Cela fait maintenant plus d’un an que je suis dans le pays, et même si je n’en suis finalement toujours pas sortie, il est temps de dresser un bilan de mon PVT Japon.
Les gens qui viennent au Japon dans l’objectif d’y rester vont surement se retrouver dans mon récit, j’espère qu’il leur sera utile !

Les conditions de ce PVT

Je suis partie en PVT au Japon à l’âge de 29 ans après avoir vadrouillé pas mal à droite et à gauche. Le PVT Japon était un objectif que j’avais depuis longtemps et je m’étais pas mal préparée pour m’en servir comme d’un vrai tremplin afin de rester plus longtemps dans le pays. De ce fait, j’ai découpé mon PVT en deux parties, 6 mois de découvertes et d’apprentissage de la langue et 6 mois de recherche active de travail pouvant déboucher sur un visa longue durée.

Les 6 premiers mois : la découverte du pays

Je voulais tout d’abord profiter de la première partie de mon PVT pour découvrir le pays en faisant des activités et expériences que je n’aurai plus le temps de faire une fois un travail stable trouvé. Après avoir réglé toutes les démarches administratives à Tokyo pendant un mois, je suis partie faire une saison d’hiver dans les montagnes de Nagano pour voir le Japon en dehors des grandes villes. J’ai déjà détaillé cette expérience dans un autre article, je ne vais donc pas m’attarder plus ici.
Au long de ces 5 mois en immersion j’ai beaucoup appris sur la culture et les habitants et j’ai pu aussi voyager en dehors des sentiers battus dans des coins moins touristiques. J’ai ainsi découvert la province et des petits villages reculés et j’ai commencé à beaucoup apprécier ce Japon rural qui ne m’attirait pourtant pas du tout au début. C’est également à ce moment que j’ai eu la chance de rencontrer mon petit-ami japonais avec qui je suis toujours aujourd’hui, et qui me relie aux montagnes de Nagano bien que vivant à présent à Tokyo.
Après avoir travaillé (dur !), découvert les dessous d’une entreprise japonaise très traditionnelle, avoir voyagé et m’être pas mal amusée à la fin de la saison d’hiver, je suis repartie pour la grande ville, n’ayant plus que 6 mois de PVT devant moi.

À la recherche d’un travail pour rester

Ayant fait un PVT au Canada, je savais qu’il était important de garder plusieurs mois de PVT devant moi à utiliser comme période d’essai pour une entreprise qui me sponsoriserait avec un visa de travail. Peu d’entreprises en effet vont être prêtes à vous embaucher et à vous donner un visa sans recul sur votre travail. Trois mois sont généralement suffisants mais étant un peu anxieuse par nature, je préférais voir large et pouvoir me retourner si jamais ça ne fonctionnait pas avec la première boîte choisie.
J’ai tout d’abord cherché un travail à Osaka car j’aime cette ville, moins grande et avec une population plus chaleureuse que Tokyo. J’ai cherché dans mon domaine, c’est à dire prof de FLE (français langue étrangère). Malheureusement, arrivant au mois de mai, juste après la grande vague d’embauche dans les écoles, il me fut impossible de trouver un patron prêt à me sponsoriser. Des amis rencontraient eux aussi des difficultés dans d’autres villes secondaires (Fukuoka et Naha), je me suis donc résignée à retourner à Tokyo pour accepter une offre que j’avais reçue. J’ai passé le reste de ces 6 mois à travailler en ayant peu de temps pour moi à côté et donc encore moins pour découvrir le Japon. En octobre, j’ai enfin obtenu le graal, le visa de travail, un grand soulagement et la récompense de ce sacrifice. Je n’ai donc pas pu profiter de tout mon PVT comme je l’aurais voulu, mais le jeu en valait la chandelle. J’ai obtenu sans difficulté un visa de travail de 3 ans, tandis que mes amis qui ont persisté dans les écoles de langue de Fukuoka n’ont obtenu qu’un an, en acceptant des conditions de travail peu régulières…

Les bonnes surprises

Au niveau des bonnes surprises, je dois dire que j’ai trouvé qu’il était très facile de vivre à Tokyo sans trop parler japonais (ce qui n’est pas le cas en dehors !). La plupart des restaurants ont des menus en anglais, les distributeurs automatiques se mettent aussi peu à peu à la langue de Shakespeare. Il n’y a plus de difficultés pour retirer de l’argent avec sa carte française comme j’en avais eues il y a quelques années lors de mon voyage à Kyoto.

Également, contrairement à ce que j’ai souvent lu et entendu, je n’ai jamais eu besoin de cumuler des jobs pour avoir un salaire me permettant de vivre convenablement, mon emploi unique que ce soit à Nagano ou à Tokyo m’a toujours permis de vivre tout à fait confortablement sans trop regarder à la dépense niveau sorties ou voyages.
On trouve de tout et n’importe quoi à ce sujet sur internet (blogs, forums, surtout en anglais), et comme j’ai pu le constater lors d’autres expatriations en Asie, il faut croire que le Français lambda se contente de beaucoup moins pour vivre que la plupart des anglophones… Je vous conseille de prendre les opinions des autres à la légère sur ce point et de vous faire votre propre idée.

Bien-sûr, le Japon est un pays où le quotidien est « pratique » et sûr, mais ce n’était pas vraiment une surprise, ce sont des points connus. J’ai commencé petit à petit à me comporter comme une Japonaise, c’est-à-dire à laisser mon téléphone et mon sac sur la table quand je vais aux toilettes, à ne plus jamais voyager avec mes valises et à n’utiliser que le service de livraison de bagages… on devient vite accro à toutes ces facilités !

J’ai également découvert qu’il était facile de garder une alimentation végétarienne pour peu que l’on cuisine un peu à la maison.

Jpeg

Contrairement à la Chine où je ne comprenais rien dans les supermarchés et où beaucoup de produits me semblaient étranges, il est relativement facile de faire ses courses ici et de comprendre ce qu’il y a dans les produits. De plus, les nombreux employés dans les magasins sont toujours dans le coin pour répondre aux questions sur ce que contient tel ou tel produit. À partir du moment où j’ai eu mon appartement et où j’ai pu cuisiner, mon alimentation est redevenue équilibrée facilement, grâce aux supermarchés. Et en plus maintenant, il y a Picard au Japon !

Les obstacles

Contrairement à ce à quoi je m’attendais, il a été très difficile pour moi de me faire des amis, que ce soit à Nagano ou lors de mon arrivée à Tokyo. Je me suis heurtée à une vraie barrière de la langue à Nagano, entourée de Japonais qui n’avaient pas forcément l’envie de faire des efforts pour converser avec moi. Problème que je n’ai pas eu à Osaka où les gens me paraissaient tellement plus ouverts et chaleureux, et où la barrière de la langue ne semblait pas un obstacle infranchissable (d’autant plus que je continuais d’étudier la langue à mon rythme). Je suis retombée dans un certain isolement à Tokyo, bien qu’ayant cumulé les sorties Meetup. La différence entre Osaka et Tokyo peut sembler cliché, mais il n’y a pas de fumée sans feu je pense. Les gens de Tokyo sont pressés, toujours occupés et froids, et cela vaut aussi pour des amis que j’avais rencontrés il y a quelques années au Canada et qui n’ont plus le temps de sortir aujourd’hui, trop pris par leur travail ou leur famille.
C’est vers la fin de l’année, lorsque j’ai lâché prise avec les Japonais et que j’ai décidé de me tourner à nouveau vers la communauté étrangère, que j’ai pu enfin retrouver une vie sociale digne de ce nom.

Les obstacles étaient administratifs aussi avec de nombreux changements d’adresse, une petite panique au niveau des documents à fournir pour le visa… décidément, même si c’est probablement plus difficile en France, le Japon reste quand même un pays très bureaucratique, loin de la simplicité du Canada, par exemple. Tout dépend de la personne sur qui vous tombez.. J’ai généralement eu affaire à des agents patients dans les mairies, mais je me rappellerai longtemps des agents de l’immigration de Shinagawa qui sont parmi les plus désagréables que j’aie pu rencontrer au Japon !

L’impression générale

Mon impression générale est que tout a été un peu plus difficile que prévu. Se faire des amis, obtenir un visa de travail, je pensais que tout cela, au vu de mon passif et des mes capacités, allait être facile. Au contraire, je me suis retrouvée plus souvent à devoir franchir des obstacles ici au Japon qu’à Taiwan ou en Chine, alors que je connais moins la culture et la langue chinoises. J’ai obtenu tout ce que je voulais à la fin de mon PVT (job, visa de travail, appartement, petit-ami !) mais il a fallu se battre beaucoup plus ici pour tout que lors des mes précédentes expatriations, alors que je suis partie relativement bien préparée.

Mon impression de Tokyo est également désastreuse, et je souhaite partir de cette ville dès que possible ! La froideur des gens, les prix, la taille de la ville, la foule et les embouteillages humains me rendent folle ! J’avais pourtant adoré la ville quand je l’avais visitée il y a quelques années, mais y vivre est très différent. Il est vrai que pour ne rien arranger, je dois passer tous les jours par la gare de Shinjuku, ce qui alimente bien sûr cette impression de chaos quotidien et de foule oppressante. Certains quartiers de Tokyo sont calmes, mais malheureusement ce n’est pas mon quotidien !

Mon impression de la campagne et des villes plus petites a par contre beaucoup changé. Je ne sais pas si c’est l’âge, ou le fait d’avoir été coincée dans un trou perdu pendant 5 mois, mais j’ai développé un certain amour de la campagne – et de la montagne – japonaise. Sans retourner dans un endroit aussi isolé que là où j’étais, j’aimerais beaucoup aller vivre dans une ville secondaire telle que Kanazawa, plus à taille humaine que Tokyo ou Osaka.

Bilan de mon PVT Japon - Rue typique

Si c’était à refaire ?

Si c’était à refaire, je pense que je referais quelques choses différemment.

Tout d’abord, je bosserais beaucoup, beaucoup plus mon japonais avant de venir, voire que je prendrais des cours dans une école de langue.
Partir dans un coin isolé pensant que mon japonais allait s’améliorer naturellement a été une décision lourde de conséquences : beaucoup de frustration et d’isolement social, même s’il est vrai que j’ai fait des progrès spectaculaires là-bas, ce fut franchement difficile. Pendant mon unique jour de congé de la semaine je ne voulais parler à personne car j’en avais marre de ne pas être comprise et de devoir faire de gros efforts pour comprendre les autres.

Je ne m’isolerais pas tant des autres étrangers non plus, car j’ai trouvé que les Japonais ne sont finalement pas très ouverts quand il y a une barrière de la langue, surtout en dehors des grandes villes. Les gens ne cherchent pas forcément à tisser des liens avec d’autres cultures. Partir faire une saison avec une agence de placement plutôt que seule dans un hôtel avec un staff 100 % japonais aurait sûrement été une expérience plus agréable à vivre.

J’aurais aimé voyager plus avant de m’installer quelque part avec un job stable, mais il est difficile de savoir de quoi demain sera fait et de refuser des propositions sans être sûre d’avoir quelque chose d’autre sous la main plus tard. Heureusement, mon emploi actuel est très souple sur les jours de congés et je peux en prendre autant que je veux (non payés bien sûr) donc je peux encore voyager, mais pas pendant des mois au gré du vent comme lors du PVT.

Conseils pour les autres pvtistes

Bilan de mon PVT Japon - Cerisiers

Mes conseils ci-dessous ne vont s’adresser qu’aux gens dans mon cas, c’est-à-dire ceux qui veulent s’installer au Japon à la fin de leur PVT.

Un niveau de japonais N3 me semble le minimum pour bien réussir son intégration SOCIALE. Je suis arrivée avec un niveau N4, suffisant pour commander dans les restaurants, me débrouiller dans la vie et trouver un travail, mais pas assez pour me créer des amitiés avec les Japonais.

Construisez un réseau avec les étrangers. Les Japonais ne vous aideront pas à trouver un travail, nous sommes dans un monde parallèle à eux. Ils ne comprennent pas nos conditions de vie ni les obstacles que nous devons surmonter au quotidien. Les étrangers peuvent vous aider dans de nombreux domaines autres que le travail, leur aide et leur soutien sera d’un grand réconfort.

Cherchez un travail à la bonne saison. J’ai trop compté sur le fait que les écoles de langues embauchaient toute l’année, ce qui n’est pas tout à fait faux mais qui n’est pas le cas entre avril et juin, juste après la période de recrutement numéro un.
Si vous arrivez après cette période, il n’y a plus que des miettes, voire rien du tout, il faudra attendre quelques mois pour que les premiers éléments soient renvoyés ou démissionnent. Vos qualités de travail importent peu au final, ce qui compte c’est plutôt le timing et la chance pour avoir un bon poste, j’ai l’impression. Vous seriez surpris de voir le nombre de mauvais éléments dans les entreprises qui ne doivent leur poste qu’au fait d’avoir été au bon endroit au bon moment tandis que des gens qualifiés se débattent avec des petits boulots…

La vie est plus agréable en dehors de Tokyo mais il est également plus difficile d’y trouver un travail. Je vous conseille d’essayer de trouver un boulot plutôt en dehors de Tokyo au départ et de garder Tokyo en plan B si rien ne marche.

Voilà, j’espère que ce retour d’expérience vous donne un peu de courage ou du moins une meilleure idée de ce qu’est une expérience de PVT au Japon très orientée “recherche de travail”. Bien sûr chaque parcours est différent et la chance sourit à certains mais pas à d’autres.
Cependant, je pense que si l’on vient suffisamment préparé (la motivation seule ne suffit pas), on peut surmonter la majorité des obstacles et trouver un moyen de rester.
Finalement, le visa de travail n’est pas le seul moyen de rester dans le pays, vous pourrez toujours tenter le visa étudiant au pire des cas.

Bonne chance et bon PVT a tous !

Bilan de mon PVT Japon - Nature

Mylène

Passée par le Canada, la Chine et Taïwan, je suis arrivée au Japon en 2015 et suis toujours aujourd'hui dans ce pays fascinant.

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(4)Commentaires

Mylène I |
Message de Sheldie
Merci pour ce bilan ! Partant bientôt ça me donne de quoi réfléchir. Même si ma situation à mon arrivée là-bas sera bien différente de la tienne à tes débuts, je pense que je vais me retrouver dans beaucoup de tes péripéties.
Avoir un retour comme le tien est toujours un plus, j'espère qu'on aura encore des nouvelles de tes aventures au Soleil Levant.

Merci et oui, toujours présente sur le forum pour encore un bon bout de temps j'espère !
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Mylène I |
Message de Lilou
Merci pour ce retour, c’est super !!!

Avec plaisir !
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Angelique I |
Merci pour ce bilan ! Partant bientôt ça me donne de quoi réfléchir. Même si ma situation à mon arrivée là-bas sera bien différente de la tienne à tes débuts, je pense que je vais me retrouver dans beaucoup de tes péripéties.
Avoir un retour comme le tien est toujours un plus, j'espère qu'on aura encore des nouvelles de tes aventures au Soleil Levant.
Julie I |
Merci pour ce retour, c’est super !!!