Pourriez-vous passer 10 jours dans le silence le plus total ? 10 jours à méditer. 10 jours face à vos pensées, à vous-même. Floriane, elle, en a fait l’expérience. Dans cet article, elle nous partage ce petit voyage au sein d’elle-même lors d’une retraite Vipassana pendant son PVT en Nouvelle-Zélande.

Les retraites Vipassana se déroulent un peu partout dans le monde. Si Floriane vous a rendu curieux, n’hésitez pas à consulter leur site officiel.

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Vipassana. Ce mot est encore inconnu pour beaucoup, nébuleux pour certains, mais plutôt populaire chez de plus en plus de voyageurs. Au fur et à mesure de mon voyage, j’ai rencontré pas mal de personnes qui en avaient au moins entendu parler ; certains l’avaient fait parfois plusieurs fois déjà et d’autres l’avaient sur leur bucket list.

Vipassana, c’est quoi ?

La retraite Vipassana est une retraite de méditation qui dure 10 jours, pendant lesquels l’on médite environ 10 heures par jour. Ces retraites sont très codifiées et offrent la même expérience (en termes de programme) partout ; il y a des centres dans pratiquement tous les pays du monde. Quand on entend « retraite de méditation » ou « retraite de yoga », cela peut donner l’impression de quelque chose de reposant, de très chill, presque une cure thalasso. Eh bien c’est plutôt carrément l’inverse ! Certes, on est logés et nourris, on ne fait pas d’activité physique et les centres sont souvent dans la nature, mais c’est un sacré challenge ; en tout cas, cela l’a été pour moi et pour quasiment tous ceux qui m’ont parlé de leur expérience.

Pourquoi faire une retraite Vipassana ?

J’ai appris l’existence de la retraite en lisant le livre « Seper Hero » de Marine Barnérias. Pour résumer, Marine découvre à 21 ans qu’elle est atteinte de sclérose en plaque et décide de ne pas prendre de traitement tout de suite et de partir seule en Nouvelle-Zélande, en Birmanie (où elle effectuera une retraite Vipassana) et en Mongolie. Ce livre m’a d’ailleurs beaucoup inspirée pour mon voyage, et c’est en partie grâce à Marine que je me suis envolée pour la Nouvelle-Zélande ! Ensuite, j’ai regardé plusieurs témoignages sur YouTube de personnes qui avaient suivi la retraite, j’étais déjà convaincue, j’allais faire une retraite Vipassana pendant mon voyage !

Le voyage

Au départ, j’avais prévu de partir un peu moins de 10 mois, 6 mois et demi en Nouvelle-Zélande, 1 mois au Cambodge, 1 mois au Vietnam et 1 mois aux Philippines. J’avais déjà acheté mes vols principaux, dont mon vol pour revenir en Belgique. Après 2 ou 3 mois en Nouvelle-Zélande, j’avais commencé à me renseigner pour m’inscrire à la retraite dans un des centres au Cambodge. J’ai essayé d’envoyer le formulaire, mais je n’y suis pas parvenue. J’ai réessayé plusieurs fois mais soit mon téléphone se déconnectait d’Internet, soit le site plantait, soit c’était autre chose… Bref, je me suis dit que je réessayerais le lendemain. Le lendemain, quelque chose de complètement inattendu m’est arrivé et la vie a fait que j’ai dû remettre l’organisation de la suite de mon voyage à plus tard. C’était en février 2020, quand le covid n’avait encore été détecté que dans quelques pays !

L’inscription à la retraite

Plus d’un an plus tard (j’ai bien sûr dû annuler la suite de mon voyage en Asie et comme je me plaisais bien en Nouvelle-Zélande et que mon visa a été étendu à cause du virus, j’ai décidé de rester là-bas plus longtemps), l’idée de faire la retraite Vipassana en Nouvelle-Zélande fait son chemin dans mon esprit. La participation à la retraite est gratuite et sur base de dons. On ne peut donner que si on a fait la retraite en entier au moins une fois. Les prochaines retraites sont déjà complètes, et je dois attendre début avril pour m’inscrire à celle qui a lieu début juillet. Je mets un rappel pour le jour d’ouverture des inscriptions ; je sais qu’il n’y a qu’un centre pour toute la Nouvelle-Zélande et que les places y sont chères ! Le jour venu, j’envoie le formulaire d’inscription. Quelques jours plus tard, je reçois un e-mail m’informant que je suis au début de la liste d’attente, et qu’ils m’informeront s’il y a un désistement.

À ce moment-là, mon visa se termine à la fin du mois de juin 2021, juste avant le début de la retraite. Comme beaucoup de backpackers, j’ai l’espoir que notre visa sera de nouveau étendu, car les frontières de la Nouvelle-Zélande ne sont pas près de rouvrir et qu’ils ont besoin de main-d’œuvre saisonnière, de nous ! Au début du mois de juin, je reçois un e-mail du centre m’annonçant qu’il y a eu des désistements et que ma place est confirmée ! Je suis super heureuse, mais mon visa se termine toujours à la fin du mois… J’essaie de lâcher prise et de faire confiance à la vie, je n’ai de toute façon aucun pouvoir sur cette extension de visa. Et quelques jours plus tard, la nouvelle tombe : nos visas sont étendus pour 6 mois supplémentaires ! Je vais donc pouvoir aller à la retraite et profiter de quelques mois de plus dans ce magnifique pays.

La retraite

Le moment de la retraite arrive. Je suis stressée mais prête psychologiquement, je suis là pour faire la retraite jusqu’au bout ! Pendant 10 jours, on ne peut pas parler, pas rentrer en contact avec qui que ce soit, on n’a pas accès à notre téléphone, ordinateur ou tout autre moyen de communication, on ne peut pas prendre de livre, de carnet pour écrire, pas d’alcool, de drogues ou de médicaments. Pendant 10 jours, on médite, on mange, on se lave, on dort, puis on recommence. C’est tout.

Les premiers jours sont compliqués. J’ai dû mal à dire ce qui est le plus difficile entre ne pas bouger et tenter du mieux que je peux d’observer le raz de marée de mes pensées qui ne cesse de m’emporter. Allez, plus que 9 jours. MDR. C’est le cœur de l’hiver ici et c’est difficile de sortir dans le froid et dans le noir un peu après 4 h du matin pour aller jusqu’au hall de méditation. Les journées se suivent et se ressemblent. Quand c’est difficile, je regarde le chemin que j’ai déjà parcouru (si on peut dire ça !) et je me dis « Allez Flo, courage, encore une heure, encore une minute, encore une respiration… tu peux le faire ! ». Vers le 6e et 7e jour, ça commence à devenir un peu plus confortable, même si ça me demande toujours beaucoup d’efforts. J’ai parfois l’impression que mes pensées sont comme quelqu’un qui crierait dans un haut-parleur, ou si j’ai une chanson en tête, que le chanteur se croit dans une salle de concert ; pas trop reposant d’être dans ma tête !

Le 8e jour, la plupart des gens l’associent souvent à un jour plus facile, plus positif, beaucoup ont des déclics. Pour le coup, je n’ai pas trop de chance, car mes règles débarquent ce jour-là. Avec viennent la douleur et la fatigue. Je fais de mon mieux mais je dois parfois abandonner ma position de méditation pour ramener mes jambes contre moi et me mettre en boule, seule position qui me soulage un peu. Je me balade avec une bouillotte sauf dans le hall de méditation, où l’on n’y a pas droit. Le lendemain, j’accuse le coup et je n’entends pas le réveil, apparemment j’avais besoin de ces 2 heures de sommeil supplémentaires ! Le 9e jour se passe mieux, je n’ai presque plus de douleurs et j’ai un peu récupéré, j’ai plus de facilités à méditer.

La fin de la retraite arrive, je suis soulagée et en même temps triste que ça se finisse, c’est vraiment une expérience très particulière. Je me sens bien dans ma peau, et surtout très calme et très posée. Je quitte le centre et réserve une auberge à Auckland, je redoute un peu de me retrouver en ville et que ce soit trop de gens, trop bruyant, un trop gros contraste avec la retraite. Mais bon, je suis en Nouvelle-Zélande, pas dans la capitale indienne ! Ça se passe donc bien, je remarque que mon esprit est hyper clair et qu’il en faudrait vraiment beaucoup pour m’énerver. Plutôt très cool !

Et après ?

À la fin de la retraite, on nous explique que si l’on veut « vivre Vipassana », il faut continuer de méditer au moins 2 heures par jour, 1 heure le matin et 1 le soir. Bon, je ne me sens pas prête à vivre une vie monastique, mais depuis, je médite quasiment tous les jours. Cela m’aide énormément à me recentrer, à prendre des décisions et à ne pas trop m’identifier à mes pensées, à m’observer et observer le monde qui m’entoure, sans porter de jugement. Bien sûr, chacun est différent, mais en tout cas, je sens la différence quand je ne prends pas ou peu le temps de méditer, et mes amis qui le font me disent la même chose.

C’est une expérience très unique, que je ne peux que recommander si l’on est très intéressé par la méditation. Pas besoin d’être expérimenté, mais il faut être prêt à passer 10 jours sans parler et pratiquement sans bouger, seul face à soi-même. Et je sais que je veux refaire une retraite un jour ! Mais d’abord, vivre d’autres expériences… 🙂

Le seul et unique site des retraites Vipassana : Vipassana Meditation (dhamma.org)

Floriane

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