La Nouvelle-Zélande regorge de vie marine. On y trouve notamment des otaries, des pingouins, des dauphins et des baleines. Les eaux de la Nouvelle-Zélande offrent un environnement riche à ces animaux, où ils peuvent, pour la plupart du temps, avoir la belle vie. Malheureusement, ses paysages peuvent parfois aussi être destructeurs. En moyenne, 85 échouements de cétacés se produisent chaque année dans le pays. En 2017, Camille a participé au sauvetage d’un des plus grands échouements de l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, elle partage avec nous le récit émouvant de cette difficile journée.
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En février 2017, je me trouvais dans la région de Nelson en Nouvelle-Zélande. J’y faisais du wwoofing avec Pierre (mon fiancé qui est depuis devenu mon mari) et Milène, une backpackeuse française, à la Williver Farm. La « ferme » était gérée par un couple simple mais ambitieux qui voulait vivre au maximum en auto-suffisance. Leurs quelques têtes de bétail (principalement des moutons et des cochons) menaient la belle vie dans de grands espaces avant de finir au congélateur. Le couple mettait un point d’honneur à traiter ses animaux avec respect et amour et à les tuer avec rapidité et sans stress.
Notre travail n’était pas de tout repos. Nous devions creuser un talus de terre à la pioche afin de pouvoir y installer une cave à saucissons (qui porte désormais nos noms). Nous terminions nos journées épuisés, les bras douloureux et les mains pleines de cloches (ampoules pour les Français)…
Alors quand notre hôte nous accueillit un matin en nous disant que nous pouvions ne pas travailler ce jour-là, nous étions tous les trois surpris mais soulagés ! Cependant, la raison derrière ce congé inespéré nous a vite fait redescendre : durant la nuit, plus de 400 baleines pilotes s’étaient échouées à une centaine de kilomètres de là, à Farewell Spit. Les associations locales avaient lancé un appel massif aux volontaires pour les sauver. Nous n’avons pas hésité à troquer notre journée de travail contre l’opération de sauvetage. En quelques minutes, nous étions à bord de notre Nissan Bluebird des années 1990. Nous ne savions pas à quoi nous attendre, nous étions à la fois excités et anxieux.
Après plus d’une heure de route, nous nous sommes garés sur un parking. Les volontaires affluaient de partout, un mélange de locaux et de backpackers. Nos combinaisons sur le dos, nous avons encore marché trois-quarts d’heure sur la plage pour rejoindre le site.
Le spectacle était glaçant. Tout le long du trajet, des dizaines de baleines reposaient sans vie sur le sable, avec parmi elles plusieurs baleineaux. Dans mes souvenirs, l’ambiance était étrange, presqu’irréelle. L’excitation avait fait place au malaise.
Et puis l’effervescence. Au bout de cet interminable banc de baleines échouées, un large groupe de volontaires s’activait autour de la bonne centaine de cétacés encore en vie. Tout de suite, un homme en combinaison a couru vers nous : il voulait former une chaîne humaine pour tenir à distance le reste du groupe encore immergé et l’empêcher de s’échouer à son tour. Quelqu’un d’autre nous a appelés pour hydrater les rescapées. La masse de volontaires qui marchait avec nous s’est délitée, chacun est parti de son côté. J’ai regardé Pierre. Je ne savais pas trop quoi faire, ni qui aller aider. Puis l’homme a insisté. Sans réfléchir, je me suis élancée à sa suite vers les vagues avant de m’apercevoir que ni Pierre, ni Milène, ne m’avaient suivie. Soit. Alors qu’on nous expliquait l’opération, plusieurs personnes m’ont fait remarquer que ma combinaison à manches courtes n’était pas idéale. L’eau était froide, je risquais de tomber en hypothermie.
Après quelques hésitations (je me sentais déjà engagée dans ce groupe), j’ai fait demi-tour. Alors que je m’approchais de plus en plus de la masse de volontaires affairés autour des baleines, je me demandais comment j’allais bien pouvoir retrouver Pierre et Milène. Ils étaient occupés à verser des seaux d’eau sur une baleine. Chaque animal était recouvert de draps trempés pour garder leur peau humide. Suivant les instructions, j’ai commencé à rassembler du sable le long des flancs de la baleine pour la maintenir sur le ventre jusqu’à la prochaine marée. Beaucoup de baleines étaient mortes car elles avaient roulé sur le côté. Dans cette position, l’eau était rentrée dans leur orifice au sommet du crâne qui leur permet de respirer. Bref, la plupart des baleines échouées étaient mortes noyées…
Après plusieurs heures, on nous a demandé de retourner au parking. La mer semblait encore loin mais la marée allait rapidement remonter. Nous devions repartir pour ne pas nous faire coincer sur la plage. C’était justement ce « piège naturel » qui avait surpris le groupe de baleines. Ce site étant plat et peu profond, la mer s’était retirée trop vite, laissant derrière elle les cétacés échoués. Nous n’avions plus qu’à croiser les doigts : les survivantes, épuisées, devaient encore tenir sans aide le temps que la marée remonte. J’espérais que mes cales de sable n’allaient pas les bloquer car c’était un risque.
Le jour suivant, nous apprenions qu’une bonne partie des baleines avaient repris la mer ! Mais une autre centaine s’était à nouveau fait prendre au piège. Les volontaires encore sur place leur ont porté secours. Le lendemain, d’autres baleines ont été découvertes à différents endroits de Farewell Spit.
C’était le troisième plus grand échouage de baleines pilotes en Nouvelle-Zélande.
L’association Project Jonah encourage toute personne à les suivre sur les réseaux sociaux où ils partagent leur appel à volontaires. Ils proposent également chaque année des formations de secours de mammifères marins pour environ 120 $.
Vous pouvez également retrouver les recommandations du Département de Conservation sur les choses à faire lors d’un échouement.
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