Ce soir, vendredi 2 février, 21h, je rentre du taf et je me pose pour écrire. Il fait froid, ce soir est un soir sans chauffage mais c’est sur fond de
Spleen que j’écris (merci Bruno, Did, Nico et Tom pour votre son).
Bientôt 1 mois sur le sol de Vancouver. Adaptation difficile, tout est vraiment différent ici, dur de trouver des repères. En 3 mots : les gens ne sont pas vraiment ouverts, le travail est éprouvant, le logement laisse à désirer et la misère dans les rue est palpable.
Je cherche encore des salles de concert pour assouvir ma soif de son, en vain. Cette ville semble orpheline, sans racine, beaucoup de peuples débarquent en masse pour trouver un coin de dignité perdue dans leur pays d’origine, souvent très pauvre (Chine, Philippine, Amérique latine). Ce sont les mots que j’ai entendu au hasard de mes discutions. Je développerai ce sujet plus amplement dans la partie
road trip du site. (
www.cafedelalune.fr)
Ce soir, j’ai rencontré un homme de la rue, croisé bon nombre de fois autour de chez moi. Nous avons discuté. Cet homme seul a débarqué dans les rues de Vancouver après s’être fait licencié au Québec car le sida le ronge jour après jour. Vancouver reste la ville du Canada la plus douce en terme de climat et les conditions sont moins « durs » pour la rue, en voici la raison. Le sida est venu se blottir en lui lors d’une mauvaise transfusion sanguine à la suite d’un grave accident. Il doit maintenant vivre avec ça et les médecins ne lui donnent plus qu’un mois. Il est difficile de rester insensible à cette misère de la rue. Le gouvernement Canadien semble ignorer cette misère. Elle touche toute leur tranche d’âge. Je ne maîtrise encore pas bien la politique du gouvernement canadien, je ne m’aventurerai donc pas plus loin de mon analyse mais ça n’en reste pas moins touchant et inacceptable.
S’ajoute à ça un environnement social un peu fermé. Cela me donne l’impression de personnes cherchant à travailler beaucoup pour amasser de l’argent, sans intérêt ni passion supplémentaire.
J’ai visité un grand nombre de colocation, tout aussi froide les unes que les autres. Dans certaine, je me suis heurté à un manque de communication évident, loin de la vie en communauté, ce type de logement reste une solution pour diminuer le coût du loyer. Certain propose des chambres sans vitre aux fenêtres, d’autre accepte de t’ouvrir leur porte à condition de n’inviter personne et de modérer toute forme de bruit et de musique. Ce sont les paroles même des propriétaires qui mettent à disposition le sous sol de leur habitation. Je suis allé jusqu'à visiter un appartement non loin du restaurant où je travaille, accueilli par une femme d’une quarantaine d’années, son petit chien et une personne âgée sans voix affalée dans un vieux fauteuil, la chambre se limitant à un placard (un véritable placard) dans lequel est logé un matelas au sol.
Ces logements ne répondent bien évidement en aucun point à ce que j’attends d’une colocation. On n’est bien loin de ma précédente vie en collectivité dans ma belle villa provençale ou la charmante maison victorienne de Londres peuplée de voyageurs.
Par conséquent, je suis contraint et presque satisfait de mon logement actuel même si les douches datent des premiers pionniers.
L’idée actuelle que je me fais de l’accueil canadien est à l’image de mon épisode à l’hôpital de Vancouver lors de ma première nuit (sans toit). Perdu dans Vancouver, seul, sous la pluie avec mes tonnes de sacs et me voyant refuser l’hospitalité dans la salle d’attente des urgences.
Il reste alors mon travail au restaurant mongol. Je commence à connaître l’équipe, plutôt accueillante, il faut bien le reconnaître mais je partage ce temps avec des hommes et des femmes ne portant pas à grand intérêt pour leur métier. Parfois, nous sortons et ils me donnent l’impression de boire pour oublier quelque chose sur fond de rap américain. J’ai appris à mieux connaître une femme avec qui je travaille (la trentaine) et elle m’a explicitement expliquée la douleur qui l’habite (the painfull). Son hobby est la peinture, elle peint des visages de femmes obscures et abstraits, sans bouche (bondage). C’est très violent mais je l’aime beaucoup, je vais d’ailleurs peut être partager un appartement avec elle.
J’espère maintenant trouver une colocation vivante rapidement et rencontrer la scène musicale de Vancouver au plus vite. Tels sont mes objectifs.
Mes rencontres ne sont donc pas des plus gais et l’adaptation est longue mais ma philosophie ne changera pas : Permanente Pensée Positive, Keep the smile !