Dans ce récit, je vais partager l’une des expériences de travail les plus marquantes de mon aventure en PVT Australie. Celle-ci est digne d’une nouvelle saison inédite de Koh-Lanta. Marquée par des épreuves, des rebondissements et des éliminations. Les 20 candidats présents n’avaient qu’un seul but : remporter un maximum d’argent pour pouvoir vivre leur PVT confortablement. Mais vous le savez : dans Koh-Lanta, à la fin, il n’en restera qu’un…

Kathy-Lanta | épisode n°1 : l’arrivée à la ferme

Imaginez-vous une grande ville pleine de building, portée par l’effervescence de ses habitants, par le brouhaha des voitures et par la chaleur du bitume. Et bien Manjimup, c’est l’exact opposé de ce que je viens de vous décrire. Ce petit village, isolé dans le Western Australia (au sud de la ville de Perth) est entouré de champs, de vaches et de vignes. Le seul attrait touristique de cet endroit, ce sont ses cerises. Et c’est bien ça qui m’intéresse. 

Direction la ferme, et à Manjimup ce n’est pas ce qui manque ! C’est LA destination pour pouvoir travailler dans le Western Australia : dans le picking ou le packing d’avocat, le picking de raisin, l’entretien des pommiers, ou le ramassage de pommes de terre. Il y en a pour tous les goûts, mais encore faut-il venir à la bonne saison ! 

Arrivée à destination, je fais la rencontre de la propriétaire des lieux : Kathy, c’est elle qui va devenir notre Denis Brogniart à nous. Celle qui va lancer le début de notre aventure Kathy Lanta. Celle qui va tout changer. En passant le portail de cette ferme, je m’engage pour ce que je pense être 1 mois et demi de picking de cerises. Mais à Kathy-Lanta rien ne se passe comme prévu. 

Kathy-Lanta | épisode n°2 : le premier jour de picking

Bon, je vous passe les 10 jours d’attente interminables, puisque la saison a mis du temps à commencer. La ferme était au point mort et moi… bah pareil. Heureusement, les fruits ont fini par mûrir et ils étaient enfin prêts à être ramassés.

J’entame donc mon premier jour de travail. Et rapidement, je comprends que cette première journée est déterminante pour la suite de mon aventure ! En effet, malgré la fin du paiement au rendement, certains fermiers australiens utilisent d’autres stratagèmes pour garder à leurs côtés les meilleurs pickeurs. C’est ce qui se passe ici, dans cette ferme, où ils imposent d’atteindre chaque jour un minimum de fruits à cueillir. Si on n’y arrive pas : on est licenciés. La pratique est discutable, je vous l’accorde. 

Pour chaque journée de picking, on doit être en mesure de ramasser au minimum 100 kilos de cerises. Ce qui représente, 10 kilos chaque heure (l’équivalent d’une bin, comme dans la photo ci-dessous). Autant vous dire qu’il en faut pas mal de cerises pour arriver à atteindre ce poids… L’important est donc de trouver rapidement son rythme de croisière et surtout de le conserver pendant 10 heures consécutives. 

Le grand avantage du picking de cerises, c’est que c’est un fruit simple à cueillir. Les arbres sont en hauteur, il suffit de tendre le bras ou de monter à l’échelle pour pouvoir les attraper. Et puis la cerise est un fruit léger, donc le seau (même plein), attaché à un harnais, est relativement simple à porter. On ne se baisse pas tout au long de la journée, comme c’est souvent le cas pour d’autres fruits et légumes.

Kathy-Lanta | épisode n°3 : la vie sur le champ

Au fil des jours, les arrivées et les départs s’enchaînent. Vous n’êtes pas assez efficaces au picking ? C’est “go home”. L’ambiance à la ferme est donc parfois très tendue. 

Heureusement, la vie au camp est bien meilleure. 

Par contre, elle demande une certaine adaptation. En début de saison, nous sommes 30 personnes (dont une vingtaine de pvtistes), à devoir se partager une petite cuisine, une salle à manger (si on peut appeler ça comme ça), une douche (oui, une seule), et une toilette (oui, une seule). 

Pour moi, au tout départ, ça me paraissait être mission impossible. Étant un peu maniaque sur les bords et n’ayant pas pour habitude de vivre en communauté, j’ai frôlé la syncope. Finalement, avec un peu d’organisation et lorsque tout le monde met la main à la pâte, on y arrive ! Et surtout, on s’y attache. 

Je prends peu à peu conscience de la chance que j’ai de vivre cette aventure avec mes nouveaux collègues de travail.

En ferme, les sentiments et les émotions sont décuplés. On apprécie les choses simples que la vie nous offre, une balade en camionnette en début de journée pour rejoindre nos arbres à picker, ou un coucher de soleil sur les cerisiers. 

Et puis au fil des semaines, ces personnes qu’on vient de rencontrer deviennent notre repère, notre famille de la ferme. 

On profite des fêtes de fin d’année ensemble. Noël et le jour de l’an ont une tout autre saveur lorsqu’on est loin de nos proches, alors c’est bon de se sentir entouré. Et puis, les anniversaires et les autres moments simples s’enchaînent. On regarde ensemble la coupe du monde, on parle de nos passions, on s’affronte au basket de temps à autre, on partage nos philosophies de vie, on s’engueule parfois. Comme une vraie famille. 

Kathy-Lanta | épisode n°4 : les clans se forment

Au bout de deux semaines à la ferme, les équipes se forment, un peu contre notre gré. L’équipe des femmes est envoyée au packing et celle des hommes au picking.

En ferme, en Australie, au placard l’égalité homme/femme. 

J’ai quand même voulu faire entendre mes revendications, voici un court extrait de mon échange avec mon employeur : 

Moi : “Kathy, je souhaite travailler au picking, moi. Je ne comprends pas pourquoi les femmes sont spécifiquement au packing”,
La patronne : “Les femmes sont plus minutieuses. Mais pas de soucis, Morgane, si tu ne veux pas être au packing, dans ces cas-là demain, tu ne reviens pas”.

Qui retrouvons-nous le lendemain matin devant son tapis à trier des centaines de cerises dans un hangar ? Moi, évidemment.

Et croyez-moi, le packing, c’est quelque chose… Dès 8 h (parfois même avant), le tapis se met en marche, et là, pendant toute une journée, il faut regarder, observer et trier les centaines de cerises qui passent sous nos yeux. 

J’avais l’impression que la machine venait aspirer mon âme, tel un détraqueur, sauf que ce hangar est beaucoup moins stylé que Poudlard, qu’on se le dise…

Heureusement, l’équipe était au top, on pouvait se soutenir, discuter, rigoler, échanger sur nos vies respectives et décrocher mentalement de ce job. Des petits moments, que j’ai immortalisés dans mon téléphone. Pour mon côté nostalgique et pour me rappeler les efforts fournis pour financer mon voyage et m’offrir l’opportunité de renouveler mon visa. 

On a rien sans rien, comme on dit. J’en prends à ce moment-là pleinement conscience. 

Par chance, j’avais aussi emmené des écouteurs. Ils m’ont clairement sauvé la vie ! J’ai pu m’ambiancer sur de bonnes playlists et apprécier mes meilleurs podcast. Pendant ces semaines de packing, j’ai optimisé mon temps et j’ai appris des tas de choses : sur l’astrologie, l’histoire de l’Égypte, l’environnement, ou encore sur les pires histoires des serial killers. Bref, des petites bulles d’évasion qui font du bien (les termes semblent peu appropriés après avoir parlé des tueurs en série, mais bon…).

Kathy-Lanta | épisode n°5 : l’épreuve du packing, une journée en immersion

Lorsqu’on m’a parlé du packing, je ne savais pas réellement à quoi m’attendre. 

Littéralement, le packing, c’est de l’emballage. Et là, dans cette ferme, c’est de l’emballage de cerises. 

Une journée “classique” est organisée de la façon suivante. À noter que, souvent, les journées sont chamboulées selon les commandes faites par les chaînes de grandes distributions. 

8H00 | Début de journée

Les mains sont lavées, les gants sont mis et le tapis est en route. Chacun se place à son poste pour pouvoir commencer la journée de tri. Personnellement, je suis missionnée sur le tapis des cerises premium. Des fruits au calibrage et au prix de vente plus important. Des boîtes qui ne sont pas destinées à la vente en gros, mais plutôt en direct sur commande ou pour des clients habitués. 

Seule sur ce tapis, j’ai pour responsabilité de contrôler la qualité du produit. 

Pendant plusieurs heures, je dois trier les centaines de cerises sur mon tapis. Voici les consignes à respecter : 

  • les cerises abîmées sont à jeter, 
  • les cerises moyennement abîmées sont à déposer dans un bac destiné à la “seconde main”,
  • les cerises de bonne qualité sont à laisser sur le tapis principal. 

Attention, celles sans tiges sont à déposer dans la poubelle, puisqu’elles ne sont pas conformes aux critères de vente.

Les consignes sont relativement simples, mais croyez-moi, au bout de plusieurs heures, les cerises qui défilent sur le tapis semblent êtres toutes les mêmes. 

Tout devient flou, mais Kathy veille au grain. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Ou c’est “go home”.

10H00 | Pause

Ce début de journée est coupé d’une petite pause de 15 minutes pour pouvoir se reposer un peu l’esprit. L’occasion de boire un petit café. Et parfois de se faire offrir (dans les bons jours) des petits gâteaux de la part de notre chère Kathy. 

10H15 | C’est reparti

On repart pour plus de 2 heures de tri des cerises. 

12H30 | Pause repas

Mon cerveau est sur OFF et mon ventre crie famine. La pause de midi est vraiment indispensable pour pouvoir retrouver un peu d’énergie avant d’entamer la seconde partie de la journée.

13H00 | C’est reparti

Vous commencez à comprendre pourquoi je vous dis que j’ai perdu mon âme là-bas ? On enchaîne plusieurs heures de travail, debout, statique, en répétant continuellement les mêmes gestes.

La première semaine je me dis que je ne vais jamais tenir le rythme et au final… Je me dépasse ! C’est ça aussi le PVT Australie, sortir de sa zone de confort. 

15H15 | Pause

La petite pause qui fait du bien, surtout lorsque la journée touche bientôt à sa fin. Généralement, à cette pause, on sait que l’on ne reverra pas le tapis de tri avant le lendemain matin. La machine s’arrête, le bruit aussi. Et ça fait du bien.

15H30 | Début du packing

L’emballage des cerises que l’on a passé la journée à trier peut (enfin) commencer. C’est sûrement, la partie que je préfère dans ce travail.

On s’organise en plusieurs équipes et là, c’est simple, nous avons chacune une tâche attitrée. Il y a celles qui remplissent les boîtes des cerises, celles qui les pèsent et ajustent pour atteindre les 500 grammes par boîte et celles qui les étiquettent.

Un travail de petites fourmis, mais en seulement 1 h 30, 2 h, on vient à bout de toutes les cerises à emballer. 

17H30 | Fin de journée

Après un rapide nettoyage de nos zones de travail, la fin de journée a sonné. 

De leurs côtés, les garçons rentrent de leurs journées de picking, exténués. D’ailleurs, ils ont moins de chance que nous, puisque chaque soir, un conseil est organisé. C’est simple, ceux qui n’ont pas réussi à atteindre l’objectif des 100 kilos, se font éliminer. Et la sentence est irrévocable. 

Je peux vous dire qu’au fil des jours, de nombreux flambeaux ont été éteints.

Pour décompresser d’une journée de boulot et du conseil d’immunité, on se retrouve chaque soir autour d’un verre, sur nos chaises de camping, entre nos voitures aménagées, pour discuter jusqu’en début de soirée. 

Kathy-Lanta | épisode n°6 : la semaine de la finale qui seront les grands gagnants ?

Après 6 semaines, la fin de la saison des cerises est proche, les corps et les esprits se fatiguent. Les journées de travail sont longues et les semaines s’enchaînent. Heureusement, la finale est bientôt là.

D’ailleurs, au fil du temps, on a connu beaucoup de départs. Des démissions, des licenciements aussi. Tout est très rapide lorsqu’on est en contrat casual.

Les fins de journées laissent régulièrement place à des au revoir. Les chemins se séparent pour la plupart d’entre nous. 

À la fin de la saison, les parties communes semblent vides. Il ne reste que quelques personnes pour assurer les derniers jours de picking/packing. Au début, nous étions 30 et à la fin il n’en reste plus que 5. 

Le binôme du Sud, le Parisien, et le binôme de Tourcoing. Et croyez-moi, on s’est battu pour conserver nos places jusqu’à la fin de la saison. Chaque jour, le risque de se faire licencier était grand, mais on a tenu, coûte que coûte ! L’alliance des couples était notre atout majeur pour pouvoir rester jusqu’à la fin. Kathy avait besoin de personnes au packing et encore quelques petites mains au picking. Le combo parfait. Nous avons réussi à sauver in extremis notre copain parisien en jouant la carte du bluff “s’il est viré, on part tous”. Ça a fonctionné pour nous, mais je ne vous invite pas à reproduire l’expérience. Il est tellement facile de se faire remplacer par d’autres pvtistes en recherche de travail, que les places sont souvent chères en ferme. 

Finalement, nous sommes les grands gagnants de Kathy-Lanta édition 2022/2023. Mais en réalité, tous les participants de cette saison ont gagné. Cette aventure était loin d’être simple mais tellement enrichissante. On apprend tellement de ces moments de travail. On sort de sa zone de confort, on s’adapte, on apprend, on rebondit, on se dépasse. 

Comment ne pas verser une larme, en laissant ce jeudi 26 janvier, mes amis et cette ferme derrière moi. Tant de souvenirs créés dans cet endroit, où je ne reviendrai probablement jamais. Au fond, je sais que ce n’est qu’un chapitre qui se termine et qu’il y a encore de belles choses qui m’attendent. Une chose est sûre, les 88 jours de travail en ferme en Australie, marquent à jamais. 

Évidemment, il est important de rappeler qu’il ne faut pas tout accepter de la part de ses employeurs. D’autant plus s’il y a un danger pour votre santé physique ou mentale, des abus, des menaces, etc. On en parle plus en détails dans le dossier Fruit Picking en Australie, chapitre La poursuite des 88 jours, ou comment éviter les abus dans le secteur.

Morgane

Je suis partie en PVT Australie en avril 2022. Je suis restée 1 année sur place entre road trip à bord de mon van aménagé et travail (dans la restauration, en ferme, en cleaning en vente, en Freelance, etc). Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma vie en France, mais je continue d'animer des ateliers pour parler de mon aventure et pour aider ceux qui souhaitent partir en Australie. Et peut-être un prochain PVT, qui sait ?
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I went on a Working Holiday Visa to Australia in April 2022. I stayed for one year, combining road trips in my beautiful van and various jobs in areas like hospitality, farming, cleaning, sales, and freelancing. Today, I've returned to my life in France, but I still conduct workshops to share my adventure and assist those who wish to go to Australia. And perhaps another Working Holiday Visa, who knows ?

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(2) Commentaires

leonie3005 I |

Salut, sais tu si il recherche encore du monde? Nous sommes deux backpakers et ont est équipé d’un van donc ont peut se déplacer rapidement 😊
Merci d’avance pour ta réponse!! À bientôt !
Léonie

Morgane I |

Hello,
La saison de récolte des cerises démarre en novembre/décembre dans le Western Australia. Si tu veux travailler dans cette ferme pour la prochaine saison, je t’invite à prendre contact avec eux dès septembre/octobre.

Fiche contact :
– numéro de téléphone : 0407 085 140
– e-mail : [email protected]
– adresse : Champs de Cherry Lane – 37, rue Lintott – MANJIMUP WA 6258

Aussi, tu peux lire le dossier sur le fruitpicking en Australie, qui te donne le détail des récoltes, par région, mois et type de récolte : https://pvtistes.net/dossiers/le-fruit-picking-en-australie/7/

Bon courage dans tes recherches !