Cette semaine, Muriel nous parle de son tour à vélo sur l’Île du Sud de la Nouvelle-Zélande, un beau projet qui pourra faire rêver ou donner des idées à bon nombre de pvtistes !

Muriel en Nouvelle-Zélande

Pourquoi cette idée folle ?

Pas si folle que ça finalement. Les choses sont venues assez naturellement. Le grand air et les grands espaces me manquaient. Mon dernier grand voyage remontait à la fin de mon PVT J’avais passé trois mois en road trip, au départ de Montréal, jusqu’au Yukon, San Francisco, les Rocheuses, etc. Depuis quelques mois je travaillais en Picardie, dans un CDD de droit public. Il me semblait que j’avais l’opportunité de m’arranger pour prendre toutes mes vacances d’un coup, ou un long congé, et je ne savais pas trop quand cette opportunité se représenterait, d’avoir l’argent, un peu de temps, la sécurité de l’emploi et pas de contraintes familiales.

La Nouvelle-Zélande m’attirait pour le côté sauvage. En fait, pour être honnête, j’avais deux options en tête : soit j’arrivais à prendre des vacances pendant l’hiver et dans ce cas-là je partais en Nouvelle-Zélande (où ce serait alors l’été, hémisphère Sud oblige), soit je devais rester sur des vacances estivales et dans ce cas-là je visais l’Alaska. Le meilleur moment pour m’absenter 6 semaines du boulot a finalement été l’hiver…

J’avais déjà voyagé à pieds (randos régulières), en voiture et bus, mais le vélo me tentait bien : un mode de voyage plutôt lent et contemplatif, comme la marche, mais plus rapide tout de même, permettant de voir plus de choses. Donc voilà un peu comment l’idée initiale a germé.

Muriel en Nouvelle-Zélande

Quel a été ton itinéraire ?

A peu près celui que j’avais prévu. Je n’avais qu’un temps limité, il était hors de question de vouloir tout faire à tout prix. Je voulais de la nature et du sauvage, du milieu de nulle part, pas de grosse chaleur (j’aime pas quand il fait trop chaud). Je me suis donc limitée à la partie Sud de l’île du Sud et j’ai préparé l’itinéraire sur internet : site internet recensant tous les campings de Nouvelle-Zélande, site du Department Of Conservation pour repérer les parcs, les belles randos et les coins sympa, google maps pour la cartographie et les calculs de kilométrage, mapometer pour les dénivelés (ça, je l’ai fait tardivement sans y prêter grande attention mais faut se méfier des dénivelés en Nouvelle-Zélande…), des blogs et récits de voyages pour quelques bons plans de derrière les fagots, etc. Enfin, voilà, au final, mon itinéraire réalisé a été le suivant (cliquez, cliquez, y’a plein d’info dans la carte : kilométrages, étapes, photos des campings…) :

Comment t’es-tu préparée ?

La préparation a eu plusieurs aspects.

Déjà, puisque je partais à vélo, il me fallait préparer mon matériel et apprendre à le connaître. Je n’avais jamais vraiment fait de vélo quand cette idée m’est venue. J’avais acheté un vélo un an auparavant, avec dans la tête de l’utiliser pour du cyclotourisme mais je l’utilisais surtout entre le printemps et l’automne pour aller au boulot une à deux fois par semaine. Une fois la décision prise de partir 6 semaines en Nouvelle-Zélande, il fallait que je réfléchisse un peu plus précisément à l’adéquation de mon vélo avec le projet. Par exemple, en montée, mon vélo n’avait pas un développement suffisant. Je me suis donc attelée à le bricoler pour qu’il soit plus adapté au relief. Je n’y connaissais rien mais en faisant des recherches sur internet j’ai trouvé des tutoriels et des conseils pour trouver le matériel adapté, le commander en ligne (quelques sites allemands font des très bons prix) et le monter. Le fait que je me prépare en avance au voyage m’a aussi permis de sauter sur les promotions en ligne pour les sacoches, ma selle, des pédales automatiques, des pneus adaptés au voyage, etc.

Pour la préparation physique, je me suis fait deux weekend prolongés de cyclotourisme au printemps le long des canaux de Bourgogne, histoire de voir si j’étais capable de pédaler quelques jours d’affilés. Et sinon, aucune préparation physique particulière. Mis à part mes deux heures de badminton hebdomadaires, dans les trois mois précédent le voyage, je n’ai pas vraiment fait de sport. Mais pour un voyage à vélo comme ça, ce sont les premiers jours qui constituent la préparation physique. Faut juste les prévoir un peu plus léger histoire de démarrer tranquillement et ensuite, c’est parti mon kiki !

Et puis sinon, la préparation ça a aussi été de poser mes congés. J’ai commencé à réfléchir à ce projet en janvier. J’avais des contraintes de boulot pour lesquelles le calendrier n’était pas tout à fait encore clair donc j’ai attendu avant d’en parler. J’ai du le faire en avril, quand lors d’une réunion d’équipe mes directrice ont annoncé que désormais nos congés devaient être soldés chaque année au 31 décembre et non plus au 31 avril de l’année suivante. J’ai un peu paniqué parce que je comptais prendre mes congés en partie sur le mois de janvier suivant.
Du coup, aussitôt après, je suis allée les voir pour leur en parler, évoquer la possibilité de congés sans solde (je ne savais pas encore combien de temps exactement partir et si mes congés normaux y suffiraient). Leur réaction a été super ouverte et, en gros, leur seule réserve a été “super, pas de problème pour nous dans la limite des nécessités de service”. Pour faire court, elles me faisait confiance pour que je décide moi-même de mes dates pour ne pas que mes projets en souffrent. Finalement, j’ai pris mon billet d’avion et donc posé mes congés de façon définitive (6 semaines) au mois de juillet, pour un départ en décembre et janvier. Et ensuite, je n’ai pas pris de vacances de l’année, à peu de choses près.

Muriel en Nouvelle-Zélande

Est-ce que tu penses que c’est un défi à la portée de tout le monde ?

Oui et non.
Oui dans la mesure où, comme je le dis, je ne me suis pas particulièrement préparée physiquement et où au départ je n’y connaissais rien en vélo (ni en Nouvelle-Zélande d’ailleurs).
Non, dans la mesure où il faut tout de même au départ être un peu en forme, connaître ses limites (mais du coup, il suffit de construire son projet en fonction de ses capacités aussi). C’est sûr que si on n’aime pas être crade (pas de douche tous les jours, malgré la transpiration), dormir en camping, faire du sport et être au grand air quelque soit le temps, manger des pâtes tous les jours, alors ce n’est pas une bonne idée.
Et puis, en ce qui me concerne, il n’y avait pas vraiment de défi. Je voulais juste me faire plaisir en m’échappant un peu. Me dépenser en pédalant était aussi un moyen de me faire plaisir, même si j’imaginais bien que de temps en temps j’en aurai marre de pédaler. Au final, je n’ai pas vraiment fait de grosse étapes, j’avais prévu le coup. Je voulais avant tout me sentir en vacances. Je ne prends pas de plaisir ou de fierté particulière à faire un truc incroyable et à souffrir comme une bête. Moi, je veux juste apprécier ce que je fais. Faire des efforts, d’accord, mais pas souffrir. Du coup, mes étapes courtes m’ont aussi permis de lire beaucoup, de prendre mon temps : de me sentir en vacances, quoi !

Muriel en Nouvelle-Zélande

Partir seule ou pas ?

Alors en fait, je raconte tout ça en disant “je” parce que, au départ, je devais partir seule. Quand l’idée m’est venue, j’en avais parlé avec mon copain mais il ne pensait pas pouvoir m’accompagner. Au final, ça ne me dérangeait pas de partir seule, ça faisait aussi partie du charme du voyage. Et puis, finalement, fin août, il s’est décidé à prendre un billet d’avion aussi et à ce qu’on fasse ça ensemble. Le fait d’être deux a eu de bons aspects et de moins bons. C’était mon projet que j’avais construit pour moi et du coup il n’y a pas mis le même investissement, il a plus suivi le programme que vraiment participé. Je n’ai pas vécu la liberté que j’avais imaginée et il y a parfois eu quelques tensions. Cependant, c’est une belle aventure à vivre à deux tout de même.
Au final, je crois que je regrette un peu que ce ne soit pas resté mon projet à moi toute seule, mais tant pis. Dans tous les cas, être seule n’aurait absolument pas été un problème selon moi, fille ou pas fille (parce que c’est toujours la question que se posent les gens quand une fille voyage seule).

Muriel en Nouvelle-Zélande

Quels conseils essentiels pourrais-tu donner pour bien se préparer et réussir ?

Ne pas tenir compte des autres mais juste de soi. On s’en fout de ce que les gens pensent, que ce soit “Wouaw, c’est incroyable comme projet !” ou “Pourquoi aller si loin pour faire si peu de choses ?”. Dans les deux cas, ce n’est pas ça qui importe. Ce qui importe c’est ce que soi on a envie de faire. Je voulais faire des efforts, certes, mais garder une marge de manoeuvre, je ne voulais pas que passer mon temps sur la route, je voulais garder du temps tranquille. Enfin, bref, j’avais une bonne idée de ce dont j’avais envie et j’ai préparé mon projet en fonction de ça. Je savais aussi que je voulais pouvoir changer d’avis. De ce fait, j’avais étudié les alternatives si mes plans changeaient. Si je ne voulais plus pédaler je savais que j’avais le train par exemple (enfin, heureusement que j’ai voulu continuer à pédaler vu que la ligne de train a été coupée par les intempéries). Enfin bref, comme pour tout, étudiez bien les choses, faites des plans qui tiennent la route et soyez prêts à les abandonner !

Muriel en Nouvelle-Zélande

Tes meilleurs souvenirs ?

Le première descente. Après avoir grimpé comme une galérienne pour sortir de Dunedin, il y a une grande descente sur une route qui longe l’océan. Un plaisir incroyable : le soleil, le vent et les vacances devant soi !

Les chants d’oiseaux dans les Catlins, les plages et les routes désertes. Se baigner avec des dauphins et savoir que 15 jours auparavant il y avais des orques à la place dans la baie. Se faire charger par un lion de mer : énorme tranche de rigolade !

Muriel en Nouvelle-Zélande

Pédaler une journée sous la pluie au milieu de nulle part, planter la tente et s’y réfugier dès 16h pour y passer la nuit et, le lendemain matin, profiter des rayons de soleil sur les sommets enneigés autour des Mavora Lakes. Repartir de nouveau au milieu de nulle part pour la plus belle journée du voyage.

Muriel en Nouvelle-Zélande

Des moments de galère, des regrets ?

La Nouvelle-Zélande ça monte et ça descend en permanence : c’est une horreur ! J’en ai chié parfois, vraiment. Ceci dit, si je compare ma moyenne kilométrique au départ et à la fin, j’ai du bien me muscler et gagner en endurance.

Muriel en Nouvelle-Zélande

La pluie : sur la deuxième moitié, on a eu souvent de la pluie et pas qu’un peu. Des grosses draches, du genre à durer toute la journée avec du vent en plus. Heureusement que nous avons toujours trouvé un moyen de ne pas replanter la tente mouillée.

Muriel en Nouvelle-Zélande

Le vent : les vents dominants, c’est des conneries. Quel que soit le sens où vous allez, vous aurez toujours le vent de face, c’est un peu comme la tartine qui tombe du côté beurré.

Le soleil : on n’a pas eu chaud, globalement (maximum une vingtaine de degrés) mais, dès que le soleil tape, il brûle. Les oreilles cramées, ça a été un peu difficile.

Muriel en Nouvelle-Zélande

Les sand flies : une horreur, le plaie totale. Nous en avons eu énormément du côté du Fjordland et jusque le West Coast, ça a été difficile nerveusement parfois.

Muriel en Nouvelle-Zélande

D’autres projets à venir ?

A part des randos moins lointaines, pas de projet en chantier. Mais pourquoi pas retourner en Alaska un de ces jours, à vélo ou à pied, je ne sais pas encore. La difficulté sera de trouver un moment de disponibilité pour un long voyage. Qui vivra verra comme on dit !

Ton budget ?

Par personne
Billet d’avion (AR Paris Christchurch): 1 286€
Nourriture (hors restos) : environ 500$
Restos (on s’est lâchés entre Noël et Nouvel-an) : environ 200€
Camping : 285$
Auberges et hôtel : 320$
Transports (bus et bateau) : environ 150$
Doubtful sound : 220$
Divers (timbres, cartes, lessives, internet, etc.) : environ 140$

Quelques liens

Un site avec un recensement cartographique d’à peu près tous les campings de Nouvelle-Zélande
Le site du Department of conservation (service des parcs)
Un très bon réseau d’auberges

Pour en savoir plus

Sur le site de Muriel, les billets de blog et tout le récit du voyage.

Muriel

Quelques voyages à droite à gauche, sur un continent ou un autre, et on attrape le virus du voyage.
Après une année d'échange universitaire à Montréal en 2005-2006, je suis rentrée en France obtenir mon Master, pour mieux repartir l'année suivante avec un Permis Vacances Travail canadien. 7 mois à Montréal et 4 mois de voyage dans tout l'ouest canadien et américain plus tard, je suis rentrée en Europe. J'ai passé un an et demi en Angleterre avant de retrouver le sol français pour travailler.
Je continue de voyager très régulièrement (Nouvelle-Zélande à vélo par exemple) et prend surtout beaucoup de plaisir à aider et accompagner de nouveaux PVTistes à profiter de la possibilitée formidable qu'offrent ces accords d'échange pour notre génération et les suivantes.
Et, aujourd'hui, me voilà repartie au Canada pour quelques années avec mon conjoint.

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(37) Commentaires

Sébastien I |

un peu peur pour la suite.)
Mais maintenant, je comprend mieux les motivations !
Au passage, Muriel, tu as dû apprécier la côte de Queenstown ? Je me souviens l’avoir vu sur ton blog, c’était censé être la plus difficile du pays… Dure ou pas ?

Muriel I |

La Crown Range road ? Une horreur ! J’avais calculé les dénivelés avec mapometer mais en réalité, j’avais pas fait gaffe. J’ai du pas mal pousser mon vélo et faire des pauses. Et le pire c’est qu’on a à peine profité de la longue descente jusque Wanaka après parce qu’on avait le vent de face : les boules !

Sébastien I |

Finalement, un retour global sur une expérience cyclo !
Pendant mon voyage en pays Kiwi, j’ai toujours trouvé complètement fous ceux qui faisaient le tour du pays en vélo (il faut avouer que quand même un van arrive avec difficulté en haut d’une côte, on a

Vincent I |

Excellent ! Bravo à toi.
Ah le cyclo, le tour de la Gaspésie me tente bien (même si je connais déjà la région), ou alors la grande traversée d’un océan à l’autre, mais là ça devient du lourd ! J’ai même l’Australie dans un coin de la tête.
Mais comme tu dis il faut trouver le temps, entre mon JP au Canada et ma demande de CSQ en cours…
J’espère que tu n’as pas trop mal aux jambes.

Muriel I |

Non, pas eu de courbatures du tout, étonnamment. Mais, encore une fois, même si les premières étapes n’arrêtaient pas de monter et descendre, j’avais prévu plutôt court.
Pour des témoignages de cyclo au Canada, tu peux aller voir ici : http://www.arctic2007.org même si c’est loin de la Gaspésie, ça peut te donner des idées.

Vincent I |

Excellent !! Bravo à toi.
Je commence à me renseigner pour faire du cylco au Canada, surement le tour de la Gaspésie pour commencer (bien que je connaisse déjà la région), ou alors la grande traversée d’un océan à l’autre, mais là ça devient du lourd! J’ai même l’Australie dans un coin de mâ

Davy I |

Merci muriel pour ton récit de ton bicycle trip, cela doit être sympa à faire, au grand air comme cela et puis tu as le temps de profiter du paysage. Aimant les activités physiques c’est quelque chose qui me plairait. Aucun pépin mécanique ou physique durant le trajet ?

Davy I |

Je pense que tu avais de quoi réparer en cas, mais cela ne doit pas être évident si cela arrive

Muriel I |

Côté matériel :
– Des vis du porte bagages qui sont parties : réparé facilement avec des colliers plastiques et du tape.
– Des explosions inexpliquées de chambres à air, ce qui nous a coincé une journée dans un trou paumé.
– Une seule petite crevaison
Côté physique :
– Une belle gamelle une fois en m’arrêtant sans réussir à déclipser et du coup je me suis fait une longue entaille dans le mollet avec les dents du grand plateau. Sur le coup j’ai craint qu’il faille des points de sutures mais avec des sutures collantes et en prenant soin de bien nettoyer et protéger, ça a été (je garde juste une magnifique cicatrice !)

Davy I |

heureusement que ta blessure ne t’a pas trop gênée pour pédaler