- Âge au début du PVT : 27 ans
- PVT : solo à Vancouver et dans la vallée de l’Okanagan (Colombie-Britannique) en 2020
- Domaine professionnel : Marketing
- Activité professionnelle au Canada : Volontariat dans un vignoble
- Économies en arrivant : 7 000 euros
Réfléchir mais pas trop, et se lancer
Au départ, je pensais partir pour Montréal car cela avait un côté rassurant. J’y étais déjà allée en vacances et j’avais adoré l’ambiance. Cela me faisait penser à Paris sur certains aspects, le côté nord-américain des buildings en plus. Étant très complexée par mon niveau d’anglais à ce moment-là, le Québec était aussi une prise de risque limitée sur ce point. Je me disais que j’aurais tout le temps d’aller vers l’Ouest. Et puis un jour, je suis tombée sur un reportage sur Vancouver qui présentait le parcours de plusieurs Français ayant bougé là-bas. Ça a commencé à planter une petite graine dans ma tête. Au final, j’ai décidé de commencer par là.
Débuter un PVT : prendre des cours de langue pour progresser rapidement en anglais
Quand je suis partie en février 2020, mon niveau d’anglais était franchement mauvais. J’avais commencé en 4ᵉ au collège et je m’en sortais pas trop mal sur les bases, mais arrivée au lycée, j’ai commencé à être larguée. Plus le temps passait, plus j’ai accumulé des lacunes en grammaire, en vocabulaire et en prononciation ; et je dois avouer que j’ai vraiment commencé à détester ça ! J’étais terrorisée à l’idée d’être interrogée en classe ou pire, de devoir lire devant tout le monde. C’est devenu ma bête noire à l’école et même plus tard dans mes études, je vivais avec l’idée que je ne parlerai jamais anglais. Le plus frustrant, c’était quand je partais à l’étranger. Je ne comprenais rien et j’avais honte de ne pas pouvoir communiquer avec d’autres personnes, là où mes amis pouvaient parler avec des gens du monde entier. Cela me paraissait insurmontable, et couplé à ma timidité, je préférais couper court à la conversation plutôt que d’essayer de parler et de me ridiculiser.
J’avais donc beaucoup d’appréhension en arrivant là-bas. Pour les premiers jours, j’avais pris une auberge de jeunesse dans le centre de Vancouver. Il y avait beaucoup d’étrangers, dont l’anglais était la langue maternelle (Australiens, Irlandais…). Comme prévu, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre.
Mais le contexte était relax, les gens étaient sympa et faisaient des efforts pour parler plus lentement quand je ne comprenais pas, donc je n’avais pas trop de pression à ce moment-là. J’avais aussi rencontré des Québécois qui traduisaient quand j’étais vraiment perdue. L’auberge est un bon « support » lorsqu’on débarque dans un nouveau pays, on est avec d’autres jeunes, souvent en solo aussi, on s’entraîne pour sortir et aller visiter de nouveaux endroits.
Avant de partir, je savais très bien que ma timidité et mon complexe de l’anglais seraient difficiles à surmonter pour trouver un job, créer du lien avec des gens ou même simplement pour avoir des conversations plus approfondies, alors j’ai décidé de prendre un mois de cours d’anglais. Sur le site de pvtistes, j’avais lu l’article sur les écoles de langue au Canada et j’ai donc choisi ILAC, où j’ai pu bénéficier d’une petite réduction. Le bilan est très positif, je suis très contente d’avoir fait ce choix. J’imagine que ce n’est pas tout le monde qui aurait besoin de cours, mais dans mon cas, cela a été très utile.
Alors évidemment, en un mois, j’étais très loin d’être bilingue, mais avec 4 à 5 h d’anglais chaque jour, cela m’a vraiment aidée à débloquer tout ça. Les cours se font en petit groupe de 10 à 12 personnes.
Il y a un test toutes les deux semaines et il faut en réussir deux pour passer un niveau supérieur : ce qui assure de passer suffisamment de temps dans chaque niveau pour ne pas aller trop vite, mais aussi d’avoir le temps de s’habituer à la classe et de faire connaissance avec les autres étudiants. Après les cours, on allait boire des cafés et visiter des choses, on continuait donc à parler anglais toute la journée. La plupart était un peu plus jeune que moi (autour de 23 ou 24 ans, je dirais), ils venaient de Thaïlande, Brésil, Corée du Sud, Japon, Colombie, Mexique, Turquie… On avait tous des accents différents, chacun avait ses propres difficultés mais on était globalement tous dans la même galère.
De plus, les niveaux sont assez précis, donc on se retrouve vraiment avec des personnes au même point que nous. Enfin, j’ai eu une prof formidable pendant ces quatre semaines, qui m’a réconciliée avec tous les profs d’anglais. C’est assez dingue comment une atmosphère bienveillante, chaleureuse et solidaire peut tout changer. Ma vision de l’apprentissage de l’anglais s’est métamorphosée.
La solution WWOOFing pour faire face à la pandémie
J’ai terminé les cours d’anglais le 13 mars 2020 et le Canada fermait ses frontières le 16. Je me sentais plus à l’aise en anglais, mais ce n’était donc pas le meilleur timing pour trouver un job ! Je commençais tout juste à distribuer mes CV et tout le monde me disait « C’est vraiment pas le moment là, on s’attend à fermer dans quelques jours, on ne va recruter personne ! ».
Je n’avais pas encore touché à mes économies mais je sentais que les prochaines semaines et mois risquaient d’être difficiles si je restais à Vancouver sans travailler. Surtout, l’idée de rester enfermée alors que je n’étais là que depuis un mois était dure à accepter. J’avais auparavant pensé à faire du WWOOFing pendant l’été pour voyager un peu et découvrir du pays, j’étais déjà en contact avec un hôte pour venir au printemps. Cela s’est fait très vite, la personne a même accepté de m’accueillir avant la date prévue, dès la semaine suivante.
Me voilà donc près de Kelowna dans la Vallée de l’Okanagan, à quatre heures environ de Vancouver ! C’est une destination assez touristique en Colombie-Britannique, connue notamment pour ses vignobles autour du lac. J’ai donc travaillé pendant plus de deux mois au sein d’un domaine viticole. C’était le début du printemps, on faisait différents travaux dans la vigne, mais aussi dans la ferme et le grand jardin, pour environ 25 à 30 heures par semaine. C’était vraiment chill ! On a aussi construit une nouvelle cabine pour les WWOOFers. Le domaine appartenait à une grande famille, et chacun avait des parcelles et terrains dédiés à la vigne ou aux arbres fruitiers.Tous avaient des volontaires, ce qui m’a permis de ne pas être isolée et de continuer à parler anglais au quotidien.
J’étais notamment avec plusieurs Allemands, des Anglais, un Autrichien et un Français, pvtistes dans la même situation que moi. Nos hôtes nous fournissaient le logement et la nourriture pour le petit-déjeuner et le déjeuner en compensation des heures de travail.
Le soir, on dînait avec la famille dans leur maison. C’était l’occasion de parler anglais avec des anglophones natifs ! Il y avait des soirées pizza tous les mercredis, on faisait aussi pas mal de soirées entre WWOOFers. Je suis vraiment reconnaissante qu’ils m’aient acceptée malgré la pandémie qui commençait. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je n’avais pas trouvé cette alternative. D’ailleurs, beaucoup d’hôtes refusaient d’accueillir des volontaires, j’ai eu de la chance et cela a dû aider que je m’y prenne très tôt. Au final, je n’ai pas trop l’impression d’avoir vécu ce premier confinement : je travaillais au grand air, un podcast dans les oreilles, sous le soleil canadien (qui était bien plus présent qu’à Vancouver).
Pratiquement personne ne sortait, on avait tout sur place. Je crois qu’on se déplaçait seulement pour aller au Liquor Store !
Les paysages de l’Okanagan et de la Colombie-Britannique
Le domaine se trouve à West Kelowna, à une dizaine de minutes en voiture de la ville. Ici, sans véhicule, c’est encore plus compliqué qu’à Vancouver. Heureusement que les autres WWOOFers étaient mieux équipés que moi et m’emmenaient avec eux ! Près d’ici, il y a de belles randonnées à faire dans les quelques parcs provinciaux, il y a aussi la plage du lac.
C’est très apaisant d’être ici, c’est la campagne. On voit des animaux régulièrement : des marmottes, plein d’oiseaux, on a même des daims qui sont venus tranquillement dans le jardin pendant qu’on prenait l’apéro ! J’attends encore de voir des ours, qui apparemment, n’hésitent pas à rentrer dans le domaine à l’aube des jours d’été. Quand je préparais mon voyage, je prévoyais de passer globalement un an dans l’ouest puis d’aller l’année suivante dans l’est. Mais maintenant, je me sens tellement bien ici que je ne m’imagine pas repartir dans quelques mois. Il y a tellement de choses à faire, le Canada est si grand ! La notion d’espace est totalement différente de l’Europe. Je pensais que j’arriverais à tout faire rapidement, mais ici, sur place, tout prend beaucoup plus de temps. Et puis surtout, je pense que c’est bien de le prendre justement, son temps. C’est une expérience si enrichissante que de vivre à l’étranger, ce n’est pas « juste » du tourisme. Il ne s’agit pas de cocher toutes les activités à faire le plus vite possible ; pour moi, il faut prendre le temps de réfléchir à ce qu’on souhaite, à ce qu’on est venu chercher par le voyage. Il faut aussi laisser le temps aux choses de se construire, de rencontrer des gens, de nouer des liens.
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