J’ai quand même connu des décalages culturels car je suis de nature à mettre les deux pieds dans le plat, je peux être maladroite. Par exemple, je demandais tout le temps à mon amie coréenne qui passait des examens, comment ça se passait pour elle. Elle m’a dit qu’en Corée tu ne parlais pas de ça, que c’était plutôt malpoli. Alors que nous, on a besoin d’évacuer le stress des examens ! Elle me disait que ça ne se demandait pas, et qu’on ne demandait pas les notes non plus ! Elle a été adorable et m’a énormément aidée pour les papiers, la banque… Elle m’a expliqué très gentiment tout ça.
Un autre décalage : je suis allée manger chez elle, un soir. Elle nous a fait à manger pour toutes les deux, et sa mère ne mangeait pas avec nous, elle était à côté. J’ai trouvé ça très étrange.
Un moment donné, on est allées toutes les deux dans sa chambre, mais elle restait toujours loin. C’est culturel, c’est leurs mœurs, leur façon de vivre. Ça peut paraître bizarre !
Là-bas, ils n’invitent pas les amis chez eux ou à dormir chez eux. Les gens se retrouvent dans un café et après repartent chez eux. Nous on invite des gens, qu’on soit seuls ou chez nos parents ! La famille c’est une notion très importante en Corée, un respect des aînés, du cercle familial, il ne doit pas être perturbé. C’est frappant et stimulant de voir ce genre de différences.
Je n’ai pas eu trop de choc culturel tout au long de mon année, j’ai fait des efforts mais je ne me jetais pas la pierre si je faisais un faux pas. J’ai quand même eu un moment de blues en janvier-février. Personne ne va bien à ce moment là ! C’était la fin de l’hiver, j’étais loin de mes parents… même si je les avais souvent sur Skype, c’était compliqué.
Autre chose : j’étais un peu plus grosse quand j’étais en Corée. Une Coréenne éméchée dans un bar a posé la main sur mon ventre en disant “Alors, ils vont bien tes jumeaux ?”.
Il faut être mince, avoir un beau visage, pour pouvoir réussir là-bas. Les gros sont discriminés. J’ai pas trouvé ça très sympa! D’où la chirurgie… Le nombre incalculable de publicités pour la chirurgie dans le métro, c’est une telle pression.
Au début de mon PVT, j’ai eu une séance gratuite de relooking grâce à une connaissance (ndlr : vous pouvez en voir une
vidéo ici). D’après eux, j’avais une forme de visage bien proportionné : un visage un peu rond mais ovale, un petit nez… Ce qui pour eux est synonyme de beauté. Du coup, ça m’a fait un choc car quand on pense au nombre de femmes qui passent en chirurgie, on est en droit de se demander si l’amour propre existe… tout le monde le fait et ça reste tabou.
Il y a des gamines qui pour fêter leurs 18 ans ont comme cadeau une opération. Ca coûte une blinde ! Passer les portes d’une clinique, c’est comme passer les portes d’un supermarché. Je dis ça car j’avais une colocataire dans ma 2e colocation qui était marocaine, elle avait 18 ans et voulait se faire refaire les joues, le menton et le nez en même temps. Elle était plutôt jeune ! Pendant des semaines et des mois on lui disait qu’elle était jeune, qu’elle n’avait rien à changer ! Elle a souffert le martyr pendant des mois après son opération, elle pleurait la nuit… C’était une torture.
Elle adorait ce pays, elle voulait rentrer dans les normes. Du coup, elle est passée par la case chirurgie !
Autre : Entre Français, on va avoir tendance à montrer aux autres ce que l’on ressent : on va se tenir la main, s’embrasser en public… mais chacun garde son identité.
Dans les couples coréens, j’ai eu l’impression que la fille était une princesse et que son copain était son esclave qui portait ses sacs… Ils avaient des tee-shirts assortis, ils étaient même parfois habillés pareil ! Ils appelaient ça des vêtements de couple. Et ils n’ont pas peur de le faire en public !
Les femmes coréennes, pour la plupart, ont le loisir de faire des études, mais surtout pour pouvoir épouser un bon parti puis être tranquille. Je ne sais pas s’il y a de l’amour là-dedans. Ca me rend triste. Je ne pense pas qu’ils aient la même vision que moi de l’amour et de la relation sociale et amoureuse. C’est culturel !
(2) Commentaires
Sympa le témoignage, chacun en tire une expérience qui le fait grandir.
Mon expérience et point de vue est un peu différent mais nos parcours sont différents.
Je me reconnais dans certaines choses aussi 🙂
Moi aussi quand je vais revenir en France, j’aurais l’impression de ne plus tenir la main à l’enfant que j’était. Comme si je commençais une nouvelle vie 🙂
C’est un joli bilan je trouve. Et probablement que cette nouvelle vie gardera toujours un petit goût de Corée. Moi mes PVT je les ai finis il y a 11 et 10 ans, et ils sont toujours là, dans un geste, dans une décision.. 😉
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