- Âge au début du PVT : 26 ans
- PVT : solo en 2018 à Montréal (Québec)
- Domaine professionnel : Infirmière
- Activité professionnelle au Canada : Infirmière
- Économies en arrivant : 3 000 dollars
Trouver un poste d’infirmière depuis la France
Quand j’ai eu l’idée de partir à l’étranger, toute seule, en Australie, c’est sûr que mes parents m’ont pas vraiment comprise. J’avais un CDI, pour eux, c’était très important et trop dangereux de quitter un CDI… et pour aller faire quoi, en Australie ? Ils ne comprenaient vraiment pas. J’ai eu la chance qu’ils m’aient écoutée, ils m’ont fait confiance, ils m’ont laissée faire mes propres choix. Je leur ai dit : « Si au pire je me trompe, ce sera de ma faute, je reviendrai en France ».
Durant mon voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande, j’ai rencontré soit des Canadiens soit des anciens pvtistes au Canada qui m’ont un peu vendu le pays comme étant vraiment à découvrir, qu’il y avait une bonne mentalité et une bonne ambiance. J’avais encore cette envie de voyager et j’ai essayé de mixer les deux : ma profession d’origine et le voyage.
Suite à ça, le fait d’être rentrée six mois en France m’a permis de penser aux opportunités que je pourrais avoir au Canada. En France, j’étais déjà diplômée infirmière. Je me suis renseignée pour savoir si je pouvais faire infirmière au Canada en tant que pvtiste. J’ai la chance qu’il y ait un accord entre la France et le Québec pour reconnaître le diplôme d’infirmière !
J’avais déjà mon PVT en poche et j’ai regardé sur Internet pour trouver des postes d’infirmière. Un des hôpitaux de Montréal, le plus grand, le centre hospitalier de l’Université de Montréal (le CHUM) venait recruter deux fois par an en France. Je me suis présentée aux entretiens et quand j’ai dit que j’avais déjà un permis de travail, j’avais le profil parfait qu’ils recherchaient. J’ai signé un contrat pour l’hôpital de Montréal sachant que je n’avais encore pas mis les pieds au Canada ! Trois mois après, je suis partie à Montréal.
Moi, j’ai eu une reconnaissance de diplôme de la province du Québec. Je pense que je peux travailler dans une autre région du Canada mais par contre, je serai soumise à un examen, notamment de langue. Tous les Français qui arrivent font un stage de 75 jours au début. C’est un stage mais on est payés. Les 75 jours sont divisés en deux parties : on a la première partie du stage où on est tout le temps jumelée avec une infirmière québécoise qui nous montre un peu comment ça se passe ici, les lois, le fonctionnement de l’hôpital.
Sur la deuxième partie du stage, on est en partie autonome mais toujours sous ce statut de stagiaire pour qu’ils puissent nous évaluer. À la fin, notre chef d’unité valide ou non le stage. Dans mon cas, il a été validé ! L’ordre des infirmiers et infirmières du Québec m’a envoyé un diplôme officiel d’infirmière du Québec. C’est le même principe pour toutes les infirmières, dans n’importe quel hôpital.
Dans mon cas, on demandait d’avoir quand même une expérience de plus d’un an, et surtout d’avoir travaillé en médecine ou en chirurgie. Je sais qu’il y avait beaucoup d’infirmières libérales qui n’avaient pas été prises. Ils leur avaient conseillé lors de l’entretien de revenir travailler à l’hôpital en France, de faire une expérience en médecine ou en chirurgie puis de repostuler au Québec.
Des conditions de travail différentes
Déjà, j’ai la chance d’être au CHUM, qui est un hôpital qui a été ouvert en 2017, il est vraiment neuf, il est en plein centre-ville de Montréal. Il est vraiment high tech avec des nouveaux locaux, des nouvelles applications. Rien à voir avec les vieux hôpitaux qu’on peut avoir en France. Je travaille dans une micro spécialisation en chirurgie gynéco-oncologie. J’ai été bien formée depuis mon arrivée. J’avais déjà travaillé en chirurgie gynécologique en France, mais là, le CHUM étant un des plus grands hôpitaux d’Amérique du Nord, on a vraiment des cas atypiques qui viennent ici. C’est vraiment enrichissant. Les conditions sont bien meilleures qu’en France au niveau de la charge de travail : on a moins de patients et on est beaucoup mieux payées.
Après, le problème ici, parce que tout n’est pas rose non plus, c’est qu’il y a une grosse pénurie d’infirmières donc il y a aussi beaucoup de temps supplémentaire obligatoire.
Quand tu as fini ton shift, s’il n’y a pas de collègue pour te remplacer, t’es obligée de rester sur place pour couvrir l’autre quart de travail. Je fais 37,5 heures par semaine en travaillant de nuit. Moi, je suis considérée à temps partiel parce que je travaille huit jours sur quinze. Tu peux aller jusqu’à dix jours sur quinze. C’est vraiment au choix.
Il y a énormément de Français et de Françaises dans cet hôpital-là et de manière générale au Québec. Ils se servent de cette reconnaissance de diplômes entre la France et le Québec pour venir recruter des infirmières françaises, surtout qu’on est nombreuses en France à être épuisées par les conditions de travail. Si j’étais restée en France, j’aurais complètement changé de profession, même si je n’ai été diplômée qu’en 2015, j’étais vraiment dégoûtée du métier à peine quelques années après avoir commencé à exercer.
Une routine qui fait du bien… mais parfois pesante
Ici, c’est ma plus longue expérience de travail. Ça fait un an et demi que je suis dans le même hôpital, ce que j’avais jamais fait en France. J’avais fait juste quelques mois par-ci, par-là, à chaque fois je démissionnais parce que j’en pouvais plus. Ça m’a vraiment réconciliée avec la profession d’infirmière. En contrepartie, c’est dur aussi d’avoir une grosse stabilité après avoir fait une année en PVT en Australie et en Nouvelle Zélande.
C’était vraiment pas la même vie. C’est des choix à faire mais c’est sûr que là, l’envie du voyage me reprend un petit peu. Les avantages de la stabilité, c’est d’avoir une vie un peu plus normale, des horaires fixes et de ne pas avoir le stress de : « Qu’est-ce que je vais faire demain pour gagner de l’argent ?! ». Là, j’ai un contrat sans date de fin donc je suis à l’abri de ça. En plus, je suis bien payée et j’ai la chance de pouvoir vivre dans un bon quartier de Montréal, je suis à Griffintown, en plein centre-ville dans un condo* tout neuf. Ça change des auberges de jeunesse en dortoir à huit ! *Rires*
Cette stabilité permet une meilleure qualité de vie mais en contrepartie, je suis un peu coincée dans ma routine, chose que je voulais plus vivre quand j’étais en France ! C’est toujours un challenge entre l’envie de voyager et d’être nomade et en même temps d’avoir une routine et une vie un peu plus stable. J’ai tenu un an et demi, pour l’instant ça va, mais j’ai d’autres projets derrière pour ne pas rester trop longtemps dans cette routine-là !
* Condo pour condominium, immeuble récent offrant des prestations élevées.
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