Que ce soit par phobie ou pour des questions écologiques et éthiques, les raisons de ne pas prendre l’avion sont tout à fait légitimes. Les articles sur l’impact écologique de l’avion sont de plus en plus nombreux et pour un certain nombre de voyageurs, c’est une préoccupation grandissante.

Le choix de ne pas prendre l’avion peut aussi être motivé par l’envie de vivre une autre expérience, un « voyage lent », qui vous permettra de débuter votre périple bien avant d’arriver dans votre pays de PVT. En bref, plein de positif !

Pour faire du tourisme en Europe, rester « au sol » reste facile et les alternatives sont nombreuses. En revanche, traverser le monde sans s’envoler est plus compliqué et parfois plus coûteux mais… pas impossible, tant qu’on sait gérer la logistique.

Lorsqu’on a prévu une expatriation allant de plusieurs mois à deux ans, on a le temps d’envisager de ne pas prendre l’avion, sans pour autant tronquer son voyage.

Nous avons eu l’idée de vous préparer ce dossier (non exhaustif), vous proposant quelques solutions pour voyager autrement. Bien sûr, en fonction des pays, les challenges ne sont pas les mêmes ! Les tarifs sont à titre indicatif et sont très variables en fonction du moment de l’année et du confort souhaité (comme pour l’avion, finalement !).

Le voyage en bateau-cargo, kesako ?

Le bateau-cargo est, pour la majorité des pays PVT, LE moyen de transport sur lequel il faut compter. Pour commencer, il faut différencier le bateau-cargo du bateau de croisière. Le cargo est un bateau affrété pour la marine marchande, c’est-à-dire que son rôle premier est de transporter des biens et des marchandises. Les touristes et voyageurs sont les bienvenus sur certains cargos, où ils vivront au rythme lent de la traversée, en côtoyant les marins.

L’autre avantage non négligeable du bateau-cargo est d’avoir la possibilité de transporter avec soi une grande quantité de bagages (dont votre véhicule, si vous avez des projets de road trip tout en étant déjà équipé dans votre pays d’origine). Bien sûr, cela génère des coûts supplémentaires, et en fonction du véhicule, ce n’est pas toujours avantageux financièrement de le transporter et il peut être pertinent d’en acquérir un nouveau une fois à l’étranger.

Pour commencer, voici quelques lectures généralistes sur le voyage en bateau-cargo (car cela concerne pas mal de destinations PVT !) :

Pour financer un tel voyage, il faut compter au minimum 100 euros par jour de voyage, en pension complète, avec le droit d’emporter une centaine de kilos de bagages. C’est bien sûr un prix moyen, qui peut varier en fonction du bateau et de sa destination.

Voyage en cargo et empreinte carbone : un mode de transport écologique ?

Le transport de marchandises via le bateau-cargo est une activité extrêmement polluante à l’échelle mondiale. Il est difficile de trouver des chiffres concernant le transport de voyageurs via le bateau-cargo nous permettant de comparer son empreinte écologique par rapport à celle de l’avion. Cependant, Laurent nous propose un calcul pour son voyage, qui, certes, ne concerne pas un pays de PVT, mais qui pourrait être transposable facilement pour tout voyage en cargo :

Sans vent ni courant notoirement défavorables, à 14 nœuds, le navire consomme 34 tonnes de fioul par jour. Dit comme ça, ça semble énorme, mais sortons un peu les calculettes. Ça représente 5 600 litres aux 100 km pour un poids total d’environ 60 000 tonnes (34 000 tonnes pour le poids du cargo à vide et 26 000 tonnes de chargement), soit 0,21 litre aux 100 km par tonne transportée. En résumé de ce petit cours très didactique (avouez que même Jamy n’aurait pas fait mieux), pour une voiture qui pèserait une tonne, le voyage Anvers-Cotonou, c’est 16 l de fioul, autant dire rien du tout ! Et pour ma pomme (~100 kg avec mes bagages), ce voyage en cargo, c’est 1,6 l de carburant contre 170 l en avion. Bref, en terme de carbone, voyager en cargo, c’est écolo ! Mais le tableau est moins rose concernant les émissions de dioxyde de soufre. Le fioul lourd en émet en effet 10 fois plus que le fioul domestique.

D’autres chiffres sont proposés par les blogueurs Bananaclichet. En résumé, à l’heure actuelle et pour transporter un petit volume de voyageurs, il n’y a pas photo : le cargo est bien moins polluant que l’avion, à distance égale. Cependant, ce mode de transport est loin d’être « propre », comme on peut parfois l’entendre, mais si vous n’êtes pas prêt à aller jusqu’à Sydney à pied, les choix de modes de transport sans impact écologique sont limités !

D’un point de vue administratif : obtention du PVT et voyage sans avion

Les autorités de certains pays délivrant le PVT exigent, au moment de la demande de visa, la présentation d’un billet d’avion aller, ou d’un billet d’avion aller-retour. Nous avons contacté les différentes ambassades afin de savoir si un billet d’un autre moyen de transport peut fonctionner pour l’obtention du PVT et nous l’avons compilé dans ce tableau.

Les démarches de demande de PVT pouvant varier en fonction des mois et de l’interlocuteur que vous aurez, nous vous conseillons tout de même de contacter le consulat au moment de lancer votre demande de visa, afin de demander la confirmation de ces informations.

Pays Billet d’avion retour demandé pour obtenir son PVT ? Billet de cargo/bus/train accepté à la place ?
Argentine Oui (ou attestation sur l’honneur à fournir)  Oui*
Australie Non X
Brésil Non (des économies supplémentaires suffisent)  Oui*
Canada Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Chili Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Colombie Non X
Corée du Sud Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Hong Kong Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Japon Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Mexique Non (des économies supplémentaires suffisent)  Non**
Nouvelle-Zélande Non X
Russie Non (des économies supplémentaires suffisent) X
Taïwan Oui Oui*
Uruguay Non X

* Cette information a été confirmée par le consulat de Brésil, le bureau de représentation de Taïwan et le consulat d’Argentine à Paris.
** Pour le Mexique, il n’est pas possible de présenter un autre billet de transport que l’avion. Cette information a été confirmée par le consulat du Mexique à Paris.

Attention : il faut prendre garde au temps dont vous disposez légalement pour valider votre PVT, une fois que vous l’avez obtenu. Par exemple, pour la Colombie, votre PVT débute au moment où il est délivré par l’ambassade et non pas en traversant la frontière. Cela signifie que si vous prenez le cargo et effectuez un voyage de plusieurs semaines, vous perdrez conséquemment du « temps de PVT » sur place. Pour trouver le délai pour partir une fois le PVT en main, rendez-vous sur nos articles : Comparatif des PVT pour les Français et Comparatif des PVT pour les Belges.

À noter : n’oubliez pas d’ajouter au coût du transport le coût des visas éventuels à demander si vous traversez des pays jusqu’à votre pays de PVT !

Partir en PVT Russie sans prendre l’avion : la destination la plus facile !

Il existe un train direct depuis Paris Gare de l’Est (ou Strasbourg) – Moscou, le Moscou Express. Le trajet prend une quarantaine d’heures et il faut compter environ 300 euros.
Attention, à l’heure actuelle, il n’y a qu’un départ par semaine (le jeudi).
Nous abordons abondamment le sujet de ce voyage sur le forum : Moscou – Paris en train, le Moscou Express, avec notamment les questions de transit en Biélorussie. Il est possible d’acheter ses billets auprès de la SNCF ou de son homologue russe RZD.

Quelques liens intéressants :

Partir en PVT Corée du Sud et au Japon sans prendre l’avion : Transsibérien, Transmongol ou Transmandchourien

De Paris à la Corée du Sud 

Vous êtes prêt pour la traversée de deux continents ? Une recette « simple » :

Étape 1. Le Moscou-Express (Paris ou Strasbourg – Moscou) : 30 heures et 300 euros
Étape 2. Le Transsibérien (Moscou – Vladivostok) : 7 jours et à partir de 200 euros (prix très variable en fonction du lieu d’achat – sur internet ou directement dans une gare russe – et de la classe choisie)
Étape 3. Le ferry entre Vladivostok et Donghae : 15 heures et 150 euros

Il est également possible de choisir l’option du Transmongol, qui emprunte la même voie que le Transsibérien avant de bifurquer à Irkoutsk pour traverser la Mongolie puis le nord de la Chine.

Le Transmandchourien, lui, évite la Mongolie :

Étape 1. Le Moscou-Express (Paris ou Strasbourg – Moscou) : 30 heures et 300 euros
Étape 2. Le Transmandchourien ou Transmongol (Moscou – Beijing) : 7 jours et à partir de 200 euros (prix très variable en fonction du lieu d’achat – sur internet ou directement dans une gare russe – et de la classe choisie)
Étape 3. Le bus entre Beijing et Tianjin : 1 heure pour 10 euros
Étape 4. Le ferry entre Tianjin et Incheon : 26 heures pour 80 euros

De Paris au Japon 

Les options de trajet sont les mêmes que pour aller jusqu’en Corée du Sud, les variantes se trouvent évidemment dans la portion de trajet maritime :

Option 1 : Arrivée à Vladivostok puis ferry jusqu’à Sakaiminato : 40 heures de trajet et 150 euros
Option 2 : À l’heure actuelle, depuis la Chine, les ferrys pour le Japon ne semblent partir que de Shanghaï (en direction d’Osaka et d’autres villes japonaises) : 46 heures et 150 euros

Quelques liens intéressants 

Partir en PVT Taïwan et Hong Kong sans prendre l’avion

Que ce soit pour arriver sur les îles de Taïwan ou d’Hong Kong, la solution la plus simple semble être, encore une fois, de prendre le Transmandchourien ou le Transmongol depuis Moscou jusqu’à Beijing.

Pour Taïwan 

Étape 1. Transmandchourien ou Transmongol
Étape 2. Le train Beijing – Xiamen : 18 heures et 150 euros
Étape 3. Le ferry Xiamen – Taichung : 3 heures 30 et 150 euros

À lire : En ferry vers Taïwan.

Pour Hong Kong

Étape 1. Transmandchourien ou Transmongol
Étape 2. Le train Beijing – Guangzhou : 9 heures de trajet et 20 euros
Étape 3. Train, bus ou ferry pour terminer le trajet jusqu’à Hong Kong : environ 2 heures

Partir en PVT Argentine, Brésil, Chili, Colombie et Uruguay sans prendre l’avion : un défi à relever

Pour se rendre en PVT en Amérique latine, il suffit « juste » de traverser l’océan… Sur le papier, ça ne semble pas bien compliqué mais les traversées sont plutôt longues et coûteuses :

  • Au minimum 3 000 euros pour l’Argentine (de Gênes ou Malaga jusqu’à Buenos Aires) pour 25 jours de voyage.
  • Au minimum 1 500 euros pour le Brésil (de Rotterdam jusqu’à Fortaleza) pour deux semaines de voyage.
  • Au minimum 3 000 euros pour le Chili (de Rotterdam ou Le Havre jusqu’à San Antonio) pour un mois de voyage.
  • Au minimum 3 500 euros pour la Colombie (du Havre jusqu’à Cartagena) pour 24 jours de voyage.
  • Au minimum 2 000 euros pour l’Uruguay (d’Anvers jusqu’à Montevideo) pour un mois de voyage.

À noter que le voyage retour, depuis l’Amérique latine jusqu’à la France, peut être réduit d’au moins une semaine (et donc est financièrement plus abordable).
Pour l’Argentine, des pvtistes ont déjà tenté l’aventure avant vous : Départ en Argentine en cargo et non en avion.

Partir en PVT Australie et Nouvelle-Zélande sans prendre l’avion : ça se corse

L’Australie et la Nouvelle-Zélande sans prendre l’avion ? Un vrai défi à relever ! Il faudra cumuler plusieurs modes de transport, train, bus, bateau… Et plusieurs semaines de voyage, voire plus s’il s’agit d’en profiter pour s’arrêter dans tous les pays traversés ! Il s’agit plus d’un voyage « tour du monde » avec pour point final un PVT en Océanie.
À partir de là, il y a une centaine d’idées d’itinéraires pour vous rendre dans ces deux pays sans voler ! La solution la plus simple reste toujours de prendre le bateau-cargo depuis Fos-sur-mer jusqu’à Sydney (4 000 euros pour 33 jours de voyage). L’Australie est également bien desservie par les bateaux-cargos depuis le Japon et Singapour. La Nouvelle-Zélande est bien desservie par cargo depuis Singapour.

Partir en PVT Canada sans prendre l’avion : une option raisonnable

Depuis l’Europe, la seule solution est évidemment le bateau-cargo. Une ligne régulière entre Anvers (Belgique) et Halifax (Nouvelle-Écosse) est proposée à partir de 1 000 euros, pour environ 10 jours de voyage.
C’est une option qui peut être particulièrement intéressante pour les pvtistes souhaitant s’établir dans les provinces maritimes (il n’existe pas de vol direct vers ces destinations depuis la France ou la Belgique). Il est bien sûr possible, une fois au Canada, de continuer son chemin vers l’Ouest grâce au train, au bus ou au covoiturage.
La côte étatsunienne est également accessible en bateau-cargo depuis la France ou la Belgique (il suffira, ensuite, de monter jusqu’au Canada avec un autre moyen de transport), mais les prix sont presque deux fois plus élevés.

isa

Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !

J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.

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(5) Commentaires

Corentin I |

A faire sans hésiter! Je garde un sacré souvenir de mon voyage France-Australie en cargo!

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isa I |

Rholala mais c’est génial !!

Fanny I |

Salut Corentin !

As-tu du prouver ds competences particulieres? Combien cela t’as-t-il coute?
Merci !

Corentin I |

Hello!
Il a juste fallu passer une visite médicale (le médecin le plus proche peut être vraiment loin pendant le voyage).
Question tarif, ça m’a coûté, assurances comprises, environ 4000€ pour une trentaine de jours de voyage. La tarification se fait à la journée, 100 à 150/jour. C’est un budget, mais ça le vaut!

Mody I |

Salut tu peut m aide