Comment je me suis fait arnaquer de 300 euros à Paris

Je me suis installé à Paris il y a plus de deux ans. J’adore tout ce que cette ville a à offrir, mais il faut bien admettre qu’elle est aussi un véritable terrain de jeu pour les arnaqueurs et les pickpockets. Même si les crimes violents restent rares, les résidents comme les visiteurs doivent rester vigilants à tout moment face aux petits délits.

Beaucoup de victimes ont honte de raconter leur expérience, mais c’est justement en les partageant qu’on peut rappeler aux autres de rester sur leurs gardes. Voici l’histoire de comment je me suis fait arnaquer de 300 euros.

Partie I : comment tout a commencé ?

Je marchais pour aller au travail lorsqu’une voiture s’est arrêtée à côté de moi. Un homme est sorti et m’a expliqué qu’il avait besoin d’aide. Lui et sa famille étaient en vacances à Paris, en provenance d’Angleterre, et leur chambre d’hôtel avait été cambriolée. Il prétendait avoir perdu toutes ses cartes, leurs passeports et son argent liquide. Sans cela, il ne pouvait pas acheter de billets pour rentrer en Angleterre, et cherchait donc quelqu’un pour retirer de l’argent à sa place.

Son histoire était compliquée et j’étais déjà en retard pour le travail, alors je lui ai dit que je n’avais pas le temps de l’aider. Je pense qu’il a perçu mon hésitation car il a commencé à me suivre en insistant sur le fait que cela ne prendrait que quelques minutes pour aller au distributeur le plus proche. Sous son insistance, je n’ai pas eu le temps de réfléchir à la crédibilité de son histoire. Mais en regardant dans sa voiture (immatriculée au Royaume-Uni, même si je ne savais pas trop quoi en penser), j’ai vu qu’il y avait bien sa femme et un bébé à l’intérieur. En voyant cela et en entendant le désespoir dans sa voix, j’ai choisi de croire qu’ils avaient vraiment besoin d’aide, même si c’était peu probable.

Partie II : accepter d’aider

À contrecœur, j’ai accepté de l’accompagner au distributeur le plus proche. Je lui ai demandé comment il allait me rembourser et il m’a assuré qu’il pouvait me faire un virement immédiatement. Avant que je ne m’en rende compte, il avait déjà tapé mon IBAN dans son application bancaire et était prêt à m’envoyer de l’argent. J’étais encore mal à l’aise, alors je lui ai demandé comment je pouvais être certain qu’il n’allait simplement pas annuler le virement une fois partis chacun de notre côté. Sans hésiter, il a affiché un article d’apparence officielle dans l’application même de sa banque, indiquant que les virements ne pouvaient pas être annulés une fois initiés.

Je lui ai ensuite demandé combien il avait besoin, et il a répondu 300 euros. Avant même que je puisse vraiment accepter ce montant important, il avait déjà initié le virement et m’avait montré la preuve de la transaction. À ce moment-là, je me suis senti piégé : si je partais maintenant alors qu’il disait la vérité, c’est moi qui serais l’arnaqueur. Je me suis donc senti moralement obligé de retirer l’argent et de le lui remettre. Avec le recul, c’était sans doute une forme de manipulation psychologique. Il m’a donné son numéro WhatsApp pour que je puisse le joindre ensuite.

Il m’a remercié plusieurs fois avant de remonter dans sa voiture. Une fois le choc passé, j’ai eu un mauvais pressentiment. Comme je m’y attendais, quelques jours plus tard, le virement soi-disant « impossible à annuler » n’est jamais apparu sur mon compte, et il était devenu injoignable.

Partie III : réflexions

Je n’ai même pas pris la peine de signaler l’incident à la police, pensant qu’ils ne pourraient rien faire. J’avais aussi honte d’y avoir cru et je ne voulais pas y repenser. Mais avec le recul, je pense qu’il est tout de même utile de signaler ce genre d’incident, ne serait-ce que pour sensibiliser le public et peut-être influencer les politiques de sécurité.

Ce qu’il y a de plus regrettable dans tout cela, c’est que si un jour une personne honnête me demande vraiment de l’aide dans une situation similaire, il est peu probable que je lui accorde le bénéfice du doute. Cela dit, je continue de croire que la plupart des gens sont honnêtes. C’est bien d’aider les inconnus, mais si cela implique de l’argent, il faut simplement être prêt à ne jamais le revoir.