas très rassuré, les jours d’excitation s’étaient faits de plus en plus rares ces trois dernières semaines et j’avais de plus en plus de mal à gérer les craintes et les peurs. La seule chose qui pouvait me motiver était « Unstoppable » et « Never give up » de Sia.

L’arrivée à Montréal était tout aussi stressante. Je me suis senti soulagé et libre une fois que j’avais passé la douane et que j’étais en possession de mon PVT (syndrome du sims une fois de plus, heureux de cette nouvelle possession). J’ai explosé de joie et le sourire jusqu’aux oreilles, je suis monté dans un taxi et me suis dit « tu l’as fait, tu es au Canada ! ».

Les jours qui ont suivi ont été stressants, je crois que mon épanouissement à Montréal n’aura duré qu’un après-midi. Je me suis alors mis une pression incroyable pour trouver un travail, le lendemain de mon arrivée j’avais refait mon CV et j’informais mon réseau de mon arrivée au Canada alors que j’étais installé avec un numéro de téléphone et un compte bancaire depuis à peine deux heures. Le résultat en valait le coup.

Le mot clé est ici détermination. En trois semaines, j’ai trouvé un emploi dans ma branche. Certains me diront que j’ai été chanceux, ce à quoi je répondrais qu’il y a deux types de chance, celle qui est aléatoire et celle que tu crées par tes actions et tes choix. La veille de mon entrée dans la société qui m’avait recruté, je suis allé au belvédère et je me suis senti fier, sûr de moi et inarrêtable.

Seul et sans travail, je suis arrivé sans connaître personne et sans jamais être venu ici auparavant, j’ai trouvé un emploi en trois semaines.

Je suis parti de Montréal au bout de sept mois pour m’installer dans une province anglophone. Lorsque je me suis retrouvé dans la salle d’embarquement pour ma nouvelle destination, j’ai réalisé une chose : j’avais moins peur, je ressentais un peu de stress, mais je pouvais le gérer. À ce moment précis, j’ai compris une chose. Notre cerveau est comme un muscle, il suffit de l’entraîner, de l’habituer à une situation, un événement qui va lui permettre d’apprendre, de s’adapter et de devoir plus fort. Cette chose qui demandait tant d’effort la première fois devient plus évidente et facile. L’élan du départ est la partie la plus difficile, se lancer.

Cet élan, je l’ai pris il y a 424 jours aujourd’hui.

Je ne regrette absolument pas de l’avoir fait. Mon expérience ici m’a complètement changé, je me suis remis à la lecture, j’ai arrêté mes mauvaises habitudes vieilles de vingt ans. Tout ce que j’ai traversé et accompli m’ont rendu plus fort et plus confiant, j’ai pris conscience de mes capacités et découvert que ma détermination peut m’emmener loin. Le mot qui résume le mieux mon voyage est « epiphany », un mot anglais qui signifie un moment dans lequel vous voyez ou comprenez soudainement quelque chose d’une manière nouvelle ou très claire.

Toute cette histoire pour vous faire réaliser que malgré les doutes, les craintes, les crises de panique que l’on peut avoir, il faut se lancer et oser. Que ce soit pour un PVT ou un projet personnel, le plus dur est le départ. La peur de l’inconnu et de l’échec peut nous retenir et nous faire passer à côté de nos envies les plus fortes. En chacun de nous vit un « petit poulet froussard » qui est présent lors des moments de doutes mais avec le temps, je l’écarte gentiment de mon chemin pour avancer.

À vous de vous poser les bonnes questions afin de savoir si vous souhaitez vivre dans le regret ou arrêter de vous faire contrôler par vos craintes et vivre pleinement vos désirs les plus profonds.

Qu’est ce que je veux dire quand je serai à la retraite ? J’ai vécu ou j’aurais dû ?

Vous êtes les seuls à pouvoir répondre à cette question ?

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(17) Commentaires

Anonyme I |

Bonjour, bien des choses ce sont passés depuis l’écriture de cette article. Je tenais à vous remercier car tous vos retours m’ont inspiré et pousser à le développer sous forme de livre. Ce n’est pas du Baudelaire et reste un petit livre simple et sans fioritures. Mais Si ce livre existe aujourd’hui c’est grâce à vous 🙂 🙂 🙂 un grand merci à vous, ce livre est aussi le votre 🙂 🙂 🙂 Vous pouvez le commander en version numérique et papier sur Amazon (https://www.amazon.fr/gp/product/B08L3X67LY?pf_rd_r=JEX1NTQYQ91M62CD0VX5&pf_rd_p=40217ac7-4648-45ce-ac8e-8d658585b0cd&fbclid=IwAR094nRDnbtyKv8e_qO0QSbvZjaMjenceBc2daIGln-I06Qq4sI_iH369lU)

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Jade I |

Salut Flavien, merci pour ce témoignage très enrichissant 😉 car on ne parle pas tout le temps des différents sentiments qui sont très importantes puisqu’on a en parti tous les mêmes surtout avant de partir pour une nouvelle aventure et chambouler nos habitudes et quotidien. C’est bien de voir que malgré toutes les craintes on peut arriver à les surmonter. 💪🏼👌🏼☺️ ça rassure beaucoup.

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Anonyme I |

A la fin de mon voyage j’ai sauté à l’élastique et fait un saut en parachute (alors que je suis pas très à l’aise avec la hauteur), je me suis rendu compte que derrière la peur il y a toujours un kiffe total 🙂 du coup aujourd’hui quand j’ai peur je sais que il y a un truc trop bien qui m’attend ^^ ça m’aide encore plus a la surmonter!

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Anne I |

Un superbe témoignage pour tous ceux qui veulent partir. Je suis aussi en proie aux doutes si je fais pas une erreur de partir mais en lisant ce témoignage et les autres commentaires je me rend compte Qu’on est tous dans le même état d’esprit. Je pense qu’il faut vivre sa vie en ayant vécu cette experience que pas le faire et le regretter et avoir le célèbre proverbe a la bouche ^ a si j’avais su je serai parti ^

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Ange-Marie I |

Bonjour Anne

Je pars sur du long terme, la différence entre nous les pvtistes et les touristes c’est que nous pouvons travailler et nous déplaçant dans tout le pays. Si nous contractons le Coronavirus, nous ne seront pas prioritaires face aux citoyens. Ils nous faudra contacter nos assurances vérifier les petites lignes et nous serons confinés à nos domiciles avant d’être rapatriés en France. Je suis arrivée en Septembre 2019, je suis ravis d’être au Canada. Je pense aux conséquences face à ce virus, nous sommes français et actuellement notre pays est considéré comme l’Italie. J’aime être dans ce pays et ma vie a littéralement changer depuis que je suis ici. La mentalité me plaît les transports sont facile et les gens sont incroyablement disciplinés en prenant le métro, je constate qu’ils respectent le fait que les gens sortent et nous les laissons passer. Les gens sont soucieux du bien-être des autres. J’aime être au Canada mais soyons franc, être pvtistes c’est comme avoir un CDD. Dans les circonstances actuelles le Canada commencera à protéger ses citoyens et nous étant donner que nous venons de la France et donc d’Europe nous pouvons toujours rentrer chez nous c’est ce qu’ils nous recommanderont pour laisser la place aux citoyens canadiens. Je prend l’initiative de rentrer le coeur lourd et de tristesse, je laisse mon appartement, mes affaires que j’ai racheté en arrivant pour l’hiver et mon copain des souvenirs. Ça me fait mal mais face à ce virus je crains de ne pas avoir le choix car dans tout les cas c’est ce qui va arriver. Nous devrons rentrer chez nous sauf les personnes en procédure de résidence permanente ou les naturalisés.

Je reviendrais si mon permis me le permet et si nous arrivons à trouver un vaccin contre ce virus.

Je me sens tellement triste et tellement déçue mais je pense avant tout à retourner auprès de mes proches.

Ange-Marie I |

Je m’excuse pour toute les fautes que tu trouveras en lisant, dès la première phrase, j’en ai faite et c’est une symphonie. J’ai écris ce que je ressens et j’ai la boule au ventre tout les matins en me levant. Je reste au téléphone avec ma famille même lorsque je ne dis rien juste pour me rassurer.
Je pense que pour atténuer cette angoisse, je dois être proche d’eux.

nadege38 I |

Merci pour ton article 🙂 tu as bien décrit les phases par lesquelles ont peu passer, avant, pendant et après !
Et comme disait Mandela, « Le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité à la vaincre ». Bravo à toi !

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Audrey I |

Jai juste envie de te dire merci pour ton article. Je suis en plein dans la phase de doute et de remise en question. Pour ma part j’ai en poche mon visa pour l’Australie. J’ai déjà un pied à terre la bas, je rejoins un ami qui est installé depuis 3 ans maintenant. Donc aucune raison de stresser par rapport au logement, mobilité, peur de la solitude.
Non, mon appréhension se situe comme tu le dis au niveau du boulot, de m’en sortir par moi même. « Et si j’avais fait un choix sur un coup de tête? Tu ne serais pas mieux sur Paris à essayer de te trouver un autre job, un mec? As tu réellement besoin de sortir du chemin tout tracé du métro boulot dodo pour te sentir vivre? »

En fait la réponse est oui, le pétage de plomb comme tu le surnommes je l’ai vécu, j’ai eu un électrochoc quand je me suis rendue compte que ma vie ne me convenait pas: bosser 60h semaine, avoir 4 séances de sport par semaine et passer mon week end à dormir car j’étais crevée.
J’ai envie de voir autre chose, de « lâcher les chiens » un peu, de ne pas regretter de ne pas être partie.
Peut être que mon expérience va tourner court, peut être pas. Nul ne le sait encore.

Mais il est vrai que les dernières semaines sont dures psychologiquement. On n’est jamais vraiment prêt à dire au revoir pour une durée inconnue à ses proches, ses amis, sa vie chiante mais rassurante.

Mi octobre sera synonyme pour moi d’un nouveau départ dans la vie, d’une sortie de route choisie et assumée.

Je l’avoue j’ai peur aujourd’hui. Et j’aurais de plus en plus les jetons au fur et à mesure que la deadline approchera. Mais avec tous les témoignages que j’ai pu lire, mes projets à mener, je peux être rassurée.

Merci à toi pour ton partage !

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Ange-Marie I |

Bonjour

Ton récits m’a tellement motivée, que je m’imagine déjà PVT prête à dévorer ce pays et me faire une place. La peur est présente on pars mais on ne sait pas ce qu’on laisse. Prête à afin prendre mon envole et être fière de moi.

J’avais besoin d’une raison supplémentaire de partir et elle est enfin arrivée.
Merci

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Mégane I |

Super article qui décrit exactement mon ressenti mais comme toi je suis bien décidé à vivre mon pvt comme je le veux ! Bonne continuation

Farid I |

J’aime lire ce genre de chose,nous notre aventure commence dans 3mois ,je connais bien toutes ces phases de doutes et de peur 😉

Valentin I |

Témoignage très intéressant qui vaut vraiment la peine d’être lu et relu ! C’est tout à fait normal d’être stressé au fur et à mesure que le départ approche et lors des premières semaines sur place.

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Gilles I |

Article très inspirant bravo !

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