Bonjour, je m’appelle Julien, je vis depuis un an en Alaska avec ma copine Piia et cet hiver nous avons eu l’opportunité d’être volontaire pour la Yukon Quest, en voici une petite description.

De quel job vas-tu nous parler ?

D’un job volontaire, au service d’une course de traineau à chiens, l’une des plus difficiles et longue au monde : la Yukon Quest. C’est le genre de job qui ne rapporte pas grand-chose voire même rien, certains volontaires (la plupart probablement) dépensent plus qu’ils ne gagnent sur cet événement mais l’expérience vaut le coup. Dans notre cas, nous étions nourris et logés durant une semaine, dans un endroit sublime : ça n’a pas de prix.
Il y a de nombreuses façons d’aider pour cette course. En effet, elle est presque totalement organisée par des volontaires. Dans notre cas nous étions postés a un checkpoint : Mile 101, situé après environ 1 200km de course.

Comment t’y es-tu pris pour trouver ce travail ?

Il n’est pas très difficile d’être volontaire sur cette course, encore faut-il aimer l’aventure. Nous vivons en Alaska depuis un an, nous nous sommes fait quelques contacts dans le monde du traineau à chiens ; grâce a ceux-ci nous avons pu participer au « Rookie meeting » de la Yukon Quest : une journée d’information pour les mushers n’ayant jamais couru cette course.
Notre but était de suivre la Yukon Quest en tant que média, nous sommes passionnés de photos et ça semblait être une bonne idée.

Nous voulions notamment être postés autour de l’Eagle Summit, un sommet redouté des mushers. Notre plan s’est avéré bancal, en effet, de nombreux médias sont déjà présent sur la course et la Yukon Quest a plus besoin de volontaires que de photographes !
Le manager du checkpoint Mile 101 nous a proposé d’être volontaires sur son site, étant donné la situation géographique de ce checkpoint nous avons accepté de suite. Piia était en charge de l’accueil des mushers, ce qui consiste à prendre leur temps à l’arrivée et au départ du checkpoint, vérifier le matériel obligatoire, et compter le nombre de chiens. Pour ma part, j’étais en charge de la communication, ce qui inclue la construction et la maintenance d’un système de communication nous permettant la transmission des informations au quartier général situé à Fairbanks.

Plus généralement, la Yukon Quest a un site internet où il est possible de déposer une candidature en tant que volontaire.

A-t-on exigé que tu aies des compétences ou des diplômes particuliers ?

Pas vraiment, je soupçonne Peter (le manager du checkpoint) d’avoir contacté quelques un de nos amis pour s’assurer de notre sérieux et de notre motivation. Nous avons eu deux réunions de préparation où nous avons exposé les compétences de chacun, nous avons de solides notions en informatique et sommes photographes amateurs, ce fut suffisant pour les convaincre de notre possible utilité sur le checkpoint !

Voici une petite description de l’endroit pour aider à comprendre le contexte.

Mile 101 est un ensemble de quatre cabanes non habitées durant l’année.
Située à 101 miles (160 km) au Nord Est de Fairbanks sur la Steese Highway, cette route est difficilement praticable durant l’hiver, notamment les 30 derniers kilomètres ; beaucoup de gens ont fini dans le fossé malgré l’énorme travail effectué par les chasse-neiges.

Les cabines sont équipées de poêle à bois, la première cabine est la cuisine où tout le monde (médias, handlers, volontaires, mushers, vétérinaires, juges de course) passent leur temps. La seconde est la cabane de communication avec ordinateurs et liaisons satellites : ce sont les seuls cabanes reliées aux générateurs.
Ensuite nous avons la cabane ou les mushers siestent (on ne peut pas dire dormir !) et la dernière est pour les volontaires. Le checkpoint est situé au pied d’Eagle Summit à 1100m d’altitude, très connu dans le monde du traineau à chiens du fait de son extrême raideur et du blizzard qui peut être extrêmement violent à son sommet.
En clair, nous étions au milieu de nulle part, attendant les mushers et leurs athlètes, descendant de la montagne. Les températures étaient très clémentes (beaucoup trop pour les chiens) nous avons eu entre -10 °c et -25 °c mais il peut faire jusqu’à -50 °c.

Les compétences requises étaient multiples : endurance, organisation, travail d’équipe, résistance au manque de sommeil, bonne humeur constante, dévouement… Que de grands mots pour pas grande chose, c’est du volontariat donc toute personne motivée devrait être capable de cela facilement, même pour les personnes n’ayant aucun intérêt et ou connaissance sur le traineau à chien au début de l’aventure, ils finissent tous fascinés par ce que les chiens sont capables de faire et c’est une immense motivation pour tout le monde. On a juste pas le droit de faiblir quand on voit ce que ces petites bêtes sont capables d’accomplir.

Une fois que tu as commencé à travailler, comment ça s’est passé ? Quelles tâches devais-tu accomplir ?

Ce fut physiquement difficile, les premiers mushers sont arrivés dans la nuit, après que l’on a passé deux grosses journées de préparation à soulever d’énormes bouteilles de gaz et autre bidons de fuel. Le manque de sommeil fut constant tout au long de la semaine, étant en charge de la communication, la moindre sieste était interrompue toutes les dix minutes par des officiels, handlers ou mushers voulant des renseignements, un appel pour un réveil, etc.
Les mushers ont des balises SPOT qui permet de les suivre en ligne, c’est très pratique pour nous car nous sommes capables de prédire à peu près leur arrivée avec une précision de plus ou moins une heure. J’étais le spécialiste du SPOT, chargé de prédire l’heure d’arrivée des mushers, et de communiquer à mes collègues si oui ou non ils avaient le temps pour une sieste.

En général, nous réveillons tout le monde une heure avant l’arrivée du musher, ainsi, l’équipe de cuisine a le temps de préparer le café, bacon et œufs en grande quantité. Ensuite nous nous préparons pour recevoir le musher ; Piia se rend à l’entrée du checkpoint et attend, tandis qu’une personne ou deux planifie où et comment placer le musher et ses chiens dans le checkpoint. Enfin, le musher arrive, prend soin de ses chiens, mange un morceau, dors deux ou trois heures et repart. Souvent, ils nous demandent de les réveiller a une heure précise, ce qui, au milieu de la nuit peut s’avérer difficile.

Apres deux jours de course, Piia et moi avons été intégrés à l’équipe de presse officielle de la course, nous avions donc en charge le suivi médiatique de notre checkpoint. Piia accueillant les mushers, j’avais pour tâche de prendre des photos du musher à son arrivée, des chiens, du checkpoint etc. Ce fut parfait pour nous qui voulions être medias au départ !
La charge de travail est vite devenu lourde entre les diverses communications à transmettre, les tâches du checkpoint (alimenter les générateurs, le feu, le réveil des mushers) et le travail de photographe. L’ambiance au checkpoint était vraiment bonne, toute l’équipe était très motivée et prête à sacrifier des dizaines d’heures de sommeil.

Cette course est très intéressante à suivre, de nombreux fans des quatre coins du monde sont sur Facebook et sont assoiffés de photos et vidéos en tout genre, il n’y en a jamais assez ! L’équipe de photographes et caméramans travaillent jour et nuit pour avoir des vidéos de tous les mushers, des interviews et des news en temps réel. C’est une vraie prouesse quand on réalise que tous ces gens sont bénévoles.
Nous suivions cette course via le Facebook l’année dernière et cette année nous étions les personnes partageant les informations officielles, une sympathique évolution !

Quel est ton meilleur souvenir ?

Il est difficile de dégager un seul bon moment. Ce fut une expérience incroyable, nous avons côtoyé l’élite du mushing mondial, c’est très intéressant de les voir travailler avec leurs chiens et de prendre soin d’eux, etc… Cependant l’ambiance est différence entre les premiers mushers concentrés sur leur course et l’arrière du peloton, plus disponible pour des discussions et des rigolades.

Mon plus beau souvenir est peut-être l’avant dernier musher (à l’arrière de la course, les mushers sont moins pressés et moins stressés). Matthew Failor était l’un d’eux, c’était sa première Yukon Quest. Il est arrivé avec un grand sourire (ce qui est rare après l’Eagle Summit), l’un de ses chiens n’allait pas bien, il a passé une journée entière à le masser, le nourrir et l’hydrater. Nous avons passé une bonne partie de la journée avec lui à prendre des photos et discuter. Apres 1 400km de course, il avait beaucoup de choses à raconter, ce fut un très bon moment.
Un autre souvent serait peut-être deux mushers du top 5 discutant entre amis. L’un d’eux était en difficulté dans l’ascension, malgré leur classement, le musher venant derrière lui s’est arrêté et l’a aidé à surmonter l’obstacle. Même si ce n’est pas rare dans le monde du traîneau à chien, ça reste sympa à regarder.

Au final je conseillerais à toutes les personnes n’ayant pas peur du manque de sommeil et assoiffés d’aventure de s’intéresser de prêt à cette course. C’est d’ailleurs bien restrictif d’appeler ça une course, pour Piia et moi, c’est une nouvelle famille.

Je vais m’arrêter la, je pourrais écrire un livre, pour plus d’infos nous avons un blog, vous pouvez également me contacter directement ou ici en commentaire.

Toute les photos sont réalisées par Piia Kortsalo et Julien Schroder !

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(8) Commentaires

Flo I |

Ca fait rêver. Merci d’avoir partagé!

Lysiane I |

Incroyable, c’est magnifique de participer à une expérience comme celle-ci, merci de l’avoir partagé !

Hélène I |

Quelle expérience! Merci d’avoir partagé ça avec nous et pour les belles photos qui mettent des étoiles plein les yeux!
Bravo à vous 2!

Guillaume I |

Excellent !! 😉

Anonyme I |

Un gros gros merci pour ce récit !!! Chanceux d’avoir fait parties de l’aventure, l’année dernière, je m’y étais prise trop tard pour être sur les checkpoints ! Un jour hehe 😉

Chrystelle I |

Merci pour le retour de votre expérience!

Angélique I |

Génial ça donne envie 🙂 Merci pour toutes ces infos ^^

Marie I |

Super récit, merci beaucoup pour ton témoignage !!!