4Les populations en Argentine

Les populations en Argentine

« Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins des bateaux ! » – Proverbe populaire

L’Argentine est aujourd’hui composée d’une population descendant à 90 % des Européens, principalement Italiens et Espagnols. La société argentine est très européenne, avec des codes proches des sociétés d’Europe du Sud (italienne principalement). Les traditions, la famille et le catholicisme ont une place très importante dans une société par ailleurs très chaleureuse, accueillante, prête à tout partager et à charlar (bavarder) pendant des heures et des heures. Elle se revendique d’ailleurs elle-même comme une “Europe d’Amérique du Sud”.

Un pays fondé sur l’immigration

L’immigration en Argentine constitue l’essentiel de l’histoire récente argentine. En effet, l’Argentine accueille pas moins de 6 millions de personnes immigrantes depuis le milieu du XXè siècle, en grande partie espagnoles et italiennes. Durant cette période, la population du pays a été multipliée par dix. En découle un impact impressionnant sur les nouvelles générations.

Aujourd’hui ce sont les habitants des pays frontaliers comme le Chili et le Paraguay qui s’installent en
Argentine.
L’immigration a donc pesé un poids si conséquent dans la formation sociale et culturelle du pays, qu’il est impossible de passer à côté de ce chapitre pour comprendre les rouages actuels du pays.
Le port de Buenos Aires qui se situe dans le quartier de la Boca vit un bon nombre d’étrangers débarquer des bateaux depuis les années 50. Depuis, c’est aux postes frontaliers de Villazon (frontière bolivienne au Nord) ou encore sur l’un des postes de la troisième plus longue frontière du monde entre l’Argentine et le Chili que les immigrants arrivent. Sinon, ce sera à l’aéroport international d’Ezeiza que les immigrants européens rentrent désormais sur le territoire.

Les peuples autochtones en Argentine 

Comme dans la plupart des pays des continents américains, l’Argentine était composée de nombreuses ethnies de natifs américains jusqu’à la conquête des Européens qui les a décimées. L’Argentine se voit comme une nation aux racines européennes, du fait de son histoire de migration. Cependant, les archéologues ont mis en avant le fait que le pays était habité depuis plus de 100 000 ans par des peuples natifs.

L’Argentine compte aujourd’hui 39 nations autochtones reconnues par l’Etat. On peut citer les Mapuches, les Aymaras, les Guaranis et les Chanes. Ces populations qui ont petit à petit perdu leurs terres et leurs droits n’ont pas été incluses dans le récit national. Les historiens qui ont étudié l’histoire de l’Argentine, s’entendent pour dire que sa construction s’est faite par une soumission des peuples autochtones à travers des pratiques d’extermination progressive et systémique. Ils sont souvent perçus comme un problème, non comme une richesse. 

Depuis 1994, la Constitution du pays reconnaît les droits des peuples autochtones et l’Argentine a ratifié des traités internationaux relatifs aux droits fondamentaux. Il existe de nombreux instruments juridiques imposant et permettant la mise en place de lois protectrices et inclusives. Le fossé demeure cependant entre la théorie et la pratique, et les gouvernements successifs n’ont pas fait avancer le débat. 

En 2022, Human Rights Watch soulève les manques d’accès aux services de bases dont sont victimes les populations des nations autochtones partout en Argentine, notamment concernant l’accès à l’éducation, aux soins, à la justice et à la terre. 

Souvent en marge, elles sont presque toujours absentes du débat politique. 

Elles sont pourtant très présentes sur les scènes de lutte pour leurs droits fondamentaux et pour protéger leur terre. En 2023, cela concerne le lithium, et la zone appelée le “triangle du lithium” entre l’Argentine, le Chili et la Bolivie. Le lithium est une ressource importante pour les pays du nord, pour la production de voitures électriques notamment. Mais les décisions prises concernant l’exploitation des terres ont été faites très rapidement sans inclure les personnes vivant sur ces territoires, au détriment de leurs droits fondamentaux et de l’environnement. Pour contester cette décision, des manifestations et des blocages ont été organisés puis sévèrement réprimés par les forces de l’ordre. En octobre 2023, Amnesty International reconnaît lors d’une enquête que le droit de manifester n’a pas été respecté et que des arrestations arbitraires ont eu lieu par les autorités locales. 

Moira Millan est une weychafe mapuche, cela signifie guerrière, combattante et gardienne de la vie et des territoires. Elle représente aujourd’hui le combat des populations autochtones en Argentine. Militante originaire de Patagonie, elle coordonne notamment le Mouvement des Femmes et des Diversités indigènes pour le Buen Vivir (Bien vivre, ensemble) et se bat contre el chineo (violences sexuelles, racistes et coloniales qui existent depuis la conquête espagnole contre les femmes des peuples autochtones). 

Les droits des femmes aujourd’hui

Les luttes menées par les femmes au cours de l’Histoire résonnent toujours aujourd’hui. En témoignent les Madres y Abuelas de la Plaza de Mayo qui continuent de se réunir toutes les semaines sur la Place de Mai en hommage aux personnes disparues lors de la dictature des années 70. Leur organisation est devenue un symbole de la place des femmes, et particulièrement des mères, dans les luttes populaires actuelles. Cela témoigne également de la force que de telles communautés peuvent avoir, de leur répercussion et de leur écho sur le monde. 

Les Argentines ont un héritage féminin très fort, ce qui explique pourquoi leur situation vis à vis des hommes est plus égalitaire que dans la plupart des autres pays d’Amérique latine. 

culture argentine

L’égalité n’est cependant pas encore atteinte et les combats des femmes en Argentine ne sont pas terminés. Elles sont notamment confrontées à des plafonds de verre dans l’éducation et sur le marché du travail. Elles sont sous-représentées dans des branches dites “masculines” (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques). De même, les hommes sont peu engagés dans des domaines dits “féminins” (soins, santé, éducation, nutrition). Les différences salariales sont également très présentes, avec des salaires plus bas et un accès réduit aux postes à responsabilités. La situation en Argentine est donc semblable aux autres pays dans le monde. 

Depuis 36 ans, lors du Encuentro Nacional de las Mujeres (Rencontre nationale des Femmes), des milliers de femmes argentines se rassemblent pour échanger leurs idées sur des thèmes économiques, sociaux et politiques. Cette rencontre implique également aujourd’hui la communauté LGBTQIA+. 

En 2022, Amnesty International fait un bilan de la situation des femmes en Argentine. L’ONG souligne alors la persistance du contexte d’impunité pour un grand nombre de féminicides et d’agressions contre les personnes de la communauté LGBTQIA+. 

Elle souligne également la difficulté d’accès à l’avortement, notamment dans certaines régions plus isolées et la fragilité de ce droit est indéniable vu le contexte politique actuel. 

Les droits des femmes et des minorités en période de crise en Argentine 

La quarantaine pendant la pandémie du covid-19 fut une période particulièrement difficile puisque le nombre de féminicides a explosé. Des mesures exceptionnellement adaptées aux circonstances d’isolement ont été mises en place pour protéger et accompagner les femmes victimes de violences. 

Durant cette période, les mouvements populaires et féministes organisent des résistances et des alternatives. Les femmes sont à l’avant-garde de ce processus. Elles assurent les soins, la santé, l’éducation de base, l’alimentation et l’agriculture familiale. Ce sont elles qui soutiennent l’économie.

Les périodes de crise dans un pays sont souvent l’occasion pour les droits fondamentaux acquis par les luttes populaires d’être remis en question. C’est particulièrement le cas aujourd’hui suite à l’élection du Président Milei, ultra conservateur, anti-IVG, transphobe et pro-armes. Lors de sa campagne, il s’est montré particulièrement virulent contre les populations autochtones, la communauté LGBTQIA+ et les femmes en général.

 

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(4) Commentaires

Fanny I |

Les rapports homme/femme en Argentine… tout un programme ! Sur mon blog j’en parle ici https://destinobuenosaires.blogspot.com.ar/2011/02/el-no-ya-lo-tenes-ou-hommes-femmes-mode.html

Amandine I |

Dans la partie Danse et Musique, un petit mot sur les milongas s’impose. C’est le meilleur endroit pour découvrir ce que signifient danse et musique en Argentine yo creo que!

Cacho I |

« Et l’infidélité – des hommes essentiellement – est grandement tolérée. » J’aime pas énormément cette phrase.

Je sais pas si c’est une femme ou un homme qui a écrit cet article mais ici en Argentine, quand on est un homme étranger, c’est tout le temps qu’on se fait draguer.

Et si vous croyez y échapper en disant « Non j’ai déjà une copine » c’est franchement assez régulier que la femme/jeune femme vous réponde « Moi aussi mais c’est pas grave ».

Donc ce ne sont pas juste les hommes qui sont infidèles. C’est toute la société.

Johanna I |

C’est tout à fait vrai ! Il y a de l’infidélité de tous les côtés.

Néanmoins, j’ai rencontré beaucoup de familles où le mari avec maîtresses est considéré comme un dieu, un beau gosse, etc. La fille, même si c’est « toléré », aura plutôt tendance à le cacher au risque de se faire taper sur les doigts.
C’est donc plus la façon dont l’infidélité est mise en avance par chaque sexe dont je parlais.

Par ailleurs, la société argentine reste machiste et, ça, je peux le dire qu’on le ressent en tant que femme !