Pour commencer, je suis d'accord avec la majorité des faits évoqués plus haut

Mon but est de contredire un peu, d'apporter un avis québécois et aussi parce que je pense que les raisons qu'ont les français de s'autoproclamer champions de l'écologie face aux Québécois ne sont pas si méritoires.
L'eau et l'énergie sont de loin les pires tares québécoises au niveau de l'environnement. Les Français sont très sensibles depuis longtemps à l'économie d'énergie et d'eau : avant même que l'environnement soit un sujet de mode, l'aspect financier a incité votre pays et ses citoyens à utiliser pleins de méthodes très efficaces pour ménager ces deux importantes ressources. L'éveil des mentalités à ce sujet est très lent au Québec et ce n'est pas demain la veille qu'on verra les citoyens québécois adopter vos excellentes méthodes pour économiser l'eau et l'énergie.
Au niveau des déchets dangereux et des rebuts de construction la situation s'améliore, mais très lentement. Les grands espaces ont effectivement engendrés un manque d'intérêt à trouver des solutions plus efficaces pour se débarrasser ou pour réutiliser ces matériaux.
Par contre, je trouve qu'il est exagéré de dire que les Québécois n'ont aucune conscience écologique. Elle est surtout différente de celle du Français moyen et le Québécois sera tout aussi choqué de la situation en France!
Les Québécois se préoccupent énormément de la pollution de l'eau. D'énormes efforts ont été fait pour dépolluer le fleuve par exemple : traitement des boues pollués au fond de l'eau, contrôle féroce des déversements illégaux par les bateaux, améliorations des centres de traitement des eaux usés et surtout, une interdiction de déverser les égouts dans le fleuve. Il y a 20 ans, il aurait été imaginable de se baigner dans le Fleuve. C'est maintenant chose possible dans certains endroits privilégiés.
Le recyclage des déchets domestiques est maintenant bien ancré et dans très peu de temps, les citoyens de Montréal disposeront d'un bac réservé au compostage. Le recyclage des contenants de verre est aussi très bien implanté depuis longtemps grâce à la consigne.
Je suis aussi assez heureux de l'utilisation du vélo au Québec! Le pourcentage de cycliste est particulière élevé comparé à plusieurs grandes villes françaises.
Les cultures bios et biodynamiques sont de plus en plus courantes au Québec et l'alimentation bio est définitivement plus accessible au Québec.
Je suis personnellement choqué en France sur ces points : recyclage très variable selon les régions, compostage inexistant, effaré par la quantité de déchets jetés directement dans la rue, les déjections canines et surtout, surtout, l'état des fleuves et des rivières!
La Garonne, la Loire, la Seine pour les fleuves que je connais bien, pour moi ce sont des égouts à ciel ouvert. Et que ce soit dans les rares parcs des villes ou dans un coin perdu des Pyrénées, je vois tout le temps des mégots sur le sol.
Pour conclure, je trouve que la majorité des habitudes écologiques françaises ont à l'origine été développés pour économiser de l'argent et que sur tous les habitudes écologiques qui en font dépenser au gouvernement ou aux particuliers, la France à du retard sur le Québec. Je ne suis donc pas particulièrement impressionné par l'esprit écolo de la France, beaucoup plus par les méthodes qui sont aux final très écologiques. Le Japon par exemple est encore plus avancé au niveau de la préservation de l'eau, de l'énergie et des ressources, mais les raisons sont les mêmes.
Je crois que les deux pays ont un long chemin à faire pour améliorer leur empreinte écologique! (mais pas le même)
Répliques à des commentaires :
Vivianne : les petits bac verts ont été privilégiés aux grands bacs qui permettent un tri par sorte de déchets pour une simple raison : déneigement. Lors des premiers projets pilotes dans les début du recyclage à Montréal, le taux de bris de ces grands bac engendrait des coûts et une pollution jugée excessive. Pour ce qui est de la contamination du recyclage, j'ai travaillé en Éco-Quartier et dans un centre de tri et je peux t'assurer qu'aucun lot n'est jeté. Pour l'hydro-électricité, je suis d'accord que c'est loin d'être aussi écologique qu'on le dit mais je trouve que ça vaut le nucléaire. Disons que c'est une des rares méthodes massives de production qui ait un impact faible (mais présent) sur l'environnement.
Pmithrandir: Sur les centrales thermiques au Québec : la production électrique en 2008 au Québec était à 92,2% en électrique. Hydro-Québec investit aussi massivement dans l'éolien depuis quelques années. Il y a une centrale nucléaire, petite, qui a servit de test à Hydro-Québec pour exporter la technologie nucléaire dans d'autres pays (comme le fait EDF). Il y a des centrales thermiques pour 3,5% de l'énergie électrique. Ce sont celles qui sont visées à être remplacé par l'éolien car elles desservent des centres éloignés (Iles-de-la-Madeleine, Grand grand Nord). Il y a aussi une centrale thermique au gaz naturel, qui a servi à l'époque pour le développement de technologies de productions moins polluantes pour exporter dans des pays qui ont accès au gaz naturel.
PS : le gouvernement fédéral canadien n'a presque aucun pouvoirs pour légiférer sur l'écologie. Chaque province gère donc cet aspect à sa manière et surprise, les positions varient entre elles. Par exemple, malgré que depuis 20 ans des ressources pétrolières sont connues au Québec, l'exploitation n'a jamais été autorisée (j'espère que ça continuera). D'ailleurs, lorsqu'il y a des sondages sur les sables bitumineux, les Québécois sont majoritairement contre. Des provinces comme les BC, le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick se préoccupent beaucoup plus de l'environnement que l'Alberta ou l'Ontario par exemple.