Hello tout le monde !
Je relance cette discussion car je me retrouve un peu dans cette situation et je vis actuellement une période de déprime et de remise en question.
Je suis arrivée en NZ il y a bientôt deux mois et je pense avoir un peu trop idéalisé ce pays.
Certes pays absolument magnifique (de ce que j'ai commencé à voir) mais la solitude se fait sentir. Je suis actuellement en helpx dans l'Île du Sud et je tourne vraiment en rond. Il n'y a pas grand chose à faire dans le coin donc j'ai le temps de cogiter.
J'ai conscience que les choses vont bouger par la suite (si je le souhaite) mais je ne parviens pas à rencontrer des gens qui me donnent envie de me lancer dans ces fameux roadtrip...Je ne me sens pas de le faire seule car j'ai déjà été peu entourée depuis mon arrivée. Et je bloque avec l'anglais alors que j'avais un assez bon niveau. Je ne comprends pas trop ce qu'il m'arrive.
Je pense beaucoup à ma vie en France mais je ne souhaite pas rentrer et j'aimerais persévérer.
Le souci majeur étant que je ne trouve pas de but épanouissant dans ce voyage pour le moment.
J'espère rebondir rapidement
Salut les "déçus"!
J'apporte ma râlerie à l'édifice, pour le côté cathartique et aussi pour vous dire à quel point ça fait du bien de lire des retours d'expériences mitigés honnêtes et matures.
En NZ depuis 8 moi, mon copain et moi pensons sérieusement à écourter l'aventure -pour des raisons financières principalement mais pas que.
Certes c'est un très beau pays, plein de qualités et d'avantages mais le côté "miroir aux alouettes" ainsi que le consensus ultra-positif parmi la communauté des voyageurs me gênent un peu. Je me sens presque coupable/honteuse d'exprimer un ressenti un tant soit peu négatif alors que tout le monde semble s'extasier à longueur de temps sur le "plus beau pays du monde" (dixit les groupes FB de francophones). Je me sens comme le Schtroumpf grognon chez les hippies (alors que j'ai pourtant une nature positive au point d'être casse-pieds à la base).
J'ai quasiment l'impression que ceux qui n'ont pas vécu la meilleure année de leur vie ici sont instantanément perçus comme des boulets négatifs et pas débrouillards. En gros, si tu ne surkiffes pas la NZ, c'est de ta faute (je caricature).
Alors c'est vraiment un soulagement et un réconfort de découvrir cette discussion où les gens s'expriment de façon à la fois lucide et positive...
Je ne regrette pas du tout ce voyage, on a vécu de belles choses, fait de belles rencontres, et beaucoup appris à travers nos galères. Même la décision d'écourter, si elle se confirme, ce sera du positif: car elle nous aura permis de réaliser ce qui était vraiment important/avait du sens pour nous, et c'est loin d'être un échec ou une déception.
Comme beaucoup, j'ai ce sentiment de "oui c'est beau, mais..."
Et j'ai beau être d'un optimisme pathologique, mon enthousiasme commence à s'essouffler. Il y a plusieurs facteurs sans doute: le fait qu'on vient de la Réunion (mine de rien ça doit jouer, oui c'est très beau ici mais pas nécessairement plus beau que chez nous et le climat beaucoup moins favorable, j'imagine que selon la région d'où on vient et les voyages qu'on a pu faire avant ou non, la claque esthétique et le dépaysement varient, idem pour l'hospitalité des gens), que j'ai déjà voyagé un peu auparavant et trouvé un lieu d'adoption qui me convient (le Canada) et avec lequel je fais inévitablement la comparaison malgré moi, commencé à bâtir une vie, un équilibre, un réseau amical et professionnel que j'ai mis en stand-by pour venir ici, le fait aussi que ben, tout simplement, on était déjà heureux là où on était et que voyager pour voyager c'était peut-être pas forcément une bonne idée, du moins pas dans ces circonstances...
Selon l'âge et l'expérience la perception varie beaucoup, j'ai l'impression que les pvtistes plus jeunes et/ou n'ayant pas forcément eu l'occasion de changer de vie avant sont ravis de l'expérience (même dans ses aspects relous), tandis que les pvtistes un peu + âgés et/ou expérimentés (je dis ça sans condescendance aucune) ont un point de vue légèrement plus nuancé.
Bref, ici on a l'impression de stagner, voire régresser professionnellement (on espérait trouver dans notre branche mais on a dû se résoudre à des petits boulots sous-payés comme beaucoup), d'enrichir un gouvernement qui se paie un peu de notre tête et nous traite comme des vaches à lait sans nous offrir grand-chose en retour hormis le droit d'être là, et d'être dans une sorte de trip de tourisme un peu trop prolongé et assez vide de sens finalement... Sans parler du côté "parc d'attractions nature" et autoroute à backpackers que certains ont mentionné. Parfois j'ai l'impression d'évoluer dans un décor de cinéma extrêmement bien fait mais dont je n'arrive pas à ressentir l'âme; ce n'est ni la faute du pays ni la mienne, c'est juste une rencontre loupée, un courant qui ne passe pas, une question de circonstances peut-être.
Je finis par me dire "est-ce que cette expérience vaut la peine de manquer tant d'occasions pro et d'être loin des amis et de la famille?" (sachant que cela fait déjà plus de 10 ans que je jongle entre 2 pays et que mon entourage est loin, d'où le ras-le-bol aussi).
Bien sûr les paysages m'émerveillent, certaines rencontres sont très chouettes, mais tout ça commence à sonner un peu creux. Pour moi la NZ, c'est un peu comme être en couple avec une personne dont on n'est pas amoureux: c'est subjectif, ça sert à rien de se forcer et il n'y a rien de mal à se dire "ok, ma vie est ailleurs".
L'important, comme beaucoup l'ont souligné, c'est que votre expérience ait du sens pour vous et soit en accord avec vos valeurs.
Jusqu'ici, ça allait mais là, j'entre dans une phase où je ne peux plus justifier par rapport à moi-même d'avoir par exemple manqué la maternité d'une amie ou la déprime d'un autre juste parce qu'il fallait absolument que j'aille voir le Milford Sound. Ou passé 6 mois à jouer les réceptionnistes au lieu d'écrire le reportage de ma vie tout en contribuant à la société. Ou même épuisé toutes mes maigres économies (car oui, la NZ si tu n'es pas blindé au départ ou avec papa-maman qui peuvent te dépanner c'est très compliqué, on ne le dit pas assez), quitte à hypothéquer mon futur (incluant mes futurs voyages!) juste pour rester dans un pays qui ne m'émeut pas plus que ça.
Bref, merci pour vos partages, et ne vous laissez pas décourager quel que soit votre choix
Et Jane2433, si tu es dans les parages de Queenstown et que la solitude te pèse toujours, n'hésite pas à nous faire signe, on ira boire ensemble à la santé de notre crise existentielle!
Et un clin d'oeil en passant:
Hippie spends 6 months and £6,000 travelling the world to find himself; discovers he’s a complete cunt. | Big Karma