PVT Brésil : vivre et travailler à Rio de Janeiro

Bonjour, je m’appelle Élodie, j’ai 30 ans, je suis toulousaine et franco-portugaise. Dans la vie, je suis professeur de portugais, je traduis aussi des musiques sur TikTok en portugais, espagnol, anglais et parfois coréen, et chaque semaine je fais des vlogs.

Au moment où je fais cette interview, je suis à quelques jours de terminer mon PVT au Brésil, donc un an.
J’ai choisi le Brésil car, en tant que Portugaise d’origine, j’ai été baignée dans la culture brésilienne. Au Portugal on a accès à beaucoup de séries, de musiques et il y a énormément de Brésiliens dans le pays. Aussi, je m’étais donnée comme objectif de visiter tous les pays qui parlent portugais. Donc, évidemment, le Brésil en faisait partie.
Également, je suivais déjà le contenu d’une youtubeuse française qui vit au Brésil et cela a grandement joué dans mon choix car je savais que si j’avais un souci, je pourrais me tourner vers elle.

Tout simplement parce que c’est une ville incroyable ! C’est une ville qui allie tout. Tu as autant la montagne, la mer, qu’un lac en plein milieu de la ville, les paysages sont beaux.
Aussi, je suis passionnée de danse et à Rio de Janeiro il y a beaucoup de nouveaux artistes, de nouvelles danses qui y naissent. Je voulais également participer au carnaval, je voulais vivre cette expérience !

Cela fait maintenant 4 mois que je vis à Rocinha et je m’y sens vraiment très bien !
En fait, j’ai fait le rapprochement avec ma vie en France, à Toulouse, où j’ai toujours vécu dans un quartier proche d’une cité, donc je pense que c’est un environnement que je connais déjà en quelque sorte et dans lequel je me sens bien. Je me sens vraiment en sécurité car à Rocinha il y a des règles établies. Je peux me balader avec mon téléphone sans avoir peur de me le faire voler ou encore m’habiller aussi court que je le souhaite, personne ne me dira rien.
C’est fou parce qu’en bas de chez moi il y a des dealers, je vois des armes tous les jours et pourtant je me sens en sécurité. Pour moi c’est logique d’habiter ici.
Tu m’as demandé comment je décrirais mon quotidien et en réalité, je dirais qu’il est paisible (c’est fou, personne ne va me croire). Je dirais aussi festif, remplie d’amitiés mais aussi de travail car je travaille de chez moi plusieurs jours par semaine.

Mon logement je l’ai trouvé par Airbnb. Il n’y en a pas beaucoup de disponibles dans la favela mais, en fait, j’ai écrit au propriétaire de l’appartement pour lui dire que j’aimerais le garder pour plus longtemps. Il ne souhaitait pas sortir de la plateforme car ça lui apporte de la sécurité mais du coup il gèle les dates et quand j’ai l’argent, je lui dit et il les dégèle. Il m’enlève ensuite les frais de ménage et je réserve directement sur la plateforme.
Donc, pour un appartement seule dans la favela, avec chambre à part, lit double, climatisation, et tout le confort je paye 350€ par mois. Aussi, ce qui est très important pour moi c’est que j’ai la fibre contrairement aux autres logements que j’ai connu à Rio de Janeiro. Pour mes cours c’était indispensable.

En réalité, je fais plusieurs choses en simultané. Je donne des cours de portugais, ainsi que des cours de français à des Brésiliens, je fais des traductions sur TikTok et des vidéos sur cette même plateforme pour lesquelles je suis rémunérée. D’ailleurs, parfois ça me permet de payer mon loyer.
J’ai également une chaîne Youtube où je poste des vidéos chaque semaine. Enfin, avec des amies on tient un compte Instagram. Il y en a une en République Dominicaine, une au États-Unis et moi au Brésil et on essaye de l’alimenter en contenu touristique.

C’est vraiment cher ! En plus le change n’est plus aussi avantageux que quand je suis arrivée il y a un an. Et encore, je ne peux pas me plaindre parce que je gagne des euros mais je côtoie des personnes qui n’ont pas les mêmes revenus et je vois que c’est compliqué. Ne serait-ce que mes voisins, ils ne peuvent pas manger ce qu’ils veulent au petit-déjeuner.
Donc mon activité me permet de vivre correctement mais je priorise. Est-ce que j’ai vraiment besoin d’aller au restaurant avec mes copines qui, elles, sont en vacances ? C’est vraiment une histoire de priorisation.

C’est complexe. Le loyer c’est clairement la part la plus importante du budget pour lequel je dirais qu’on peut se baser sur un prix aux alentours de 350 €.
Évidemment, ensuite il faut manger. C’est étonnant, parfois j’ai l’impression que manger à l’extérieur peut revenir moins cher. Mais, personnellement, je vais assez peu au restaurant et je fais de bonnes courses, j’estime que je mérite de bien manger 🙂
Au maximum, ça peut parfois coûter jusqu’à 100 € par semaine ! Ensuite il y a les sorties… Au Brésil t’es toujours dehors et t’achètes à boire.
Tout ça réunit, je pense qu’il faut compter au minimum 650 € par mois pour une vie sans excès mais sans se priver de tout.

Alors je dirais que Rio de Janeiro est une ville dangereuse mais pas forcément plus qu’ailleurs. Ce qu’il faut c’est apprendre les règles. Tu ne peux pas marcher la nuit dans la rue, tu ne peux pas sortir ton téléphone n’importe quand. En arrivant à Rio, cela demande donc de bien se renseigner. Mais ces règles on les apprend, on apprend à se fondre dans la masse, et à partir de ce moment-là, ça va bien se passer (même si un vol est toujours possible).
Mais par contre je n’ai plus ressenti la peur du viol. Je ne veux pas dire par-là que le viol n’existe pas au Brésil mais je n’en ai plus peur comme en France.
C’est une ville dangereuse mais si tu fais attention, ça va. Faut pas se mettre en danger.

Ce que j’aime le plus à Rio de Janeiro, c’est les Brésiliens, c’est les Cariocas ! C’est un peuple super attachant. De loin, on dirait que ce ne sont que des gens qui crient, qui parlent fort, qui boivent de la bière, comme des grands enfants. Mais quand je pense à Rio de Janeiro, je pense à une énorme palette de couleurs, ça part dans tous les sens, ils sont super accueillants. J’aime ce côté où on peut faire de la musique avec rien, il y a une bassine qui traîne, on peut faire un tambourin, on va chanter, on va danser, sois toi-même parce qu’on aime qui tu es. On va t’aider à te montrer que, qui tu es, c’est super. Ce que j’aime le moins c’est clair et net, c’est la nourriture. Eux, ils pensent qu’ils sont au top mais ça ne va pas. C’est trop salé et eux ils s’en rendent pas compte. En tant que française, c’est compliqué.

J’en ai pleins sur Rio de Janeiro mais je pense que je vais partager un baile funk. Quand je dis que j’en ai pleins, en fait c’est que j’en ai pleins avec les dealers… Quand tu vis à Rocinha, t’as forcément des histoires avec les dealers.
Donc le baile funk c’est une soirée organisée dans les favelas par les dirigeants de cette même favela (qui sont en général des trafiquants de drogue) où est diffusée seulement de la musique funk. Du fait du “métier” des organisateurs, il y a forcément plein d’armes.
La première fois que je suis arrivée dans ce type de soirée, c’était un vrai choc ! Il y a des armes littéralement partout. Mais ensuite tu banalises un peu… Tu te retrouves à passer la soirée entourée d’armes et de trafiquants de drogue et bizarrement ça se passe bien.
Mais bon, une fois je me suis un peu plus posée, j’ai un peu plus analysé ce qui se passait autour de moi et je me suis dit que je n’y retournerai pas.

J’ai grandi, mais qu’est-ce que j’ai grandi ! Si tu savais à quel point j’ai pris confiance en moi ! Je n’ai plus peur de danser devant tout le monde, de chanter, de m’affirmer, j’ai vraiment évolué au niveau de la confiance en moi. Et ça, c’est le peuple Brésilien qui me l’a transmis.
Aussi j’ai rencontré un certain nombre de Brésiliens avec qui j’ai une amitié très forte et si aujourd’hui j’aimerais rester au Brésil c’est en partie pour eux.
Donc, ce que je retiens c’est que les Brésilien t’aident à apprendre qui tu es, à affirmer qui tu es, ça fait vraiment du bien ! Tu peux faire ce que tu veux, même au niveau de la sexualité, le concept de “femme facile” n’existe pas vraiment. Je trouve que c’est important de le mentionner.

Déjà de le faire ! Si tu sens au fond de toi que tu as envie de partir en PVT, fais-le, parce que ça veut dire que t’as quelque chose à faire dans ce pays.
Je conseillerais aussi d’apprendre le portugais avant de venir. C’est vraiment important pour la communication avec les locaux. Alors oui, tu peux l’apprendre sur place mais c’est bon de déjà savoir parler, montrer que tu as un intérêt pour la culture.
Je trouve aussi intéressant de partir en ayant un “référent” qui parle ta langue le temps de te sentir plus à l’aise, quelqu’un qui peut te conseiller etc. Mais ensuite, inscris-toi à des choses, du sport, fais des activités.
Mon dernier conseil serait : autorise-toi à tout faire !