Précédents récits de Nathan
Article : un début de WHV en Australie avec un niveau d’anglais moyen
Article : en Australie, partir en road trip avec des inconnus
Récit : un mois de road trip sur la côté est australienne
Article : la recherche de travail à Cairns
Récit : zucchinis, zucchinis, zucchinis… la cueillette de courgettes
Article : ramasser des courgettes dans le Queensland
Article : Un road trip dans l’Outback : Uluru et le désert
Récit : Darwin, Kakadu et compagnie…
En Australie ce qui attire les gens, c’est surtout la côte est. Il faut reconnaître qu’avec Sydney, Byron Bay, Fraser Island, les Whitsunday Islands et sa barrière de corail, elle a des arguments convaincants. Le parfait dosage entre la fête et la découverte !
Alors qu’au contraire, la côte ouest australienne se trouve étrangement délaissée. Beaucoup moins de gens prennent la peine de découvrir Broome, Exmouth et Shark Bay. C’est pourtant ce que j’ai fait pendant 2 semaines avec mes deux compères Antoine et Lucien, rencontrés à Cairns.
La première étape de ce voyage est Broome. Mon premier contact avec l’Océan Indien. Broome est surtout réputé pour sa plage, connue pour être l’une des plus belles d’Australie, ainsi que pour le « staircase to the moon », une illusion d’optique créée par le reflet de la lune sur la mer qui créé une sorte d’escalier lumineux jusqu’à la lune. Ce phénomène n’apparait que pendant les pleines lunes entre mars et octobre. Malheureusement nous arriverons un jour trop tard.
Nous nous contenterons alors d’un simple « staircase to the sun ».
Après Broome, nous nous aventurons un peu à l’intérieur des terres, m’offrant alors le privilège d’admirer encore un peu plus la beauté de l’outback australien, dont une partie qui n’a pas volé son nom : le Big Empty. La raison de ce détour se nomme Karijini National Park.
C’est le deuxième plus grand parc du Western Australia. Le parc comporte pléthore de gorges…
… de rivières et de montagnes. 3 jours nous seront nécessaires pour en explorer le contenu. Les deux premiers furent consacrés à explorer les gorges, marcher le long des falaises et se baigner dans les eaux glacées du lac (pas moi pour cause d’infection bénigne des voies aériennes supérieures (cavité nasale et pharynx) par un picornaviridae).
Le final de ces trois jours se fera par l’ascension du Mont Bruce, le deuxième plus haut sommet du Western Australia et qui, du haut de ses 1 234 mètres, donne une vue à couper le souffle de l’outback australien.
Après Karijini, nous rejoignons de nouveau la côte. Cette fois-ci, à Exmouth, le point de départ pour l’exploration du récif de Ningaloo, un récif corallien de 260 km.
Cette barrière de corail n’a franchement rien à envier de sa grande soeur orientale, la grande barrière de corail. Elle permet entre autre de nager avec des requins baleines entre mars et juin, moyennant bien sûr quelques sesterces. En revanche, et contrairement à la grande barrière, il est tout à fait possible de nager au milieu des coraux et des poissons sans dépenser une pièce, si ce n’est évidemment les quelques dollars nécessaires à l’achat d’une paire de palmes, d’un masque et d’un tuba (soit à peine 8 dollars chez Kmart). Il suffit de nager dix mètres depuis la plage pour se retrouver automatiquement dans un décor sous-marin absolument magnifique. Pas besoin de payer 100 $ pour embarquer une après-midi sur un bateau au milieu de dizaines d’autres touristes, pour à peine 30 minutes de snorkelling.
A Ningaloo, le snorkelling est gratuit et illimité.
Si je devais convaincre quelqu’un de visiter la côte ouest, ce serait mon premier argument. A Exmouth, alors que nous prenons notre petit-déjeuner, nous rencontrons Alan, la caricature du vieux loup de mer australien. La soixantaine bedonnante, barbe blanche, queue de cheval, tatouages et boucle d’oreille. Genre militant à Sea Sheppard.
Ce dernier plonge dans les eaux du Ningaloo Marine Park depuis plus de 40 ans. Il est venu pour observer les baleines qui longent la côte pendant leur migration. A peine arrivé, il nous en montre une qui jaillit à environ 1 km de la cote. Ma première baleine.
Il nous donne ensuite les meilleurs spots de snorkelling du coin : Oyster Stacks et Turquoise Bay. A Oyster Stacks, après 20 minutes passés à serpenter entre les coraux, une ombre de deux mètres de long passe devant moi. Il me semble entendre la musique lancinante des dents de la mer. Un requin. Le temps que je prenne une décision entre armer ma go pro ou m’enfuir en criant et en agitant les bras, la bestiole avait déjà disparu. Je retourne quand même sur la plage, on ne sait jamais. Après renseignement, les requins sont des habitués de la région, mais ne sont généralement pas dangereux.
Le lendemain est consacré à Turquoise Bay, qui porte franchement bien son nom. Il s’agit sans doute de la plus belle eau de mer qu’il m’a été donné de voir.
L’inconvénient ce cette plage est son courant latéral tellement puissant qu’il est quasiment impossible de nager vers le sud. Il suffit donc de se laisser porter jusqu’à l’extrémité nord de la plage, puis de remonter la baie à pied pour recommencer. Cette fois-ci, pas de requins mais deux tortues de mer beaucoup moins farouches.
Nager à leurs cotés sera sans doute dans le top 10 de mes souvenirs australiens. Ces deux jours dans le Ningaloo Marine Park m’auront permis de voir une baleine, un requin, deux tortues et des centaines d’espèces de poissons. Et ce n’est pas fini, car Coral Bay est la prochaine destination.
Coral Bay, c’est une rue, 160 habitants et des dizaines de campings et d’hôtels. Une ville typique de la côte ouest. Là encore, nous avons le droit à une journée de snorkelling illimité.
En redescendant vers Carnarvon, nous passons par hasard devant un panneau indiquant « blowhole ». Un blowhole, c’est un trou creusé dans la roche sur le littoral. Quand l’eau de mer s’engouffre dans ce trou, la pression la fait ressortir à la surface à la manière d’un geyser.
La mer étant particulièrement déchainée ce jour-là, nous avons pu profiter de ces blowholes au maximum de leur puissance.
Et encore, ce n’est rien comparé aux énormes vagues qui viennent se fracasser sur les falaises créant alors des projections d’eau de plus de dix mètres de hauteur.
Nous nous dirigeons ensuite vers Shark bay, qui, comme son nom ne l’indique pas, est célèbre pour ses dauphins. Notamment sur la plage de Monkey Mia (qui contrairement à ce qu’indique son nom est dépourvue de singes).
Avant cela, nous nous attardons à Shell Beach, qui pour une fois, porte bien son nom, vu qu’elle n’est constituée que de minuscules coquillages, ainsi qu’à Denham, la petite bourgade à proximité de Monkey Mia.
A Monkey Mia, la plage est payante (8,50 $). En revanche, on est assuré d’y observer des dauphins. Comment ? Tous les matins à 7 h 30 précise, les rangers du parc appâtent les dauphins avec un seau de poissons. Les dauphins viennent tous les jours avec la précision d’une horloge pour recevoir leur petit-déjeuner journalier.
Nous avions donc prévu de nous lever aux aurores pour assister au nourrissage de dauphins, mais une petite surprise a avancé notre réveil. A 5 h 40, nous entendons quelqu’un toquer au carreaux : « Good Morning, c’est le ranger ! ». Résultat 100 $ d’amende, et l’obligation de déplacer le van pour terminer notre nuit. Nous qui pensions avoir trouvé un coin tranquille pour camper, nous étions loin de nous douter que le van était en fait garé juste devant la maison du ranger.
Le camping sauvage, c’est d’ailleurs le seul inconvénient de la côte ouest. Il faut savoir qu’il est illégal de dormir dans son van en dehors des endroits appropriés (campings, rest areas, etc.). On nous avait déjà prévenus que les rangers étaient particulièrement sévères dans cette région, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. A Broome, Exmouth, Coral Bay, Denham, partout les rangers nous ont demandé de partir.
Généralement, ils effectuent leurs rondes le soir, et nous demandent simplement de déplacer le van jusqu’à un endroit approprié sans nous mettre d’amende. Étant donné que les principales villes de la côte ouest ne vivent, en grande partie, que grâce au tourisme, il est inutile de dire que les seuls endroits appropriés sont des campings qui nous demandent de mettre la main à la poche pour louer un emplacement.
Une fois remis de ce réveil douloureux, nous nous mettons donc en route vers la plage de Monkey Mia, où près de 200 touristes attendent déjà au bord de la plage, appareils photo aux aguets, guettant l’horizon à l’affût de la moindre nageoire dorsale. Pendant que les dauphins approchent petit à petit de la plage sous le crépitement intempestif des appareils photo, le ranger du parc nous explique de ne surtout jamais nourrir d’animaux sauvages pour ne pas les rendre dépendants des humains.
Autrement dit : ils nous disent de faire le contraire de ce qu’ils font tous les jours. Le discours me semble légèrement hypocrite, mais les rangers prennent bien soin de limiter le nombre de poissons donnés à chaque dauphin. Seule une dizaine de poissons est distribuée par quelques privilégiés choisis au hasard dans le public. Bien qu’il soit plaisant de pouvoir admirer des dauphins d’aussi près…
… il faut reconnaître que le fait de les appâter avec des poissons et de les regarder en même temps que 200 autres personnes enlève un peu de magie à ce moment. C’est pourquoi si vous passez un jour du coté de Monkey Mia, je vous encourage très fortement à passer la journée sur la plage. Les dauphins reviennent généralement pour pêcher à seulement quelques mètres des plages, et il est donc possible de se retrouver seul, les pieds dans l’eau, entouré de plusieurs dauphins. Ce moment a réveillé la « collégienne à appareil dentaire qui collectionne des photos de dauphins et de poneys dans son agenda » qui sommeillait en moi.
Mais les dauphins ne sont rien comparé à ce qu’il m’a été donné de voir sur le retour. J’ai eu l’immense privilège d’observer des stromatolithes ! Oui, tu as bien lu : des stromatolithes ! Bon, à vrai dire, je ne comprends toujours pas très bien ce que sont les stromatolithes. Si j’ai bien compris, ce sont les plus vieux organismes vivants de la planète, et (toujours si j’ai bien compris), il s’agit en fait de bactéries microscopiques. En tout cas, à notre échelle, ça ressemble furieusement à des cailloux.
A peine remis de l’émotion que m’a procurée l’observation de ces vieilles bactéries, nous continuons de descendre dans le sud. Pratiquement sans transition, les températures estivales de Shark Bay se transforment soudainement en un climat qui me rappelle que je suis au beau milieu de l’hiver. Des nuages (les premiers depuis un bout de temps), des températures qui peuvent parfois passer sous la barre fatidique des 20° et quelques micro gouttes de pluie nous accompagneront jusqu’à la fin de notre voyage.
Après un court passage au Kalbarri National Parc, nous arrivons déjà au fameux Pinnacle Desert.
Un lieu étrange digne d’une peinture surréaliste où des sortes de menhirs naturels se dressent au milieu d’un sable doré. Dommage que l’épaisse couche de nuages ne nous ait pas permis d’observer un coucher de soleil digne de ce nom.
Le lendemain, nous nous retrouvons dans la ville de Lancelin. Partout dans la ville, que ce soit dans les stations services ou dans les épiceries, il est possible de louer des snowboards pour la journée. Il n’y a pas de neige à Lancelin, mais d’impressionnantes dunes de sables, véritable terrain de jeux pour les amateurs de moto, quad, buggy et sandboard. Nous louons donc deux planches à la station service du coin (20 $ pour deux heures) pour nous rendre au plus vite au lieu qui accueille ces fameuses dunes.
Le vent qui souffle du haut des dunes est particulièrement agaçant. Les projections de sable sont tellement importantes qu’il est quasi-impossible de garder les yeux ouverts face au vent. Après quelques essais et de nombreuses gamelles, nous parvenons finalement à rester debout sur notre planche jusqu’à la fin de la descente.
Je découvre avec étonnement que le sandboard est un sport très physique. Ce n’est pas que la descente soit compliquée, c’est juste que les dunes ne disposent pas de tire-fesses. Après avoir dévalé les dunes, il faut les remonter à pied. C’est plus fatigant que ça en à l’air.
Après avoir accumulé plusieurs kilos de sable dans les cheveux, les oreilles et la bouche, il est déjà temps de nous rendre à la dernière étape de ce road trip. Le Yanchep National Park, qui ressemble plus à un jardin des plantes qu’à un véritable parc national. Des kangourous pas vraiment sauvages peuplent l’endroit. Ce parc est surtout pour moi l’occasion de voir mes premiers koalas.
Mais je ne le compte pas dans ma « liste des animaux sauvages vus depuis mon arrivée », car le fameux marsupial vivait dans une sorte d’enclot dans lequel une passerelle permettait de l’observer de près. On sent que l’on approche des grandes villes en fonction de la qualité de parcs nationaux.
Effectivement, 1 heure de route plus tard, nous apercevions déjà les gratte-ciel de Perth pointer à l’horizon. Perth, c’est la fin de ce voyage sur la côte ouest. C’est aussi là que je me sépare de mes deux travelmates que j’accompagne maintenant depuis Cairns. Eux vont vendre leur van et retourner dans ce triste pays pluvieux où l’odeur nauséabonde de son fromage couvre celle délicieuse d’un filet de kangourou sur un barbecue électrique. Quant à moi, bah je ne sais pas…
(15) Commentaires
Pfiou….magnifique, tout ça en deux semaines seulement ?! c’est possible ?
Ça donne vraiment envie !
Et bien j’avais aussi loupé ce récit. Je suis vraiment à la bourre pour lire tes aventures. J’adore, j’adore, j’adore. Super récit et somptueuses photos. Si tu n’as pas déjà fait et que tu en a l’occaz c’est de faire Rottnest island. Petite île « en face » de Perth absolument géniale.
Merci pour ton article et les photos de rêve ! A tout hasard quelqu’un sait si le climat est ok pour faire ce roadtrip Perth-Darwin (ou l’inverse) au mois de mars ? J’ai vu beaucoup de circuits organisés qui avaient lieu d’avril à novembre seulement. Merci par avance 😉
En fait ça dépend un peu ne combien de temps tu veux le faire. Si tu fais un trip Perth Darwin en mars, à Perth il fera beau et chaud mais dans le nord vers Broome tu risques la saison des pluies. C’est mieux de remonter vers le nord dans la période mai-juin-juillet. Moi j’étais en mai à Broome et en juillet à Darwin, j’ai eu très chaud et beau. En revanche un ami s’est retrouvé à Exmouth en Février ou Mars il je ne sais plus trop, il a eu un temps horrible et des inondations. Je sais pas trop si je suis claire là lol. 🙂
Tes photos sont top c’est clair. Celle avec l’explosion de la vague est tout simplement su-blime ! Clap clap clap
On avait prévu de faire le tour de l’Est du pays via Alice Springs mais c’est vrai que ça donne matière à méditer… J’ai bien peur qu’en 4 mois le tour entier soit chaud à faire. On verra !
ça donne vraiment envie,perso j’ai toujours préféré les coin moins touristiques et je pense que si je pars en Australie après la Nouvelle-Zelande je resterai un bon moment à l’Ouest.
ouéééé !!!
Génial ces photos et les récits ! Karijini, Ningaloo, Turquoise Bay at Mya Shark sont à mon programme en février prochain ça met tellement l’eau à la bouche !
Merci au passage pour les conseils sur les dodos en van, on essaiera de s’en souvenir pour pas choper 100$ d’amende ! 😉
Encore une fois, tu nous vends du rêve Australien Nathan, merci!!!
Entre ton style d’écriture, tes photos et tes aventures, ça rend jaloux, je te le dis!
J’avais jamais vu de menhirs australiens, en tant que bretonne j’en reste pantoise!
Vivement la suite 🙂
ps: j’ai adoré le « collégienne à appareil dentaire… », bien trouvé! 😉
Ah lala, mais comment c’est trop beau tout ça !!!!
Il y a une super cagnotte à euro-million vendredi. Je pense que je penserais à tes photos quand je remplirais la grille :p
Merci pour ton temoignage et ces photos, elles sont magnifiques….
Et le van, ahahah, c’est desormais moi l heureuse proprietaire….
(J espere qu il m emmenera voir d aussi beaux endroits)
🙂
Hey classe ça !! 😉
Vous avez fait un bon achat. Prenez en soin et bon voyage.
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