Claire, un PVT à Séoul qui a tout changé !
Nous avons rencontré Claire dans un café lyonnais… les matchas dégustés ce jour-là l’ont ramenée en arrière, pendant son PVT à Séoul, de 2014 à 2015. Ce PVT a changé énormément de choses : la découverte d’une vocation, d’un métier, les nombreuses rencontres, mais surtout, la découverte de soi.
Je n’étais plus étudiante, j’avais un boulot, je gagnais pas trop mal ma vie et je vivais chez mes parents, je pouvais mettre de côté. Autant que ça serve à quelque chose ! Et puis on a qu’une vie, alors j’ai sauté le pas.
La Corée est un peu moins chère que le Japon, et c’est ça qui m’a plus attirée. Et je voulais savoir si j’étais capable de vivre toute seule à l’étranger, dans un pays pas anglophone… Et j’ai pas été déçue !
Je suis restée 11 mois, et ça a été l’expérience de toute ma vie.
J’ai envie d’y retourner, même si je sais qu’il y a des choses qui ne se sont pas passées comme prévu, comme dans toute expérience, il n’y a pas toujours tout qui se passe bien. Mais je ne regrette pas… du tout !
Ma colocation était dans un quartier huppé, Shindorim, il y a pas mal de magasins de luxe, et je vivais juste en face d’un grand centre commercial, ce qui était très pratique pour faire les courses.
Sur place, il y a une association pour les étrangers, le Seoul Global Center, je suis allée à un cours avec des Français dans le quartier français, comme ça on pouvait s’entraider. Ce qui est bien avec ces cours, c’est qu’ils sont en plein milieu de la journée, mais qu’ils sont gratuits. On n’est pas obligés de dépenser des sommes astronomiques pour avoir des cours du soir. Ce n’était pas vraiment intensif, mais ça m’a beaucoup aidée. On faisait des échanges avec d’autres Coréens, d’autres Français. J’ai rencontré pas mal de gens, et c’est grâce à ça que j’ai eu mon boulot plus tard.
Il suffit d’aller voir les gens, et de ne pas être trop timide. Comme partout, il faut faire attention aux rencontres qu’on peut faire dans les bars. J’ai fait de très belles rencontres, pas que coréennes. J’en suis très contente…
Du point de vue de l’emploi, quel est ton parcours ?
C’est au marché de Noël dans le quartier français que j’ai rencontré mon futur patron, qui est directeur d’une maison d’édition franco-coréenne sur Séoul et Paris. Il publie des livres coréens en français, des sortes de cahier sur la culture coréenne entre autre… On a discuté, j’ai pris son adresse mail et deux jours après, dans la foulée, je lui ai envoyé mon CV et il m’a rappelée pour deux boulots : un dans son restaurant dans le quartier étranger de Séoul, Itaewon, et un autre en tant qu’assistante d’édition dans sa maison d’édition ! Les deux boulots cumulés, ça me faisait à peu près un peu moins d’un million de wons (600-700 euros). C’est pas beaucoup. Mais au moins, j’étais occupée. Avant de bosser dans l’édition, je n’avais pas du tout d’expérience dans le domaine, juste une licence de littérature japonaise !
Quand je suis rentrée en France, j’ai continué à travailler pour eux, je faisais des transcriptions, et j’ai le salon du livre 2016 pour les représenter. C’est ça qui m’a permis d’avoir de l’expérience dans les métiers du livre, ce que j’espérais, au fond de mon cœur, depuis toujours ! Maintenant, c’est toujours mon chemin, j’aimerais bien retourner dans l’édition, c’est quelque chose qui me passionne.
J’ai eu de la chance, mais il faut s’en donner les moyens, il faut pousser les portes ! Tu connais l’expression “Les voyages forment la jeunesse”, ça m’a fait grandir d’un coup.
Parlons de Séoul, pour toi c’était une évidence…
J’habite dans un petit village depuis 24 ans, je suis habituée. Quand je suis venue à Lyon, j’y suis restée 4 ans et j’en avais marre à la fin, je ne voulais plus y retourner, plus jamais ! Quand j’ai dit à mes parents que je partais à Séoul, et que c’était la 3e plus grande ville du monde, ils ont été étonnés. J’ai adoré Séoul ! C’est une ville qui ne dort jamais, parce qu’il y a des restaurants ouverts toute la nuit, des coffee shops ouverts 24/24 h, vous rentrez le soir à 4 h du matin et il n’y a personne qui vous emmerde (ou alors c’est très rare). Il n’y a aucun souci pour se balader dans les rues, les magasins ferment à 23 h, surtout l’été quand il fait chaud, c’est agréable, animé, coloré, vivant quoi ! En tant que rurale, j’avais besoin de voir de la verdure, on se baladait avec une amie française dans des parcs toute la journée. Je suis aussi allée dans le Sud pour voir la mer, ça faisait du bien. Quand je suis rentrée en France, j’ai eu un moment de flottement entre passer de la 3e plus grande ville du monde à ÇA.
La première fois que je suis arrivée à Séoul (ndlr : en touriste), j’ai été très perturbée. C’est quand même grand, il y a énormément de métros (plus de 13, je crois !), je ne sais pas combien de lignes de bus (200, 300)… Et encore, je trouve qu’il y a des quartiers qui ne sont pas assez bien desservis. Mon coup de cœur ? Les coffee shops ! Il y avait le wifi ! J’adorais aller là-bas. Au frais quand il faisait chaud, et au chaud quand il faisait froid dehors. C’était super, et ce qui était marrant, c’est que les serveurs s’obligeaient à parler avec un coréen très simple avec moi quand je commandais. Et quand on leur répondait en coréen en disant qu’on avait compris, ils étaient super contents pour nous.
Et les gens de Séoul sont accueillants ?
Tu as eu de mauvaises expériences vis-à-vis du fait que tu sois typée occidentale ?
Et tu penses qu’une PVTiste noire pourrait avoir des problèmes ?
Et du côté des belles rencontres, tu as trouvé ça facile de te lier d’amitié avec des Coréens ?
Et tu as noté des différences culturelles ?
Un autre décalage : je suis allée manger chez elle, un soir. Elle nous a fait à manger pour toutes les deux, et sa mère ne mangeait pas avec nous, elle était à côté. J’ai trouvé ça très étrange.
Un moment donné, on est allées toutes les deux dans sa chambre, mais elle restait toujours loin. C’est culturel, c’est leurs mœurs, leur façon de vivre. Ça peut paraître bizarre !
Là-bas, ils n’invitent pas les amis chez eux ou à dormir chez eux. Les gens se retrouvent dans un café et après repartent chez eux. Nous on invite des gens, qu’on soit seuls ou chez nos parents ! La famille c’est une notion très importante en Corée, un respect des aînés, du cercle familial, il ne doit pas être perturbé. C’est frappant et stimulant de voir ce genre de différences. Je n’ai pas eu trop de choc culturel tout au long de mon année, j’ai fait des efforts mais je ne me jetais pas la pierre si je faisais un faux pas. J’ai quand même eu un moment de blues en janvier-février. Personne ne va bien à ce moment là ! C’était la fin de l’hiver, j’étais loin de mes parents… même si je les avais souvent sur Skype, c’était compliqué. Autre chose : j’étais un peu plus grosse quand j’étais en Corée. Une Coréenne éméchée dans un bar a posé la main sur mon ventre en disant “Alors, ils vont bien tes jumeaux ?”.
Il faut être mince, avoir un beau visage, pour pouvoir réussir là-bas. Les gros sont discriminés. J’ai pas trouvé ça très sympa! D’où la chirurgie… Le nombre incalculable de publicités pour la chirurgie dans le métro, c’est une telle pression. Au début de mon PVT, j’ai eu une séance gratuite de relooking grâce à une connaissance (ndlr : vous pouvez en voir une vidéo ici). D’après eux, j’avais une forme de visage bien proportionné : un visage un peu rond mais ovale, un petit nez… Ce qui pour eux est synonyme de beauté. Du coup, ça m’a fait un choc car quand on pense au nombre de femmes qui passent en chirurgie, on est en droit de se demander si l’amour propre existe… tout le monde le fait et ça reste tabou.
Il y a des gamines qui pour fêter leurs 18 ans ont comme cadeau une opération. Ca coûte une blinde ! Passer les portes d’une clinique, c’est comme passer les portes d’un supermarché. Je dis ça car j’avais une colocataire dans ma 2e colocation qui était marocaine, elle avait 18 ans et voulait se faire refaire les joues, le menton et le nez en même temps. Elle était plutôt jeune ! Pendant des semaines et des mois on lui disait qu’elle était jeune, qu’elle n’avait rien à changer ! Elle a souffert le martyr pendant des mois après son opération, elle pleurait la nuit… C’était une torture.
Elle adorait ce pays, elle voulait rentrer dans les normes. Du coup, elle est passée par la case chirurgie !
Autre : Entre Français, on va avoir tendance à montrer aux autres ce que l’on ressent : on va se tenir la main, s’embrasser en public… mais chacun garde son identité.
Dans les couples coréens, j’ai eu l’impression que la fille était une princesse et que son copain était son esclave qui portait ses sacs… Ils avaient des tee-shirts assortis, ils étaient même parfois habillés pareil ! Ils appelaient ça des vêtements de couple. Et ils n’ont pas peur de le faire en public ! Les femmes coréennes, pour la plupart, ont le loisir de faire des études, mais surtout pour pouvoir épouser un bon parti puis être tranquille. Je ne sais pas s’il y a de l’amour là-dedans. Ca me rend triste. Je ne pense pas qu’ils aient la même vision que moi de l’amour et de la relation sociale et amoureuse. C’est culturel !
Qu’est-ce que tu en as retiré, de cette expérience ?
Qu’est-ce qui te manque de la Corée aujourd’hui ?
Ton expérience a eu un impact positif, du point de vue du boulot…
Une dernière chose à ajouter ?
Mon conseil à un PVTiste qui hésite ? Bien se préparer et avoir au moins les bases de la langue : savoir lire et savoir tenir une conversation de base, et faire attention au choc culturel ! Ce n’est pas édulcoré comme dans les dramas !
À part Séoul ou Busan, ça risque d’être compliqué dans les autres villes…
Et pour finir… j’ai envie d’y retourner !
Retrouvez le site de Claire, qui est aussi autrice à ses heures perdues.
Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !
J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.
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(2) Commentaires
Sympa le témoignage, chacun en tire une expérience qui le fait grandir.
Mon expérience et point de vue est un peu différent mais nos parcours sont différents.
Je me reconnais dans certaines choses aussi 🙂
Moi aussi quand je vais revenir en France, j’aurais l’impression de ne plus tenir la main à l’enfant que j’était. Comme si je commençais une nouvelle vie 🙂
C’est un joli bilan je trouve. Et probablement que cette nouvelle vie gardera toujours un petit goût de Corée. Moi mes PVT je les ai finis il y a 11 et 10 ans, et ils sont toujours là, dans un geste, dans une décision.. 😉
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