Le lever est difficile, les courbatures sont toujours là (soigner le mal par le mal ne fonctionne apparemment pas). De plus, je sais que je dois effectuer une très grosse montée dans l’après-midi et je déteste les côtes. Je décide que je monterai dans le van à ce moment-là. Mon challenge, je l’ai réalisé la veille, inutile de m’en lancé d’autres.
Nous retrouvons donc la côte est de Taïwan, la route le long de la mer des Philippines est absolument magnifique. La côte est très sauvage et il n’y a que très peu d’habitants et de béton dans ce coin.

Les vues tout simplement époustouflantes. La différence de niveau entre les premiers mètres en bord de plage et plus loin au large donne une tonalité bicolore à la mer. Par contre, nous commençons la journée avec une première côte très difficile. Après la première pause de la matinée, nous apprenons qu’une seconde grosse montée nous attend, toujours le long de la côte. Mais cette fois-ci, la route est en travaux et certaines portions doivent être réalisées de façon alternée sur une route très étroite et en pente. Les camions et les bus qui passent par là nous frôlent en passant à seulement quelques centimètres de nous. Pour la première fois, je ne suis vraiment pas sereine à côté de ces véhicules.
Finalement, j’arrêterai de pédaler beaucoup plus tôt que prévu. Je n’aime définitivement pas cette portion de route, et je préfère admirer les paysages depuis le van. Après quelques centaines de mètres, je vois un de mes camarades sur le bas côté de la route. C’est la première véritable chute de notre voyage. Nous allons le récupérer, mais une ambulance arrive très vite et l’emmène un peu plus loin dans une petite clinique locale pour panser ses plaies et effectuer des radios. Sur place, nous retrouvons un autre de mes équipiers qui a chuté un peu plus loin sur une partie où se trouvaient des graviers. Mauvaise passe pour notre groupe. Heureusement, les deux n’ont rien de bien grave. Pour l’un d’eux, c’est juste quelques égratignures et il peut remonter sur son vélo pour le reste de l’après-midi. Pour l’autre en revanche, des douleurs au coude et au poignet l’empêcheront de faire du vélo pendant les deux prochains jours.
À hauteur du village de Daren, nous quittons pour de bon la côte est de l’île pour rejoindre la partie ouest en passant par les collines du sud de l’île. Mes camarades doivent effectuer une montée de 12 kilomètres de long pour atteindre un sommet situé à 450 mètres au-dessus du niveau de la mer. Bien à l’aise dans le van, je peux profiter des paysages et admirer les reliefs très vallonnés du sud de Taïwan. Les nuages qui se glissent au creux des vallées donnent un petit caractère mystique plutôt plaisant.
Sur le plateau, nous empruntons la magnifique route 199 qui s’étire sur une quarantaine de kilomètres environ. Cette route nous conduit aussi au sein de la communauté aborigène de Paiwan. Les autochtones de Taïwan (appelés les « habitants originels ») représentent seulement 2 % de la population. Seize ethnies sont reconnues par l’État, mais il y en aurait dans les faits approximativement 27. Ces divisions ne prennent pas en compte les subdivisions au sein des ethnies. Nous avons notamment eu l’occasion de nous arrêter à l’école située à Mudan, où la majorité des élèves sont issus de l’ethnie Paiwan. Située haut dans les montagnes, cette petite école semble isolée du reste du monde.

Mais il est temps de quitter le plateau et de redescendre vers la côte. Remontée sur mon vélo, j’apprécie pleinement les vues sur le chemin. Les petites routes à travers la végétation sont très agréables. Nous alternons entre des routes entourées d’arbres et des routes le long des cours d’eau. Alors que nous redescendons et que la fin de la journée approche, nous admirons au loin le petit village de Mudan et son réservoir, baignant dans une lumière stupéfiante.
À la tombée de la nuit, nous arrivons à notre hôtel, qui fait face à la mer de Chine. Nous sommes passés d’une mer à une autre aujourd’hui !
Ces deux dernières journées ont été exquises. Après avoir réalisé et surpassé l’objectif que je m’étais fixé, j’ai profité de la quatrième journée pour m’extasier devant les paysages tout en ménageant un peu mes forces. Nous n’avons même pas encore atteint la moitié de notre épopée. Demain, nous quitterons cette merveilleuse partie sud de Taïwan pour retrouver la ville, et plus précisément Kaoshiung, la deuxième ville de l’île.
Je vais encore avoir besoin de beaucoup d’énergie.
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