J’ai dans un premier temps testé “partir en couple en PVT” fin 2005, quand je me suis envolée pour le Canada. Ensuite, je suis partie seule en PVT en Australie et je crois pouvoir dire, sans trop exagérer, que mes deux expériences n’ont eu en commun que le nom : j’ai bénéficié du Programme Vacances-Travail dans les deux cas, mais c’est tout !

Partir seul ou à deux ?

Qu’est-ce qui est le plus facile ? À deux ou seul ? Qu’est-ce qui est le plus pratique ? Le plus confortable ? Qu’est-ce qui laisse le plus de liberté ?

Quand j’attendais en salle d’embarquement, avant de partir en Australie, dans ma tête, il y avait un petit démon rouge et un petit ange blanc. Le démon me disait que j’étais bête de partir, que j’allais avoir du mal à trouver un emploi. Et comment j’allais rencontrer du monde ? J’allais être seule, ça allait être dur et j’allais avoir le moral à zéro.

L’ange lui coupait la parole pour me dire que j’avais quand même un niveau d’anglais décent qui me permettrait sans doute de trouver ne serait-ce qu’un petit boulot et de rencontrer des gens. Je partais seule, je vivais ma vie, je me lançais un défi, j’allais découvrir un nouveau pays, je partais à l’autre bout du monde, c’était tout sauf un mauvais choix. La battle entre les deux a duré plusieurs minutes et finalement, une hôtesse a appelé tous les passagers pour l’embarquement qui allait me mener vers la plus belle année de ma vie. Deux jours plus tard, j’avais 22 ans…

La plus belle année de ma vie

Quand je dis que cette année était la plus belle de ma vie, alors que je suis rentrée de ce voyage il y a maintenant plusieurs années, on peut se demander si depuis l’Australie, ma vie n’a pas été super. Non, ce n’est pas ça. Ces dernières années ont été vraiment réussies et je peux affirmer avec sincérité que je suis heureuse. Mais au fond, je pense que l’Australie y est pour quelque chose, que cette année a été comme un parcours d’initiation et qu’elle restera longtemps “la plus belle année de ma vie” pour ce qu’elle a représenté dans mon parcours.

C’est l’année qui m’a apporté ces choses que j’attendais sans le savoir, ces choses auxquelles je ne pensais même pas, celle qui m’a fait repousser mes limites, celle qui m’a fait me sentir plus vivante que jamais, celle qui a marqué le début d’autre chose… Pas évident d’écrire ces mots sans que ça soit trop cliché, mais c’est pendant cette année que je me suis vraiment découverte, dans des bons moments comme dans des moins bons. Cette année m’a libérée et je pense que si je n’étais pas partie seule, je n’aurais pas pu arriver à la même conclusion.

Pour en revenir au sujet principal de ce texte, partir à deux, c’est rassurant : on ne sera jamais seul, on osera plus aller vers les autres et on aura déjà sa place dans un groupe puisqu’on formera un duo. À deux, on se sent plus fort, on a moins peur de ne pas plaire, on s’entraide, on parle, on écoute, on se soutient. À deux, surtout avec un ami, un frère/une sœur ou un amoureux, on vit des expériences qui souderont à jamais notre relation, on se constitue des souvenirs d’autant plus magiques qu’ils sont vécus avec une personne qu’on aime.

Mais à deux, on dépend de l’autre, de là où il veut aller, de ce qu’il veut faire, du budget qu’il a (et qu’on n’a peut-être pas, ou inversement), des amis qu’il se fait… Si on veut aller ailleurs ou faire autre chose et que son compagnon de route n’est pas partant, on hésite entre faire ce qu’on veut et le décevoir (parce que le deal, c’était de passer une année à deux) et passer à côté de son année en s’empêchant de faire ce qu’on rêve de faire.
À deux, on est dans le confort et on va souvent moins vers les autres. C’est vrai, parfois on a envie de rencontrer de nouvelles têtes, mais parfois non, on a la flemme, notre duo nous suffit amplement et c’est compréhensible. J’ai moi-même connu ce scénario pendant mon année australienne, avec cette Française rencontrée à Sydney, avec qui j’ai voyagé quelques mois et que je considère depuis ce jour comme ma meilleure amie.

Les compagnons de voyage

Quand on part à deux, je dirais qu’il faut faire attention à ne pas partir avec quelqu’un qu’on connait trop peu (une rencontre Internet, par exemple) ou du moins de fixer des règles dès le début. Pourquoi pas prendre le même avion et la même auberge de jeunesse mais pour la suite, on verra…

Attention à ne pas trop attendre de votre compagnon de voyage ou à ce que lui n’attende pas trop de vous. Vous allez chacun faire des rencontres, avoir des opportunités, des propositions, des envies, et elles ne seront pas toujours les mêmes. Le mieux reste, je pense, de se dire que si on n’a pas les mêmes envies au même moment, on peut se quitter (2 semaines, 2 mois) pour mieux se retrouver par la suite. Pas forcément évident quand on a acheté un van ou une voiture à deux ceci dit… Le tout, c’est de ne pas se prendre trop la tête, vous n’êtes pas parti pour ça !

Partir à deux parce qu’on veut vivre quelque chose à deux, parce qu’on veut se créer des souvenirs en commun, c’est bien. Partir à deux pour ne pas partir seul, ça peut être foncer droit dans le mur et risquer de vivre une année en deçà de ses attentes.

Honnêtement, si vous avez ce projet seul, partez seul ! Les personnes qui partent seules en Australie (et c’est le cas dans beaucoup d’autres pays) le répètent constamment, elles n’ont finalement pas été seules du tout. Je pense pouvoir compter sur les doigts de la main les fois où j’ai été seule involontairement. La coloc, les amis, les auberges de jeunesse…

Working Holiday Visa experience as a solo traveler

… les nuits en cars, le voyage dans le van d’une copine, les boulots en fruit picking… Des rencontres, vous en ferez par dizaines !

Certaines seront oubliées quelques jours après alors que d’autres resteront ancrées dans vos mémoires pendant des années et des années, même pour des relations éphémères de quelques semaines. C’est souvent ce qui résume le PVT en Australie : les gens bougent, arrivent, partent et repartent encore vers ailleurs. Les rencontres faites pendant cette année sont magiques. Vous qui vivez actuellement votre PVT en Australie, profitez de tout et de tout le monde. Je suis persuadée que vous le faites, et j’ai le sentiment de l’avoir fait moi-même, mais après coup, on se dit “non, je ne réalisais pas que 6, 10 et même 13 ans après, j’aurais toujours un pincement au cœur en pensant à elle, à lui, à ce lieu, à ce jour…”.

Laisser place à l’imprévu…

Partir seul, dans mon cas, ça a été ça : prendre une coloc à Sydney, y vivre deux mois super, entre la ville et l’océan, à rencontrer des personnes géniales, dont des Français que je côtoie toujours aujourd’hui. C’est vivre sa vie par soi-même sans rendre de compte à personne, en prenant toutes les décisions qu’on veut. C’est quitter Sydney pour aller en Tasmanie avec sa mère qui vient en visite, c’est filer à Melbourne pour vivre une courte mais jolie histoire d’amour avec ce Français rencontré à Sydney peu de temps avant.

C’est finalement quitter la ville car le projet de base était de parcourir le pays et non de s’installer à un endroit précis. C’est dormir dans un aéroport, appeler pour un boulot dès les bureaux ouverts, c’est être envoyé à Homehill, un village du Queensland, pour y ramasser des melons, c’est vivre environ 2 mois dans une Working Hostel où on rencontrera des jeunes venus du monde entier et où on se créera des souvenirs inoubliables. C’est parcourir la côte est, découvrir la barrière de corail – impressionnante – et vivre un week-end à Nimbin avec 3 copains à qui on avait donné rendez-vous pour “Mardi Grass”.

C’est finalement retourner à Homehill pour se remplir les poches, faire de nouvelles rencontres magiques, partir découvrir un bout de la Nouvelle-Zélande, en van, avec sa meilleure copine, et profiter d’elle encore un peu, avant son retour en France, le temps de parcourir le désert australien du sud au nord, et de voyager en Asie du sud-est pendant 3 mois.

C’est terminer par passer 3 mois près de Darwin à remplir son compte en banque. C’est vivre dans un caravan park juste derrière le Road kill café d’où on part tous les matins planter des arbres, au soleil toute la journée, à l’air pur, en se disant que ce sont les derniers instants, en profitant des gens, des choses, des couchers de soleil australiens…

C’est prendre l’avion pour Singapour avant de s’envoler pour la France, la poitrine comprimée, les yeux pleins de larmes, avec la sensation qu’on ne va pas y arriver, qu’on ne peut pas quitter l’Australie, qu’on n’y arrivera pas. On y a vécu tant de choses, plus que dans toute sa vie, on a fait des choix, des bons, des mauvais, on a choisi d’aller ici ou là, avec lui, avec elle, en solo, on a changé d’avis, rechangé d’avis, et personne n’était là pour donner son avis sur tout ça.

Seul, on vit sa vie, on fait ses choix, on apprend des choses, on repousse ses limites, on se lance des challenges, parfois on a peur, on se demande vers quoi on va et on découvre finalement que c’est ça le voyage, aller vers l’inconnu et finalement très bien se débrouiller. Il y a des petits couacs, mais ça fait partie de l’expérience, on en apprend et on passe au jour suivant.

Mon année en Australie m’a appris énormément de choses sur moi, sur les autres, sur les relations, sur la vie, j’ai ressenti beaucoup de choses, j’ai aimé beaucoup de gens et j’ai eu les boules plus d’une fois. Voilà, l’Australie, c’était la plus belle année de ma vie, je me suis sentie vivante et libre comme jamais auparavant et c’est sans doute normal, on a sûrement tous besoin de partir seul à un moment donné de sa vie pour vivre tout ça et revenir plus confiant, plus serein, plus en adéquation avec soi.

Faites-le !

Si vous hésitez à partir seul en PVT, je vous invite à mettre vos inquiétudes un peu de côté, à les garder dans un coin de votre tête mais à ne pas les laisser prendre le pas sur le désir de partir. Partir seule aura été la meilleure décision de ma vie. Je ne sais même pas si je le referai (pourquoi pas, ça dépend des occasions qui se présenteront !) mais je l’ai fait et je ne regrette rien.

Certains de vous craignent de partir seul à cause de l’anglais. Partir avec une autre personne ne vous aidera pas à vous améliorer. Partir à deux c’est pouvoir s’isoler à tout moment dans une zone de confort alors que seul, on se lance un peu plus et on s’améliore. On peut se faire des amis, voire des petits-amis anglophones (qui sont, je ne le dirais jamais assez, l’une des meilleures façons de s’améliorer en anglais :)) et get better and better.

Vous avez peur d’échouer ? De ne pas trouver d’emploi ? De devoir rentrer plus tôt que prévu ? De ne pas bien vivre l’éloignement ? Sachez que quoi qu’il arrive, ce voyage restera dans vos mémoires, qu’il vous aura apporté quelque chose, qu’il vous aura fait rencontrer quelqu’un. Comme je dis souvent, l’échec, ce n’est pas de rentrer plus tôt (contrairement à ce que peut parfois imaginer l’entourage d’un pvtiste qui rentre prématurément), c’est de ne pas partir du tout si on en rêve.

Et si vous avez encore besoin d’arguments pour partir seul·e en PVT : 10 avantages à partir seul en PVT !

Pour retrouver les impressions et questionnements d’autres pvtistes avant le départ (toutes destinations confondues), rendez-vous sur notre forum Les démarches et les questions avant le départ.

Ne manquez pas notre live sur les départs en PVT en solo !


Autre récit de Julie : Partir pour fuir, et alors ?

Julie

Cofondatrice de pvtistes.net, j'ai fait 2 PVT, au Canada et en Australie. Deux expériences incroyables ! Je vous retrouve régulièrement sur nos comptes Insta et Tiktok @pvtistes avec plein d'infos utiles !
Cofounder of pvtistes.net. I went to Canada and Australia on Working Holiday aventures. It was amazing!

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(117) Commentaires

Flo I |

c’est cool de partir seule, c’est faire des rencontres qu’on aurait jamais eu si on avait été à plusieurs surtout quand on est un peu timide. Et puis c’est aussi se prouver des choses .. et quelques fois ça fait du bien 🙂 On ne revient plus tout à fait la même !

Julie I |

C’est exactement ce que j’ai ressenti 😉

Amandine I |

Merci pour ce bel article !
Je pars le 19 janvier avec un aller simple pour Melbourne, beaucoup de rêves et de projets mais aussi l’angoisse de partir toute seule… Avec la date qui approche, je vacille entre l’excitation, l’envie d’être déjà dans l’avion, et l’appréhension de se lancer dans cette aventure un peu folle que je n’ai jamais osé avant. Ton article me conforte vraiment dans l’idée que malgré les galères qui seront inévitables, je ne regretterai pas ce choix 🙂
Merci de partager ton expérience, j’espère avoir autant de souvenirs et d’émotions à partager à mon retour !

Julie I |

C’est tout ce que je te souhaite 🙂

Kévin I |

Merci Julie, j’avais pas vraiment peur de partir seul mais ton article m’a rassuré et conforté dans mon choix.
J’ai hâte d’y etre, ça m’a motivé 10x plus.

Super article 😉

Ophélie I |

complètement enthousiasmée par cet article !! 🙂 je pars dans 14 jours toute seule en Nouvelle-Zélande et jamais je n’ai pensé aux mauvais cotés, car il n’y en a pas! et ton récit me conforte encore plus. merciii (=

Glwagla I |

Super article qui réconforte beaucouuup ! Espérons que tous les pvtistes qui partiront seuls vivront une expérience aussi inoubliable que la tienne 🙂

Dimitri I |

Bel article, poignant, frais, sincère.

J’ai 32 ans, et m’apprette à partir pour Vancouver fin novembre prochain. Des appréhensions, aller au delà de mes préjugés et de mes peurs. Oui, ce voyage est très important pour moi.

Marie-Laure I |

Merci beaucoup pour cet article 🙂
ça remotive et ça rassure lorsqu’on s’apprête à partir seule 😀

Marie I |

Très bonne interview.
Etant partie seule au Canada, je ne peux que confirmer tes dires ! On est jamais seules, car oui où qu’on aille on rencontre toujours des gens et beaucoup plus facilement.
Petit tip pour ceux qui partent seuls au Canada, regarder les groupes Facebook il y a beaucoup de groupe de rencontres/de sorties (…) notamment pour ceux qui vivent à Montréal. Il y a également les sites tels que Meetup.

Florent I |

Mais la démarche n’est-elle pas plus facile pour une nana que pour un bonhomme ?

Marie I |

Pourquoi ça serait plus compliqué pour un bonhomme ?

Florent I |

C’est une impression que j’ai.
Déjà, je ne tombe que sur des interviews ou des témoignages de nenettes sur ce sujet.
De plus, je pense (attention, réflexions sociologiques à 2 francs :p) que les sociétés occidentales prennent plus soin des femmes : une nana se fera plus facilement aborder qu’un homme ; le quidam s’inquiétera peut-être plus pour une nana perdue qu’un boy. Cela a des avantages mais apporte bien sur son lot de problèmes : relous, misogynes et et autres glandus pensant qu’une femme ne peut pas se débrouiller seule (merde, on est au XXIe siècle !!! Vous êtes foutrement indépendantes depuis bien longtemps).

A moins que nous les bonhommes, on ne soit pas assez dégourdi ou couillu :p

helene I |

Merci pour ton magnifique récit, qui , en période de doute , me rebooste totalement!!! « l’échec, ce n’est pas de rentrer plus tôt (contrairement à ce que peut parfois imaginer l’entourage d’un PVTiste qui rentre prématurément), c’est de ne pas partir du tout. »
Cette phrase est à présent gravé en moi!!!