6Sarah et Tony : dans les effets spéciaux à Vancouver

Bonjour, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours avant d’arriver au Canada ?

Sarah : Bonjour, je m’appelle Sarah, j’ai 29 ans et je viens de Belgique (Arlon), j’ai fait un master compositing/animation 2D avec une mineure en web à l’Institut des Arts de Diffusion à Louvain-la-Neuve. J’ai travaillé en tant que « Compositeur » 3 ans en Belgique et au Luxembourg avant de venir à Vancouver.

En Belgique, j’ai bossé sur Belle et Sébastien, Max et Léon, Seven Sisters (What happened to Monday), Dead Man Talking, Le fantôme de Canterville.

Tony : Je m’appelle, Tony, j’ai 28 ans et je suis de Bruxelles. J’ai étudié à IAD (institut des arts de diffusion) à Louvain-la-Neuve, et j’ai le même master que Sarah avec une mineure en 3D. La moitié du temps (en Belgique), je suis compositeur visuels dans diverses boîtes de pubs & films, et l’autre moitié du temps, créateur de contenu visuel (2d artist) pour de la projection mapping pour des spectacles.

Je bosse dans le milieu depuis 4 ans et demi. J’avais fait une année d’échange aux Etats-Unis quand j’avais 18 ans et je m’étais dit en rentrant que je voulais venir habiter au Canada, comme destination suivante. Le taf a fait qu’il y a eu d’autres destinations avant, donc ça a mis plus de temps que prévu mais on a fini par y arriver.

En Belgique, j’ai notamment bossé sur Black, Escobar: paradise lost, Seven sisters (voir IMDB pour liste plus exhaustive) et niveau spectacles : 150 ans Solvay : Odyseo, Hanshow (Chine), Mother of the nation (Abu Dhabi)…

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Comment s’est passée votre recherche de travail à Vancouver ?

Sarah : Ça recrute à mort dans notre secteur (sauf l’été, période de tournages entre autres). On avait le choix entre Montréal et Vancouver. Il y a même plus d’opportunités sur Montréal mais la météo et le fait de parler français nous ont refroidis… lol ! Du coup, on a choisi Vancouver.

J’ai signé un contrat après une quinzaine de jours, j’ai contacté environ une dizaine de boîtes il me semble, avant de venir et en étant sur place. J’ai eu 3 entretiens, un bien avant de venir à Vancouver par Skype, un dans les 15 premiers jours à Vancouver et puis le dernier, je l’ai passé mais je venais de signer un contrat le matin même avec une autre compagnie.

J’ai commencé mi-octobre, pour 8 mois avec ceux qui m’avaient interviewée par Skype.

Tony : Pour moi, ça a été plutôt rapide et facile. J’ai commencé à chercher sans vraiment chercher, avant de partir. J’ai envoyé ma démo à 3 boîtes dans lesquelles j’avais envie de bosser, me disant que je chercherai plus sur place. Finalement une des boîtes m’a recontacté et j’ai eu une interview téléphonique à une heure du mat chez mes grands-parents, avec un réseau téléphonique pas terrible (Je captais 2 phrases sur 3). J’ai signé leur contrat une semaine plus tard, début août, un peu plus d’un mois avant le départ.

Le contrat était pour commencer en décembre, finalement ils m’ont appelé en septembre, une semaine après notre arrivée, pour me demander si je pouvais commencer début octobre.

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Parlez-nous un peu de votre travail ici !

Sarah : Une journée normale la plupart du temps, tu fais tranquillement 8 heures devant ton ordinateur… Tu rigoles avec tes collègues… Puis BOOM ! La fin de projet arrive et là… c’est le drame ! Surtout en TV, où je faisais environ 80 h/semaine.

Comment on fait pour tenir le coup ? En général, l’ambiance est sympa, ce qui aide quand tu fais une journée 9 h – 6 h du matin le lendemain avec tes collègues. Oui une journée de 21 h ! Et ça m’est arrivé plusieurs fois !

Tony : Une journée typique, tu arrives entre 9 h et 9 h et 30. Tu peux aller en cuisine pour déjeuner, prendre un café. Il y a des frigos et de la bouffe à disposition, ce qui est pratique quand tu es toujours à la masse comme moi et que tu n’as pas le temps de déjeuner le matin.

Tu as une pause d’une heure le midi, ou le lunch est payé si tu sacrifies ta pause de midi en temps de rush. Et la journée finit en général vers 18 h à moins que ce ne soit en période de livraison. Dans ce cas-là, tu peux te retrouver à faire des heures sup jusqu’à 20 h, 21 h, ou 22 h. Il n’y a pas vraiment de limite. Tu peux toujours refuser de faire des heures sup, personne ne t’oblige. Mais tu finis toujours par en faire à un moment ou un autre car tu te sens concerné et tu veux finir tes plans. Après c’est le métier qui veut ça, on le choisit aussi, il n’y aurait pas de fun sans un peu de rush.

Quelles différences notables voyez-vous dans votre milieu au Canada ?

Sarah : La plus grosse différence avec ce travail en Belgique, c’est que les overtimes sont payées !! L’ambiance est quand même bien meilleure. Pas de prise de tête ou de jalousie. Du moins, je n’ai rien ressenti de tout ça comparé à mes autres expériences en Belgique ou au Luxembourg. Il y a beaucoup plus de partage entre collègues.

On a peu de temps pour bosser sur les séries, chaque semaine un épisode sort, il faut que ça aille vite… mais ça c’est partout comme ça 😉

Ici, j’ai notamment bossé sur Once Upon a Time, Imaginary Mary, Timeless, Taken, Beyond …

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Tony : Effectivement, la différence la plus notable pour moi aussi, c’est que les heures sup sont payées en vrai salaire (1,5 x minimum) et pas en tranches de pizza.

Après, le rythme est un peu plus poussé. Pour sûr, j’ai fait plus d’heures supp’ qu’en Belgique de manière générale, mais les boîtes tentent d’organiser des activités « para-boulot » pour tenter de déstresser les artistes. Ça peut être comme des massages gratuits, ou des « beer Friday », des clubs d’arts, skate, foot, etc.

C’est sûr que c’est un peu « l’illusion de la relaxation » mais ça reste mieux que de ne rien organiser du tout. À coup sûr, ça te permet de tisser des liens plus rapidement avec tes collègues (ce qui est plutôt utile quand tu n’es pas du pays) et d’un point de vue plus secondaire, ta perception de la boîte n’est pas la même car elle semble se soucier de ton bien-être (même si, in the end, business is business et ils le font par souci de productivité).

Puis personne n’est jamais trop occupé pour refuser un massage gratuit !

Pour vous, quels sont les avantages de travailler en Colombie-Britannique et notamment à Vancouver ?

Sarah : On est un peu mieux payés. En tout cas, on peut augmenter notre salaire plus facilement. Il faut savoir négocier. Entre 20 $ et 30 $ de l’heure, selon les compagnies et l’expérience.

Tony : C’est la seule ville que je connaisse où tu peux te réveiller en ville, bronzer à la plage, te baigner dans l’océan, prendre le bateau, aller faire du ski en montagne et te balader dans une forêt tropicale, tout ça dans une même journée. ET revenir à temps chez toi pour aller boire des verres avec des potes.

D’un point de vue taf, les projets sont nettement plus intéressants. Vancouver ayant un système de « Tax rebait« , beaucoup de séries et films viennent filmer ici. Il y a quelques semaines il y avait 3 tournages différents sur 3 blocs. C’est pour ça que beaucoup de boîtes de post production ont ouvert boutique ici. Même si au long terme je pense que la post prod tv prendra le dessus sur le film ici (le cinéma va là où ça lui revient le moins cher. On se retrouvera peut-être à faire un PVT en Inde hahaha). Wait and see

Niveau salaire, tu gagnes plus qu’en Belgique de manière générale. Mon premier taf ici, je gagnais moins en brut mais mon net à la fin du mois était supérieur à celui que j’avais en Belgique.

Principalement parce qu’en Belgique, tu es taxé plus que de raison. Le salaire moyen pour un mid (3-5 ans d’expérience) ici, c’est à partir de 70 K par an, je dirais (en fonction de la boîte).

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Auriez-vous des conseils pour celles et ceux qui voudraient travailler dans le domaine en BC ?

Sarah : Mieux vaut faire ses études en Europe avant, car ici ça coûte un bras ! Genre 10 fois plus cher ! Venir avec un minimum d’expérience aidera grandement. On en connait qui se sont plantés en arrivant ici sans expérience.

Tony : Parler anglais avant de venir. Si l’entretien est par téléphone et que tu ne parles pas anglais, tu vas avoir un problème. En venant de Belgique il y a peu de chances que tu aies bossé sur des gros projets hollywoodiens mais ça peut être un argument de vente, en précisant que chez nous quand on reçoit un plan, on s’en occupe de A à Z en général. Ce qui fait qu’on est confronté à tout un tas de problèmes en fonction du plan. À force de devoir se démerder, on devient vachement débrouillard et c’est plutôt un atout. J’ai remarqué que quelqu’un qui n’a évolué qu’au travers d’une pipeline hollywoodienne, a moins tendance à voir plus loin que le modèle défini qu’on lui donne. Du coup, ce que je croyais être un désavantage en arrivant, avec du recul, s’est avéré être un gros avantage.

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Quels sont vos projets pour la suite ?

Sarah : On aimerait revenir, avec un autre permis, car notre PVT ne dure qu’un an en tant que belges… Ce serait envisageable si une compagnie nous sponsorisait via Mobilité Francophone. Sinon, avec les nouvelles réglementations, il nous faudrait 5 ans d’expérience pour avoir un simple permis de travail. On se situe juste en dessous 🙁

Tony : Il faut 5 ans d’expérience minimum et un salaire de minimum de 80 K par an pour pouvoir rester sous un permis de travail régulier. On a la chance de pouvoir bénéficier du visa de Mobilité Francophone. Malgré les délais un peu longs, on va sûrement tenter ça.

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Marie

En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.

On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.

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(3) Commentaires

Fédora I |

Bonjour Marie,

Je me permets de t’écrire, car je viens de lire cet article pour me renseigner sur le travail au Canada. Je suis en période de réorientation et je souhaite travailler dans le cinéma.
J’ai anciennement réalisé un PVT au Canada, qui m’a beaucoup plus. Mais je cherche maintenant à faire une demande de RP. J’ai été touché par l’article/Chapitre 4 et 5 (témoignages d’Anna et d’Angélique) de ton article. Je souhaite prendre contact avec les personnes que tu as pu interviewer si cela est possible bien entendu. Je cherche par tous les moyens de trouver des personnes dans la même situation professionnelle que moi et ainsi me renseigner au maximum pour avoir des conseils, du soutien et peut-être quelques aides et pistes.

Rien que cela, m’aiderait énormément.
En te remerciant par avance Marie et au plaisir de te relire. 

Tres belle journée.

Marie I |

Hello,
Tu trouveras leurs profils pvtistes ici :
– Angélique : https://pvtistes.net/membre/Angy%2A/
– Anna : https://pvtistes.net/membre/wolwiegirl/
🙂

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Fédora I |

Je te remercie beaucoup Marie pour ton retour et ton aide ! ^^