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[Récit d'un pvtiste par @floretterioparis]

Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Aloha, je suis actuellement en PVT au Canada et j'y suis arrivée durant l'année de mes 32 ans.

Pourquoi cette envie de partir en PVT ?
De formation Assistante de Service Social en France, je souhaitais comprendre la réalité des populations autochtones sur le territoire nord-américain. Comprendre la complexité de l'accompagnement de ces populations sur une terre que l'envahisseur s'est approprié. Question que nous n'avons pas en Europe, ou très peu.

Pourquoi avoir choisi ce pays ?
J'aurais pu effectivement travailler en Australie pour cette même raison. Mais je savais que le Canada est avant-gardiste en matière de travail social et psychoéducation. je suis donc venue chercher une vision canadienne du travail social.

Peux-tu nous raconter ton aventure en tant que pvtiste ? (Arrivée, logement, travail, voyage, amis, etc.)
Je suis d'abord arrivée à Montréal. J'avais trouvé via le site Kijiji une colocation. Puis quinze jours après mon arrivée, j'avais un travail en lien avec mon domaine. Deux mois plus tard, j'ai été mandatée par le gouvernement du Québec ce qui m'a permis de mieux être formée sur leurs pratiques, méthodes et outils de travail. Six mois plus tard, je postulais sur le poste que je visais pour venir ici. Je fus embauchée dans la foulée. Je me suis retrouvée travailleuse sociale au Nunavik.

Depuis j'exerce toujours sur ce poste dans le village de Salluit, au dessus de la 62ème parallèle. Nous sommes ici en région arctique avec une population inuit. L'hiver, les températures peuvent descendre à plus de -40°C. L'été, c'est 24h d'ensoleillement sur 24. Le ciel est saupoudré d'aurores boréales. Les réalités socio-économique du Grand Nord sont encore très reliées à l'histoire coloniale. Aujourd'hui, il est urgent d'agir dans une optique de réconciliation. On peut comprendre les enjeux et les problématiques vécus mais on ne pourra jamais les vivre comme ils les vivent. Travailler sur un territoire que ne nous appartient pas est une expérience bien différente de celle que j'ai pu vivre auparavant. Il faut beaucoup d'humilité et de compréhension interculturelle pour travailler dans un tel contexte.

Si j'avais à retenir une phrase de mon PVT, je choisirais celle-ci: "What do you do to decolonize ?". Si j'avais à retenir un lieu : sans conteste, je dirais Salluit, petit paradis arctique posé à la pointe la pus haute du Québec. Le détroit de la baie d'Hudson sépare la région Nunavik de la province du Nunavut. Une chose à dire sur les amis : le Canada est multiculturel : c'est une belle terre d'accueil, je travaille majoritairement avec de québécois et inuit.

Une chose à dire sur mon expérience PVT : je suis une maudite française de chialeuse presque devenue fille des bois. Pour parfaire le tout, j'attends ma résidence permanente C'était un PVT bien plus enrichissant que ce que j'imaginais. Et le Québec m'a apporté ce que la France ne pouvait pas : l'épanouissement professionnel et un style de vie plus libre.

Quel est ton meilleur souvenir ?
Le soleil de minuit en arctique. Les aurores boréales en hiver à - 40°C. Explorer la toundra arctique au printemps. Marcher sur la glace.

As-tu connu des difficultés pendant ton PVT ?
Très peu. En revanche dans le Grand Nord, il y a eu très peu de pvtistes ; alors lorsque j'ai voulu faire mon visa de travail fermé pour rester en attendant la RP, mon employeur a eu un peu de difficulté pour la démarche d'immigration. Mais tout s'est bien résolu au final.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes ?
Un PVT, ça se prépare. Surtout quand on sait que le gouvernement du Québec et les gouvernements des autres provinces peuvent exiger des conditions spécifiques à ceux qui souhaitent rester. Quand tu pars, il faut donc déjà avoir un peu réfléchit dans le coin de ta tête si tu souhaites venir pour rester ou pour profiter de tes deux années entre voyage et travail. Et si tu décides de venir pour éventuellement rester : il faut se préparer dès le début de son PVT pour obtenir les critères de sélection à l'immigration permanente.

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(photo: un dimanche de pique nique en arctique )