Cela fait bientôt 3 mois que je suis rentré en France et il est temps pour moi de mettre un terme à cette aventure dans un ultime article qui aura la lourde tâche de faire le bilan d’une année complète en Australie (et de deux petits mois en Nouvelle-Zélande).
Un exercice loin d’être évident. Comment diable synthétiser une année de voyage en quelques lignes ?
[Note de pvtistes.net] Nathan a résumé, à la fin de sa dernière vidéo australienne, ses 12 mois de PVT, à voir !Déjà je vais commencer par dire que parmi les 23 années de ma vie, cette année fut sans doute la plus importante. Je suis certain que si je n’étais pas parti, ma vie future serait totalement différente. Mine de rien, une année à l’autre bout de la planète, ça vous change la vie. J’avais beaucoup d’appréhensions avant de partir. Par rapport à mon anglais, à ma recherche d’emploi, à ma capacité à me débrouiller seul dans un pays que je ne connaissais pas.
En potassant les témoignages d’autres pvtistes, je m’étais forgé une sorte de voyage idéal. Je m’imaginais acheter un van, parcourir les déserts et les forêts au gré de mes envies et m’arrêter une ou deux semaines de temps en temps pour ramasser des fruits sous le soleil. Je m’attendais à devenir “fluent” en anglais, à trouver des jobs de rêves dans des décors paradisiaques et à sympathiser avec des gens du monde entier.
Une de mes plus grandes craintes était sans doute d’être déçu. J’avais peur d’avoir une vision de l’Australie faussée par les documentaires qui présentent souvent ce pays comme un eldorado pour de jeunes gens à la recherche d’aventures. Peur également qu’il m’arrive des crasses. Un accident de voiture, des problèmes financiers, un mal du pays, bref, un truc qui vienn ternir le plan parfait que j’avais élaboré pour mon année.
Pendant tout mon périple, j’ai essayé de me cantonner à ce plan idyllique et de tout faire pour ne pas me retrouver dans des situations désagréables. Très vite, l’envie m’est venue de faire le tour du pays.
Partir de Sydney pour revenir à Sydney en ayant parcouru les 25 000 km de côtes, le tout sans prendre d’avion. Quand je regarde derrière moi et que je compare mes plans avec ce que j’ai effectivement fait, je suis plutôt content de moi. Certes, tout n’est pas comme je l’avais imaginé.
Je n’ai finalement pas acheté de van, ce qui n’est pas forcément un regret au vu de tous les problèmes que peut procurer un tel achat. Je pourrais vous raconter des dizaines d’histoires malheureuses liées à l’achat d’un van ou d’une voiture. Au lieu de ça, j’ai préféré passer par les petites annonces pour trouver des “travelmates” avec qui voyager. A part quatre petits jours passés en compagnie de deux Allemandes pas vraiment fun, j’ai toujours eu la chance de tomber sur des gens sympa avec qui j’ai pu tisser des liens forts.
Si la beauté des paysages a largement dépassé mes espérances…
… ce n’est malheureusement pas le cas du travail. On entend souvent qu’il est très aisé de trouver un travail en Australie et que ces derniers sont incroyablement bien payés. Mais si on creuse un peu plus, il n’est pas rare de lire des témoignages un peu moins reluisants. Pour ma part, j’ai passé un mois à déposer des CV dans les rues de Cairns sans succès pour finalement atterrir dans une ferme de zucchinis.
A partir de là, le fruit picking sera ma seule source de revenus au cours de mon année. Inutile de dire que les quelques mois que j’ai passé courbé au milieu des champs ou debout, en haut d’une échelle, ne sont pas ceux que je placerais dans mon top 10 des meilleurs souvenirs d’Australie. C’est dur, fatigant, mal payé (par rapport au salaire australien moyen) et les conditions de travail frôlent parfois les limites de la légalité.
Heureusement, la bonne ambiance qui règne généralement entre travailleurs m’a permis de supporter un peu la dureté de mon travail.
Enfin pour ce qui est de l’anglais, je ne vous cache pas que je suis finalement moins bon que ce que j’avais espéré. Bien sûr, rien à voir avec mon premier mois à Sydney. Je n’ai plus besoin de préparer ma phrase avant d’entrer dans un magasin, je peux désormais rire aux blagues des chanteurs américains pendant les concerts et je peux avoir une conversation avec un “native speaker” à partir du moment où l’on ne parle pas de la géopolitique du Koweït ou de physique quantique.
Mes progrès sont énormes, mais j’ai toujours l’accent de Nelson Monfort (voir infographie au bas de l’article). Il n’est pas rare que je demande à mon interlocuteur de répéter sa phrase et j’ai toujours autant de mal à prononcer les mots “rare”, “through” et “schedule”. Je suis encore très loin d’être bilingue. L’anglais n’est pas la seule chose que m’a apporté ce voyage. Je ne sais pas si j’ai fondamentalement changé mais je pense avoir gagné en maturité, en autonomie, en ouverture d’esprit. En confiance en moi également.
Désormais, je sais que je peux partir seul à l’autre bout du monde sans appréhension. Et puis il y a ces petits bonus que l’on développe en Australie et qui nous font relativiser certaines choses. Par exemple, ma tolérance aux mouches et aux moustiques s’est accrue. Passer une heure, figé au milieu de ma chambre, un chausson à la main, à l’affût du moustique qui m’empêche de dormir depuis 2 h, c’est de l’histoire ancienne. Autre exemple : désormais, lorsque je mange un gratin de courgettes, je réalise toujours une petite prière pour tous les backpackers qui sont morts pour ramasser ces courgettes.
J’ai également développé une nouvelle notion des distances et partir en vacances à l’étranger pour un durée inférieure à 3 mois me paraît inconcevable. L’appréhension que j’avais avant de partir est revenu vers la fin de mon voyage. Sauf que cette fois-ci, c’était l’appréhension de rentrer en France. L’envie de retrouver ma famille, ma vie confortable et mes potes de rillettes était mêlée à la peur de m’ennuyer dans une vie redevenue normale. En Australie, je voyais en moyenne un truc cool par jour (en dehors des périodes de travail). Comment vais-je faire pour retrouver l’émotion que peut procurer le fait de prendre un petit-déjeuner au milieu d’une dizaine de kangourous…
… de rouler des heures sur des routes immenses…
… de se baigner dans une eau turquoise à 25°…
ou de siroter une bière en face d’un coucher de soleil ?
Je repensais à laideur de nos autoroutes, à la pauvreté de notre faune sauvage, à Jean-François Copé et surtout à la routine métro, boulot, dodo. J’allais retrouver toutes ces choses qui ne m’ont jamais manqué. Et cette idée me déprimait.
Finalement, le retour s’est plutôt bien passé. La joie de retrouver tout le monde y est pour beaucoup. J’ai été surpris de la vitesse avec laquelle j’ai repris mes marques. J’ai retrouvé toutes ces petites habitudes, ces gestes, ces odeurs familières. A part un nouveau rond-point à tel endroit, une nouvelle baignoire chez mes parents ou un nouveau chroniqueur au Grand Journal, pratiquement rien n’a changé. C’est comme si je n’étais jamais parti. Comme si je m’étais endormi le soir du 5 février 2014, que j’avais vécu une vie d’un an à l’autre bout du monde et que je m’étais réveillé le lendemain en réalisant qu’il ne s’agissait que d’un rêve. C’est un sentiment très étrange.
Aujourd’hui, j’ai retrouvé une vie “normale”. Je cherche du travail en mettant mon expérience australienne en avant. Je ne sais pas si ça attire les recruteurs, mais ça m’aura au moins permis d’assurer quand une DRH m’a proposé de réaliser une partie de l’entretien en anglais. Quand sur Facebook, je vois la photo d’un ami resté en Australie, je suis souvent pris d’une grosse vague de nostalgie. Tout me manque. Le goût des noodles, les plages, les randonnées, l’odeur de décomposition des kangourous sur le bord des routes, le bruit des kookaburras…
… des corbeaux et des cacatoès. Même le fait de galérer en anglais me manque.
Maintenant, c’est presque trop facile de communiquer. Il n’y a plus de challenge, plus de quiproquos amusants. Le français est d’un ennui. Mais je suis heureux malgré tout, car je suis fier de ce que j’ai accompli. Je n’ai aucun regret et si c’était à refaire, je ne changerais strictement rien. Même les mauvais souvenirs me font aujourd’hui sourire. Ce voyage m’a apporté bien plus que l’anglais, l’autonomie ou la tolérance pour les moustiques. Il m’a donné le goût du voyage.
Je ne compte pas m’arrêter à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Je ne sais pas encore où ni quand. Probablement du coté de ce petit continent à 5 000 kilomètres à l’ouest de la Bretagne. On verra… Pour conclure, je voudrais dire un graaaand merci à pvtistes.net (et à Liligo, ACS (Globe PVT) et Languages & Travel) pour m’avoir permis de vivre la meilleure année de ma vie.
Sans ce concours je n’aurais sûrement pas eu le cran de partir tout seul.
Un autre graaand merci à mes travelmates d’Australie : Ines, Emily, Arnaud, Antoine, Lucien et Maud ainsi qu’à ceux de Nouvelle-Zélande : Melissa, Sabrina et Chanelle. J’ai vécu des choses avec ces gens-là qui resteront sans doute gravées dans ma mémoire pour toute ma vie.
Et pour finir un dernier graaaand merci (j’ai l’impression d’être aux Césars avec tous ces remerciements) à tous les gens qui ont suivi mon aventure en lisant mes articles.
Si j’ai pu convaincre ne serait-ce qu’une personne de partir en Australie ou ailleurs, alors j’aurais rempli ma mission. C’est la plus belle chose qui puisse vous arriver.
Cliquez ici pour télécharger l’infographie.
Et pour retrouver toutes les contribution de Nathan :
Récits et articles
- Un début de WHV en Australie avec un niveau d’anglais moyen
- En Australie, partir en road trip avec des inconnus
- Un mois de road trip sur la côté est australienne
- La recherche de travail à Cairns
- Zucchinis, zucchinis, zucchinis… la cueillette de courgettes
- Ramasser des courgettes dans le Queensland
- Pumpkins, pumpkins, pumpkins… la cueillette de citrouilles
- Un road trip dans l’Outback : Uluru et le désert
- Darwin, Kakadu et compagnie…
- De Darwin à Perth – la côte ouest australienne
- Cueillir des fraises près de Perth en Australie
- Fremantle, c’est trop de la balle !
- Un road trip de 3 500 km de Perth à l’Australie du Sud
- La ville « post-apocalyptique » Coober Pedy en Australie
- Fruit picking en Australie – Oranges et sprouts
(17)Commentaires
Merci !
Voilà le genre de phrases qui fait qu'on est obligé de se marrer en te lisant!
"Comme si je m'étais endormi le soir du 5 février 2014, que j'avais vécu une vie d'un an à l'autre bout du monde et que je m'étais réveillé le lendemain en réalisant qu'il ne s'agissait que d'un rêve. C'est un sentiment très étrange."
Ouais, j'ai connu ça moi aussi. Surtout en reprenant mon appart et mon taf, comme si je n'étais jamais partie et que j'avais rêvé toute cette belle aventure...
Des belles images, des bons mots et du bon son, je suis super fan de ton travail en tant que reporter pour pvtistes.net.
Tu as mis la barre super haute pour les prochains, je sais pas si tu en es conscient!
Merci. Je suis content de t'avoir donné envie de partir. J'ai gagné mes 8100 dollars en environs 4 mois.
J'aimerais bien savoir en combien de temps de travail dans ton année, tu as réussis à récolter ces 8100 dollars ? Merci d'avance
je pense également que nous minimisons la richesse de notre pays. Nous avons nous aussi été bluffés par la faune et les paysages de l'Australie notamment, mais nous avons aussi pris conscience de la beauté de la France et de l'Europe. Nous avons une richesse culturelle, historique, architecturale, que ces pays-là ne possèdent pas. Notre pays est beau lui aussi, et si on a été capable de traverser le désert australien, alors on peut traverser la France...
Super, je file répondre aux gens qui ont posé ces 2 questions sur l'info
Tu as su nous raconter ton voyage, donner envie à plein de gens (dont moi), tout en montrant également les côté pas forcément sexy du PVT en Oz (ah, le jus de chaussette restera gravé dans ma mémoire).
Tu as été vraiment un super reporter, bien au dessus de toutes nos espérances ! En espérant pouvoir revoir certains récits de tes prochains voyages, je te souhaite une excellente continuation !
Fait attention à pas te faire bouffer par la routine du retour (même si c'est bien des fois) et bonne route !
PS : Par contre, je t'assure qu'en France, la faune sauvage est loin d'être pauvre, il suffit de savoir où chercher
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