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Profession
Paysagiste
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Bonjour, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Arthur, j’ai 27 ans et je viens d’Orléans en France. J’ai fait un premier PVT en Australie à l’âge de 20 ans, avant de reprendre mes études en marketing et maintenant ça fait un an que je suis en PVT au Canada.
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Tu as fait un PVT en Australie et un au Canada. Pourquoi ces destinations ?
Le pays m’intéressait énormément. J’avais 20 ans et je n’avais jamais pris l’avion de ma vie ! Je ne savais même pas que j’avais le droit de manger dans l’avion.

C’était horrible et je ne parlais pas un mot d’anglais ! Au final c’était super, 6 ans après, j’ai encore contact avec mes amis australiens. L’Australie c’était vraiment pour le paysage, la culture, l’aventure, améliorer l’anglais, apprendre sur les autres et sur moi-même.

Le Canada c’est l’opposé. Je suis venu avec ma copine qui n’avait pas d’expérience à l’étranger. Elle voulait partir alors que moi j’étais moins partant. Je voulais un pays anglophone donc on a choisi le Canada et j’adore l’hiver et la nature ! Je suis allé au chaud, maintenant je suis au froid mais j’aime les deux ! Arthur PVT Australie et Canada
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Qu’as-tu fait en Australie ?
Quand je suis arrivé en Australie, je ne parlais pas un mot d’anglais. J’ai commencé à travailler avec un papy irlandais de 75 ans qui voyait que je savais utiliser des outils. Il a négocié pour moi mes premières chaussures de sécurité et ensuite j’ai travaillé en tant que couvreur pour un autre patron.

Pour commencer ce deuxième travail, quelqu’un est venu me chercher à 3 h du matin, j’avais toute ma vie dans mon sac à dos, on est partis à 4 h de route de Brisbane. J’étais qu’avec des Australiens. Je parlais un peu mieux anglais et ça a super bien matché. J’étais le Frenchy de la bande. Mon patron a perdu son permis de conduire, je l’ai emmené au tribunal en voiture pour lui rendre service, puis il m’a proposé de vivre chez lui pour que je puisse l’emmener au travail. J’ai donc vécu avec sa femme et ses enfants pendant 3 mois et demi. Je leur ai fait découvrir le saucisson, je faisais des crêpes aux enfants, ils me laissaient le pick-up pour partir en week-end, etc. Il savait que j’allais avoir 21 ans, il a invité plein de gens chez lui pour le fêter. Il m’a fait rencontrer sa famille et ses amis. Ils m’emmenaient partout !

J’ai fini par quitter mon boulot de couvreur et je suis parti en ferme. Tout le monde parlait des fermes, je voulais le tenter. J’avais fait en sorte de cumuler au moins 88 jours de travail, le minimum pour prolonger son visa, dans le cas où j’aurais voulu le renouveler. Je suis resté un mois dans la ferme et j’ai économisé de l’argent pour m’acheter une voiture pour partir en road trip.

J’ai mis un post sur un groupe Facebook sur lequel j’ai un peu expliqué qui j’étais, mon style de vie, l’aménagement de ma voiture, etc. J’ai super bien matché avec un mec et je suis allé le chercher, on a partagé les frais. Il était allemand et parlait un anglais plutôt avec l’accent UK et moi français, avec l’accent australien, on se complétait bien ! On a été jusqu’à Cairns, on a fait Fraser Island, une des plus belles îles d’Australie, les Whitsundays en voilier pendant 3 jours. Je me suis offert pour mon anniversaire un saut en parachute avec atterrissage sur la plage, j’ai fait mon premier cours de surf sur la plage où l’Australie a été découverte par James Cook qui s’appelle “1770 Beach”. J’ai vu aussi un casoar, c’est un animal qui ressemble à une autruche, il en reste peu dans le monde en liberté. Tous les soirs on sortait, on rencontrait des gens.

Mon partenaire de voyage est finalement rentré en Allemagne. J’ai continué mon road trip en reproposant le voyage sur Facebook. J’ai donc voyagé avec deux autres personnes. On a été à Melbourne, à Canberra, etc.

Finalement, après 8 mois et demi en Australie, je suis rentré, j’ai fait la surprise à ma famille et mes amis. C’était ma première expérience à l’étranger donc j’étais content de rentrer. Le PVT c’est super mais c’est parfois instable, éphémère.
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Qu’as-tu le plus et le moins apprécié en Australie ?
Ce que j’ai le plus apprécié, c’est la confiance accordée et l’ouverture des portes à partir du moment où tu es intégré. On m’a même invité à un Noël en famille et on m’a offert un cadeau, j’ai trouvé ça fou. J’étais invité par le père d’une amie que j’avais vu seulement deux fois auparavant. Cette même personne a négocié pour moi le véhicule que j’avais acheté et l’a payé cash pour que je puisse partir directement avec. Je l’ai bien sûr remboursé dans les jours qui ont suivi mais c’est dingue !

Ce qui m’a le plus pesé, c’est que c’était éphémère. Je suis quelqu’un de très famille et là-bas tous les amis et tout ce que j’avais, c’était éphémère.
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Tu es maintenant au Québec, pourquoi avoir choisi cette partie francophone du Canada ? Et qu’est-ce que tu y fais ?
Il y a un côté francophone et un côté anglophone donc c’est assez rassurant. J’avais quelqu’un de ma famille qui était là. Elle est arrivée à 20 ans et y est restée toute sa vie.

Pour venir sur le territoire on devait avoir une offre d’embauche (à cause des restrictions pendant la pandémie). J’ai donc commencé en tant que paysagiste. C’était assez dur parce qu’il commençait à faire froid. Je me souviens avoir fait du béton le 26 novembre sous la neige.

Après, j’ai travaillé en tant que courtier et coordinateur logistique. L’entretien s’était super bien passé mais je n’avais aucune expérience dans ce domaine. Au final, on m’a posé plus des questions sur mon savoir-être, sur qui je suis. J’ai passé un second entretien en anglais et j’ai commencé 4 jours après. J’étais son premier employé, il m’a vraiment donné la chance et m’a fait découvrir plein de choses ! Sa mère m’a fait des bagels, il m’a emmené manger du smocked meat chez Schwartz’s, etc. Il savait que je n’avais pas d’expérience mais il m’a laissé apporter mes compétences d’une autre manière. J’ai compensé mes lacunes par autre chose en développant une calculette de courtage par exemple, qui calculait le coût des transports de palettes d’une destination à une autre.

En parallèle, j’ai commencé les processus d’entretien chez Desjardins. Dès le premier entretien de groupe, ça a bien matché et le deuxième, super aussi. Ensuite ils m’ont demandé une équivalence de diplôme (Master marketing d’IAE).

Pour la faire, il faut une copie certifiée. Il faut la faire en France donc il faut y penser avant de venir quand c’est possible. On va en mairie et une personne certifie la copie du diplôme en question. Tu payes ensuite ici au Canada 125 dollars, tu envoies ta copie certifiée plus d’autres documents comme ton passeport puis c’est évalué en commission. Ensuite, ils t’envoient la décision, ce n’est pas sûr à 100 % de l’avoir. C’est ma famille qui a fait mes copies en France, un ami qui faisait l’aller-retour me les a rapportées et j’ai pu ensuite continuer mes démarches sur place. J’ai obtenu mon équivalence de diplôme mais par exemple ma copine qui a fait une école de commerce, ils n’ont pas considéré que c’était un master. Ils ont considéré que c’était une formation professionnelle. J’ai été pris chez Desjardins. C’était compliqué de quitter mon poste de courtier en transport parce que mon patron, c’était comme un grand frère. Il m’a proposé de m’augmenter de 7 000 dollars à l’année. C’est pour dire à quel point on peut évoluer vite ici quand on se fait confiance ! Il voulait me garder mais m’a quand même conseillé d’aller chez Desjardins pour toutes les opportunités que ça pouvait m’offrir.
J’ai choisi d’aller chez Desjardins parce que j’ai toujours voulu essayer la banque. J’avais jamais porté de costumes de ma vie, il a fallu que j’aille au Canada pour en porter un pour la première fois. Ça se passe super bien, j’ai déjà évolué et eu une promotion. On me parle de monter encore. Celui qui veut travailler, travaillera au Canada. Si tu es bienveillant et correct ici, si t’aides les autres, etc. même si tu fais des erreurs, ça matche. Ils ont tendance à dire qu’on est un peu durs avec nous-mêmes parce qu’on veut tout de suite savoir tout faire mais eux ici ils sont plutôt “Prends ton temps, tu viens d’arriver !”.
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Vivre la crise sanitaire au Québec n’a pas été trop difficile ?
On devait arriver le 1er avril avec ma copine, finalement on est arrivés le 1er octobre, pendant le confinement. On ne pouvait pas sortir mais on avait eu de la chance de prendre un Airbnb avec un jardin. Les propriétaires habitaient en dessous, c’était des Français. On s’est super bien entendus. Pour sortir, j’allais leur ramasser les feuilles, etc. Le bon côté c’est qu’on s’est fait des amis, on les voit encore.

On ne pouvait recevoir personne sinon on risquait 1 500 dollars d’amende. Ensuite le couvre-feu était à 20 h donc dès que tu commences à te faire des potes, le temps d’ y aller et de rentrer, tu pouvais boire un verre que pendant une heure.

J’ai quand même pu faire plein d’activités mais c’était vraiment le côté social qui était dur. C’était compliqué de rencontrer du monde en arrivant.
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Depuis ton arrivée au Canada, qu’est-ce qui t’as le plus marqué ?
Au Québec, je dirais la discipline parce que tout le monde respecte tout. Au passage piéton c’est rouge, tu ne traverses pas, tu fais la queue pour rentrer dans les bus, tu laisses les places aux personnes âgées. Les gens sont plus bienveillants. Il y a aussi l’opportunité des chances, peu importe ton diplôme ou ton expérience. Pour les évolutions de travail, c’est énorme ici.

Ici, c’est vraiment la méritocratie, on ne m’a jamais autant félicité que depuis que je suis ici. Humainement, ça fait du bien d’être reconnu pour ce que tu fais et qui tu es. Tu n’es plus affilié à un diplôme.

Le revers de la médaille, c’est que les relations sont assez superficielles. Tout le monde est bienveillant mais de là à ce qu’un collègue t’invite à boire un verre chez lui ou vienne chez toi, c’est plus compliqué. Les Québécois restent pas mal entre eux. Je suis devenu ami avec un Québécois, sa copine, c’était la première fois qu’elle rencontrait un collègue à lui. Il est un peu l’exception qui confirme la règle.

Ce que j’aime le plus ici, c’est la nature. Je suis tout le temps dehors à faire plein d’activités ! Cet été, j’ai été en refuge sans eau et sans électricité, tu peux faire plein de rando, découvrir plein d’animaux. Après, il faut parfois faire plusieurs heures de route mais à 1 heure de Montréal, tu trouves ton bonheur. L’hiver t’as le ski, le patin à glace, du hockey, des raquettes, de la pêche sur glace ! La première fois que j’ai fait de la pêche sur glace il faisait -20 degrés, ressenti -24 degrés, dès que tu faisais un trou dans la glace, ça reglaçait en 5 minutes !
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Quel est ton meilleur souvenir de voyage ?
Le meilleur souvenir, c’est le sentiment de liberté. Un matin, en Australie, je me suis réveillé, je me sentais tellement heureux ! J’étais tout seul sur une colline au bout d’une presqu’île et je me disais dans le bon sens “Qu’est-ce que je fais là ?! ».
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Le moins bon ?
Le moins bon, c’est le sentiment d’être seul que j’ai surtout ressenti en Australie parce que je suis parti tout seul. T’es livré à toi-même. Le sentiment que tout est éphémère, ne jamais savoir où tu vas dormir le lendemain, etc. à un moment ça devient compliqué. Tu manques aussi certaines étapes de vie de tes proches comme les mariages, les enfants, etc.
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As-tu des conseils pour les futurs pvtistes ou ceux qui hésitent à se lancer ?
Il faut se préparer, savoir dans quoi on part. Personnellement, j’avais fait un forum organisé par Pvtistes.net à Paris par exemple. Il faut clôturer les choses en France. Si on touche le chômage, il faut le fermer, la retraite, les assurances. Ça prend quand même du temps.

Il faut aussi prévoir son arrivée sur place, où est-ce qu’on va aller, etc. Je suis quelqu’un qui aime tout contrôler donc quand je contrôle moins, j’ai du mal, mais il faut aussi rester spontané.

Même si tu te plantes, c’est pas grave. Si tu n’essayes pas, tu ne pourras pas savoir. Si ça ne se passe pas bien, au pire tu rentres. Il faut oser. Il y a parfois des mauvaises expériences. En Australie, j’ai rencontré des personnes qui sont restées seulement un mois mais elles pourront au moins dire qu’elles ont essayé.

Il faut surtout, être ouvert d’esprit. Il ne faut pas arriver sur place et vouloir la même chose qu’on a en France sinon il faut rester chez soi. Tu n’auras pas les mêmes samedis soir que chez toi, tu ne mangeras pas la même nourriture, etc. Il faut apprendre et découvrir, que ce soit les gens, les expressions, la nature, etc.
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Et pour finir, quels sont aujourd’hui tes projets ?
J’ai des projets immobiliers en France, acheter et retaper des biens. À l’origine, je pensais ne rester qu’un an au Canada. Au final, ça fait déjà un an que j’y suis et j’ai envie de faire ma deuxième année parce que l’évolution de travail est énorme. J’ai envie d’acheter un 4×4 et de faire un road trip, j’aimerais traverser le Canada dans tous les sens. J’ai envie de me retrouver devant un ours, de travailler dans un ranch et plein d’autres choses !

À la fin du PVT, ce sera la grande question, est-ce qu’on reste ici parce qu’on se sent bien et qu’on veut obtenir un permis fermé ou rentrer ? J’avais des projets tout écrits mais c’est en train de changer.

Merci Arthur !

Marie

En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.

On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.

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(2) Commentaires

Antoine I |

Merci Arthur pour ce super témoignage ! Ça anime le feu qui est en moi pour partir au Canada (ou Australie), malgré mes presque 35 ans. Se confronter à l’inconnue ou sortir de notre zone de confort, c’est ce qui rend l’expérience unique et enrichissante ! On (re)découvre ce qui est déjà en nous mais qu’on n’applique pas car, dans son propre pays, on joue plus la sécurité ou le confort que l’aventure ! Je pourrais lire ton témoignage chaque semaine pour me motiver ^^
Bonne continuation pour la fin du PVT et bon retour en France 🙂 Mais il y aura un après, c’est sûr !!
Antoine

Guillaume I |

Ah ! Je ne suis pas seul à vouloir faire un PVT à 33 ans ! Australie, puis qui sait ensuite Canada?

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