Être musulman en Corée du Sud : réalité, quotidien et défis
Contexte actuel et chiffres
En Corée du Sud, le christianisme et le bouddhisme comptent parmi les religions les plus répandues, mais une grande partie de la population se déclare aujourd’hui sans religion. L’islam est donc très peu représenté dans le pays, même s’il existe une petite communauté composée d’immigrés (travailleurs, étudiants, résidents) et de Coréens convertis. Aujourd’hui, la proportion de Coréens convertis reste difficile à estimer, mais semble en légère progression.
Le pays accueille également un nombre croissant de touristes musulmans, ce qui contribue au développement de services “muslim-friendly”.
- La guerre de Corée (1950-1953) : parmi les forces des Nations unies, plus de quinze mille soldats turcs ont été envoyés en Corée du Sud pour soutenir les troupes sud-coréennes. C’est à partir de là que l’islam commence réellement à s’implanter durablement dans le pays.
- 1955 : élection du premier imam coréen.
- 1967 : fondation de la Korea Muslim Federation (KMF).
- 1970-1976 : construction de la première Mosquée, la Seoul Central Masjid (서울 중앙성원), avec l’aide de la mission islamique de Malaisie et du gouvernement coréen. Elle s’est encore agrandie en 1991.
- Années 80 : arrivée de travailleurs musulmans dans le pays.
- 1997 : construction de la mosquée de Busan.
Être étranger et musulman en Corée du Sud
En Corée du Sud, la méfiance vise généralement les étrangers dans leur ensemble, plus que l’appartenance religieuse. Votre différence majeure est donc surtout que vous n’êtes pas coréen, mais pas spécialement que vous êtes musulmans.
Globalement, la Corée du Sud est un pays sûr pour les musulmans. Les actes hostiles ou violents sont rares et vous rencontrerez surtout de la curiosité, parfois des regards insistants, mais rarement de l’animosité.
Si vous êtes une femme musulmane, vous pourrez porter le voile sans crainte, y compris à l’université. Il est courant d’y croiser des étudiantes étrangères voilées, notamment malaisiennes et singapouriennes.
La principale difficulté concerne l’alimentation. Trouver des options halal ou éviter le porc peut s’avérer compliqué. Dans le deuxième chapitre de ce dossier, nous vous expliquons comment repérer les adresses “muslim friendly”.
Une autre situation délicate peut apparaître dans le cadre du travail : les fameux hoesik, ces dîners entre collègues où l’on mange et boit pour renforcer la cohésion du groupe. La consommation d’alcool y occupe une place importante et refuser de boire peut surprendre. Cependant, si vous expliquez clairement que vous ne consommez pas d’alcool pour des raisons religieuses, on vous laissera généralement tranquille, d’autant plus si vous êtes étranger. L’essentiel est de participer au repas : trinquer, même avec de l’eau, est considéré comme un geste suffisant.
Être Coréen et musulman
Pour les Coréens convertis à l’islam, la pratique religieuse peut parfois être difficile à concilier avec les normes sociales locales. Dans une société fortement marquée par l’héritage confucéen, où la hiérarchie, la cohésion du groupe et la culture des repas arrosés occupent une place centrale, certains aspects de la vie quotidienne peuvent devenir un défi.
La consommation d’alcool et le partage d’un même repas jouent un rôle important dans la construction des relations, notamment au travail. Refuser un verre ou un plat à base de porc peut être perçu comme un refus de participer, ce qui est parfois mal compris venant d’un Coréen, davantage que d’un étranger. Cela peut compliquer les relations sociales ou professionnelles.
Malgré ces difficultés, de plus en plus de Coréens choisissent de se convertir à l’islam. Leurs motivations sont variées, mais beaucoup évoquent une recherche d’égalité et de justice, en contraste avec une société qui accorde une grande importance au statut, à l’âge et au genre. Certaines femmes converties disent également se sentir plus libres dans leur nouvelle pratique.
Ne pas boire d’alcool, éviter le porc, porter le voile ou s’absenter pour prier sont autant d’habitudes qui peuvent être difficiles à expliquer ou à mettre en place dans le quotidien coréen. Cela conduit certains musulmans coréens à cacher leur religion à leur entourage ou à pratiquer de manière moins visible.
Cependant, les mentalités évoluent. Les jeunes convertis coréens sont de plus en plus nombreux à assumer publiquement leur foi, notamment via les réseaux sociaux où ils partagent leur quotidien, répondent aux questions et contribuent à faire tomber les préjugés.
(1)Commentaire
Merci et bonne journée️😇
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus