Tu es repartie au Japon après ton PVT et le tsunami a eu lieu, peux-tu nous en parler ?
Oui. Mon PVT s’est fini en janvier 2011. J’étais là depuis un an, je devais quitter le Japon. C’était donc l’occasion pour moi de rentrer quelques jours en France pour revoir tout le monde. Je suis retournée à Tokyo deux semaines plus tard avec un autre visa et j’ai continué ma vie là-bas. Je savais que j’allais devoir prendre une décision bientôt entre quitter le Japon et aller ailleurs, ou y rester encore au moins un an et trouver un « vrai » travail (et par « vrai », j’entends avec des horaires normaux, un jour de congé par semaine, un salaire correct, et surtout un visa de travail). J’avais besoin de réunir ces conditions pour continuer mon aventure japonaise.
J’étais en plein dans ces réflexions depuis quelques temps quand les événements du 11 mars sont survenus. L’enchaînement de ces catastrophes a littéralement fait paniquer tout le monde autour de moi, en France, dans ma famille, mes amis. Des personnes que je n’avais pas revues depuis des années se sont manifestées. J’étais moi-même un peu paniquée, je ne savais pas quoi penser et j’avais peur des tremblements de terre et des répliques incessantes toute la journée, des sonneries d’alertes séismes qu’on entendait tout le temps. Je trouvais du réconfort auprès de mes amis japonais qui étaient inquiets mais finalement assez sereins. Ils avaient confiance en leurs experts, confiance en la gestion de leur pays et étaient très lucides sur le fait que ça ne servait à rien de paniquer et qu’il n’y avait de toute façon pas grand-chose qu’ils puissent faire, à titre individuel pour changer les choses.
J’entendais les médias européens (je passais mes journées sur CNN et BBC) et il faut dire que les médias n’ont pas fait le même boulot au Japon qu’en Europe. Là ou certains modéraient les dégâts, d’autres alarmaient et dramatisaient la situation. Difficile de se repérer dans toutes ces informations contradictoires qu’on entendait.
Je garde un souvenir de ces quelques jours qui ont suivi le 11 mars comme une période vraiment stressante, pleine d’incertitudes. La terre ne cessait de trembler, on ne trouvait plus de bouteilles d’eau dans les commerces, mes amis étrangers partaient les uns après les autres, je passais des heures au téléphone avec la France à écouter des scénarios catastrophe plausibles dans les voix paniquées de mes proches. On n’arrivait pas à manger, on ne dormait pas, on restait pendus aux sites d’informations, on ignorait si la centrale allait exploser, et même l’air de dehors nous inquiétait et on limitait nos déplacements. Nos conversations tournaient autour des mots « contamination », « séisme », « explosion ». On parlait du nombre de disparus dans le nord du pays, au possible gros tremblement de terre prévu dans les prochaines heures dans la région.
Après quelques jours, j’étais à bout de nerfs. La situation devenait de plus en plus critique et à présent, ma famille m’ordonnait de rentrer. Mes amis japonais m’encourageaient aussi à partir, quitte à revenir plus tard. C’est ce que j’ai fait…
Alors oui, gros sentiment de culpabilité et d’égoïsme d’abandonner tout le monde, tous mes amis, de planter mes deux patrons en même temps et du jour au lendemain.
Une fois à Paris, ce sentiment ne m’a pas quitté. Et même encore maintenant j’y repense tout le temps. Mais je sais que c’était la meilleure chose à faire. Une fois rentrée, je savais que j’y retournerai mais j’avais besoin de travailler un peu d’abord et économiser (car un retour précipité en période de crise comme celle là, ça coûte un bras !)
J’y suis retournée au bout de trois mois.
(7) Commentaires
Merci pour ce témoignage
Je cogite pas mal sur mon choix de destination pour mon 1er PVT et le Japon fait partie des destinations que j’envisage mais j’avais extrêmement peur de ne pas pouvoir trouver d’emploi sans parler japonais et du coût de la vie sur place mais à te lire ça semble gérable ???
Ca fait maintenant plusieurs fois que je lis ton témoignage, et à chaque nouvelle lecture ça me donne toujours plus envie de partir !!
Merci de faire partager ton expérience ! c’est vrai qu’on pense plus à des pays anglophones en général à cause de l’anglais !
c’est difficile d’apprendre le japonais ? tu as mis combien de temps avant de pouvoir te débrouiller un minimum avec la langue ?
Te lire était bien appréciable car je me retrouve plus dans ton profil que dans ceux que j’avais pu lire auparavant.
Tu as survécu (;p), et es heureuse de ton expérience.
Très motivant !
Merci bien 😉
Merci pour ton témoignage camille c’était très intéressant de lire tes différentes expériences au Japon. Tu a vraiment bien identifié ce que j’avais ressenti lors de mon court séjour là-bas. A te lire j’ai l’impression qu’il est facile de trouver un travail sur place du coup sa motive lol. Encore merci pour ce petit avant goût de Japon
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