Localisation
Montréal, QC, Canada
Profession
Bibliothécaire
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Bonjour Stéphanie, peux-tu te présenter ?
Je suis française, j’ai 37 ans, et je suis en couple depuis une dizaine d’années. Je suis bibliothécaire de formation.
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Tu as vécu plusieurs années au Canada, pourquoi avoir choisi cette destination ?
En 2013, mon conjoint terminait ses études et a reçu une offre de stage avec possibilité d’emploi dans le secteur des jeux vidéo à Montréal. À cette époque, nous ne parvenions pas à vivre dans la même région (lui à Paris, moi en région bordelaise), et je ne m’épanouissais pas dans mon travail. Pas d’appart, pas d’enfants, peu de perspectives enthousiasmantes à court terme. Rien ne nous retenait en France ! On a réfléchi quelques mois, le temps de se pacser, de postuler pour le PVT (qu’il a eu et pas moi mais c’est une longue histoire) et de poser ma disponibilité de droit pour suivi de conjoint (je suis fonctionnaire) et en 2014, on s’installait à Montréal.
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Qu’est-ce que tu y a fait ?
Mon PVT m’a été refusé mais mon conjoint a pu l’obtenir. Pour le suivre, il a fallu que je passe par d’autres biais. J’ai fait une demande de permis de stage (Stage Coop International) (je réalisais à l’époque un master à distance en France et je devais le terminer par un stage).

Puis, j’ai enchaîné avec une demande de permis d’études. J’ai réalisé ma deuxième maîtrise à l’Université de Montréal. Et c’est vraiment au Canada que ma carrière de bibliothécaire a décollé. Le Québec m’a donné la chance de pouvoir me réaliser et de m’épanouir dans mon métier.

De fil en aiguille, on est resté 2 ans, puis 3 et enfin 8 années au total. On a déménagé plusieurs fois, toujours à Montréal. Je me suis bâtie un bon tissu social et nous avons pu voyager un peu au Canada et aux États-Unis. Pas autant que je l’aurais voulu en raison du nombre de semaines de vacances restreint et aussi parce qu’on priorise souvent les voyages en France. retour difficile en france
Crédit photo : Alexandre Pestana
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As-tu rencontré des difficultés d’intégration ?
Pas du tout. Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi on disait que c’était difficile de s’intégrer au Québec. Le fait que je sois passée par l’université a dû aider. Je me suis beaucoup investie dans l’associatif étudiant en faisant partie de différents comités, alors forcément cela tisse des liens. La majorité de mes amies sont québécoises, rencontrées à l’université ou sur le lieu de travail. Je suis pourtant de nature plutôt réservée mais sociable et je n’ai eu aucun souci d’intégration.
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Quelles sont, selon toi, les plus grandes différences entre la France et le Canada ?
De mon point de vue, le Canada m’a donné la chance de pouvoir me réaliser professionnellement. On te prend à l’essai et si tu fais tes preuves, tu peux gravir assez rapidement les échelons et augmenter ton salaire assez vite. À la sortie de ma maîtrise, j’ai fait un remplacement assez basique d’un poste de bibliothécaire à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BanQ) et 5 mois plus tard, je me retrouvais chargée de projet d’un an et demi à BAnQ. Impensable en France.

En France, pour exercer le métier que je faisais au Québec, il fallait que je passe des concours très durs, qui n’ont que peu de liens avec les réalités du métier et qui sont disponibles seulement tous les 3 ans ! Vous savez, ces concours où on vous demande de rédiger une dissertation sur une citation d’un auteur alors que sur le terrain vous allez surtout gérer du personnel et des établissements…
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Quel est ton meilleur souvenir ?
C’est difficile à dire. J’ai adoré ma vie quotidienne dans notre appartement de la Petite Patrie, j’ai plein de bons souvenirs liés à ce quotidien.

Je dirais aussi que l’arrivée de l’été à Montréal était particulièrement source de joie avec la mise en place des terrasses, la nature qui se verdit d’un seul coup, de voir tout le monde sourire ! retour difficile en france
Crédit photo : Alexandre Pestana
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Le moins bon ?
D’apprendre les soucis de santé de mon père en France qui me font craindre le pire en 2019 et l’arrivée de la pandémie en 2020 en étant loin de ma famille. La peur qu’il arrive quelque chose de grave à mes proches pendant que les frontières sont fermées…

C’est rentré dans l’ordre mais c’est clairement ce qui m’a décidé à rentrer en France.
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Tu es aujourd’hui rentrée en France, comment s’est passé ton retour ?
Mon conjoint travaillait pour une boite internationale à Montréal et a pu switcher pour la même boîte à Bordeaux. Il a réussi à négocier un 100 % télétravail et a demandé un salaire qui ne soit pas trop en dessous de ce qu’il avait à Montréal. De mon côté, j’avais postulé à distance sans rien trouver. Nous avons eu la chance d’être hébergés dans une maison familiale en Dordogne et ensuite le job de mon conjoint (trouvé à distance) nous a aidé à trouver un logement !
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Est-ce que tu as rencontré des difficultés sur le plan administratif, d’adaptation… ?
Sur le plan administratif français, j’ai été agréablement surprise, les papiers se sont fait plutôt rapidement.

Sur le plan de l’adaptation, cela a été très difficile pour moi. Lune de miel avec la France pendant 2-3 semaines à notre arrivée, comme des vacances.

Puis j’ai connu la fameuse courbe descendante et je suis entrée en dépression pendant 6 mois : la perte de repères, la nostalgie de ma vie là-bas, le fait de ne pas trouver de travail, de tourner en rond dans un milieu rural où je ne connais personne. On a déménagé de la Dordogne à une ville proche de Bordeaux mais je n’y trouve aucun charme.

J’ai pu trouver un emploi payé 2,5 fois moins que ce que j’avais au Québec et à 70km de mon lieu de résidence. Je suis sortie de mon état dépressif intense mais je ressens encore de l’amertume quand je pense à ce que j’ai perdu professionnellement. Je me sens dépendante plus que jamais de mon conjoint, ce qui n’était pas le cas là-bas.
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Qu’est-ce qui te manque le plus au Canada ?
Mes amies, l’accent québécois, l’atmosphère douce de notre quartier, l’été et l’automne, la facilité pour moi de trouver un emploi en fonction de mes compétences et pas d’un concours.
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Qu’est-ce que tu es contente d’avoir retrouvé en France ? Et moins contente ?
Ma famille, la beauté des villes et villages, le goût des fruits, la diversité des paysages et les hivers moins longs !

Ce que j’aime moins en France : la rigidité du marché de l’emploi et des mentalités des supérieurs hiérarchiques (faut dire que je travaille dans la fonction publique territoriale, on n’est pas connu pour être dans l’avant-garde des méthodes managériales).

J’ai aussi découvert un racisme plus décomplexé que quand j’étais partie il me semble…

Avec le réchauffement climatique, les étés dans le Sud-Ouest me font regretter la rudesse des hivers québécois !!
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As-tu des conseils pour les futurs expatriés ou ceux qui hésitent à se lancer ?
Il faut saisir les opportunités quand elles se présentent. Pour moi, l’aventure canadienne a été presque un coup de tête mais a littéralement changé ma vie. Cela n’empêche pas qu’il faille bien se renseigner sur le pays d’adoption. Et si cela ne se passe pas aussi bien qu’on l’imaginait ? Aucun choix n’est irréversible, même si la prise de décision peut être terriblement difficile. Finalement, je me suis mieux préparée à l’expatriation qu’à l’impatriation et cela a été mon erreur. En 8 ans, on devient un peu québécois et un peu l’étranger en France.
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Et pour finir, quels sont aujourd’hui tes projets ?
J’attends un enfant qui naîtra donc en France. Je compte quand même passer ces fameux concours pour essayer de m’épanouir professionnellement comme c’était le cas au Canada.

On ne se ferme aucune porte : l’aventure canadienne pourrait reprendre à 3 ! retour difficile en france
Crédit photo : Alexandre Pestana
Marie

En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.

On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.

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(2) Commentaires

Elise I |

Ohlala j’ai l’impression de lire ma propre interview sur le même site ! Même âge, même temps hors de France, des projets similaires… C’est fou comme on est nombreux à traverser ce désert au retour dans notre pays. L’impatriation, c’est difficile en ta’! J’espère que tu as retrouvé le goût de vivre en France depuis ton retour 🙂

Jérémy I |

Bonjour Stéphanie,

Il faut avoir du courage oui pour pouvoir reprendre sa vie un peu comme si de rien n’était ! Je suis convaincu que le voyage nous change intégralement, du moins pour moi ça a été clairement le cas. Je vois tout à fait quelle sensation on éprouve, quand on ressent le petit coup de blues et ce n’est pas toujours facile de faire avec. Depuis que je suis rentré de mon dernier PVT en juin 2021, j’ai été bloqué en FRANCE à cause du COVID. J’aurais aimé entreprendre un nouveau visa, mais pour des raisons de vaccins et frontières c’est délicat. J’ai moi-même entrepri les démarches pour du travail, postulé à droite à gauche etc, tout en se confrontant à la rigidité du marché comme tu la si bien mentionné et c’est clairement déprimant, on arriverait à perdre confiance en sois ! Néanmoins il faut pas se laisser abattre et persister, rien n’est perdu c’est juste une phase compliquée 😉

En vous souhaitant de la réussite à vous 2  »bientôt à vous 3 » 😉 ! ! !

Jérémy,