Oui l’expérience de mon premier hiver ne m’avait pas laissé indifférent. Mis à part les aspects humains et organisationnels, les chiens de traineaux m’avaient tellement apporté que faire une seconde saison était une évidence. Mais mes critères avaient évolué. Trouver un chenil où les chiens seraient « la priorité absolue » était mon premier critère. Le grand Nord, le Yukon, était mon second critère. Outre la neige et le froid, le Yukon, est « the place to be » pour faire du chien de traineaux. Mon troisième et dernier critère était la rémunération. Conscient de la charge de travail demandée, le volontariat n’était plus une option pour la seconde saison.
Alors en cherchant les annonces, je trouve sur Workaway la place qu’il me faut. Un chenil plus petit d’une soixantaine de chien, une musher qui a couru 2 des plus grandes courses de chiens de traineaux au monde : la Yukon Quest et l’Iditarode (2 courses d’une distance de 1 600 km, parcourus dans des conditions souvent extrêmes), des chiens soignés dans un chenil où les « vieux » sont mis en retraite et accompagnés jusqu’à leur fin naturelle. Sans oublier qu’il s’agit d’un travail avec gîte, couvert et rémunération.
Le 19 octobre 2019 je m’envole donc de Vancouver à Whitehorse, capitale du Yukon. Mais avant d’arriver au chenil, je fais une halte à Dawson City pour y passer 15 jours en volontariat, en dehors de la période estivale. Je fais des rencontres surprenantes dans cette ville sortie du temps. J’y observe une aurore boréale à couper le souffle et j’y bois un cocktail très spécial. Le « Sourtoe Cocktail ». Un cocktail unique au monde à base de Whisky et d’un orteil humain. L’origine de ce cocktail vaut le détour mais je vous laisserai aller regarder…

En novembre, je rejoins le chenil. J’y découvre toutes les personnes de l’équipe et les chiens. Le cadre est totalement différent de la première année. On se sent seul au monde au milieu de cette nature magnifique. La neige est déjà là et le ciel bleu est majoritairement présent. Un temps sec et froid nous accompagne.

Le rythme des journées est beaucoup plus agréable. Les chiens sont tellement bien soignés ! Une nourriture équilibrée et appétissante deux fois par jour avec des snacks après chaque course. Une bonne organisation est présente et ça, ça change la vie… L’atmosphère est donc plus sereine et on gagne une énergie précieuse.
Avec les clients c’est également différent. Il y en a beaucoup moins et le temps passé avec eux est davantage qualitatif. Une sortie le matin, une sortie l’après-midi et facilement 1 heure pour manger le midi. Les journées ne sont pas plus courtes mais beaucoup plus confortables.
Le soir venu, une chambre individuelle change la donne également. On peut se recentrer sur soi et cela est très agréable.
Dans les choses un peu différentes, il y a les toilettes sèches à l’extérieur en tout temps. Par -40°C c’est une expérience à vivre plutôt surprenante !
Pour revenir sur le travail, il est beaucoup plus diversifié et c’est très plaisant. Partir en motoneige faire les trails, s’occuper de la réparation des traineaux, couper la viande ou le poisson pour les chiens. On n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer.
Le côté vraiment agréable également fut les entrainements. Comme je vous l’ai dit, la musher a fait de nombreuses courses et continue de vouloir en faire. Et pour le succès de celle-ci il faut, comme tout athlète qui se respecte, beaucoup d’entrainement.
Sur les jours sans client, on équipe donc les chiens, on prend l’équipement nécessaire et on part plusieurs heures à travers les forêts et les montagnes en augmentant toujours un peu plus mais progressivement la distance.
Je me rappelle un entrainement par -40°C. Les chiens ont couru 34 km en deux heures et demie. C’était féérique. Par ces températures tout est figé et le silence règne. On observe la nature et beaucoup les chiens. On voit la vapeur de leur respiration s’envoler. On protège chaque centimètre de peau du mieux qu’on peut par des couches de vêtement qui, millimètre par millimètre, se font transpercer par le froid. On bouge comme on peut sur le traineau pour faire circuler le sang et lutter contre le froid mais c’est un combat que l’on ne peut pas gagner. Les vêtements deviennent rigides et gèlent. On pense alors à ces courses de 1 600 km. Pendant une dizaine de jour à se battre contre les éléments. Heureusement les chiens sont là. Ils sont fantastiques.
J’aurais tellement de choses à raconter encore. Mais je finirais par ces quelques mots. Gardez à l’esprit que les chiens sont la priorité absolue ! Vous serez peut-être fatigué, énervé, lassé, malade, en colère mais vous vous devez de vous occuper d’eux à 300 %. Alors si vous aimez les chiens, le froid, la neige et que vous êtes prêts à travailler dur, cette aventure est peut-être faite pour vous. Durant mes deux saisons, j’ai rencontré plus de 160 chiens de traineaux, 160 compagnons à qui je dois tellement. Ils sont formidables et je ne suis pas près de les oublier !!
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