Bonjour, peux-tu te présenter aux membres de pvtistes.net ?
Je m’appelle Julien, j’ai 32 ans et j’ai un bac STT, Sciences et Technologies Tertiaires, qu’on retient plus facilement comme Sciences Tout Terrain, un truc dans le commerce. J’ai fait une école d’audio-visuel (l’ESRA à Paris), puis j’ai bougé sur Lyon où j’ai vécu pendant près de 6 ans. J’ai eu l’occasion de bosser dans le monde du cinéma, TV, radio, théâtre, studios d’enregistrement, et me suis finalement orienté vers le monde des concerts où je me plais bien !
Pourquoi as-tu décidé de t’envoler pour le Canada en PVT ?
Je me suis dit « pourquoi pas voir d’autres horizons avant d’être pieds et poings liés avec femme et enfants ? » Donc me voilà à Vancouver et plus sérieusement pourquoi ici ? Pourquoi pas ? ! De la flotte, des montagnes, de l’anglais parlé, what else ?
Je n’ai pas vraiment cherché si ça recrutait beaucoup ou pas du tout, que ce soit dans mon domaine ou d’autres d’ailleurs, je pense que si on veut bosser, on peut.
Comment se sont passées tes démarches pour trouver du travail ?
Je suis arrivé en janvier 2017. Après deux mois à profiter et découvrir, je me suis mis à chercher du boulot dans ma branche, et au bout de 15 jours je trouvais la première boîte avec laquelle je bosse encore. Mais ce job n’étant pas assez régulier, j’ai dû chercher d’autres boîtes et après quelques galères à puiser dans mes économies, j’ai enfin réussi à stabiliser la situation, et un peu trop dernièrement, tellement je n’ai fait que bosser !
Le Net aide beaucoup pour la recherche de travail : les groupes Facebook, l’ami Google. Et puis aujourd’hui on connaît tous quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a vécu là où on va et qui peut nous aiguiller sur telle ou telle piste.
Une fois arrivé sur place, je me suis vite rendu compte que si tu veux du taf, t’es même pas obligé de te décarcasser tellement il y en a ici, on voit partout des magasins qui cherchent un vendeur/vendeuse, des restos qui cherchent des serveurs/serveuses, plongeurs, le bâtiment recrute à mort, donc si tu veux du boulot, t’as juste à saisir l’occasion et être débrouillard.
J’ai envoyé des CV (la base) et c’est tout. Un entretien et le tour était joué. J’ai la chance d’avoir un niveau d’anglais pas trop mauvais à l’origine, donc ça m’a aidé, mais au final ça reste le même blabla, un peu d’expérience, le permis B (on ne sait jamais), de la motivation.
J’ai vraiment l’impression qu’ici les gens sont bien plus open qu’en France. L’autre fois, sur le démontage d’un gros concert, j’ai vu un type qui avait clairement rarement démonté un pont (les structures sur lesquelles on accroche les lumières ou autre), du coup je vais le voir pour lui montrer et on entame la discussion. Le mec a genre 38 piges et était prof jusqu’à quelques semaines auparavant, il avait laissé tomber car il voulait changer. Et là, il débarquait dans un monde inconnu avec bien peu de connaissances. Mais il a été embauché et aujourd’hui je ne dirais pas que c’est un élément clef de la boîte, mais il a progressé.
As-tu des noms d’agences ou de boîtes à recommander pour ceux qui cherchent dans le domaine ?
Je bosse avec pas mal de compagnies et j’admets hésiter un peu à mâcher le travail à tous ceux qui me liront, mais j’me sens dans un bon mood donc je suggère de commencer avec Riggit.
Niveau salaire, ça donne quoi ?
Le salaire minimum ici est d’à peu près 11 $/h et c’est pour ça que tout le monde « tip » les serveurs car c’est vraiment pourri. J’ai fait de la plonge un peu et j’étais content de toucher un peu plus de 12 $/h.
Dans mon milieu, j’oscille entre 18 et 35 $/h selon les boîtes avec lesquelles je bosse, mais en général c’est plutôt 20 dollars de l’heure.
Pour le volume horaire, ça dépend complètement des shifts que j’accepte. Il m’est arrivé de faire quelques semaines de 70-80 h tout comme j’en ai fait à 20-30 h. Ici les gens te proposent un shift (surtout dans le milieu du spectacle), libre à toi de l’accepter ou non.
Pour l’instant, ça paie mieux par rapport à la France, me concernant. En France, on a l’intermittence donc ça aide. Même si je n’ai pas encore vraiment vécu l’hiver, je dirais que ça paie mieux au Canada.
On est aussi moins sujet à se faire avoir par un patron mesquin, qui profite complètement du système.
Tu as bossé sur quels genres d’événements ?
Jusqu’à présent, j’ai fait pas mal de concerts, souvent de la grosse presta avec du gros matos et pas toujours des gros artistes, souvent des conventions aussi (il faut dire que le Centre de Convention – VCC dans le milieu – est vraiment super). Mais les théâtres sont cools et je sais qu’il y a beaucoup de tournages en ville aussi. Vancouver, c’est le nouvel Hollywood !
La liste est déjà assez longue mais voici quelques noms : Eric Church, Chris Stapleton, Game Of Thrones, The Weeknd, Tim & Faith, Tool, Shawn Mendes, Neil Diamond, Bruno Mars, Ed Sheeran, Lady Gaga, Kendrick Lamar, Tom Petty, Zac Brown, One Republic, Lionel Richie & Mariah Carey, Janet Jackson, Miranda Lambert, Nickelback, Imagine Dragons, Kings Of Leon, Depeche Mode…
T’as du bol que je note tout et que j’ai eu la motivation de te faire l’inventaire des concerts, j’étais curieux de voir à quoi ressemblerait la liste, haha ! Mais là encore, je t’ai zappé les concerts dans les hôtels, les conventions et les quelques plus petits concerts que j’ai faits derrière une console.
Par rapport à la France, quelles différences notes-tu dans ton métier ?
Ici, il n’y a pas le vouvoiement donc ça lisse vachement plus les choses le « youtoiement « .
Et puis, cette ouverture d’esprit qu’ils ont ici est carrément agréable. Ils vont préférer perdre 2 minutes à te montrer un truc plusieurs fois pour qu’après on gagne du temps, plutôt que t’écarter parce que tu ralentis les autres.
L’anglais est aussi bien plus straight forward donc tu ne perds pas ton temps avec toutes ces politesses dans lesquelles on se perd en France (surtout dans les mails), ici tu évites évidemment l’argot avec le patron et tu dis un « Sir » de temps à autres, mais c’est tout.
Il y a bien moins de règles et lois qu’en France Par exemple, si tu n’as pas l’habilitation pour faire du rigging (attacher les moteurs en hauteur qui vont tenir les ponts dont j’ai parlé précédemment), ça ne va pas t’empêcher de passer une journée ou deux avec un des riggers pour qu’il te montre des trucs (avec l’accord du responsable, bien sûr), donc ici ils sont plus open et confiants et c’est super agréable, les « bonnes » initiatives sont bienvenues !
Des infos et conseils pour ceux qui voudraient bosser dans le domaine au Canada / en Colombie-Britannique / à Vancouver ?
Hum… Être motivé et essayer de ne pas se planter un tournevis dans la main ?
Plus sérieusement, c’est tout de même un gros plus de parler anglais. Si tu veux avoir un minimum de responsabilités et évoluer, ne viens pas ici pour améliorer ton niveau mais aies déjà une bonne grosse base (pour la perfectionner bien évidemment). Y a des boîtes en Colombie-Britannique qui ont des patrons/responsables français donc ça aide si vraiment si t’es nul en anglais, mais j’ai un peu de mal à comprendre les gens qui viennent ici sans parler un mot d’anglais, et qui ne prennent pas de cours. Ils attendent quoi ? Qu’un jour ils se réveillent en sachant parler anglais ? Ça serait trop beau.
Et la vie à Vancouver, ça te plaît ?
La vie ici c’est plutôt sympa, les gens font la queue pour prendre le bus, s’excusent quand ils te bousculent, et pour être plus simple, ont ce savoir vivre qu’on n’a plus depuis un bout de temps en France. Quand ils descendent du bus, les gens disent merci au chauffeur, les vendeurs te souhaitent de passer une bonne journée et les piétons attendent que le feu soit vert pour traverser, tout comme les voitures te laissent passer quand tu veux traverser et qu’il n’y a pas de feu.
Quand je suis allé voir mon voisin pour lui demander de baisser le son un samedi parce que je bossais à 4 heures le lendemain matin, il s’est excusé et a arrêté, sans m’envoyer chier et en me disant qu’il payait son loyer et faisait ce qu’il voulait.
Les montagnes sont à 20 minutes de route, l’océan à quelques stations de skytrain (selon où t’habites forcément), et quand tu croises un punk qui mange des skittles, qu’il te voit le regarder tellement il a un style décalé et qu’il t’en propose avec un gros smile, je me dis que cette ville me plait, oui.
J’aime les plages ici, elles sont propres (oui parce qu’en plus des gens qui disent au revoir au chauffeur de bus, ils jettent leurs déchets dans des poubelles, eux) et quand il fait un peu chaud tu peux te poser contre un tronc d’arbre séché et chiller au soleil. J’aime beaucoup la balade autour de Stanley Park, ou même me poser dans un parc aléatoire et faire des board games en jetant un œil sur la vue qui est bien différente de ce qu’on a en France.
Les brasseries ne manquent pas ici, et sans faire de calcul exact, je suis sûr qu’on pourrait goûter une bière différente tous les jours pendant une année (si si, j’te jure !).
Il ne faut pas oublier que c’est une grosse ville à peu près comme Paris – je crois – donc ce ne sont pas les activités qui manquent. Et puis, si t’en as marre de la ville, tu peux facilement t’échapper en bus faire une hike à Deep Cove ou même plus loin, tout est plutôt bien desservi.
Niveau météo, on est quand même dans un endroit où il pleut beaucoup, surtout en hiver, mais pour qu’il y ait de la neige sur les montagnes il faut bien qu’il pleuve plus bas !
Étant originaire du Sud de la France, j’ai un peu de mal à le dire mais j’aime la pluie ! (et puis on peut trouver du Ricard ici, alors ça compense).
Vu que je n’ai pas de boule de cristal, j’ai encore un peu de mal à savoir si je vais rester sur ce continent ou pas à la fin de mon PVT, pour l’instant j’ai bien envie de passer l’hiver complet à Vancouver, histoire de profiter des montagnes puis partir en road trip pour arriver au début de l’été à Montréal, et découvrir un peu ce côté.
Y’a plein de festoch là-bas donc ça ne peut être que bien niveau boulot je pense. Au pire, si ça ne me plait pas, ce n’est pas comme si ce pays était 20 fois plus gros que la France, je trouverai bien une autre ville à découvrir !
(8)Commentaires
Bonne journée
Le CV de l'intermittent n'est pas si complexe que ça en fait, perso je mets la date à laquelle j'ai fait ma première presta avec la boite et je précise à côté si j'ai fait des dates plus ou moins régulières avec, après si j'ai seulement fait 2 dates, je la mentionne rarement. Mais j'ai plusieurs CV's plus ou moins détaillés au cas où le possible futur employeur souhaite plus d'infos, et au pire je lui raconte lors d'un tête à tête
Merci Julien pour toutes ces informations. Je suis également intermittent en France et tous ces conseils et expériences sont bonnes à prendre.
Bon courage
Pour ton pvt tu as été confronté à ton cv, du coup j'ai une question: Comment tourner un cv quand on est intermittent du spectacle?
J'ai depuis 6 ans beaucoup de petits et longs contrats dans la même boîte et des contrats d'un ou 2 jours dans d'autres boites qui viennent se chevaucher de temps en temps pendant ou entre les contrats de la boite principale où je bosse.
Merci de m'aider si tu veux bien
Salut!
Le statu d'intermittent n'existe je crois qu'en France, donc au Canada tu fais tes heures, factures, et voilà! Donc niveau sécurité, tu as intérêt à assurer tes arrières avec un autre job à côté ou fortune personnelle ^^
Merci pour cet article très interessant!
J'imagine que le "statut" d'intermittent n'existe pas labas? Le système d'heures/cachets et d'ARE ?
Ce sont des petits contrats uniques donc? Sans sécurité derrière ?
Merci
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