- Âge au début du PVT : 22 ans
- PVT : solo en 2018 à Vancouver (Colombie-Britannique), au Yukon, en Alberta et au Québec
- Domaine professionnel : Plombier
- Activité professionnelle au Canada : Différents volontariats, vendeur chez Ladurée, assistant-gérant d’une salle de sport, assistant-manager dans une quincaillerie
- Économies en arrivant : 5 000 euros
D’un projet de couple à un départ solo
Je devais partir en tour du monde, pas du tout en PVT. C’était mon projet depuis toujours. J’étais en couple avec quelqu’un qui souhaitait partir en PVT au Canada, on l’avait obtenu tous les deux, mais on s’est séparés. J’avais booké tous mes billets d’avion donc je suis quand même parti au Canada et j’ai fait mon expérience canadienne.
Je parlais pas anglais et la destination, c’était Vancouver. À l’origine, on avait tous les deux réservé un HelpX. Un mois avant de partir, j’avais plus rien. Heureusement, j’ai retrouvé un hôte. J’avais aussi la possibilité d’aller à Montréal, je pouvais changer mes billets d’avion. Je me suis dit : « Est-ce que je les change, est-ce que je les change pas ? ». Je me suis quand même lancé le défi de partir à Vancouver pour essayer d’apprendre à parler anglais et essayer de me débrouiller.
Je me suis dit : « Je ferai un mois à Vancouver et puis après, j’irai à Montréal ! » et puis au final, j’ai passé les trois quarts de mon PVT en partie anglophone.
Une expérience de bénévolat auprès des Premières Nations
Pour découvrir la culture canadienne, je suis allé chez une hôte First Nation (Première Nation) en volontariat. C’était génial, c’est une expérience que je recommande à tout le monde.
Je cherchais sur HelpX*, parce que je voulais quitter Whitehorse pour Dawson mais les billets d’avion étaient beaucoup trop chers. Je me suis dit : « Bon, je vais partir en bus à Calgary ». J’ai trouvé l’annonce d’une dame, Kelly, qui est Métis** et First Nation. Elle cherchait des bénévoles. C’est une femme adorable qui a vraiment partagé avec moi toute sa culture, toute son histoire. Elle m’a fait un attrape-rêves maison avec tous les rituels qu’elle m’a expliqués. Elle m’a expliqué comment elle, en tant que Première Nation, elle ressentait le Canada, comment elle était acceptée. Les excuses du gouvernement, c’était pas suffisant pour elle. Dans les écoles, on a séparé les enfants des parents***. Ils retiraient les enfants des familles pour les mettre dans des écoles chrétiennes pour leur imposer le mode de pensée européen, occidental.
C’est des choses qu’elle avait encore beaucoup de mal à vivre. C’était très peu reconnu. C’était dit par le gouvernement mais à demi-mots, c’était pas suffisant pour elle. Il y a de l’aide au niveau financier mais pas au niveau psychologique par rapport aux traumatismes du passé.
Kelly, elle travaille actuellement à Calgary. Dès qu’elle peut, elle part dans sa réserve. Elle a une maison là-bas et elle y va au maximum pour rester avec les siens. Elle essaie de conserver au maximum son mode de vie. C’était une de mes meilleures expériences en HelpX. Elle a un enfant qu’elle a adopté, qu’elle a recueilli parce que ça n’allait pas bien avec ses parents. C’était un voisin. Elle a juste le coeur sur la main, elle essaie d’aider les gens. Je pense qu’elle essaie de conserver son âme « Première Nation » en essayant d’être là pour les autres.
Mon volontariat a principalement consisté, honnêtement, à beaucoup parler ! *Rires* Elle a toujours été dans le partage, du moment qu’on arrive avec respect et humilité et qu’on demande juste les choses, y a pas de souci.
Elle me faisait travailler, mais très peu : c’était poser du placo, faire des petites tâches. Elle prend aussi des gens pour faire de la peinture et du dessin avec elle. Elle est vraiment sur de l’échange culturel et du partage. Quand on tombe sur quelqu’un comme ça, c’est hyper sympa.
J’ai assisté à des Pow Wow et normalement il faut payer. Quand les danseurs sont arrivés, je leur ai posé quelques questions et ils m’ont dit : « Non, mais allez-y, vous êtes touriste, on va pas vous faire payer, allez voir, ça vous fera une expérience ! ».
Travailler au Canada : quand un plombier tente de nouvelles expériences
De base, j’ai des diplômes de plombier. Le problème au Canada, c’est qu’il faut le Red Seal**** pour ces métiers-là, ce qui est assez contraignant et assez cher. Ça vaut le coup si on reste, et encore, il est valable sur certaines provinces et d’autres non. C’est un peu compliqué. Rester n’était pas dans mes projets, je voulais découvrir autre chose. Je voulais mettre entre parenthèses mes activités professionnelles. Ça faisait plus de six ans que je faisais ça, j’ai commencé à 15 ans. J’ai donc commencé à déposer des CV dans plusieurs entreprises pour des postes de vendeur ou de serveur.
D’ailleurs, pour l’anecdote, le deuxième CV que j’ai déposé, c’était dans une boulangerie avec une patronne française qui m’a dit : « Vous êtes plombier, vous n’êtes pas serveur, moi je ne vous prends pas ! » et je lui ai dit : « Vous savez, les serveurs ne naissent pas serveurs et les plombiers ne naissent pas plombiers ! ». *Rires* C’est la seule porte close que j’ai trouvée dans mes recherches, j’ai pu ensuite travailler dans plein de domaines différents.
Quand je suis revenu de road trip à travers le Canada et les USA, il fallait que je retrouve un boulot. J’ai travaillé dans une quincaillerie. Je travaillais en tant que vendeur/assistant/gérant, à faire les commandes et les livraisons.
Je pense juste qu’il faut se lancer. Du moment qu’on a envie de travailler et qu’on met de la bonne volonté… C’est pas comme en France, on ne demande pas les diplômes : on demande de la motivation et de l’engagement. Ça aide à changer de boulot facilement !
La Nouvelle-Écosse : un effet wahou garanti !
En termes de « waouh ! », les Rocheuses m’ont marqué, parce que c’est quand même très, très beau ! Y a des parties qui sont vraiment délaissées au Canada, où j’ai vu très peu de touristes. Tout l’Est est plutôt délaissé par les pvtistes et c’est dommage. En Nouvelle-Écosse, le Parc National des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, j’ai adoré franchement ! Y a juste l’océan, des chevaux sauvages… J’ai dormi au bord de grandes falaises, je pouvais voir des baleines qui passaient, des phoques en train de jouer ou de se réchauffer sur les pierres au soleil. Y a des cascades partout, elles se jettent dans l’océan et ont creusé des piscines naturelles d’eau douce sur la plage. Faire des feux de camp sur les plages de sable rouge avec des Canadiens… De superbes souvenirs !
*Help Exchange, réseau de volontariat comme le WWOOFing : une expérience non rémunérée mais où le volontaire est nourri et logé.
**Peuple descendant à la fois des colons européens et des Premières Nations (terme utilisé pour désigner les peuples autochtones du Canada autres que les Métis et les Inuits). La loi reconnait le peuple Métis comme l’un des trois peuples autochtones du Canada.
***Paul mentionne les pensionnats pour Autochtones au Canada. Des enfants autochtones ont été kidnappés par le gouvernement pour être placés dans des écoles catholiques à des fins d’évangélisation et d’assimilation, de 1831 à 1996. Les enfants y ont été violentés et parfois assassinés.
**** Le programme Sceau Rouge, qui établit des normes interprovinciales.
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